Le groupe
Biographie :

Mantric est un groupe formé en 2007 à Oslo (Norvège) lorsque les membres fondateurs d'Extol ont décidé de faire une pause. Mantric est actuellement composé de : John Robert Mjåland (basse, chant), Ole Halvard Sveen (chant, guitare, violon, mandoline) et Tor Magne Glidje (guitare, chant, percussions). Le premier album "The Descent" sort en 2010 chez Prosthetic Records. Le deuxième album, "Sin", sort le 25 Septembre 2015 chez Loyal Blood Records. "False Negative" sort en Avril 2020 chez Tooth & Nail / Solid State Records.

Discographie :

2010 : "The Descent"
2015 : "Sin"
2020 : "False Negative"


Les chroniques


"False Negative"
Note : 15/20

Cela fait déjà cinq ans que Mantric n'avait rien sorti et il était donc temps que ce "False Negative" pointe le bout de son nez ! Pour rappel, le groupe est constitué d'anciens membres d'Extol qui avaient monté leur groupe après le split de ces derniers (qui sont revenus depuis) et qui ont donc continué sous ce nom-là. Ceux qui connaissent Extol ou qui ont écouté les deux précédents Mantric savent que l'ouverture d'esprit est de rigueur et que cela risque d'être un joyeux bordel, les autres apprendront vite.

"Polyanna" nous accueille avec quelques arragements electro avant de balancer les guitares sur un riff très mélodique et accrocheur à cheval entre le joyeux et la mélancolie comme ces grands malades ont l'habitude de le faire. Et comme toujours, il est bien difficile de poser une étiquette là-dessus et de donner une idée précise de ce que fait Mantric. Disons que l'on y trouve des influences progressives, du post-core et pas mal d'autres choses avec en particulier un côté très catchy limite poppy dans ses passages les plus sucrés. Mais attention, tout ça reste difficile à avaler et la musique du groupe ne va pas vous paraître évidente pour autant tant ces gars-là adorent changer de registre toutes les deux minutes. Ce premier morceau montre un peu plus de contrôle et Mantric se fait assez direct pour une fois avec des mélodies accrocheuses, même si on sent en arrière-plan deux ou trois petites choses qui rappellent que chez eux ça peut partir en vrille très vite. Et si "Itching Soul" fait encore illusion avec là encore un côté très catchy et accrocheur, "Queen Fatigue" remet les pendules à l'heure et nous ramène le Mantric déjanté qui balance des structures et des sonorités bizarres en mélangeant des styles d'une façon peu orthodoxe avec par exemple des blasts sur le passage le plus mélodique et sucré du morceau, allez comprendre. La bizarrerie est discrète sur certains morceaux mais toujours présente, comme sur "Norwegian Dastard" qui a l'air d'une jolie ballade mélancolique mais certaines notes aux claviers lui donnent parfois un côté assez malsain. Et il reste bien entendu énormément de choses qui feront vomir le métalleux de base comme ces mélodies très joyeuses sur "Blame The Beggar" qui sentent presque le punk rock à skater !

Bref, si on sent un certain sens du contrôle et que le groupe ne part plus autant dans tous les sens, Mantric reste une bête à part qui produit une musique aussi accrocheuse et mélodique que barrée et particulière. Donc oui, l'ouverture d'esprit est toujours obligatoire et ce groupe n'est pas du genre à laisser indifférent donc avec Mantric ça passe ou ça casse. Je n'aime pas l'exercice du track by track mais avec Mantric on y est presque obligé tant sa musique est singulière, barrée et habitée. Les genres se mélangent presque systématiquement et souvent dans un même morceau et le ton peut parfois passer brutalement d'un extrême à l'autre avec un visage pop d'un côté et un metal limite hardcore avec hurlements en prime de l'autre, le tout évidemment sans aucune transition sinon ce n'est pas drôle. Et pourtant, malgré ce bordel apparent, Mantric sait où il va et ne verse pas du tout dans le grand n'importe quoi, sa musique est construite et les différentes sonorités ne se croisent pas au petit bonheur la chance. Cela n'enlève rien au fait qu'il peut parfois être difficile de les suivre et qu'il faut vraiment être très ouvert et aimer pas mal de styles différents pour avoir une chance de s'y retrouver, si c'est le cas il y a toujours pas mal de bonnes choses sur un album de Mantric et cette fois encore vous ne serez pas déçus du voyage. "Darling Demon" en fin d'album en rajoute d'ailleurs une couche avec une ambiance bien rageuse, barrée et surtout assez malsaine. Probablement le morceau le plus noir et tordu d'un album qui était pourtant déjà bien perché et exigeant. Vous l'aurez deviné mais je vais quand même préciser que même si le groupe ne fait pas dans l'esbrouffe, on se rend compte bien vite que ses membres sont techniquement excellents et que jouer tout ça ne doit pas être simple !

Un nouvel album qui montre parfois un Mantric plus contrôlé et plus accrocheur mais qui propose encore beaucoup de bizarreries en tous genres avec une variété de sonorités et d'influences utlisées assez impressionantes et toujours ces ruptures de tons, de styles et de rythmes aussi déconcertantes que jouissives. La musique de Mantric est exigeante mais sait récompenser les plus aventureux avec une profondeur bluffante et une qualité d'écriture incontestable.


Murderworks
Juillet 2020




"Sin"
Note : 15/20

Mantric était né sur les cendres d'Extole qui avait splitté après la sortie de "The Blueprint Dives", mais qui est revenu depuis avec un album éponyme (oui, il faut suivre). Mantric se proposait donc à l'époque de reprendre le boulot là où Extol l'avait laissé, à savoir en pratiquant une espèce de fourre-tout comme ces gars-là en ont l'habitude.

Ce nouveau venu baptisé "Sin" (décidément, c'est la foire aux blagues pourries en ce moment chez moi) débarque donc 5 ans après son grand frère et ce malgré le retour d'Extol puisque aucun des membres de Mantric n'y est retourné. Et dès le premier morceau, "Faithfaker", on retrouve ce qui fait la patte des deux groupes, un départ dissonant et velu surmonté d'un chant hurlé très typé hardcore suivi par une partie totalement décalée avec un chant clair assez lumineux et des mélodies à cheval entre la mélancolie et un côté plus positif, créant du coup une sensation étrange typique de la musique de ces Norvégiens allumés. Quand le chant est hurlé, on pense bien entendu aux cadors de toute la scène postcore, les riffs sont souvent proches de toute cette scène dans leur lourdeur écrasante et les mélodies lumineuses qui créent un contrepoids à ce déluge de plomb ajoutent encore une ressemblance. Mais comme sur son premier album, Mantric ne se contente pas de sonorités proches du postcore, les structures sont souvent directement héritées du prog et le groupe affectionne les morceaux à tiroirs qui vous perdent dans un dédale musical totalement barré ("On The Horizon" en est un bon exemple). Les ambiances, elles aussi, jouent avec nos nerfs, tantôt sombres et mélancoliques, tantôt plus lumineuses, on ne sait jamais sur quel pied danser avec Mantric.

On a souvent l'impression que la musique du groupe est décousue, à l'image de "Die Old" qui part totalement en vrille du début à la fin. Mais Mantric sait ce qu'il fait et une paire d'écoutes sont bien entendu nécessaires pour démêler le nœud que le groupe sait amuser à faire avec ses multiples influences. Précision d'ailleurs que si ces dernières sont multiples, il est bien difficile d'en pointer une en particulier tant le groupe a mélangé tout ça pour en faire une musique sacrément touffue et complexe. En tout cas, la sincérité de la démarche est incontestable tant ils risquent de perdre du monde en chemin, leur morceaux sont en fait tellement tordus qu'il est parfois compliqué de comprendre où le groupe veut nous emmener. Cette sensation de musique complètement folle et tordue ne passe d'ailleurs pas que par les mélodies ou les structures, les lignes de chant clair sont bien souvent et volontairement en décalage complet, que ce soit par rapport au rythme ou aux mélodies. Heureusement pour nous que la production est appropriée, le son est assez claire pour qu'on comprenne ce qui se passe et assez puissant pour donner du mordant à ce joyeux foutoir.

Un deuxième album qui ne devrait pas dépayser ceux qui ont apprécié le premier ou qui ont l'habitude de la musique d'Extol, encore que celle de ces derniers est tout de même plus accessible. Mantric n'est clairement pas bridé sur "Sin" et donne libre cours à son amour de l'expérimentation, à vous donc de voir si vous vous sentez l'envie de les suivre sur ce terain on ne peut plus tortueux.


Murderworks
Décembre 2015




"The Descent"
Note : 15,5/20

L'univers des Norévgiens de Mantric se dessine dès les premiers instants avec des notes dérangeantes, et des envolées violentes et grasses. Mantric est véritablement difficile à définir, explorant des univers différents entre metal, progressif, expérimental par moments, en définitive tout le bonheur de la scène musicale scandinave, dans la veine des Cult Of Luna en moins gras et plus aérien. Une voix beaucoup plus claire, des moments chantés et des passages d'une musicalité à toute épreuve. Le progressif prend une grande part dans chacun des morceaux avec une place prépondérante pour la voix. L'ensemble forme un bien bel objet sonore. Ce "The Descent" balaie littéralement tout le paysage musical et offre à chaque auditeur une panoplie non restrictive d'émotions différentes, le punch et le groove en plus. Mantric nous donne l'occasion d'offrir un cadeau à nos oreilles avec une découverte ou redécouverte du groupe à chaque morceau tout en gardant sa propre identité. Laissez vos oreilles traîner par ici, cet album en vaut la peine.


Sam
Avril 2010


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/mantric.band