Le groupe
Biographie :

Merihem est un groupe de black / death metal expérimental italo-américano-hollandais formé en 2016 et actuellement composé de : Beast (basse / Frostmoon Eclipse, Manetheren, Nocratai, ex-Dr. Fuelgood, Stroszek, ex-Fog), P.R. (batterie), Nero (guitare / Manetheren, Oculus, ex-Enshrined, ex-Censer), YhA (guitare / Suffering Hour, ex-Compassion Dies, Derizion) et Tiúval (chant / Blutvial, Delinquentes Infernae, Half Visible Presence, Israthoum, ex-Eternal Frost, ex-Perditor, ex-Grendel, ex-Onheil). Merihem sort son premier album, "Incendiary Darkness", en Juin 2022 chez I, Voidhanger Records.

Discographie :

2022 : "Incendiary Darkness"


La chronique


Le label I, Voidhanger Records est en forme en ce moment et une de ses nouvelles sorties nous arrivent dans les esgourdes, à savoir le premier album de Merihem, "Incendiary Darkness". On nous annonce du black metal pur, dur et très sale au programme et connaissant le catalogue du label, quand ce n'est ni expérimental, ni planant c'est que ça fait mal !

Le thème de l'album a visiblement à voir avec la kabbale qliphotique qui est tout simplement l'arbre de vie inversé (arbre de mort donc ou Sithra Ahra, ça rappellera quelque chose aux fans de Therion), on plonge donc une fois de plus dans un album qui sent l'occulte à plein nez. Les dissonances qui nous accueillent avec "Crimson Communion" ne trompent pas et on sent l'influence d'un certain Deathspell Omega là-dedans. Les morceaux sont assez longs, à peu près sept minutes en moyenne, et les trente-huit minutes de "Incendiary Darkness" ne sont réparties que sur cinq pistes. Merihem prend donc le temps de développer ses ambiances et son black metal est dense et touffu. Si la violence ne loupe pas une occasion de s'exprimer à grands coups de blasts, le propos est toutefois ailleurs, dans ses ambiances malsaines, poisseuses et donc occultes jusqu'au bout de leurs ongles noircis. Un chant clair déclamé qui rappelle Attila Csihar se fait entendre de temps en temps pour ajouter encore une couche à cette impression d'assister à un rituel. Sur "The Geburah Apozem" c'est plutôt le Blut Aus Nord de "The Work Which Transforms God" qui nous vient à l'esprit avec ces leads distordus et dissonants. Merihem ne fait pas dans la dentelle et si certaines influences peuvent s'entendre, il y a tout de même quelque chose de personnel dans ce magma sonore. Les structures bougent souvent, le rythme aussi, ce qui est plutôt bienvenu pour des morceaux tirant régulièrement sur les sept ou huit minutes. "Incendiary Darkness" nous fait entendre des morceaux aux ambiances variées mais toujours noires, une cohérence qui reste solide malgré les mouvements incessants de ce monstre sonore aux allures de serpent.

Ce premier album est totalement malfaisant et rien ici ne respire la vie ou la lumière et même si le groupe utilise des sonorités déjà entendues ailleurs, il le fait avec une conviction qui donne une autre dimension à sa musique. Et même si la violence brute n'est pas le propos de "Incendiary Darkness", le groupe se montre tout de même assez intense et la violence est bien présente avec un tempo général assez soutenu. En seulement trente-huit minutes Merihem arrive à nous faire plier sous le poids de sa rage et de sa noirceur avec un black metal qui laisse parler dans les mêmes proportions le feu et les ténèbres. Tout concourt à nous étouffer par ici, que ce soit les blasts déchaînés ou les ambiances déshumanisées et dissonantes. On est évidemment plus proche des scènes modernes que du black metal des origines mais le fond est toujours là, ce caractère maléfique et ces pulsions de mort suintent par tous les pores de la musique de Merihem. La production est à l'avenant avec un son relativement propre en dehors des guitares tranchantes comme des rasoirs et une batterie assez sèche et organique qui colle très bien à ce black metal occulte. Ajoutez un peu de réverbe pour appuyer encore un peu plus l'impression d'assister à un rituel ou à des incantations dans un temple souterrain et vous y êtes. Même si "Incendiary Darkness" ne fait pas montre d'une originalité à toute épreuve, on sent le groupe impliqué et sincère, cela suffit largement à rendre ces cinq morceaux convaincants. Une fois de plus I, Voidhanger Records a eu le nez creux et a trouvé un groupe qui se démarque par une démarche particulière et une envie d'en découdre clairement affichée.

"Incendiary Darkness" porte donc plutôt bien son nom et Merihem nous balance un black metal occulte, dissonant aussi malsain que violent. En seulement trente-huit petites minutes votre résistance sera mise à l'épreuve et ce premier album fera office de test pour votre intronisation, alors inspirez un bon coup et plongez la tête la première dans ce bain de goudron et de sang.


Murderworks
Octobre 2022


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/merihemband