Le groupe
Biographie :

Lucifer est un groupe de heavy / doom metal germano-suédois formé en 2014 suite au split du groupe The Oath, et actuellement composé de : Harald Göthblad (basse), Nicke Andersson (guitare, batterie / Death Breath, Entombed, ex-Nihilist, Imperial State Electric, The Solution, ex-Daemon, ex-Mezzrow, ex-Brainwarp, ex-Cold Ethyl, ex-Kurt-Sunes Med Helveteshundarna, ex-Supershit 666, ex-The Hellacopters, ex-The Hydromatics), Martin Nordin (guitare), Martin Nordin (guitare / Dead Lord) et Johanna Sadonis (chant / ex-The Oath, ex-Cryogenic, ex-Dies Ater, ex-Ferox, ex-Informer, ex-Vinterkrig). Lucifer sort son premier album, "Lucifer I", en Mai 2015 chez Rise Above Records, suivi de "Lucifer II" en Juillet 2018 chez Century Media, de "Lucifer III" en Mars 2020, et de "Lucifer IV"

Discographie :

2015 : "Lucifer I"
2018 : "Lucifer II"
2020 : "Lucifer III"
2021 : "Lucifer IV"


Les chroniques


"Lucifer IV"
Note : 15/20

Formé en 2014 après le split de The Oath, on peut dire que Lucifer ne chôme pas puisque le groupe nous amène déjà son quatrième album, à peine plus d'un an après "Lucifer III". Comme le veut la tradition, ce nouveau méfait se nomme "Lucifer IV" et suit la voit tracée par ses deux prédécesseurs, à savoir un rock teinté de doom et de psychédélisme évidemment très ancré dans les années 70.

Comme ses deux prédécesseurs donc puisque "Lucifer I", quant à lui, proposait quelque chose de plus occulte, de plus sombre et qui affichait plus ouvertement son influence Black Sabbath. Dès "Lucifer II", un virage plus rock et plus énergique a été pris, plus accrocheur aussi avec des mélodies moins noires et plus percutantes. "Archangel Of Death" confirme que le groupe garde ce visage très immédiat et typé années 70 jusque dans la production qui essaie de retrouver le son des albums de cette époque et y réussit plutôt bien. On se retrouve donc très vite avec un refrain très accrocheur aux mélodies gentiment sombres sur ce premier morceau, autrement dit exactement ce qu'on retrouvait sur "Lucifer II" et "Lucifer III". "Wild Hearses" ramène un peu de doom là-dedans et propose des ambiances un peu plus sombres, un peu plus Sabbathiennes dans l'esprit justement. En tout cas sur les couplets parce que les refrains restent accrocheurs et la fin du morceau redevient plus lumineuse. On garde aussi le format habituel du groupe pour la durée des morceaux qui se trouve autour des quatre ou cinq minutes, ce qui reste assez compact et direct pour ce style de musique. Les amateurs de Lucifer retrouveront bien vite leurs marques tant ce nouvel album continue sur la voie déjà tracée par les deuxième et troisième volumes. La formule est bien rodée et en dehors du manque de surprises et de la disparition quasi totale des ambiances occultes, on ne peut pas vraiment prendre ce quatrième album en défaut. C'est bien composé, plutôt immédiat et ces quarante-six minutes sont très efficaces dans le genre.

"Crucifix (I Burn For You)" en est d'ailleurs un bon exemple et a tout du tube en puissance à chanter sous la douche. "Cold As A Tombstone" nous amène quant à lui un petit côté bluesy très sympa qui rend là aussi le morceau très efficace et accrocheur. Encore une fois, si l'on met de côté le fait que le groupe continue sur la même voie et propose un album assez proche de ses deux grands frères, il y a de quoi passer un bon moment. "Lucifer IV" passe comme une lettre à la poste et l'album ne souffre d'aucun passage à vide, tous les morceaux ont leur dose de riffs qui tuent ou de mélodies qui tombent juste. Il y aura toujours quelque chose pour accrocher l'oreille et si les ambiances sont plus sucrées que sur le premier album, il reste tout de même un léger feeling occulte ou horrifique pour laisser un minimum de piquant à l'ensemble. La voix de Johanna Sadonis colle toujours aussi bien à ce style de heavy rock et son timbre chaleureux ajoute lui aussi un peu de blues là-dedans. C'est l'autre point fort de Lucifer d'ailleurs, ce groove imparable qui habite le moindre morceau et qui fait qu'il est impossible de rester statique en écoutant "Lucifer IV". C'est typiquement le genre de groupe qui doit très bien passer en live, ce que l'on espère pouvoir vérifier bientôt d'ailleurs. Certes ce style est à la mode ces dernières années et de plus en plus de groupes fleurissent mais quand c'est aussi bien fait, il n'y a pas vraiment de raison de bouder son plaisir, d'autant qu'on connaît l'amour du rock en général de certains actuels ou ex-membres du groupe. On sait donc que l'opportunisme n'a pas sa place chez Lucifer et que c'est bel et bien l'envie de se faire plaisir qui guide le groupe.

Lucifer nous revient donc avec un quatrième album qui ne laisse aucune surprise mais reste largement assez efficace pour que l'écoute soit agréable. On retrouve donc un heavy rock légèrement teinté d'occulte et de doom qui prend ouvertement ses racines dans les années 70 et groove donc comme un beau diable. C'est efficace, accrocheur, mélodique et ça passe tout seul donc pourquoi se priver ?


Murderworks
Janvier 2022




"Lucifer III"
Note : 15,5/20

Après deux sorties majeures, Lucifer n’a plus grand-chose à prouver. Arrive en cette année 2020 leur troisième galette le plus simplement appelée "Lucifer III". Rien que la pochette de l’album annonce des changements par rapport aux autres. Vêtus de leurs vestes en cuir et accompagnés d’une Cadillac, le groupe ne se retrouve plus devant un fond rouge à la Coven mais devant un cimetière. En sera-t-il de même avec leur musique ? C’est ce que nous allons découvrir !

La première partie de l’album nous relate des histoires avec des êtres ténébreux. Quelques bruits d’alarme se font entendre, et la voix de Johanna Sadonis surgit, retentissante et mélancolique accompagnée de quelques riffs entêtants et graves. Sur "Midnight Phantom", on pressent qu’une entité sombre apparaîtra derrière nous de manière lancinante avec ses mélodies sonnant comme un ballade. On se perd dans un environnement entraînant et dangereux à la fois. On y retrouve la puissance de l’occult rock à la Lucifer, se démarquant ainsi de leurs deux premiers albums. Puis, on se retrouve poussés par le démon de cuir devant une étendue déserte, belle et morbide. Les mélodies sonnent de façon plus pesante, comme des avertissements sur un danger qui plane. Remarquons aussi les chants en choeur qui ajoutent une touche de subtilité à la musique. Ces voix en écho procurent là une certaine puissance.

Puis "Lucifer" survient, nous indiquant ainsi qu’il faudra traverser une longue route vers le désert. Les paroles et le refrain à ce moment-là vous inviteront dans une danse infernale, comme une ode au démon cornu. Cette chanson est sûrement l’une des meilleures de cette nouvelle sortie, à n’en pas douter. Mais la route vers le désert n’est pas encore terminée... L’autre partie de l’album est plus classique par contre. Comme avec "Flanked By Snakes" qui ressemble à "Lucifer II" mais qui procure des choeurs de voix en plus. De même sur "Coffin Fever" où la musique y est plus grave, contrastant avec le chant principal suppliant. C’est presque là une ambiance de film d’horreur à l’ancienne.

Sur les derniers kilomètres de notre road trip, l’atmosphère se fait plus lugubre et empreinte de mélancolie. Les choeurs y sont plus résonnants et vibrants. Sur le dernier titre, on perçoit les meilleures idées de composition du groupe. A la fois mélodique et qui fait planer avec ces paroles : "Come on out, come on out".

Votre voyage auditif aura été semé de bons morceaux et de potentiels tubes, et j’en suis désolé pour vous. Comme quoi le rock des années 70’s n’est toujours pas mort, tant qu’il restera des groupes comme Lucifer pour offrir leur musique aux jeunes générations. En tout cas, le groupe ne change pas trop ses habitudes mais cela reste toujours efficace avec quelques touches d’originalité non négligeables.


Pierre
Juin 2020




"Lucifer II"
Note : 14/20

Avec un premier opus frôlant la perfection, "Lucifer I", en 2015, le groupe Lucifer s'est vite fait un nom se rapprochant de dieux comme The Devil's Blood ou Black Sabbath. C'est sans compter aussi sur le talent de la chanteuse Johanna Sadonis (ex-The Oath) qui a su donner une vraie personnalité à leur musique avec sa voix si impressionnante et habitée. La recette plutôt simple du groupe a ainsi fonctionné à merveille, nous offrant un rock psyché teinté de doom, de magie obscure et de démons.

Trois ans après et suite à de nombreux chamboulements dans le groupe, on retrouve Johanna entourée d'un nouveau batteur, Nicke Andersson, et du guitariste Robin Tidebrink pour un nouvel album nommé logiquement "Lucifer II". Et ces changements se ressentent rapidement avec une évolution dans la musique. En effet, Lucifer a mis de coté le côté sombre et doom pour aller encore plus vers un rock heavy et psychédélique. Les personnes ayant adoré le premier opus risquent donc d’être un peu déçues ou étonnées car le groupe ne nous propose rien de mauvais mais on a des titres plus rock'n'roll comme la ballade "Before The Sun", "Reaper On Your Heads", nous faisant un peu penser à du Purson en plus extrême, ou encore la reprise des Rolling Stones "Dancing With Mr. D" teintée de gospel. "Phoenix" se révèle même être très heavy avec des riffs endiablés mais aussi bien psychés et punchy, tout comme le titre "California Son" qui est bien dynamique et qui donne un sentiment de liberté.

La majorité des neuf morceaux sont donc lumineux, dans une légéreté acidulée, avec un renfort de riffs rock, mais on peut aussi retrouver un peu de "l'ancien" Lucifer dans des morceaux plus lourds comme "Eyes In The Sky" où la voix de Johanna est plus sensuelle que jamais, ou encore l'excellent "Faux Pharaoh" qui retrouve son doom mystérieux et les mélodies de chant occulte. C'est aussi le cas avec le plus calme et original "Dreamer" où l'on retrouve un peu des racines du groupe mais dans un style différent. Ici, en effet, on a un titre en clair-obscur qui oscille entre lumière, avec un côté hippie / blues 70's, et un autre plus morose et mélancolique qui représente bien l'état de confusion des rêves.

Il y a clairement eu une évolution dans la musique des Allemands, cela pourrait déstabiliser et certaines personnes auront du mal à retrouver le groupe qu'ils ont connu avec "Lucifer I" mais ce nouvel opus reste bon. Il est dynamique, voire survolté à la Kadavar / Blues Pills ou bien Purson. Le groupe n'a donc plus vraiment ce côté occulte et sombre et devient de fait lumineux. Tout dépendra des goûts de chacun mais en tout cas, Lucifer fait son taff avec "Lucifer II".


Nymphadora
Juillet 2018




"Lucifer I"
Note : 16/20

Lucifer. En voilà un nom original en 2015. C'est la grande mode des groupes de la vague dite "rétro" que d'adopter un patronyme, à consonance occulte, et qui paraît avoir été emprunté par 18 000 formations différentes (voir Castle, Devil, Orchid, Cauchemar ou encore Witch (avec J. Mascis de Dinosaur Jr.)). Cette récente mode devient un peu agaçante mais heureusement, nous avons, avec Lucifer, un super groupe de heavy metal à la mode 1973 qui sort un premier album élégant et envoûtant.

Crée par Johanna Sadonis après la fin de The Oath avec en renfort les musiciens Gaz Jennings (Cathedral, Death Penalty) à la guitare et à la composition, Andrew Prestridge (Angel Witch) à la batterie et Dino Gollnick à la basse, Lucifer est la continuité logique de The Oath. Signé sur Rise Above, le label de Lee Dorrian de Cathedral (le doom est une grande famille), ce premier méfait intitulé "Lucifer I" propose donc un heavy / doom 70's sobre, classe et mélodique au son chaud et profond.

L'ensorcelant "Abracadabra" nous plonge directement dans la valse et avec riffs groovy et fumeux et la voix lointaine et hypnotisant de Johanne. Le refrain est imparable et le morceau atteint les hauteurs des nuages. Il en va de même avec "Purple Pyramid". On se laisse emporté doucement vers un univers fantasmagorique où Tommy Iommi aurait niqué Grace Silk après avoir pris de la weed trois étoiles. Les morceaux tournent entre cinq et six minutes, ce qui laisse largement le temps aux riffs simples et graveleux de Jennings de se frayer un chemin dans nos cerveaux. Il faut attendre le quatrième morceau, "Sabbath", pour pénétrer dans les ténèbres. Ce morceau, funéraire, est une pure tuerie doom old school. "Izrael" continue sur la lancée et nous ordonne de creuser un peu plus profondément notre tombe. Les guitares tour à tour criantes et le rythme effréné de ce titre sont invoqués par Lucifer lui-même.

Lucifer, le groupe cette fois, sait aussi varier les plaisirs. Les compos peuvent sembler similaires à la première écoute, mais elles se révèlent au fur et à mesure. "White Mountain" débute comme une lugubre ballade ; un climat occulte s'installe, des ombres effrayantes se cachent dans le brouillard, puis se dévoile et fondent sur nous au détour d'un riff mortel rapide à la Candlemass. "Morning Star" est une longue descente infernale dans les eaux fangeuses du Styx, un morceau noir comme l'ébène où la voix de Johanna donne des frissons. Enfin, "A Grave For Each One Of Us" est le dernier coup de pelle recouvrant notre tombe, un très beau morceau au riff heavy et épique.

Un seul album et nous voilà donc conquis. Nous avons, à l'écoute de "Lucifer I", donné gracieusement notre âme au diable, sans condition ni préavis. La sortie doom de l'été 2015.


Man Of Shadows
Juillet 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/luciferofficial