Le groupe
Biographie :

Fondé en 2014, Meshiaak est un groupe australien de thrash moderne. Le quatuor est formé de Dean Wells (Teramaze) à la guitare, de Danny Camilleri (ex-4arm) au chant et à la seconde guitare, de Nick Walter à la basse et du batteur David Godfrey. En 2016, le groupe sort son premier album intitulé "Alliance Of Thieves" chez Mascot Records, suivi de "Mask Of All Misery" en Novembre 2019.

Discographie :

2016 : "Alliance Of Thieves"
2019 : "Mask Of All Misery"


Les chroniques


"Mask Of All Misery"
Note : 11/20

Je vous avais parlé de Teramaze il y a quelques temps et cette fois c'est au tour de Meshiaak qui compte en son sein Dean Wells à la guitare, membre de Teramaze justement. Si les racines progressives peuvent encore se faire sentir ici dans certains éléments, on ne joue tout de même pas dans la même cour puisque Meshiaak donne dans le thrash et après un "Alliance Of Thieves" assez efficace nous revient donc avec "Mask Of All Misery".

Les arpèges de "Miasma" qui ouvre l'album nous font une petite feinte en annonçant une ballade sauf que les riffs heavy / thrash arrivent bien vite même s'ils s'éclipsent tout aussi vite pour laisser place à quelque chose de plus mélodique. Le tempo est encore assez lourd et installe d'emblée une ambiance assez pesante avec une bonne grosse double et des guitares puissantes. Mais chassez le naturel et il revient au galop, du coup les riffs bien thrash débarquent et avec les mélodies en fond on croirait entendre un mélange entre Iced Earth et Testament. Mais c'est avec le morceau-titre que débutent vraiment les choses sérieuses et le tempo s'emballe donc un peu plus après ce premier titre aux allures d'introduction. Bon, quand je dis que le tempo s'emballe, n'imaginez pas une boucherie à la Slayer non plus, Meshiaak reste assez lourd et privilégie la mélodie mais les riffs puissants se chargent de taper un peu plus dans le tas. Je pense tout de même que tout ça sera trop mélodique et posé pour plaire aux vrais die hards du thrash pur et dur mais vu que Meshiaak a une approche assez moderne, je doute que ce soit la cible visée. D'ailleurs, placer la ballade "Bury The Bodies" en début d'album n'était peut-être pas la meilleure idée, ça casse un peu le rythme d'un album que certains auraient sûrement voulu voir démarrer de façon plus brute. Heureusement, "City Of Ghosts" balance des riffs plus nerveux sur un tempo un peu plus enlevé et les tapis de double mettent une bonne dose de puissance dans un album efficace mais qui démarre un peu trop mollement. Niveau production, vu le côté moderne de la chose, c'est évidemment du gros son puissant et pas trop synthétique comparé à certaines prods récentes.

N'empêche que pour un groupe affilié au thrash, on aimerait quand même que ça tape bien plus fort que ça. C'est d'autant plus dommage que les rares fois où Meshiaak s'énerve et appuie un peu plus fort sur l'accélérateur, on se rend compte que le groupe sait faire et que ça sonne bien. Mais c'est bien la mélodie, le chant presque clair et le mid-tempo qui dominent ici et qui donnent à ce thrash des allures de metal moderne américain typique (alors que le groupe est australien), on sent même parfois une proximité avec les premiers Trivium mais en encore plus mélodique, c'est dire ! Bon, les amateurs de thrash old school ou de la Bay Area vont clairement hurler mais une fois que l'on sait ce que fait Meshiaak, il faut reconnaître que c'est bien foutu et efficace, c'est juste que les sonorités thrash restent finalement assez minoritaires sur "Mask Of All Misery". Son prédécesseur se montrait un peu plus nerveux et teigneux même si la mélodie y avait déjà une bonne place. Donc si "Alliance Of Thieves" ne vous avait pas plu à cause de ça, vous pouvez fuir tranquillement ce nouvel album qui suit une voie encore plus soft. C'est assez intriguant d'ailleurs de voir Meshiaak devenir de plus en plus mélodique alors que Teramaze de son côté devient un peu plus dur avec son dernier album, c'est à se dire que les deux ne vont pas tarder à se croiser et sans en arriver à faire doublon ça risque de créer une certaine confusion. Les morceaux sont bien foutus mais la mélodie prend vraiment beaucoup d'espace et le tempo est général est trop posé, ce qui fait que le peu de puissance que l'on trouve sur cet album ne suffit pas à donner ce qu'il faut de patate à Meshiaak.

Un album sympa mais pas marquant et surtout un peu trop doux pour les amateurs de thrash, Meshiaak laisse beaucoup de place à la mélodie, peut-être même trop, et les rares pincées de puissance qu'il met dans sa musique nous donne envie d'entendre quelque chose de plus couillu. "Mask Of All Misery" a le cul entre deux chaises et n'arrive jamais à trouver le bon équilibre entre puissance et mélodie malgré des compositions pourtant solides.


Murderworks
Janvier 2020




"Alliance Of Thieves"
Note : 15/20

"Ah ! L'Australie ! Avec ses kangourous, ses tatous, ses requins, ses surfeurs...
- Et AC/DC !
- AC/DC...
- Et Be'lakor !
- Be'lakor...
- Et Meshiaak !
- Meshiaak ? C'est nouveau ?
- Ben oui ! C'est du thrash, ça devrait te plaire. Tiens, voilà leur premier album !
- Ok, on écoute !"

Pour ce premier album, les Australiens ont choisi de commencer fort avec le morceau "Chronicles Of The Dead". Nous avons droit ici à une cavalcade de riffs très bien sentis qui vient s'écraser sur un refrain lourd et massif. Le groupe nous délivre une puissance de feu qui n'a pas grand-chose à envier à un Machine Head ou à un DevilDriver. En effet, Meshiaak propose ici une production qui sonne vraiment moderne, à l'opposé de ce qui se fait habituellement chez les groupes de revival thrash qui cherchent généralement à nous proposer un son bien plus old school.

Ce choix esthétique transparaît d'ailleurs dans le visuel de l'album. En effet, ici pas de logo pointu sur fond de pochette régressive peinte à la main. Les Australiens ont plutôt fait le choix de l'élégance avec une photographie resplendissante de ce qui semble être un système complexe de verrou finement ouvragé en forme de tête de mort métallisée.

Cette production lourde et très moderne peut facilement nous faire penser à ce qui se fait dans la scène thrash / core actuelle. Cependant, le chant de Danni Camilleri n'est jamais vraiment guttural. On a plutôt droit à un chant crié proche d'un Tom Araya sous amphétamines. D'ailleurs, entre deux déferlantes de violence, on notera aussi une importante influence heavy dans les nombreux passages plus mélodiques en chant clair. Une dimension plus mélodique qui permet à Meshiaak de varier son propos et d'apporter un peu d'air au milieu de cette déferlante thrashisante mais qui a cependant le défaut d'amener un côté un peu "soupe" qui nuit sérieusement à l'ensemble. L'exemple le plus flagrant, à mon sens, est la power ballade "At The Edge Of The World" placée en milieu d'album. Il s'agit typiquement du genre de chanson qui se voudrait, on le sent, épique et pleine d'émotion mais qui reste, au final, très convenue et superficielle. Un constat qu'on pourrait aussi appliquer à "Death Of An Anthem" qui conclut l'album, bien que ce morceau ait quand même le mérite d'être plus riche et personnel.

Pourtant, le côté mélodique apporte parfois un vrai plus quand il est utilisé avec parcimonie. Je pense notamment à la bonne utilisation des instruments orientaux dans "It Burns At Both Ends". On retrouvera d'ailleurs, avec plaisir, cette petite touche orientalisante dans les discrètes mélodies du fracassant "Last Breath Taken". De même, on appréciera la richesse d'un "I Am Among Us" qui ne cesse de nous souffler le chaud et le froid avant de nous proposer une belle envolée lyrique à la System Of A Down. On aura d'ailleurs droit dans ce morceau à une très belle ligne de basse suivie d'un un solo bien inspiré pour revenir à un déchaînement de violence sur la fin ; une vraie réussite.

Vous l'aurez compris, tout n'est pas à jeter dans cet album, loin s'en faut. Le son y est vraiment bon et travaillé, le niveau technique des musiciens est irréprochable (en témoigne la virtuosité des nombreux soli de guitare) et le tout est suffisamment riche et varié pour qu'on ne trouve pas le temps trop long à travers ces neuf pistes. On reprochera cependant à Meshiaak un excès de sensiblerie et d'emphase mal placée qui, malheureusement, émoussent l'impact de leur musique. Un symptôme qu'on retrouve, malheureusement, trop souvent dans notre scène metal actuelle. En effet, on ne compte plus les groupes qui, au fil des albums, finissent par diluer de plus en plus leur brutalité d'origine dans une sorte de soupe à la guimauve un peu passe-partout. Ce qui est inquiétant chez Meshiaak, c'est qu'on arrive à ce constat dès le premier opus ! On espère donc qu'avec un tel potentiel, le groupe saura rectifier le tir dans ses prochaines sorties et ne se laissera pas ensuqué dans de la mièvrerie bon marché...


Zemurion
Septembre 2016


Conclusion
Le site officiel : www.meshiaak.com