Le groupe
Biographie :

Meshuggah est un groupe de metal progressif et avant-gardiste suédois, originaire d'Umeå. La formation est principalement composée des membres fondateurs : Jens Kidman (chant), Fredrik Thordendal (guitare), Tomas Haake (batterie) depuis 1990 et Mårten Hagström (guitare rythmique) depuis 1992. Le groupe a connu un certain nombre de bassistes, poste détenu par Dick Lövgren depuis 2004. Meshuggah attire d'abord l'attention internationale en 1995 avec la sortie de "Destroy Erase Improve", fusion des tempos rapides du death metal, du thrash metal et de metal progressif avec des éléments de jazz fusion. Depuis son album "Nothing", Meshuggah utilise des guitares à huit cordes. Meshuggah est aujourd'hui reconnu pour son style musical novateur, complexe et aux structures utilisant la polyrythmie. Meshuggah a trouvé depuis peu le succès auprès du grand public, mais il est avant tout réputé pour être un groupe important dans la culture underground. Depuis sa création, Meshuggah a sorti neuf albums studio et cinq EPs.

Discographie :

1991 : "Contradictions Collapse"
1995 : "Destroy Erase Improve"
1998 : "Chaosphere"
2002 : "Nothing"
2005 : "Catch Thirtythree"
2008 : "ObZen"
2010 : "Alive" (DVD)
2012 : "Koloss"
2016 : "The Violent Sleep Of Reason"
2022 : "Immutable"


Les chroniques


"Immutable"
Note moyenne : 15/20

Encore ! Oui, encore un album de Meshuggah ! J'ai l'impression que le précédent vient de sortir, mais non, cette pépite date de 2016. Putain, six ans déjà. Après six années, il y aura ceux qui n'y croyaient plus, ceux qui l'attendaient et ceux qui, comme moi, se demandent si on aura une canicule ou un temps pourri cet été. C'est avec une petite goutte de bave au bord des lèvres que j'ai donc lancé cet album de nos amis suédois, et je dois dire que j'ai immédiatement été cloué sur mon siège, avec ces premières notes guerrières, agressives et tellement lourdes. J'ai vite ressenti un soulagement en comprenant que tout n'avait pas changé, et que, malgré les années qui passent, Meshuggah continue de faire ce qu'ils savent faire de mieux.

Très vite, toujours sur ce premier morceau, "Broken Cog", je me suis rendu compte que le chant se faisait désirer. Malgré une instru' du tonnerre de sa mère, il manquait cette voix, LA voix de Meshuggah, si propre et distinguée. L'énorme claque est donc venue avec le deuxième titre, "The Abysmal Eye", puis le troisième, "Light The Shortening Fuse". Voilà, on est en plein dans ce que Meshuggah sait faire de mieux depuis vingt ans et ce sont sans doute les seuls à offrir ce metal aussi fédérateur qu'unique. Impossible de mettre une étiquette sur ce style si particulier, sombre et froid, mais qui nous réchauffe le coeur et les tympans. On se croirait parfois dans les derniers jeux "Doom" (cf. la seconde moitié de "Phantoms"), avec une note de Tool en version death metal !

En avançant un peu, on tombe parfois sur quelques longueurs, pour ne pas dire de "longues longueurs"... Vous allez me dire que c'est là la patte de nos amis venus des neiges éternelles scandinaves mais ça finit par peser. Je pense à l'interlude, "They Move Below" et ses presque dix minutes, ultra répétitives. Je pense également aux presque six minutes d'outro... Ça casse le rythme, surtout quand on s'écoute l'album en boucle, quel dommage.

On trouvera tout de même de belles surprises, telles que ce "God He Sees In Mirrors" et son solo de gratte ultra technique, envoûtant, psychédélique, étonnamment... Bluffant. Je ne m'y attendais pas mais j'ai adoré. Au bout de la course, on a encore pris une claque avec ce nouvel opus de Meshuggah, se demandant s'ils devraient se renouveler ou au contraire persister dans ce style unique pour continuer de nous éblouir ? De mon côté, je reste un fan inconditionnel, malgré quelques ralentissements trop pesants, une voix plus discrète qu'auparavant... Mais le tout demeure amplement réussi, comme toujours avec eux.


Grouge
Avril 2022




"The Violent Sleep Of Reason"
Note moyenne : 16/20

Abracadabadaboom ! Les Suédois de Meshuggah apparaissent de nouveau comme la bague d'un célèbre magicien sur l'anus d'un talentueux sociologue. Moi qui avais lâché ce groupe il y a presque une dizaine d'années, c'est avec une joie non dissimulée qu'il m'est permis de redécouvrir cette petite fée clochette venue des glaciers scandinaves. Pour faire simple : Meshuggah fait du Meshuggah, et ce, sans la moindre ride. Malgré les années qui défilent, la patte reste propre, le style soigné, et Nuclear Blast offre toujours une qualité sonore qui fera trembler les cheveux grisonnants de vos ancêtres.

Quatre années après un "Koloss" qui m'avait totalement échappé, les papys du frigo proposent dix titres qui excellent tant par leur qualité que leur quantité. En effet, chaque morceau nous conte une belle et longue aventure au pays des ténèbres, où les riffs bien glauques du death groovy viennent tabasser le cul d'une voix torturée à en briser les cieux. La recette Meshuggah continue de fonctionner : "Imagine un peu si Gojira c'était bien, bah ça serait Meshuggah". Tout est dit dans cette grande citation que je viens d'inventer. Dans le même genre : "Si Fear Factory savait faire de la musique, ça serait sans doute proche de Meshuggah". La maîtrise impressionne, le style futuriste mérite le respect, la classe s'impose, j'en deviens tout serré dans mon pantalon. S'ils étaient Américains, on pourrait presque craindre une chute vers un deathcore banal et chiant.

Mais non, malgré une prestation purement et totalement homogène, Mes Nougats sont bien posés sur la table. La magie opère comme au bon vieux temps, on a des petits lapins qui gargouillent dans l'estomac à chaque légère baisse de rythme, car on sait que la sociologie d'une avalanche de violence toxique s'apprête à nous parasiter les oreilles. Si on rajoute une basse frontale qui nous pète les pupilles, l'orgasme est vite atteint. Difficile de n'en garder qu'une, même s'il convient d'en dégager une qui sonne un peu trop chiante à mon goût, "Into Decay".

On frôle donc le grand chelem de manière totalement unique et fraîche, sans grande surprise mais surtout sans déception. Contrat rempli donc, comme mes couilles.


Grouge
Novembre 2016
Note : 16/20

Chroniquer un album de Meshuggah n'est jamais évident. D'une part parce que le groupe n'en fait qu'à sa tête et d'autre part parce qu'il faut l'écouter un nombre incalculable de fois afin de saisir la substantifique moelle de leur travail.

Après avoir littéralement inventé un style (le métal progressif actuel ne serait pas le même sans eux), les Suédois s'amusent à distancer leurs poissons pilotes à chaque nouvel album. Ainsi, le groupe ne jurant que par la simulation d'amplis depuis pas mal d'années, les guitaristes ont vu se développer tout un marché regroupant les marques Line 6, Kemper ou Fractal Audio pour ne citer qu'elles, certes offrant de nouvelles possibilités sonores mais provoquant en live la désagréable sensation que tous les groupes du style sonnent pareil. En guise de double quenelle épaulée, Meshuggah prend le contre-pied de cette mode et retourne à ses premières amours, les bons vieux amplis à lampe. Et le mur de grattes que l'on prend dans la tronche dès "Clockwork" a dû faire bien peur aux marques précitées. C'est lourd, gras, propre et organique. Très loin de la froideur de l'album "Nothing" par exemple. La complexité rythmique qui fait la signature du groupe - essayer de battre la mesure équivaut à rentrer chez soi bourré : on titube, on trébuche et on se sent un peu con.. - est toujours là mais elle est ici mise au service d'un groove imparable. Chaque morceau est un déroulement de riffs tous plus ingénieux les uns que les autres, variant les ambiances et atmosphères (la fin de "Nostrum" très planante pourrait presque figurer dans un morceau de TesseracT), parsemé çà et là des solos typiques de Fredrik Thordendal qui refont leur apparition.

Un véritable retour aux sources mais réalisé avec l'expérience des années. Seule la voix un peu fatiguée (et fatigante) de Jens Kidman trahit le poids des années. Encore un joli tour de force du groupe le plus innovant de la scène actuelle.


Ben
Novembre 2016
Note : 16/20




"Koloss"
Note : 16,5/20

En cette douce année 2012, "Koloss" arrive, dernier album des précurseurs Meshuggah. Dans le genre schizophrénique, on ne fait pas mieux. Après un album "ObZen" encensé par la critique, les maîtres du genre étaient attendus au tournant.

"Koloss" nous propose du Meshuggah, ni plus ni moins. Après quelques mois d'attente et des informations distillées ici et là, le "Koloss" est donc arrivé. Meshuggah nous sort quelque chose de moins alambiqué que sur les autres albums, et particulièrement "ObZen", certes le niveau technique est toujours très très haut, mais les Scandinaves proposent ici quelque chose de beaucoup plus accessible à la majorité des gens. Nombre sont ceux qui ont tentés d'égaler les maîtres dans un style où les suiveurs ne se battent que pour les miettes qu'il leur reste, mais Meshuggah a toujours été à la fois en avance pour la création des morceaux, la maîtrise du style, mais également dans la supériorité technique qui reste encore à ce jour inégalée. Meshuggah nous propose du Meshuggah, en, certes, un peu plus léger sur cet album. "Koloss" est costaud, puissant, technique, mais derrière, pour quelque chose de novateur, on repassera. Pas véritablement d'évolution notoire dans le style, c'est un peu comme si Meshuggah avait pris les faces B de "ObZen" pour en refaire un album. Alors oui, même des faces B de Meshuggah valent toujours mieux que la plupart des morceaux de n'importe quel groupe, mais bon. L'évolution vient de morceaux plus lancinants et plus lents, plus mid-tempo, sans chant. Au bout des 10 titres de "Koloss", on reste quand même sur notre faim, avec une espèce de goût d'inachevé, quelque chose qui manque, ou alors quelque chose de déjà-vu. Alors certes ce "Koloss" est un bon album, on ne repassera pas sur la technique, ni sur la production qui est très bonne comme à son habitude.

Intéressant qu'est ce "Koloss" avec ces petites incertitudes et ces regrets pour les puristes du genre, pour les fans inconditionnels et les métalleux. Pour les autres, la légende se découvre ici en "douceur" et semble plus accessible... Difficile à dire si c'est un regret ou une autre façon d'entendre Meshuggah, mais "Koloss" est quand même un très bon album d'un très bon groupe. Certains passages valent tout de même un détour non négligeable. L'importance du groupe, sa maîtrise technique et ainsi que sa maîtrise tout court laissent tout de même les suiveurs loin derrière… La légende reste entière !


Sam
Mai 2012




"Alive"
Note : 16/20

Meshuggah, une référence en terme de metal extrème ! Des mecs venus du froid qui distillent leur son comme autant de coups de hachoirs dans la tête ! Meshuggah évolue dans l'univers du metal, du death ? Très vague comme nuance... mais passons à ce CD/DVD "Alive".

Commençons par le CD : 12 pistes d'une puissance phénoménale, dopée aux basses voir infra basses ! Le son est très propre, la captation a été faite à la fois à Montréal et à Tokyo. Ce "Alive" n'a rien a envier à personne, avec un enchaînement de leurs meilleurs morceaux "Combustion", "Stengah", "Electric Red" notamment et surtout l'incontournable "Bleed". Le niveau technique est imparable est monstrueux. Bon bien sûr pour les non fans ce CD n'aura qu'un intérêt très limite et pourra devenir saoulant à la longue par des fréquences très basses, forcément l'accordage l'est également. Les riffs dissonants et décomposés, en décalage complet avec une batterie martelant la fin des temps finit de mettre mal à l'aise !! Un sentiment de mal être se dégage après l'écoute ! Jouissif ! Mais il faut aimer les fréquences basses voir très basses. Le chant a beaucoup moins de profondeur que sur les albums mais c'est du live... Mention spéciale pour "Rational Gaze" et ses dissonances dérangeantes !!

Passons au DVD : 22 plages alternants morceaux et petits interludes interviews et autre des membres du groupe ! L'intérêt de ce DVD réside principalement dans le fait qu'il permet de voir Meshuggah en live... un seul mot : époustouflant ! Ces mecs sont des machines ! Bien que n'ayant pas un jeu de scène très large, très dynamique, j'entends par dynamique le fait de sauter dans tous les sens, les membres du groupe ont une posture stoïque mais d'une présence impressionante ! Un sentiment de puissance froide se dégage de leurs postures. La musique est toujours aussi violente et martelante, on remarque beaucoup plus l'influence des lights avec un travail ficelé au poil.

Une impression au final de bulldozer pris en pleine face reprend ses droits et prend le dessus sur le reste ! Tout schizophrène épileptique devrait y trouver son compte !


Sam
Avril 2010


Conclusion
Le site officiel : www.meshuggah.net