Le groupe
Biographie :

Maleficentia a été fondé en Juin 1998 par Aragoth de Mausoleum. Il fut très vite rejoint par Molkhor de Garwall (batterie), Camazoth (guitare), Nergal (basse) et Lolth (clavier). Puis la formation fut complétée par Balrog de Genital Grinder au chant. En Octobre 1999, Maleficentia entre au studio Awake et un premier album, "Born Of Steel And Fire", vit le jour au printemps de l'année 2000 grâce à l'association Everlasting. Après une petite série de concerts, le groupe change de line-up en Octobre 2000 avec le départ de Lolth, Camzoth, Nergal et Balrog. En Novembre 2000, Arpad intègre le groupe en tant que claviériste. En Mai 2001, Daevhorn d'Ave Tenebrae vient remplacer Balrog au chant puis, en Juin, Ashragon et Svarog de Collapsus héritent respectivement des guitares et de la basse. Avec ce nouveau line-up, Maleficentia sortira son second album, "Under The Banner Of Suffering", chez Melancholia Records en Mai 2003. Suite au départ en Avril 2004 d'Ashragon et de Svarog, Daevhorn décide d'assurer les parties de guitare. Le groupe recrute Ayperos de Spectrums Of Oblivion comme bassiste en Février 2005. Maleficentia compose alors son troisième album, "Revelation From The Ancestral Whisper" affirmant plus que jamais un retour aux sources du brutal tout en gardant les nappes lyriques des précédentes réalisations. Le quatrième album, "Finis Gloriae Mundi", sort pendant l'été 2014.

Discographie :

2001 : "Born Of Steel And Fire"
2003 : "Under The Banner Of Suffering"
2008 : "Revelation From The Ancestral Whisper"
2014 : "Finis Gloriae Mundi"


Les chroniques


"Finis Gloriae Mundi"
Note : 18/20

Sorti en Juillet 2014, ce n'est que début 2015 que nous recevons un exemplaire de "Finis Gloriae Mundi", quatrième opus des Franciliens de Maleficentia, alors autant ne pas perdre davantage de temps pour vous en parler car cet album est une pépite. Maleficentia, pour les ignares et les gamins écervelés abreuvés de metalcore US sirupeux et de djent progressif stérile et faussement agressif, est l'un des meilleurs représentants du black metal français. Actif depuis 1998, le groupe a su développer un son à la fois ténébreux et rageur, ancré dans la tradition black metal des années 90, et mélodique, aux contours orchestraux, renvoyant à l'époque magique des Emperor, Limbonic Art et autres Hecate Enthroned. Il est fort dommage que ce groupe composé d'excellents musiciens, doté d'un niveau d'écriture impressionnant et d'une discographie exemplaire ne soit pas plus reconnu, la faute peut-etre à de mauvais choix de labels, à une présence scènique rare ou encore sa dévotion à un style exigeant mais old school. Le black sympho a évolué ces derniers temps, développant des aspects épiques, voire BO, gagnant en technicité, s'impregnant d'autres styles plus modernes

Maleficentia, lui, est resté dans une approche très classique. Resté bloqué dans la période 94-98, le groupe ne propose absolument rien de neuf sous le soleil resplendissant de Satan, mais sa force créatrice est toujours vivace. Les compositions de "Finis Gloriae Mundi" sont assez longues et complexes et démontrent un niveau d'écriture magistral et bluffant. De multiples changements de rythme et des superpositions mélodiques nombreuses (les motifs mélodiques, joués à deux guitares et à l'aide des claviers au rendu très convaincant, se complètent plutôt bien) retenant toujours notre intention. Si ces enchevêtrements mélodiques sont complexes, il demeurent parfaitement digestes. Les arrangements symphoniques, classes, n'empiètent jamais sur l'instrumentation metal, tout est fait avec sobriété et intelligence. Les claviers, omniprésents, restent un instrument comme les autres et sont utilisés en appui des parties metal. Pas de surcharges symphoniques imbitables ou d'effets pompeux qui, chez nombre de formations estampillées "metal extrême sympho", constituent le cœur de leur art mais où ne résonnent la plupart du temps qu'une vaste vacuité musicale. Non, pas de ça chez Maleficentia. Le groupe ne perd jamais en puissance ténébreuse et en efficacité métallique, son attachement au black originel est intact.

Aragoth, discret membre fondateur et compositeur principal, crée de véritables tourbillons rythmiques, les riffs sont tous meilleurs les uns que les autres. Lui et son compère Daevhorn sont d'excellents musiciens et mélodistes, les solos et leads de guitares sont d'une haute qualité. Daevhorn alterne les parties de chant black criard et maléfique (mais n'étant jamais ridicule comme c'est souvent le cas) où la haine et le sentiment de révolte jaillissent avec une ferveur démoniaque, avec des growls caverneux, ajoutant de la richesse et du dynamisme aux compositions. Bourré de talent (il est également frontman de Ave Tenebrae, formation BM plus confidentielle mais tout aussi interessante, et membre unique de Mater Tenebrarum, dont l'album "In Remembrance Of The Dark Legacy From The Scarlet Appearance", jamais paru mais dispo sur YouTube, est une pépite de black metal mélodique et baroque), il est également responsable des claviers et des divers apports symphoniques. Les superbes parties de piano rehaussées de cordes sont d'un incommensurable beauté triste et d'une grande sensibilité. Le batteur Molkhor (ancien membre des très bons Garwall, qui se souvient encore de ce groupe aujourd'hui ?) abat un boulot phénoménal, tout en puissance et en rapidité. La basse de Arkorn (Ave Tenebrae également), nouveau venu, sait se faire audible et enrichit les compos déjà bien fournies. La production signée Andrew Guillotin est parfaitement équilibrée et permet au groupe de concrétiser son ambition symphonique.

Il est, aux premières écoutes, difficile de s'orienter dans ce déluge de noirceur symphonique, impression renforcée par le fait qu'il n'y ait pas de pause entre les morceaux, les pistes se suivant et se confondant, avec une certaine fluidité il faut le dire, dans un grand ensemble musical. On a l'impression d'avoir à faire à un seul gros morceau de 49 minutes, imposant et méandreux. Et s'il y a un point noir à évoquer à propos de cet album, c'est sa trop grande homogénéité : chaque moment, chaque passage de l'album est un grand moment d'inventivité musical, les pernicieux trémolos, de facture classique, sont tous excellents et les ornementations orchestrales très inspirées. Mais aucun titre ne se détache du lot, aucune mélodie ne retient plus notre attention qu'une autre. Cette absence d'hymne véritable n'est pourtant pas un défaut chez Maleficentia tant la qualité est au rendez-vous.

En cela, il est plus convenable d'aborder "Finis Gloriae Mundi" comme un gigantesque morceau et de se laisser dériver dans ses sombres couloirs labyrinthiques. Nous sommes en présence d'un vrai chef d'œuvre, la pièce maîtresse de Maleficentia, dont il serait injuste de ne pas lui donner sa chance sous prétexte d'une catégorisation hâtive dans le genre black metal. Nous considérons avant tout ce disque comme un pur moment de musique, sombre, extrême et raffiné que les vrais mélomanes sauraient apprécier.


Man Of Shadows
Mars 2015




"Revelation From The Ancestral Whisper"
Note : 15/20

Permettez-moi ce léger retour en arrière avec cette chronique du dernier album en date de Maleficentia. Pour les profanes qui ne connaîtraient pas la formation, Maleficentia est un groupe de black metal symphonique Français venu d’Île de France. Le groupe compte à son actif un membre d’Ave Tenebrae, de Spectrums Of Oblivion et le batteur de Garwall pour les plus calés. En 2008, la formation sort son troisième album "Revelation From The Ancestral Whisper", un album qui surprend par sa qualité alors qu’il s’agit là que d’une simple autoproduction.

Sombre, magistral et funéraire sur ce "Revelation From The Ancestral Whisper" Maleficentia nous emporte dans une boucle infernale de 50 minutes au milieu des ténèbres chaotiques. Le premier titre de l’album s’ouvre sur une courte intro au clavier et on est tout de suite soufflé par la puissance des premiers blasts de cet album. Malgré le fait qu’il s’agisse d’une autoproduction, la qualité du son est excellente. Chaque instrument trouve sa place pour et l’album en devient d’une homogénéité troublante. Le clavier présent sur chacun des morceaux sait se faire discret et ne fait que soutenir le rythme effréné de la batterie et des guitaristes. Sur les passages plus lents, ils se font énonciateur d’une messe noire et occulte.

Comme toute bonne galette de black metal, Maleficentia ne se contente pas de nous marteler les tympans à coups de blasts et de double pédale. "Revelation From The Ancestral Whisper" est un album aux compositions variées qui allie habilement subtilité et agressivité. Les changements de rythmes intempestifs ne font que rendre les compositions plus accrocheuses et entrainantes. Sur cet album on se laisse facilement emporter, aussi bien par les envolées mélodiques des guitaristes, que par les rythmiques plus accrocheuses et propices aux gros headbangs bien lourds. Les parties au clavier permettent, elles, de faire ressortir toute la beauté qui se cache derrière cette rage cette violence maléfique apparente. Certains trouveront ce mélange plus ou moins étrange tant il peut sembler y avoir un fossé entre la beauté inspirée par l’alliance des guitares et des nappes de clavier et la rage naturelle qui émane de l’ensemble de cet opus. Maleficentia nous offre définitivement un album furieux et impulsif certainement pas à mettre entres toutes les mains. "In The Shadow Of The Labarum" est pour moi le cœur de cet album. Un titre d’un peu plus de 6 minutes tout simplement majestueux et magnifique. Sur "Between Tiffauges Walls" le vocaliste nous fait part de son phrasé incisif tout droit venu des ténèbres chaotiques.

D’une façon générale cet album est à écouter d’une traite car les morceaux s’enchaînent parfaitement jusqu’au titre éponyme de l’album. J’ai franchement du mal à vous décrire l’intensité et l’énergie qui émane de cet album tant il est riche et tant les émotions y sont nombreuses et différentes. Rage, haine, colère, furie, mélancolie la liste pourrait être longue et ne vous éclairerait certainement pas plus que ça… Je n’ai donc qu’un conseil à vous donner… pour tout amateur de black symphonique d’Emperor en passant par Dimmu Borgir, l’écoute de cet album devient presque indispensable.


Célin
Août 2010


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/maleficentia