Le groupe
Biographie :

Le groupe émerge à la fin des années 80, période à laquelle il réalise succesivement 3 démos influencées par les scènes thrash metal américaines et allemandes. Le label allemand Shark Records lui permet de réaliser son premier album "Final Holocaust" (dont le titre a été censuré depuis, cet album devenant "Massacra") en 1990, concentré de violence à l'exécution encore maladroite et à la production faible, mais où l'on peut déjà distinguer une personnalité certaine et les talents d'écriture des 2 guitaristes Jean-Marc Tristani et Fred "Death" Duval. Les musiciens, qui entretiennent depuis leurs débuts des rapports tendus avec la scène metal française, furent descendus par la presse nationale. Cette animosité durera tout le long de la carrière du groupe. Ils reçurent cependant les éloges de la presse étrangère. Ce coup de pouce leur permit de sortir du lot et d'obtenir une reconnaissance à l'échelle internationale. Le second album "Enjoy The Violence", toujours dans un style death-metal extrême, laisse entendre un son plus travaillé. Ce disque est celui de la reconnaissance et permet au groupe de partir en tournée avec des formations d'envergure comme Benediction et Candlemass. Le troisième album "Signs Of The Decline" sera leur dernier album de death metal. Ils ont changé leur style sur "Sick", jouant du groove-thrash (ou du death'n'roll) qui ressemble à Carcass (sur "Heartwork" et "Swansong"). Leur album final "Humanize Human" est un excellent album de groove-thrash, qui peut rappeler Sepultura sur "Roots", surtout à cause de l'atmosphère de cet album. Beaucoup de fans de death metal ont ignoré le groupe à partir de "Sick". Hélas Fred Duval est décédé à cause d’un cancer (le 6 Juin 1997), âgé de seulement 29 ans. D’autres membres ont été actifs dans Zero Tolerance, un groupe de thrash-industriel.

Discographie :

1987 : "Legion Of Torture" (Démo)
1988 : "Final Holocaust" (Démo)
1989 : "Nearer From Death" (Démo)
1990 : "Final Holocaust"
1991 : "Enjoy The Violence"
1992 : "Signs Of The Decline"
1994 : " Sick"
1995 : "Humanize Human"
2013 : "Day Of The Massacra" (Compilation)


Les chroniques


"Day Of The Massacra"
Note : 16,5/20

L'info avait circulé sur le web en milieu de cette année : Century Media allait rééditer les trois démos de Massacra ("Legion Of Torture", "Final Holocaust" -démo- et "Nearer From Death"), remasterisées par Ulf Horelt (Morbid, Asphyx, Grave). C'est entre autre grâce à Jean Marc Tristani (ancien guitariste du groupe et responsable de Century Media France) que l'on doit cette initiative, et l'on peut donc être confiant du contenu, qui comblera les fans de la première heure et les autres, vu que le livret sera également agrémenté d'un historique complet, interviews et photos.

Histoire de rappeller le contexte, Massacra fut l'un de nos meilleurs Francs en matière de death / thrash de 1990 à 1995. Au côté de Loudblast, Agressor, Mercyless et No Return, les Parisiens se démarquaient dans un rôle d'enfant terrible, entretenant des rapports tendus avec la scène française et la presse nationale. C'est à l'étranger et surtout en Allemagne que le groupe obtiendra une certaine reconnaissance. Pourtant à l'écoute de leur trilogie "Final holocaust", "Enjoy the violence" et "Signs Of The Decline", tout fan de death / thrash n'a pu que s'incliner, impressionné devant tant de radicalité, d'énergie brute de décoffrage. Cette animosité était, de plus, mise intelligemment au service d'un songwriting original, ce qui rendait le groupe unique dans son genre. La suite de la discographie ("Sick" et "Humanize Human") m'a personnelement "déçu", même si je comprends le désir naturel de progresser.

"Day Of The Massacra" revient donc sur les premices du groupe qui leur ont permis d'êre repéré et signé chez Shark Records, et quand on découvre ce que le groupe a pu balancer en 1987 avec la démo "Legion Of Torture"... on reste bouche bée. Du grand art, on ne peut plus expressif et bien déglingué (esprit punk !!). Ca crache, ça speede, ça tranche, les structures sont telles que nous ne pouvons qu'être entrainé dans ce flux de violence à fleur de peau. La démo "Final Holocaust" bien que "mieux" enregistrée est dans la même veine : un concentré de haine. "Nearer From Death" enfonce le clou, plus alambiqués mais tout aussi directe, les 3 titres se retrouveront sur le premier album "Final Holocaust".

C'est donc un bel objet pour les fans et collectionneurs de ce groupe unique qui n'en a fait qu'à sa tête. On attend à présent les prochaines rééditions.


Boris
Janvier 2014




" Sick"
Note : 18/20

A l’instar de "Victims" de Kataklysm ou de "Swansong" de Carcass, "Sick", malgré ses immenses qualités intrinsèques, fut souvent boudé et perçu comme le vilain petit canard de la discographie de Massacra, dont les sorties avaient auparavant été plus brutales. Quand on y regarde de près, cet album peut vraiment prétendre au titre de "Swansong" français, tant le feeling y est présent. On y entend un groupe qui, comme son illustre homologue anglais, a abandonné ses velléités les plus agressives au profit d’un certain groove, tout en conservant (c’est pas les Red Hot non plus) un chant extrême. Si on veut poursuivre bien au fond de l’analogie (aïe… Pas trop quand même), les deux groupes ont produit un deuxième album de ce qu’on appelle depuis le "death’n'roll" (le mythique "Heartwork" pour Carcass, antérieur à "Swansong", et "Humanize Human" pour Massacra, qui viendra compléter leur discographie de manière définitive). A quoi ressemble ce death’n'roll me demanderez-vous ? Il s’agit en fait d’une version nitroglycérinée de ce bon vieux truc qu’on appelle rock’n'roll, grosses guitares à l’appui, rythmiques syncopées typiques du thrash mélangées à de bonnes vieilles lignes mélodiques entêtantes, chant agressif mais collant parfaitement à l’ensemble, n’entâchant en rien le feeling débordant de la musique. Dès le "Twisted Mind" d’ouverture (humm ça sent bon le "Keep On Rotting" ça quand même, grosse inspiration sur le riff principal et solo à se décrocher les cervicales), on est embarqué dans cette ambiance irrépressiblement entraînante. Impression confirmée sur le second et surtout le troisième morceau, "Ordinary People", et son cultissime refrain avec l’effet sur la voix. La suite ne déçoit pas et achève de nous transporter vers cette univers si particulier (le cul entre deux chaises peut-être pour certains, ce qui explique les réactions négatives fréquentes, à moins que ce ne soit le manque d’hémoglobine) qui nous fait voyager dans le meilleur des deux mondes, rock et death. Si c’est ça qu’on appelle le purgatoire, alors je veux bien acheter mon ticket, en aller simple. Etrangement, pour conclure le parallèle avec Carcass, les deux entités ont connu une fin prématurée après avoir amorcé ces virages rock. Pas la bonne époque ? Pas dans le créneau ? Difficile de dire ; généralement, le chant du cygne d’un groupe est émis à la suite de plusieurs événements, parfois dramatiques (nos deux combos n’ont d’ailleurs pas été épargnés par la fatalité, avant ou après leur séparation). Quoi qu’il en soit, et c’est bien là l’essentiel, "Sick" est une perle qui n’a pas pris une ride et pourrait en faire voir, grooviment parlant, à un paquet de groupes actuels. Un skeud intemporel, et comme on dit par chez eux (ce n’est pas nous qui allons les contredire) : "Madness Remains" !


Sacha
Mars 2009


Conclusion
Le site officiel : www.myspace.com/massacra1986