Le groupe
Biographie :

Magnum est le nom d'un groupe de rock progressif d'origine anglaise fondée à Birmingham. Ils sont connus du public à partir de 1978 qui est aussi l'année de sortie de leur tout premier album, "Kingdom Of Madness". La composition du groupe a évolué plusieurs fois depuis 1978, mais les deux leaders emblématiques du groupe que sont le chanteur Bob Catley et le guitariste Tony Clarkin sont présents depuis les débuts.

Discographie :

1978 : "Kingdom Of Madness"
1979 : "Magnum II"
1982 : "Chase The Dragon"
1983 : "The Eleventh Hour"
1985 : "On a Storyteller's Night"
1986 : "Vigilante"
1988 : "Wings Of Heaven"
1990 : "Goodnight L.A."
1992 : "Sleepwalking"
1993 : "Keeping The Nite Light Burning"
1994 : "Rock Art"
2002 : "Breath Of Life"
2004 : "Brand New Morning"
2007 : "Princess Alice And The Broken Arrow"
2009 : "Into The Valley Of The Moonking"
2011 : "The Visitation"
2012 : "On The 13th Day"
2014 : "Escape From The Shadow Garden"
2016 : "Sacred Blood Divine Lies"
2018 : "Lost On The Road To Eternity"
2020 : "The Serpent Rings"
2022 : "The Monster Roars"


Les chroniques


"The Serpent Rings"
Note : 16/20

Il faut une bonne dose de passion, de travail acharné et de résilience pour durer dans le monde de la musique, encore plus lorsqu’il est question de rock et de metal. Magnum, porté fièrement à bout de bras par Bob Catley (chant) et Tony Clarkin (guitare), en est le parfait exemple.

Tout comme le regretté Meat Loaf, Magnum fait dans le rock grandiloquent, ne lésinant pas sur les influences broadway, donnant un côté plus grand que nature à certains morceaux comme l’épique "All You Believe In" et son piano venant appuyer sans gêne les guitares de Clarkin. Et que dire de "No Steppin’ Stones", encore plus dithyrambique, de par son approche "live", ses cuivres et sa bonne humeur ambiante.

Si clairement tout a déjà été entendu sur "The Serpent Rings", l’on s’y plaît surtout pour le duo Catley-Clarkin, autant pour la voix du premier que pour le jeu de guitare, simple mais efficace du deuxième. Ces monstres (oh le travail d’orfèvre en jeu de mots ici) du rock sont une valeur sûre. On parvient donc à excuser le léger manque d’originalité, tant le talent et l’expérience transpire de cette leçon de rock sous près d’une heure. Lorsque même le morceau s’annonce pour être un autre copier-coller, comme "Your Blood Is Violence", arrive à nouveau un refrain à tout casser et on paye le prix d’entrée seulement pour la performance de Catley.

J’ai donc eu la chance de critiquer les trois derniers albums de Magnum, et comme je l’ai mentionné dans celles-ci, tout amateur de rock et de metal du même coup se doit de connaître les racines du genre. Magnum doit absolument faire partie de cette liste.


Mathieu
Mars 2022




"The Serpent Rings"
Note : 17/20

Deux ans seulement après l’excellent "Lost On The Road To Eternity", dont votre humble serviteur vous a servi la tout aussi excellente chronique (l’humilité ne tue pas...), voici que Magnum nous propose son vingt-et-unième album en carrière. Qualifié de formation hard rock, je préfère plutôt le terme AOR (Adult Oriented Rock) pour les décrire. Là où parfois le premier genre se veut une propre caricature de lui-même, il y a quelque chose chez le deuxième qui rend le tout plus légitime, plus sérieux.

L’album s'ouvre donc avec l’excellente "Where Are You Eden", avec ses influences rock classique, le tout drapé dans des passages orchestraux fort efficaces. Ajoutez à cela une atmosphère rock progressif 70’s et vous avez ici une belle entrée en matière si vous voulez mon avis. Ajoutez à cela une énième performance de Bob Catley au chant et il est clair que Magnum, au fil de ses quarante ans de carrière, n’est pas près de céder sa place. Autant d’années derrière la cravate ne veulent pas dire pour autant que la poussière puisse se permettre de s’accumuler. Comme en témoigne "You Can’t Run Faster Than Bullets" et ses sonorités modernes, Magnum veut tout aussi s’imposer face aux plus jeunes, sans pour autant paraître kitsch.

C’est d’ailleurs ce que j’apprécie dans la musique du groupe, ce constant désir de nous enseigner ce qu’est le véritable rock, lorsque l’on en fait son mode de vie. Il n’y a pas de gimmick, de saveur du mois ou de "suivons la mode à tout prix" dans ce que compose Magnum. Catley et sa bande d’aguerris musiciens ne font que ce qu’ils savent le mieux produire : de la musique de haute qualité, par des artistes au talent sans bornes.

Il existe une facette "Broadway" dans la musique de Magnum, comme le présente "The Archway Of Tears" qui n’est pas sans rappeler les plus grands moments de la carrière de Meat Loaf. Et que dire de "Madman Or Messiah", qui saura rappeler aux plus vieux les grandes envolées des Supertramp et Styx de la belle époque ? Plusieurs d’entre vous lisant ces lignes pourraient croire que l’on n'a affaire ici qu’à un groupe surfant sur la vague de la nostalgie, et pourtant non. Le rock de Magnum commande le respect et s’introduit également dans l’ère moderne. Arriver à communier des sentiments nostalgiques de la sorte tout en parvenant à se renouveler, cela témoigne d’un grand talent et d’une compréhension sans failles du style que l’on veut voir évoluer. Qui plus est, de le faire sans renier sa véritable identité, cela est plus que vénérable.

Autant les amateurs de metal qui, comme moi, désirent plus que tout apprendre sur les origines du genre, que les puristes un peu obtus, acceptant plus difficilement les changements, "The Serpent Rings" saura plaire sans problème aux deux groupes.


Mathieu
Juin 2020




"Lost On The Road To Eternity"
Note : 16/20

J’écoute et suis la scène metal depuis près de 32 ans ! Et pourtant, malgré l’impressionnant bagage de connaissance que je me suis construit depuis tant d’années, il arrive encore que je reçoive une leçon d’histoire ici et là. Que ce soit de découvrir sur le tard Rush, Yes, ou autre Genesis de l’époque, ou de s’extasier devant les "anciens" ou bien le "Big Four", il n’est jamais trop tard pour apprendre.

Dans mon cas, Magnum, avec ses 40 ans de carrière, vient de me servir un cours 101 de rock ! En effet, comment puis-je expliquer que je connaisse Bob Catley sans jamais avoir entendu son propre groupe ? Que ce soit de par Avantasia ou bien Ayreon, la beauté du metal résident en partie dans le respect qu’ont ses créateurs envers les "anciens", leurs influences, leurs idoles. Un véritable mélomane se doit de connaître les racines de son style, et Magnum est indéniablement un monument du rock qui se doit être connu.

L’ouverture d’esprit est de mise lorsque l’on s’aventure sur la route de la nostalgie. Le vieux rock, c’est comme rendre visite à sa mamie, ça sent le rustique, ça parle de souvenir d’un temps révolu, et du coup, ça rassure, ça cajole, ça te prend par la main et te soupire "Tout va bien". Bob Catley est un monstre du chant. Il n’y a rien de plus à ajouter. Le monsieur impose le respect. Sa voix est plus grande que nature, son talent, immense. Et que dire de son acolyte Tony Clarkin aux guitares ? Clairement les vieux routiers sont en total maîtrise de leur art et savent mieux que quiconque comment composer et construire une chanson, aussi simple qu’efficace, de par ses mélodies et ses arrangements. Souvent proche du cliché et avoisinant assez souvent les contrées du mielleux, n’en demeure pas moins que la bande de Magnum sait ce qu’il faut faire pour produire un album grandiose.

Qui a dit que le rock se devait d’être simpliste ? Les arrangements guitares / piano de "Show Me Your Hand" témoignent de ce souci du travail bien fait, de la recherche de la meilleure sonorité possible. Et le tout est d’autant plus consacré dans l’épique " Welcome To The Cosmic Cabaret", s’étirant sur tout prêt de 8 minutes de pur AOR ! Et lorsque par respect pour les pionniers, la relève s’adonne à pousser la note le temps d’une pièce, cela nous donne l’excellente "Without Love" avec nul autre que M. Tobias Sammet au chant.

En cette ère où des groupes comme Ghost s’efforce de mettre sur le marché des albums plus grands que nature, flirtant avec le kitch et la théâtralité, et qu’une formation comme Magnum s’efforce de se renouveler plutôt que de suivre la vague, cela est des plus rassurants.


Mathieu
Août 2018




"Sacred Blood Divine Lies"
Note : 16/20

Difficile de chroniquer un groupe mythique comme Magnum. On parle d’un groupe ayant débuté dans les années 70 ! Avec à sa tête l’excellent Bob Catley au chant, Magnum a sous la cravate plus d’une vingtaine d’albums, rien de moins. Donc, difficile dis-je de commenter le dernier album du groupe lorsque malgré leur feuille de route impressionnante, l’on doit avouer que l’on ne les connaît pas. Bien entendu, Catley est connu de nous tous, les plus jeunes, pour ses multiples participations à différents projets rock et metal. Il livre d’ailleurs une solide performance sur leur dernier Avantasia.

Arrive la chanson-titre de l’album, somme toute une pièce définitivement rock old school dans son ensemble, mais enveloppée dans une production de son temps. Suit "Crazy Old Mothers" aux claviers omniprésents, ajoutant au morceau un environnement orchestral fort intéressant, un côté grandiose qui s’harmonise à la perfection avec les prouesses vocales de Catley. C’est tout de même, malgré le son moderne, un retour en force aux moments les plus forts du rock des années 80. D’ailleurs, nombreuses seront les comparaisons qui vous viendront à l’esprit à l’écoute de ce "Sacred Blood Divine Lies". En fait, une rapide recherche sur le net avec le terme "A.O.R" vous fournira efficacement une liste plus qu’exhaustive de tous les groupes ayant été, de près ou de loin, inspirés par Magnum.

Ce qui est souvent triste, selon mon opinion, avec ces groupes de longue date, c’est qu’il semble clair qu’ils ont fait le  tour  de ce qu’ils ont à offrir, avec comme résultat des chansons plus prévisibles qu’une réelle tentative d’innover. En même temps, si le désir du groupe est de revivre les moments forts d’une carrière plus que réussie, eh bien levons notre chapeau à Magnum et saluons tout de même l’effort, année après année, de poursuivre ce but qu’il s’était fixé il y a de cela si longtemps maintenant.

Je ne vous cacherai pas que ce type de musique n’est pas ma tasse de thé. À part les nostalgiques de cette époque, je ne vois pas comment ce groupe saura plaire aux amateurs de metal. Cela dit, ne serait-ce que la présence de Bob Catley et son association avec plusieurs groupes préférés de nos lecteurs, il est de notre devoir de faire nos classes et de réviser nos classiques.


Mathieu
Avril 2016




"Escape From The Shadow Garden"
Note : 16/20

Magnum, légende britannique du hard rock mélodique / progressif injustement reléguée aux rôles de second couteau, annonce la couleur d'emblée via l'artwork de ce dernier effort : ce sera un retour aux heures de gloire du groupe. Retour au superbe logo de "On A Storyteller's Night" (1985, réemployé sporadiquement depuis), retour aux grandes heures des illustrations de couverture de Rodney Matthews (comment s'empêcher de penser ici aux covers de "The Eleventh Hour" ou "Chase The Dragon" ?). Voilà pour la forme. Quid du fond ?

Contact est pris avec l'album via un synthétiseur qui sonne "toc" ("Live 'Til You Die") - quel dommage ! Sonorisé et mixé comme sur les opus légendaires du groupe, le titre aurait été transfiguré. Il reste pourtant redoutable d'efficacité : l'alchimie Magnum est là, et chaque reprise du main riff donnera la chair de poule à tout fan du groupe. Le refrain et ses chœurs qui secondent Bob Catley sentent bon "The Eleventh Hour"… Mais les claviers… Ces derniers, chez Magnum, ont souvent été gentiment désuets pour ne pas dire "cheesy", mais point trop n'en faut. Au-delà de ça, la voix du chanteur est presque méconnaissable pour qui se serait peu penché sur leurs derniers albums. L'âge et le temps ont fait leur œuvre, mais Catley a su en faire une force avec une maîtrise admirable. Un tour de force, à l'image de l'impression que laisse l'album dans sa globalité. De fait, l'écriture est très solide, la "patte" Magnum est là ("Unwritten Sacrifice", "Crying In The Rain" …). La section rythmique est lourde et ronde. Le clavier retrouve un son et une place pertinentes dans le mix' au fil des pistes, aidé en ce sens par l'interprétation inspirée de Mark Stanway. Catley donne dans la voix rauque et râpeuse à bon escient : les couplets sont entêtants, virils et oniriques à la fois. Une gageure ! Les ingrédients des meilleurs petits plats du combo de Birmingham sont bien présents. "Falling For The Big Plan", par exemple, commence à la façon d'un Magnum comme on les aime : introduction atmosphérique qui amène un duo piano-voix vite rejoint par la section rythmique. Suit un refrain mélodique au cordeau ; la magie opère. Tony Clarkin se régale avec des soli simples et efficaces ou des plans rock'n'roll à l'ancienne toujours pertinents ("Too Many Clowns"). L'écriture des paroles s'inscrit quant à elle dans la grande tradition de Magnum : simple mais profonde, en prise avec le réel bien qu'onirique. Elle est servie par des refrains à reprendre en chœur qui n'hésitent pas à rappeler le (en appeler au ?) Queen de la fin des années 1980 ("The Art Of Compromise"). La production est d'une constance notable, misant sur un équilibre caractéristique de Magnum ; le maître à penser Tony Clarkin a bel et bien une touche personnelle.

Et les Brummies nous mènent par le bout du nez... Quand on a la sensation que l'album mollit, il ne fait en fait que nous offrir une respiration mélancolique bien sentie ("Don't Fall Asleep"), ou une antienne rageuse ("Wisdom's Had Its Day"). Oh certes, "Escape From The Shadow Garden" n'est pas "Magnum II" ou "Chase The Dragon", mais qui serait en mesure de l'exiger ? Reste que pertinence est le maître mot d'un album qui, au final, ne connaît que peu de faiblesses. Un tour de force, vous dis-je.


Loïc Leymerégie
Juillet 2014


Conclusion
Le site officiel : www.magnumonline.co.uk