"Rise To Power"
Note : 18/20
Rien ne peut plus arrêter Memoriam. Créé en 2015 en Angleterre, le projet mené par Karl
Willetts (chant, ex-Bolt Thrower) en compagnie de Scott Fairfax (guitare, Massacre, As
The World Dies), Frank Healy (basse, ex-Benediction, ex-Sacrilege) et plus récemment
Spikey T. Smith (batterie, ex-Sacrilege, ex-Morrissey…) suite au départ d’Andrew Whale
en 2020, annonce la sortie de "Rise To Power", son cinquième album.
Ce nouvel opus s’ouvre avec "Never Forget, Never Again (6 Million Dead)", qui donne
immédiatement naissance à un univers pesant forgé au death old school après cette
introduction mélancolique. Les riffs accrocheurs et le chant rocailleux du vocaliste donnent
une énergie viscérale au morceau qui laisse tout de même des mélodies entêtantes hanter
ce vibrant hommage avant que "Total War" ne développe une rythmique lourde et saccadée
avant de laisser l’intensité renaître grâce aux parties plus lentes. Parfaitement équilibré entre
les deux éléments, le titre enchaîne moshparts dévastatrices avec mélodies lancinantes
pour nous mener à "I Am The Enemy", un titre assez pesant et entêtant qui laissera
progressivement apparaître des parties plus énergiques. Les leads aériens nous envoûtent
en compagnie du chant, puis "The Conflict Is Within" renouera avec des bases old school
brutes abrasives que le combo manie à la perfection pour laisser ces étincelles de rage
exploser de temps à autre, sans jamais oublier les passages mélodieux et imposants.
Le
contraste s’exprime également sur "Annihilations Dawn" qui couple une batterie énergique
avec des leads épiques sur une base accrocheuse et assez lente qui nous mène à "All Is
Lost" et ses tonalités nettement plus sombres, même lorsque les riffs se déchaînent. Les
interventions vocales restent assez solennelles, créant une atmosphère assez pesante pour
le titre, qui nous mène à "Rise To Power", le titre éponyme, et ses leads dissonants couplés à
une base solide. Ce morceau rappellera les plus grands titres de Bolt Thrower aux
nostalgiques tout en permettant aux nouveaux venus d’apprécier le mélange mélodieux et
brut avant que "This Pain" ne propose des sonorités douces et apaisantes. L’approche est
clairement différente au début de ce dernier morceau, mais le death metal old school ne
tarde pas à refaire surface pour créer une vague de riffs accrocheurs qui suivent les
hurlements, et il ne faudra pas longtemps au groupe pour faire scander "For Victory" aux
foules du monde entier.
Bien que les musiciens ont tous un CV bien rempli, il est satisfaisant de voir que Memoriam
propose une véritable évolution sonore tout en restant ancré dans le death metal old
school, faisant de "Rise To Power" un album varié et accrocheur.
"To The End"
Note : 19/20
Memoriam revient écrire l’histoire. Créé sur les cendres encore fumantes de Bolt Thrower,
Karl Willetts (chant, ex-Bolt Thrower) réunit Frank Healy (basse, Sacrilege,
ex-Benediction, ex-Napalm Death), Scott Fairfax (guitare, Massacre, Benediction en
live) et Andrew Whale (batterie, Darkened, ex-Bolt Thrower) afin de rendre hommage à
Martin "Kiddie" Kearns, batteur de Bolt Thrower décédé. Après trois albums, Andrew
Whale cède sa place à Spikey T. Smith (batterie, Sacrilege) pour "To The End", le nouveau
chapitre du groupe.
Si au début Memoriam jouait un death metal old school dans la lignée directe de ce que
Bolt Thrower proposait, le son a évolué avec les albums. Si côté artwork, on retrouve le
maître Dan Seagrave depuis l’origine, on sent également que son art s’assombrit. "To The End" semble être le début d’une nouvelle ère, marquée par des changements sonores assez
impressionnants. Le death metal reste bien évidemment la base du groupe, on le sent plus
massif, plus guerrier et plus moderne. La voix de Karl Willetts est toujours aussi
impressionnante et marquée par ce timbre si spécial, mais les musiciens donnent une
nouvelle voie à ces riffs agressifs.
On remarque ce changement dès "Onwards Into Battle", le premier morceau, qui nous
projette immédiatement au coeur du combat, après nous avoir communiqué quelques
informations par sample. Le groove prenant propose des frappes solides et parfois très
rapides pour accompagner cette ambiance apocalyptique, tout comme "This War Is Won". Le
mix permet à la fois d’offrir une seconde jeunesse aux tonalités old school, mais aussi de
créer un déluge riffs tranchants pendant que la rythmique s’embrase. Le break appelle des
leads épiques et sombres, tout comme sur l’introduction mélancolique de "No Effect". Le
groupe nous assène ensuite une rythmique épaisse et prenante pour accompagner ce
discours guerrier, puis les leads perçants prennent la suite. "Failure To Comply" démarre avec
un sample, qui nous informe de ce qui va se passer. Sans grande surprise, le son nous
explose en pleine face comme un obus dans une tranchée, et le résultat est sanglant ! Le
groupe n’est jamais à cours d’idée pour mêler patterns old school et sonorités plus
modernes, et ça se sent dans ces riffs violents et épiques.
"Each Step (One Closer To The Grave)" nous offre une mélancolie sombre et une langueur
angoissante. La bataille précédente a pris fin, et le champ de bataille dévasté rempli des
horreurs de la guerre s’étale devant nous, alors que le vocaliste nous accompagne dans
cette désolation. Sur la fin de la route, le son devient plus agressif, nous menant à "To The
End", notre nouveau combat. A nouveau, les tonalités sombres et saisissantes sont
présentes, mais on sent que la rage habite de nouveau le groupe et ses riffs tranchants.
"Vacant Stare" propose une base solide et axée sur de la violence pure, couplée à une
énergie communicative. Des sursauts virulents prennent part à la composition, proposant un
véritable hymne au headbang, puis le final nous fait à nouveau plonger dans la mélancolie
grâce aux leads entêtants. La folie entre en jeu pour "Mass Psychosis" et sa rythmique qui ne
demande qu’à se déchaîner sur le monde, offrant une base prenante sur laquelle le groupe
pose un son lourd et dissonant, qui sera coupé net par un break lointain. La rythmique refait
évidemment surface et explose à nouveau avant "As My Heart Grow Cold", qui est
probablement le titre le plus surprenant de Memoriam. Une mélancolie et une langueur
glaciale, couplées à des sonorités majestueuses, aériennes et calmes. Ce n’est plus
seulement du death metal, ce n’est pas un titre comme les autres, c’est un requiem final qui
confirme définitivement ma première impression sur cet album.
Memoriam sait faire du death metal comme personne, c’est un fait. Avec "To The End", le
groupe décide d’avancer et de proposer non seulement des compositions incroyablement
accrocheuses et lourdes, mais également des sonorités auxquelles on ne s’attendait pas,
propulsant l’album de “très bon” à “immanquable”.
"Requiem For Mankind"
Note : 19/20
Le death metal se dote d’une nouvelle pièce de qualité avec le nouvel album de Memoriam,
visiblement désireux de continuer sur leur lancée d’un disque par an. Nommé "Requiem For Mankind", ce troisième opus en trois ans réunit à nouveau Karl Willetts (chant, ex- Bolt
Thrower), Frank Healy (basse, Sacrilege, ex-Napalm Death, ex-Benediction, ex-Cerebral
Fix), Andrew Whale (batterie, ex-Colostomy, ex-Bolt Thrower) et Scott Fairfax (guitare,
Benediction, ex-Cerebral Fix) pour un death old school illustré par le magnifique artwork
de Dan Seagrave (Benediction, Dismember, Malevolent Creation, Pestilence, Rivers Of
Nihil, Suffocation et beaucoup d’autres). Prêts ? De toute façon on ne vous attendra pas.
Les Anglais démarrent avec l’inquiétante introduction de "Shell Shock", un morceau qui
s’avère être aussi martial que fidèle au son du death metal d’antan. Le chant de Karl est
toujours aussi gras, les harmoniques aussi incisives, et c’est avec un plaisir non dissimulé
que ma tête se met à remuer d’elle même. Même constat sur "Undefeated", un titre qui flirte
avec le thrash dans les harmoniques, mais qui laisse aussi une place importante à une
basse ronflante qui ravira les amateurs de groove. Freinant légèrement, la rythmique repart
tout aussi violemment avant de nous amener à la très mélodique "Never The Victim". Alliant
une rythmique plus calme et des harmoniques mordantes, le combo manie à la perfection un
style qui a pourtant été vu et revu des dizaines de fois.
Mais Memoriam ne va pas s’arrêter là, et c’est la technicité qu’a choisi Scott pour garnir les
riffs, avec notamment quelques parties de tapping bien senties qui donnent une petite
touche d’originalité, alors qu’"In The Midst Of Desolation" s’axe sur quelques petites notes qui
donnent du relief à cette rythmique massive. Et si la batterie est presque joyeuse, il en sera
presque de même pour "Refuse To Be Led". Ce titre pourtant vindicatif permet de combiner
des frappes martiales et des passages plus doux pour un contraste saisissant. Amateurs de
grosse rythmique et de hurlements avec écho, "The Veteran" va vous propulser des dizaines
d’années en arrière, et il est impossible que vous ne tapiez pas du pied sur ce titre. Les
racines old school sont plus que présentes, et le groupe les exploite parfaitement bien !
"Requiem For Mankind", le morceau éponyme, profite de sa longue intro pour donner un
véritable coup de canon avec l’arrivée du riff principal, qui est définitivement pour moi le plus
violent de l’album, avec celui de "Fixed Bayonets", un autre morceau très martial et d’une
efficacité monstrueuse. Il est d’ailleurs tout à fait logique de penser que si ces deux
morceaux sont joués en live, les dégâts dans la fosse seront conséquents ! Le final nous
emporte sur la fin de la bataille avec "Interment", une instrumentale mélancolique qui arrive
progressivement pour nous laisser cette impression de quiétude grâce à sa rythmique
planante.
Memoriam fait à nouveau du neuf avec des éléments qu’ils ont eux-même utilisés dans
d’autres formations il y a de cela des années, et si leurs deux premiers albums étaient
excellents, celui-ci est encore meilleur. "Requiem For Mankind" est pour moi un retour aux
sources phénoménal qui va tourner longtemps dans mes enceintes !
"Mark Of The Necrogram"
Note : 18/20
Alors que Bolt Thrower s’est arrêté avec le décès de son batteur, Karl Willetts (chant) ne
voulait pas en rester là. Il recontacte alors Andrew Whale (batterie, ex-Bolt Thrower), mais
aussi Scott Fairfax (guitare, Benediction, ex-Cerebral Fix) et Frank Healy (basse,
Benediction, Sacrilege, ex- Anaal Nathrakh, ex- Napalm Death) afin de l’accompagner
dans sa croisade. Il révèlera un peu après la création du groupe que c’est un hommage à
Martin “Kiddie” Kearns (ex- Bolt Thrower, décédé en 2015). Le groupe sort très
rapidement démos, EP et le premier album en 2017, qui était une pure merveille de death
old school. "The Silent Vigil", le second, est exactement dans la même veine.
C’est "Soulless Parasite" qui ouvre l’album, et on retrouve très exactement le même son que
sur l’album précédent, ainsi que sur les dernières oeuvres de Bolt Thrower, ainsi que la
voix éraillée de Karl Willetts . Entre deux breaks où la basse tient un rôle proéminent, son
chant si particulier vous replongera quinze années en arrière, sur une rythmique énervée
mais pas trop. Le groupe a ensuite choisi "Nothing Remains" pour continuer et nous asséner
cette fois un vrai coup de crosse en pleine tronche. Si l’introduction ne paye pas de mine, la
rythmique qui suit est très probablement l’une des plus puissantes de l’album. Quelques
coups d’harmoniques pour réhausser le tout, et voilà que vous allez headbanguer tout seul
dans votre salon. Le break du milieu permet de relancer un peu la machine, mais c’est "From
The Flames" qui prendra la suite. Ici encore, l’expression “C’est dans les vieux pots qu’on fait
les meilleures soupes” prend tout son sens. Le son old school bonifie clairement les riffs
peuplés de parties lead qui sonnent un peu moderne, mais le son gras reprend le dessus.
"The Silent Vigil", le titre éponyme, est très différent du reste de l’album. Si l’introduction est
surprenante, laissez-moi vous dire que ce morceau qui dure à peine plus que deux minutes
arrive enfin sur une rythmique death metal. Cependant, il me semble que c’est plus un titre
dédié à Kiddie qu’une réelle composition destinée à retourner les foules comme "Bleed The
Same" par exemple. Alors qu’un clip est sorti pour ce titre, on peut y entendre des samples
de discours entre deux refrains. Et ce refrain… C’est tout simplement l’un des plus planants
que j’ai entendu dans le death metal depuis des lustres. On revient sur de la violence pure
et dure avec "As Bridges Burn" et sa rapidité. Les riffs tranchants de ce titre lui permettent
d’acquérir un groove indéniable, mais surtout de toucher un public plus large que les seuls
amateurs de death old school.
Pour "The New Dark Ages", j’ai réellement l’impression d’entendre du Bolt Thrower. La
même composition rythmique, le même entrain, le même départ canon, les mêmes breaks…
C’est une véritable résurrection à laquelle on assiste ici, pour notre plus grand plaisir. Plus
longue, mais aussi plus lente, "No Known Grave" et sa rythmique que certains pourraient
considérer comme vieillie séduira probablement les amateurs des premiers albums qui ont
participé à façonner le death metal comme on le connaît actuellement. Le chant de Karl, mi
parlé mi hurlé, colle parfaitement à ce type d’ambiance, et l’homme s’en donne à coeur joie.
La longueur du titre lui permet de développer un véritable univers propre avant d’aboutir au
dernier titre, "Weaponised Fear". Le calme de Karl donne à ce titre, pourtant plus sombre et
plus martial, une atmosphère particulière, sur un sujet d’actualité.
Si le groupe n’innove pas à proprement parler, c’est par choix de rester ancré dans ce qu’il
sait faire de mieux : un death old school gras, puissant, mais surtout qui touche. Le
bagage musical des membres du groupe leur permet d’aligner composition sur
composition dans les mêmes tonalités, mais sans jamais laisser un seul titre de Memoriam
sonner comme le précédent.
"For The Fallen"
Note : 18,5/20
Le death metal est une famille unie. Lorsque Martin "Kiddie" Kearns (ex-Bolt Thrower) décède en 2015, ses amis et sa famille sont dévastés. C'est alors que Karl Willetts (chant, ex-Bolt Thrower) réunit Frank Healy (basse, aussi présent dans Benediction, Sacrilege, ex-Napalm Death, ex-Anaal Nathrakh, ex-Cerebral Fix), Andrew Whale (batterie, ex-Bolt Thrower, ex-Colostomy) et Scott Fairfax (guitare, aussi présent dans Benediction, ex-Cerebral Fix) pour lui rendre un vibrant hommage sous le nom de Memoriam. Cette alliance a lieu à Birmingham en Angleterre, et le death metal est à l'honneur. Une première démo sort en 2016, suivie d'une deuxième début 2017 pour finalement aboutir à "For The Fallen", le premier album de cette formation. Les fans de Bolt Thrower sont bien évidemment déjà tous au courant, mais si vous avez raté l'information, laissez moi vous dire que ces vétérans du style n'ont pas fait les choses à moitié... En joue, feu !
Le riff d'introduction de "Memoriam", le premier titre, indique clairement que les influences du death old school sont suivies à la lettre. Un son gras, lourd, violent mais à la fois maîtrisé. On retrouve donc une rythmique simple, mais entraînante, et un Karl Willetts d'une forme olympienne. "War Rages On" débutera avec un sampler qui mènera à une guitare lead inquiétante et une rythmique très rapide. Quelques harmoniques bien placées rythmeront cette composition dont le seul et unique but est de briser des nuques. Si vous souhaitiez une composition plus aérienne et lourde, vous pouvez passer à "Reduced To Zero". Plus lent, mais également beaucoup plus puissant, ce titre est à mon avis l'enfant illégitime qu'auraient eu Bolt Thrower et Benediction pendant une soirée doom / death. "Corrupted System" reviendra sur un riff plus énervé, et une batterie assommante pour sublimer le tout, alors que "Flatline" jouera sur la vitesse et la longueur de la composition pour parvenir à son but. En effet, cette chanson allie une double pédale récurrente avec des riffs incisifs qui deviennent rapidement entraînants.
La rythmique s'enflamme à nouveau avec "Surrounded (By Death)", qui reprend quelques harmoniques pour donner un ton différent à ce titre, qui me fera largement regretter l'arrêt de Bolt Thrower, tellement les influences sont présentes, avec un solo rapide en milieu de composition. "Resistance" reprendra également les codes du death metal au son pur, tel qu'il a été créé il y a de ça plus de trente ans maintenant. Une fois encore, c'est un solo rapide qui prendra le pas pour donner une petite accélération bienvenue au titre. Le dernier morceau, "Last Words", commence avec un riff inquiétant qui approche avant d'exploser littéralement pour un titre qui représente à lui seul toute l'intensité de l'hommage que rendent les musiciens à leur camarade décédé, et ce pendant près de neuf minutes. Le titre finira sur un sampler qui illustre parfaitement un combat au front avant de relancer les instruments pour l'estocade finale.
Memoriam..., "La mémoire" en latin. C'est ainsi que les quatre musiciens ont décidé de nommer ce projet, pour se souvenir de Martin "Kiddie" Kearns à tout jamais, avec cet album puissant. Si sur scène le groupe reprend du Bolt Thrower, il possède maintenant une identité propre. Karl Willetts n'a rien perdu de sa superbe, et on espère voir le groupe revenir creuser quelques tranchées sur nos terres afin de nous laisser prendre part à cette cérémonie.