Le groupe
Biographie :

Lychgate est un groupe de black metal anglais initialement formé sous le nom de Archaicus en 2001 jusqu'en 2012. Il est actuellement composé de : Aran (basse / ex-Lunar Aurora, ex-Trist), T. J. F. Vallely (batterie / Omega Centauri, Sanctus Nex, ex-Orpheus), Vortigern (guitare, claviers / The One, ex-Orpheus, ex-Archaicus, ex-Spearhead) et Greg Chandler (chant, guitare / Esoteric, ex-Pantheist). Le premier album sous le nouveau nom du groupe sort en Avril 2013 sur le label Mordgrimm. Le deuxième album, "An Antidote For The Glass Pill", sort en Août 2015 chez Blood Music. "The Contagion In Nine Steps" sort en Mars 2018.

Discographie :

2013 : "Lychgate"
2015 : "An Antidote For The Glass Pill"
2018 : "The Contagion In Nine Steps"


Les chroniques


"The Contagion In Nine Steps"
Note : 16/20

Si vous suivez un peu les chroniques ici, vous connaissez déjà Lychgate, je vous en ai parlé à deux reprises pour leurs deux premiers albums. Ces cinglés sont de retour avec "The Contagion In Nine Steps" et quelque chose me dit qu'on va passer un sale quart d'heure.

L'orgue dont le groupe se sert régulièrement s'exprime dès le début de "Republic" et donne au morceau un air de fête foraine ou de cirque glauque peuplé de clowns désarticulés. Une belle façon de nous indiquer que la santé mentale de Lychgate ne s'est vraiment pas arrangée avec le temps, j'ai même l'impression que le groupe devient de plus en plus fou avec le temps. Sa musique est déconnectée de la réalité, nous faisant plonger dans la tête d'une bande de psychotiques qui se créent un univers malsain, oppressant, effrayant. Difficile une fois de plus de poser une étiquette là-dessus, ça emprunte au doom, au black, au death, mais la personnalité du groupe est tellement affirmée et son univers tellement personnel que tout ça s'efface bien vite devant un monde cohérent et sorti de quelques cerveaux sûrement malades. Les morceaux sont évidemment assez longs, entre six et neuf minutes en gros, et prennent le temps de développer un climat dérangé et dérangeant. Le chant de Greg Chandler est lui aussi toujours aussi habité et quand il n'est pas en train de balancer des growls profonds et menaçants c'est pour se mettre à hurler comme un dément. "Unity Of Opposites" développe des structures tordues avec des riffs assez techniques qui tissent une toile de laquelle il va être bien difficile de se défaire, le tout soutenu par des chœurs proches de la musique grégorienne histoire d'appuyer encore une ambiance qui était déjà bien assez glauque comme ça. Si vous voulez de l'extrême, vous êtes servis avec Lychgate, pas besoin d'aller fouiller dans les tréfonds des groupes de brutal je ne sais quoi.

Cette musique fait peur et pourtant elle sait faire preuve de beauté, les chœurs sur "Atavistic Hypnosis" amènent une dimension un peu plus humaine à cette musique totalement aliénante. Si la plupart des groupes de black metal pensent avoir l'air dangereux, malsains ou effrayants qu'ils jettent une oreille à la musique de Lychgate. La preuve par mille que même sans la moindre trace d'agression musicale, un groupe peut vous faire du mal, Lychgate ne vous broie pas les tympans à coup de blasts ou de riffs de dix tonnes. Non, il vous dissout dans son malaise, vous emmène avec lui dans un univers dont vous ne soupçonniez pas l'existence et que vous auriez préféré continuer d'ignorer. Au-delà de toute étiquette, de tout conformisme ou de toute convention, la musique de Lychgate déploie sa toile poisseuse et y piège toutes les âmes égarées qui auraient le malheur de passer par là. "The Contagion In Nine Steps" ne vous offre que le tourment, les hallucinations vous guettent, votre contact avec la réalité s'amenuise et vous finissez par sombrer dans cet univers de cinglé. Et tout ça en une petite quarantaine de minutes seulement, pas besoin de deux heures pour cette musique fasse son effet. Encore une fois, on sent le savoir-faire en termes de composition, l'authenticité de la chose, les morceaux ne sont pas bâtis sur des structures conventionnelles mais ne se perdent jamais en route et coulent de source.

Nouvel album dans lignée de ses deux prédécesseurs, Lychgate suit son propre chemin et nous amène encore une horreur sonore qui devrait provoquer des cauchemars pendant un bon moment. Si vous voulez de l'extrême, vous avez frappé à la bonne porte, ce troisième album est aussi flippant que ses deux grands frères et donc totalement recommandable (si vous êtes maso comme moi).


Murderworks
Septembre 2018




"An Antidote For The Glass Pill"
Note : 16/20

Lychgate avait fait bonne impression en 2013 avec son premier album mélangeant le black horrifique et le doom d'une façon bien à lui. A peine deux ans plus tard, voilà que le groupe revient à la charge avec "An Antidote For The Glass Pill" et les amateurs du premier opus devraient vite retrouver leurs marques.

En effet, "Unto My Tempest" qui ouvre l'album nous rebalance directement dans l'univers bien particulier de Lychgate à grands coups d'orgue et d'ambiance horrifiques et poisseuses, un instrumental qui annonce la couleur d'entrée de jeu une fois de plus. "Davamesque B2" présente en plus de tout ça un côté un peu plus dramatique, orchestral et une certaine folie qui nous ramène un peu vers Esoteric forcément avec le chant reconnaissable entre mille de Greg Chandler. La folie est d'ailleurs encore plus présente sur ce nouvel album que sur le précédent, cette fois Lychgate se lache et pète réellement les plombs. Les structures sont encore plus tordues, tous les morceaux sont à tiroirs et le groupe prend un malin plaisir à essayer de nous perdre dans un dédale de mélodies malsaines et de rythmes bizarres, le tout surplombé de nappes d'orgue totalement glauques ou barrées. De temps en temps, les blasts s'invitent encore par dessus tout ce bordel, ce qui n'arrangera rien à la santé mentale du malheureux qui aura laissé traîner ses oreilles par là. D'ailleurs, par rapport au premier album, le groupe prend le temps d'installer ses ambiances comme il faut, on passe donc de 38 à 50 minutes. Lychgate applique ici la formule Monsieur Plus, à savoir un album plus barré, plus dingue, plus malsain, bref encore plus flippant et tordu.

Une fois de plus, cet album va donc s'adresser aux esprits les plus ouverts, le groupe ne respecte aucune convention (est-ce réellement étonnant ?) et va là où il veut, à l'auditeur de faire ce qu'il peut pour essayer de le suivre. Et forcément, techniquement, c'est assez hallucinant, notamment au niveau du jeu de batterie de T.J.F. Vallely que je vous invite à écouter attentivement tant il est à la fois technique et fin. Et finalement, malgré la durée bien plus longue que pour le premier album, on ne s'ennuie pas une seule seconde, la musique de Lychgate étant assez variée et tarée pour nous tenir en haleine tout du long. En tout cas, c'est toujours compliqué de parler d'une musique pareille sans tomber dans les délires verbeux et pseudo littéraires, ce genre d'album demandant un investissement personnel de la part de l'auditeur. Je vais tomber dans la facilité en disant que ceux qui ont aimé le premier album retrouveront leurs petits ici, pour ceux qui n'ont par contre jamais entendu une seule note de ce groupe, je ne peux que leur conseiller d'aller remédier à ça de suite. Pour le coup, ça fait un peu "chroniqueur qui se défile" mais il faut vraiment écouter ça pour savoir de quoi il en retourne, mes mots ne pourront vous donner qu'une vague idée de ce qui vous attend dans ce joyeux bordel (enfin, "joyeux", je me comprends).

Au final, un deuxième album qui confirme que Lychgate est un groupe à part, qui en profite au passage pour s'enfoncer encore plus loin dans les ténèbres et la folie. Âmes sensibles s'abstenir, les autres vont se régaler.


Murderworks
Novembre 2015




"Lychgate"
Note : 15/20

Voilà un projet bien alléchant pour les amateurs de metal extrême, Lychgate réunissant en effet dans son line-up un membre de Lunar Aurora (en fin ex-membre puisque le groupe a splitté) et Greg Chandler d'Esoteric ! Et qu'est ce que peuvent bien faire ces deux gars là ensemble, un mélange de leurs groupes respectifs ?

Pas vraiment en fait, même si j'ai retrouvé quelques traces d'Esoteric en plein milieu de "Against The Paradoxical Guild" et que le côté Lunar Aurora peut se ressentir dans le sens de la mélodie peu commun dont faisait preuve ce groupe. En dehors de ces quelques réminiscences, Lychgate donne plutôt dans une sorte de black généralement mid tempo, assez lancinant et fantomatique. En dehors de quelques blasts judicieusement placés, on n'y trouve pas de débordements violents, tout est surtout basé sur les atmosphères et autres ambiances caverneuses. C'est surtout l'orgue régulièrement employé qui donne cette impression de grotte poussiéreuse peuplée de spectres en tout genre, il faut dire que c'est plutôt efficace et que l'album est globalement assez froid. Inutile de préciser que ceux qui cherchent du bourrin se sont trompés de crèmerie, ils n'auront pas leur dose de destruction auditive chez Lychgate. En même temps avec un tel line-up, quand on connaît les groupes impliqués, on se doute bien que la boucherie sonore ne sera pas le propos.

Vocalement parlant, on remarque que contrairement à ce qu'il fait dans Esoteric, Greg Chandler utilise surtout un chant criard ici et ses growls profonds ne se font qu'une toute petite place sur ce premier album. Les claviers sont bien mis en avant et s'imposent sans occulter les guitares pour autant, créant du coup une ambiance horrifique plutôt sympathique et loin des pires moments d'un Gloomy Grim ou d'un Morgul. Et même si en plus de ça j'ai pu pensé à du Emperor période "In The Nightside Eclipse" sur les passages les plus atmosphériques, j'admets que je n'arriverai pas vraiment à rapprocher Lychgate d'un autre groupe. Sans rien inventer, le mélange de ces genres ayant déjà été fait avant, le groupe arrive à le faire à sa sauce et à donner une personnalité propre à sa musique. L'album passe du coup très bien, et sa durée relativement faible (38 minutes) et qu'on aurait tendance à prendre pour un défaut permet ainsi à l'album de ne pas se répéter, l'écoute se fait toute seule et on se laisse embarquer là dedans sans trop de difficultés.

Après il y aura toujours des déçus pour dire qu'avec un tel CV ça aurait pu être encore mieux, et c'est vrai que ça pourrait l'être. Mais gardons à l'esprit que pour un premier album sous cette forme c'est déjà prometteur, et si le projet tient debout à l'avenir son évolution pourrait devenir très intéressante. Parce que malgré le fait que ce premier jet n'atteingne pas les sommets des discographies respectives de Lunar Aurora et d'Esoteric, il n'en reste pas moins un très bon bonus pour les amateurs des deux combos pré-cités (et j'en fais partie). Sans être un simple mélange de ces deux monstres du metal extrême, on se retrouve quand même avec une sorte de fusion de leurs univers respectifs dans un nouveau moule avec quelques ingrédients supplémentaires. Pour faire plus simple, on sent bien leurs pattes, mais le groupe ne se résume pas à ces deux personnes et Lychgate est tout de même plus qu'une bête addition de deux groupes aussi excellents soient-ils.

Voilà donc un premier album très prometteur qui pourrait annoncer une suite sacrément intéressante si le projet n'est pas sabordé comme beaucoup d'autres. Résultat, on se retrouve avec un album à la fois glacial, fantomatique, caverneux, sombre, et parfois paré de mélodies "lunaires" dirons-nous. Que les curieux n'hésitent pas à y jeter une oreille, ça se démarque assez de la concurrence pour mériter un minimum d'attention.


Murderworks
Septembre 2013


Conclusion
Le site officiel : www.lychgate.eu