Le groupe
Biographie :

Michel Anoia est un power trio complété par deux dessinateurs esclaves, né à Lyon en 2012 d'un amour pour toutes les formes de musiques violentes associé à des illustrations psychédéliques. L'idée maîtresse de Michel Anoia est un projet de recherche sur la combinaison et la mise en synergie des visuels et des sons dans tous les sens.

Discographie :

2013 : "Michel Anoia" (EP)
2016 : "Plethora"
2021 : "Nervures"


Les chroniques


"Nervures"
Note : 16/20

Planquez vos femmes et vos filles, les cinglés de Michel Anoia sont de retour et ne sont toujours ni contents ni sains d'esprits ! Pour rappel, le groupe nous avait envoyé avec "Plethora" un ovni musical barré, brutal et bruitiste qui a dû faire saigner bien des oreilles. Le tout ressemblait au rejeton des ébats de The Dillinger Escape Plan et de Cephalic Carnage pour faire simple. Il remet donc le couvert avec son troisième album nommé "Nervures" et ne s'est clairement pas calmé avec le temps.

Comme pour "Plethora", le groupe ne s'étale pas et ce nouvel album ne dépasse pas les vingt-sept minutes, mais croyez-moi cela suffira largement à mettre tout le monde dans les cordes. C'est "Nigredo" qui ouvre l'album et si on sent de suite que le côté chaotique de la bête est toujours là, on sent surtout du black metal dans toutes ces dissonances et une ambiance globalement plus sombre. Michel Anoia est toujours aussi brutal et dingue mais d'une autre façon, cette fois le visage se fait plus noir et il y a probablement bien moins de traces d'humour dans les thèmes abordés cette fois. Rien que les trois premiers titres, "Nigredo", "Albedo", et "Rubedo", renvoient à l'alchimie, ce qui colle plutôt bien avec ce côté plus black metal et dissonant que l'on entend cette fois. Pour le reste, les sonorités chaotiques proches de The Dillinger Escape Plan sont évidemment toujours de la partie et la musique de Michel Anoia n'a peut-être jamais autant sonné de manière magmatique. La production y est aussi pour quelque chose puisqu'on sent que le groupe a volontairement opté cette fois pour un son moins sec. Techniquement, c'est évidemment toujours aussi impressionnant et cette impression de bordel ne doit pas laisser croire que le groupe part en vrille pour le plaisir de le faire. Il y a un certain contrôle là-dedans, une impression de bordel organisé qui laisse clairement sous-entendre qu'il y a un vrai propos cette fois, là où "Plethora" se laissait parfois aller à des délires bien barrés. Évolution naturelle ou influence de l'époque et des événements récents ? Ce qui est clair c'est que "Nervures" est plus sombre et plus inquiétant que son prédécesseur.

Ce doit déjà être assez évident mais précison-le une fois de plus pour les étourdis, la musique de Michel Anoia va demander une certain persévérance et un esprit musical ouvert. De multiples genres se croisent là-dedans et le côté chaotique de la chose ne la destine clairement pas à tout le monde, son extrémisme sonore non plus d'ailleurs. Le groupe ne fait aucune concession et que ce soit les morceaux en eux-mêmes ou le chant, il y a certains passages où tout le monde semble péter les plombes, enfin plus que d'habitude. La surprise d'entendre un visage plus black metal dans les ambiances et certains riffs dissonants disparaît vite tant cette touche de noir supplémentaire va bien au teint de ce groupe déjanté. Il reste encore un peu de place pour quelques plans jazzy mais avec une dose de noirceur en plus là aussi, comme sur le morceau-titre qui laisse sentir quelques effluves jazz noyées dans des dissonances typiquement black metal. Ce qui amplifie encore cette impression de magma sonore, c'est le fait que les morceaux semblent former un tout, même au milieu de tout ce bordel on sent une cohésion qui donne à "Nervures" l'apparence d'un bloc de charbon ardent qui nous tombe sur la tronche. Seul "Suture" essaie de ramener un peu de fun là-dedans avec ses quelques secondes complètement barrées, le reste est bien plus dur et surtout bien plus noir.

Un nouvel album toujours aussi chaotique mais plus teinté de black metal et donc bien plus sombre et pesant. Michel Anoia se renouvelle tout en gardant sa patte et "Nervures" se montre bien plus menaçant que son prédécesseur "Plethora". Tout cela ne change rien au fait que la musique du groupe est à réserver aux oreilles averties et qu'un tel chaos magmatique ne plaira pas à tout le monde. Mais que les plus téméraires n'hésitent pas à plonger dans ce lac de lave, ça vaut le détour !


Murderworks
Novembre 2021




"Plethora"
Note : 15/20

Si vous aimez le metal technique, violent et complètement barré, cet album de Michel Anoia est pour vous ! Son petit nom est "Plethora" et il a décidé de vous en mettre plein la gueule pendant une bonne demi-heure.

Concrètement Michel Anoia c'est quoi ? Prenez des groupes bien techniques et brutaux dans le genre The Dillinger Escape Plan et faites leur fumer des substances non identifiées et sûrement illicites et vous aurez une bonne idée de la chose. Le groupe vient d'ailleurs de faire un clip pour le morceau "La Terreur D'exister" qui devrait vous éclairer sur l'état mental des furieux qui constituent le line-up de cet ovni. Comme je le disais, c'est très technique, les structures partent en sucette toutes les dix secondes, les guitares nous balancent des notes en quantités astronomiques et la batterie est tenue par un poulpe. On trouve aussi pas mal de délires assez jazzy, même si ça reste évidemment à la sauce metal sévèrement burné. Pour faire simple c'est un sacré merdier qu'il va falloir réserver aux plus ouverts d'esprit d'entre vous, les puristes du metal à l'ancienne risquant de faire un infarctus avant la fin du premier morceau. Pour autant et malgré le côté extrêmement tordu, psyché et barré du truc ça ne part jamais totalement en vrille et on sent que le bagage technique de ces malades leur permet de s'amuser avec nos nerfs sans faire n'importe quoi. C'est le chaos certes, mais un chaos maîtrisé. Pas toujours évident à supporter par contre, un morceau comme "Rage Noire" risque de faire pleurer tout ceux qui n'ont pas l'habitude de se prendre des larsens et autres gâteries sonores dans les tympans.

Et si le groupe a l'air d'avoir pas mal d'humour, ça n'empêche pas certains passages d'être assez sombres et pesants et de faire une musique quand même assez extrême dans tous les sens du terme. Michel Anoia ne fait clairement aucune concession, se fout totalement des étiquettes et prend un malin plaisir à brouiller les pistes en balançant des sonorités parfois limites black metal dans son bordel jazzy tech grind death. Parce que oui, vous allez retrouver à peu près tout ça sur cet album, des riffs grind ("Le Silence Déraisonnable Du Monde"), du deach technique, du shred, du jazz, du mathcore, du black, bref c'est la version musicale de l'auberge espagnole. Bon c'est tout de suite moins étonnant quand on sait que le premier album du groupe était constitué d'un seul et unique morceau de près de trente minutes, un exercice de style que l'on trouve plus souvent dans le prog ou le doom. Tout ça pour dire que les conventions, Michel Anoia il connaît pas. Par contre, c'est un sacré cauchemar pour les chroniqueurs comme moi parce que décrire et poser une étiquette sur un merdier pareil, c'est pas facile ! Alors je vais me contenter de vous dire que ça vaut largement le coup que les amateurs d'extrême en tous genres y jettent une oreille parce que ces gars-là aussi dingues qu'ils sont savent où ils vont. Finalement ce sont eux qui se décrivent le mieux : "Michel Anoia est un trip sous acide en plein milieu d'une tempête".

Voilà donc un album difficile à classer, pas évident à écouter non plus par son extrêmisme mais indéniablement singulier et atypique. On sent que le groupe a bossé sur sa musique et que malgré le côté bordélique, tout ça tient parfaitement debout. Reste à savoir si vos oreilles sont prêtes pour un tel déluge sonore.


Murderworks
Décembre 2016


Conclusion
L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.facebook.com/michelquartet