Le groupe
Biographie :

Le groupe industriel Ministry est fondé en 1981 par Al Jourgensen aux Etats-Unis. Originaire de La Havane à Cuba, Jourgensen n'arrive pas à se décider entre son petit job de DJ et sa guitare sèche. Nous sommes au début des années 1980. En 1983, le jeune Al enregistre avec le batteur Stephen George sous le nom de Ministry le single "Cold Life" puis en 1983 l'album "With Sympathy". Il forme ensuite le projet parallèle The Revolting Cocks. Ministry revient en 1985 avec l'album "Twitch". Al Jourgensen s'entoure alors du bassiste Paul Baker, du batteur William Rieflin, du guitariste Mike Scaccia et de Chris Connelly au chant. Le nouveau line-up signe alors en 1988 "The Land Of Rape And Honey" qui reste l'album de la révélation pour Ministry. "The Mind Is A Terrible Thing To Taste" suit l'année suivante en 1989, puis un live nommé "In Case You Didn't Feel Like Showing Up" en 1990. Al Jourgensen monte alors plusieurs projets parallèles (1000 Homo DJs, Acid Horse, Pailhead et Lard). En 1991, Ministry signe le single "Jesus Built My Hotrod" qui précède la sortie de l'album "Psalm 69". Rejoint par le guitariste Louis Svitek, la formation inaugure en 1992 le festival rock Américain Lollapalooza. Trois années plus tard, Ministry publie "Filth Pig". Le groupe se retrouve alors confronté à des problèmes d'alcool et de drogue. Al Jourgensen se concentre sur ses projets parallèles et Ministry ne fait son retour qu'en 1999 avec le titre "Bad Blood" présent sur la musique du film Matrix et l'album "Dark Side Of The Spoon". Le guitariste William Tucker se suicide plus tard la même année. En 2002, Minitry revient avec un live "Sphinctour Live". En 2003 paraît "Animositisomina", puis en 2004 l'album "House Of The Molé", "Rio Grande Blood" en 2007 et "The Last Sucker" en 2007. Après 27 ans de scène, Jourgensen a décidé de mettre fin au groupe en 2008 et déclaré par la suite que celui-ci ne se reformerait plus. Cependant, le 7 Août 2011, une réunion a été annoncée, lorsque Ministry a annoncé qu'il jouerait au Wacken Open Air en Août 2012. Ministry a sorti un nouvel album, intitulé "Relapse", le 23 Mars 2012. Suite au décès de son légendaire guitariste Mike Scaccia, Ministry sort "From Beer To Eternity" en Septembre 2013. En 2016, Ministry embauche le bassiste Jason Christopher (Prong, Corey Taylor) et le batteur Roy Mayorga (Soulfly, Stone Sour). Deux ans plus tard paraît finalement un successeur à "From Beer To Eternity", "AmeriKKKant", qui sort le 9 Mars 2018 avec un nouveau bassiste, Paul D'Amour, et un nouveau batteur, Derek Abrams . En Mai 2021, Roy Mayorga fait son retour et "Moral Hygiene" sort en Octobre 2021. La même année, Monte Pittman revient comme guitariste, après un court passage en 2014. "Hopiumforthemasses" sort en Mars 2024.

Discographie :

1983 : "With Sympathy"
1986 : "Twitch"
1988 : "The Land Of Rape And Honey"
1989 : "The Mind Is A Terrible Thing To Taste"
1992 : "Psalm 69: The Way To Succeed And The Way To Suck Eggs"
1996 : "Filth Pig"
1999 : "Dark Side Of The Spoon"
2003 : "Animositisomina"
2004 : "Houses Of The Molé"
2006 : "Rio Grande Blood"
2007 : "The Last Sucker"
2008 : "Cover Up" (Compilation)
2010 : "Undercover" (Compilation)
2012 : "Relapse"
2013 : "Enjoy The Quiet - Live At Wacken 2012" (DVD)
2013 : "From Beer To Eternity"
2014 : "Last Tangle In Paris" (DVD)
2018 : "AmeriKKKant"
2021 : "Moral Hygiene"
2024 : "Hopiumforthemasses"


Les chroniques


"Hopiumforthemasses"
Note : 15/20

Ministry perpétue sa légende. Formé en 1981, le groupe américain mené par le charismatique Al Jourgensen (chant, ex-Revolting Cocks) et désormais accompagné par John Bechdel (claviers, ex-Prong), Monte Pittman (guitare, ex-Prong), Cesar Soto (guitare / chant, ex-3 Headed Snake), Roy Mayorga (batterie, Hellyeah, ex-Ozzy Osbourne, ex-Stone Sour, ex-Soulfly, ex-Amebix) et Paul D'Amour (basse, ex-Tool), continue son partenariat avec Nuclear Blast pour la sortie d’"Hopiumforthemasses", son seizième album.

L’album débute avec "B.D.E." et ses riffs saccadés qui répondent aux samples puis à la voix cybernétique d’Al, recréant une ambiance inquiétante mais accrocheuse. La rythmique finira par accélérer tout en continuant sa critique sociale avant de laisser "Goddamn White Trash" révéler un son beaucoup plus abrasif, parfois couplé à des claviers dérangeants et des éclats de voix vifs. Le mélange entêtant accueille Pepper Keenan (Down, Corrosion Of Conformity) tout en continuant de piétiner nos oreilles avant que la rythmique ne devienne mi-joyeuse, mi-sombre sur "Just Stop Oil", où les influences country rencontrent une dénonciation brute ainsi qu’une approche parfois plus agressive. Une voix étrange intervient sur "Aryan Embarrassment", créant un sentiment maîtrisé de gêne et d’angoisse avec laquelle les musiciens vont jouer en plaçant des riffs simples qui servent de base à une poignée de voix étranges accompagnés par Jello Biafra (ex-Dead Kennedys), avant de revenir à un son plus traditionnel sur l’énervée "TV Song", où les patterns rapides nous rappellent les albums d’il y a plus de quinze ans.

Le groupe continue avec la lourde et efficace "New Religion", où les choeurs sonnent presque comme une chorale de Gospel, créant une fois de plus un contraste intense avec les interventions du vocaliste sur le rythme régulier, puis une quiétude angoissante apparaît sur "It's Not Pretty", le morceau suivant. Les deux premières minutes sont très calmes et peuplées de choeurs, mais le son va devenir plus énergique par la suite, accueillant samples, harmoniques brusques, ainsi qu’un final étrangement dansant, puis c’est avec Eugene Hütz (Gogol Bordello) que le groupe nous fait découvrir de nouvelles tonalités sur "Cult Of Suffering". L’opposition entre le titre de ce long morceau décalé et l’ambiance accueillante est totale, laissant l’invité apporter son univers au groupe, qui terminera son album avec "Ricky's Hand" et ses tonalités new wave surprenantes, mais qui s’intègrent relativement bien à la direction musicale déjantée.

Ministry a fait ses preuves au sein de la scène industrielle pendant quarante ans, et les Américains ont visiblement envie de se faire plaisir avec "Hopiumforthemasses". Les thèmes sont toujours aussi engagés et dénonciateurs, mais les sonorités vont en surprendre plus d’un !


Matthieu
Mars 2024




"Moral Hygiene"
Note : 15/20

Ministry sort son quinzième album de metal indus, "Moral Hygiene". Pour l'occasion, le groupe s'entoure de guests comme Jello Biafra (Dead Kennedys), Billy Morrison (Billy Idol/Royal Machines), David Ellefson (Megadeth) et le rappeur Arabian Prince. On connaît l'engagement politique du groupe et "Moral Hygiene" ne déroge pas à la règle en s'attaquant à des sujets citoyens sensibles. Que ce soit à propos de la désinformation des médias, des dérives du pouvoir politique en passant par la situation environnementale désastreuse, Ministry dénonce les travers de notre société à grands coups guitares saturées, de sons indus et de phrases extraites de discours et élocutions diverses qui viennent étoffer l'ensemble.

Les gimmicks répétitifs créés par des boucles musicales récurrentes et les locutions cycliques psalmodiées en fond, viennent insidieusement s'imprimer dans la mémoire. Cette mécanique, construite autour d'un indus majoritairement groovy, lancinant et tout en nuance, rappelle celle de la rhétorique circulaire des politiciens contribuant à un état hypnotique et amnésiant. Dans ce style groovy s'inscrivent des titres comme "Alert Level", "Good Trouble", "Disinformation" ou encore "Broken System". Ils dressent un portrait pessimiste de notre société actuelle et nous posent la question suivante : à quel point vous sentez-vous concerné ? ("Alert Level"). Ministry se veut comme le luminol sur une tâche de sang, autrement dit un révélateur de l'hypocrisie et de fait, un éveilleur des consciences endormies.

Mais surtout le groupe lance l'appel à la rébellion. Il nous engage à résister et à donner un pied dans la fourmilière. Notamment avec le très bon titre "We Shall Resist" qui, grâce à sa rythmique particulièrement lancinante et la voix grave et basse d'Al Jourgensen, agît comme un mantra tout en donnant l'impression qu'une révolution est en train de sourdre dans le secret. La guitare se fait plus discrète sur ce morceau et n'intervient que peu. Ce qui laisse la part belle à un indus plus sobre. Mais la multitude de couches de sons électroniques qui habillent parfaitement ce morceau, lui confère une ambiance délicieusement dissidente. A contrario, le punk indus de "Sabotage Is Sex" explose d'énergie et vient éclater comme une petite bombe. Avec la participation au chant de l'excellent Jello Biafra, on fait un retour en arrière de quelques années dans l'univers de LARD (projet parallèle de Al Jourgensen avec Jello Biafra). Ce titre est sans conteste un des (2) morceaux les plus punchy de "Moral Hygiene". Le groupe s'empare aussi judicieusement de "Search And Destroy" des Stooges. Il redonne à ce morceau un nouveau souffle moderne à la sauce Ministry : gros son des guitares, tempo initial ralenti et ambiance indus métallique. La revisite est plutôt réussie.

"Death Roll", quant à lui, aurait pu ne pas figurer sur l'album. Trop répétitif et sans gimmick catchy, ce titre n'a pas grand intérêt. Sauf celui peut-être de créer la surprise avec le titre qui lui succède, "TV song #6 (Right Around The Corner Mix)". Il résume l'album à un message simple et direct : il est temps de reprendre notre vie en main ! La rengaine "right around the corner", tout le long du morceau, nous enjoint de l'importance d'une action collective et dont le résultat se révèle être "à portée de main". Mais surtout, on retrouve l'indus convulsif, syncopé et agressif dans la plus pure tradition de "The Mind Is A Terrible Thing To Taste" qui termine en beauté cet album.

Ce quinzième album est certes moins percutant, moins agressif que ce à quoi nous a habitués Ministry. Et pourtant, la sobriété de "Moral Hygiene" ouvre les portes à un indus plus "posé", varié dans ces atmosphères et toujours aussi percussif dans son propos.


Miss Bungle
Novembre 2021




"AmeriKKKant"
Note : 10/20

Si l’occupant actuel de la présidence de la plus grande puissance mondiale a une petite dent contre les Mexicains, il ne devrait pas tarder à en avoir une également contre Al Joursengen. Et c’est pour dire, tes tympans, ton cerveau et ta patience auront également la même dent contre lui. Dent cariée ou bien saine, peu importe car ici nous causerons du nouvel album de Ministry, "AmeriKKKant", ou plutôt nous essaierons d’en causer sans (trop) nous énerver car, ne le cachons pas, il y a clairement un peu de foutage de gueule dans ce nouvel album, et pas qu’envers Trump...

Alors pour nous détendre, commençons par une boutade : un Américain, un Mexicain et Al Joursengen sont sur un bateau, lequel finit en dernier à l’eau ? Pour une première élimination bien connue, l’Américain fout le Mexicain à l’eau évidemment. Pour une suite moins connue, lorsqu’Al Joursengen commence à brancher son "AmeriKKKant" sur une stéréo, l’Américain se jette immédiatement à l’eau pour éviter de sombrer dans le naufrage de la bicoque. Déjà rien que par l’intro, "I Know Words", il y a quelque chose qui cloche. Un enfant s’essayant au changement de pitch sur l’enregistrement d’un discours du Trump à moumoutte de la maison blanche aurait certainement produit le même résultat. Et la suite n’en est guère meilleure, entre les extraits enregistrés franchement mal placés, le chant barbant du sieur Joursengen et le reste qui fait mal aux oreilles, ce nouveau Ministry est presque une pièce à rayer d’emblée de la discographie de notre pote Al. Discographie qui, au passage, recèle d’excellents albums révolutionnaires. Pour faire simple, "AmeriKKKant" flirte avec le sur-joué quand il ne tombe pas dans le ringard ou le caricatural ("Victims Of A Clown", "Wargasm"). Et c’est terriblement dommage car nous avons été habitués à largement mieux... Alors si l’ensemble se veut un message contre la société raciste américaine, le KKK, l’armement citoyen et la divagation des armes, que ce programme politique est louable, le support de cette information l’est beaucoup moins ("Antifa", "AmeriKKKa"). Bon, positivons un peu, Ministry (enfin l’esprit d’Al Joursengen) n’a pas tout perdu mais "AmeriKKKant" aurait largement pu faire mieux. "AmeriKKKant" est donc une espèce de minimum requis qui, parfois, manquait clairement d’inspiration et traîne volontairement en longueur pour palier ce défaut...

Finissons donc en scandant "Make AmeriKKKant great again" ou plutôt "Make Ministry great again" car là, ce n’est par hyper bien parti. Il est donc loin le temps des "Lay Lady Lay", "The Mind Is A Terrible Thing To Taste" ou "Filth Pig"... Incapable d’écouter ce disque dans son intégralité, j’ai dû m’y atteler à plusieurs fois, ce qui a eu particulièrement le don de me gonfler et de me coller quelques migraines qui n’étaient franchement pas les bienvenues. Pauvre de nous, Al Joursengen s’est plutôt bien planté sur ce coup-là et la statue de la liberté de l’artwork avait finalement bien fait de se coller un facepalm. Bref, avis préventif avant d’écouter ce nouvel album de Ministry : il faut pas mal de dolipranes...


Rm.RCZ
Octobre 2018




"Last Tangle In Paris"
Note : 10/20

Était-ce vraiment nécessaire ?

Non mais honnêtement, était ce vraiment obligatoire de nous rebalancer un second témoignage live de ce Defibrilator Tour 2012, tournée promotionnelle autour de l'album "Relapse", jugé par une grande majorité des fans comme étant l'un des pires albums du groupe ? Il y a un peu moins d'un an, un double CD et DVD nommé "Enjoy The Quiet - Live At Wacken", se chargeait de manière tout à fait honorable de cette tâche (la chronique réalisée par mes soins est toujours disponible sur French Metal), que peut donc nous apporter de plus ce "Last Tangles In Paris" ?

La tracklist étant quasi identique à deux-trois titres prés, la formation live est également la même (la capture live de "Last Tangles..." remonte à Juin 2012, et celle du Wacken à Août 2012), la qualité d'image et de son demeure de bonne facture, mais somme toute assez classique... le seul intérêt véritable provenant des derniers moments de vie filmés et retranscrits sur ce DVD du défunt Mike Scaccia (guitariste historique de Ministry, décédé fin 2012), ainsi que les témoignages de Al Jourgensen et des autres membres de Ministry autour de Scaccia. D'ailleurs ces interludes entrecoupent chaque titre du concert, ce qui, même s'ils ne sont pas dénués d’intérêt, est assez agaçant, et cassent la tension et l'énergie de ce live.

D'ailleurs ce concert, on va en toucher un petit mot ! Les fans français risquent de se souvenir longtemps, et pas dans le bon sens du terme, du dernier passage dans l'hexagone de Ministry : le concert de Paris complétement sabordé par un Al Jourgensen victime de de "déshydratation" (si ce n'était pas si pathétique, ça en en serait drôle), annulant de ce fait la date du lendemain dans le Nord-Pas De Calais. Le titre du DVD renvoie donc à cet "incident", mais la référence à Paris s’arrêtera là (à l’exception faite de 30 secondes d'images, filmant un camion de pompier déambulant dans les artères de 11éme arrondissement), et tant mieux, car sinon le DVD aurait duré 30 minutes.

Ce "Last Tangles In Paris" a donc été enregistré à la fin Juin 2012 au Vic Theatre de Chicago, dissipant tout de suite le côté sulfureux et voyeur que nous vend le titre de cet objet. Alors finalement quel est donc l’intérêt de ce DVD ? Mis à part pour les fans hardcore qui collectionnent tout, ou bien ceux qui n'auraient aucun DVD de Ministry, l’attrait est franchement assez nul.

A noter quand même que la bête sortira sur divers supports : CD, DVD, Blu-ray, vynil et Blu-ray audio. Les collectionneurs et/ou les audiophiles en auront pour leur frais, mais pour les autres je ne saurais que trop leur conseiller de passer leur tour pour cette fois, car surfer sur un malaise sur scéne et sur la perte d'un ami ne sont pas des excuses assez valables pour justifier le fait de prendre ses fans pour des vaches à lait.


Duvelpower
Juillet 2014




"From Beer To Eternity"
Note : 14/20

Une fois n'est pas coutume, Al Jourgensen nous a refait le coup du "après celui-là j’arrête"! Le "celui-là" en question était donc l'album "Relapse" sorti l'année dernière, un disque conspué et à vite oublier, où Ministry était à la limite de l'auto-parodie. Bref, l'album a peine sorti et la tournée bouclée, le groupe retourne en studio pour enregistrer son treizième album et trahit donc sa promesse. Mais franchement qui va s'en plaindre? "From Beer To Eternity" est donc enregistré dans la foulée de "Relapse", en suivant la même dynamique... or le malheur s'abat sur le groupe, Mike Scaccia, le guitariste historique du groupe décède à l'age de 47 ans d'une crise cardiaque, alors qu'il se produisait sur scène au Texas avec son autre groupe, les cultissimes Rigor Mortis. Jourgensen finalise donc dans le deuil et la douleur, l'enregistrement de cet ultime opus avec Mike Scaccia à la guitare.

Voilà pour l'histoire, place au nerf de la guerre, à savoir la musique ! Qu'étions-nous en droit d'attendre ou d'espérer de Ministry en 2013 ? De la new wave des débuts, à la mutation EBM / metal indus de la fin des années 80, puis "l'âge d'or" du metal indus du début des nineties, suivi par les expérimentations sonores de cette fin de vingtième siècle, en passant par la fameuse et bourrine "trilogie anti-Bush", Ministry n'a eu de cesse de nous surprendre depuis sa création en 1981. Le groupe allait-il nous refaire un "Relapse" 2 ? A savoir un metal indus bourrin et sans saveur, ressemblant à une compilation de chutes de l'anti-Bush era ? Oui et non ! Plus non que oui d'ailleurs ! Car hormis 2/3 titres en début d'album ("Perfect Storm", "Fairy Unreleased" ou encore "Punch In The Face") qui auraient pu figurer sur un "The Last Sucker" ou "Rio Grande Blood" (sympathiquement bourrin donc !), on retrouve ici un Ministry qu'on avait perdu depuis au moins 1996 ! Attention, pas celui qui alignait les albums cultes, mais au moins celui qui savait prendre quelques risques.

"From Beer To Eternity", même si il reste un pur album de metal indus rugueux et violent, s’avère assez aventureux. Le tempo dub massif de "Thanx But No Thanx" ravira les nostalgiques de l'époque "Filth Pig", tandis que l'ombre des Revolting Cocks plane sur l'excellent "Change Of Luck" (titre en hommage à Mike Scaccia) avec sa guitare hispanisante et son refrain psyché, mais aussi sur le groovy et funky "Lesson Unlearned". Quant à "Enjoy The Quiet", titre concluant l'album, il n'aurait pas fait tâche sur l'oublié (car peu accessible) "Dark Side Of The Spoon", tapant carrément dans l'electro / indus, en proposant une longue complainte saturée et emplie de samples. Cet album pourrait se voir un peu, comme un bilan sur la carrière du groupe, et on peut également le couper en deux parties. La première devrait ravir les amateurs du Ministry rageur et métallique de la période anti-Bush, tandis que la seconde est un vrai cadeau pour les fans du Ministry des années 90, mais aussi des Revolting Cocks (rappel pour les cancres du fond : Revolting Cocks, groupe culte par excellence, et défouloir officiel de Al Jourgensen depuis 1985). Cette coupure sur l'album est représenté par "The Horror", titre instrumental, comportant quelques vocaux samplés. Il s’avère anecdotique, mais est plus à voir comme un titre transitoire, que comme une chanson à part entière.

Bon, le programme de "From Beer To Eternity" n'en pas moins alléchant, d'ailleurs je souhaitais terminer cette modeste chronique, par un éclairage sur deux titres en particulier : "Hail To The Majesty (Peasants)" et "Side Fx Include Mikey's Middle Finger (TV 4)". Le premier, qui ouvre l'album d'ailleurs, est un titre à la fois lourd et puissant, tandis que le second est une ode furieuse et sauvage, au défunt Mike Scaccia. Ces deux morceaux se démarquent clairement du reste de l'album, le travail sur les guitares est excellent, mixées, remixées, samplées... pleines de break, d'une violence et d'une puissance savamment dosées, ces deux pépites justifient à elles seules l'acquisition (légale !) de l'album.

Bref, "From Beer To Eternity", même s'il n'offre rien de révolutionnaire, propose un contenu hétérogène, où tout fan du groupe devrait, cette fois-ci, y trouver son compte. Al Jourgensen ayant eu la bonne idée de ne pas tenir parole sur l’arrêt de Ministry, il faut l'en remercier, car il nous aurait privé de cet album, qui a défaut d'étre un chef d'oeuvre, nous démontre qu'il en a encore sous le capot.


Duvelpower
Septembre 2013




"Enjoy The Quiet - Live At Wacken 2012"
Note : 18/20

A l'aube de la sortie de son nouvel album, "From Beer To Eternity", Ministry nous gratifie d'un live décliné sur plusieurs supports (DVD+CD, CD simple, Vinyle, Blu-Ray etc...), pas mal pour un groupe qui avait décidé de se saborder il y a un peu moins d'un an.

Pour cette chronique je vais, me concentrer sur l'édition la plus complète, comprenant dans un sympathique digipack, l'enregistrement sur CD et DVD de leur concert au Wacken de l'année dernière, ainsi qu'en guise de bonus, leur performance de l'édition 2006. Nous voici donc replongé en Août 2012 sur la grande scène du Wacken en mode nocturne, pour un concert de Ministry, en pleine promotion de leur album "Relapse". Il y a beaucoup à redire sur cet album, donc forcément il y aura beaucoup à redire sur la tracklist de ce live. La part belle est faite aux nouveaux titres, ainsi qu'a une poignée de chansons tirées de la trilogie anti-Bush ("No "W"", "Rio Grande Blood", "Waiting"...). Un concert tout en finesse donc !

On retrouve ici un Ministry en grande forme, avec le regretté Mike Scaccia à la guitare, quelques mois avant son décès. Les hymnes bourrins s'enchaînent sans temps mort, le son est surpuissant et visuellement on s'en prend plein la gueule, un concert de Ministry quoi ! Même si les nouveaux titres n'ont pas la teneur des grands classiques du groupe, et que "Relapse" est un album que j'ai détesté pour ma part, force est d'admettre que sur scène ces morceaux prennent une toute autre ampleur et on se laisse vite prendre au jeu, le concert est excellent, et se termine en apothéose avec les cultissimes "NWO", "Just One Fix" et "Thieves". A noter, car c'est le genre de truc qui me gonfle au plus haut point dans ce genre de DVD, il n'y a pas de coupure entre les morceaux ! Pas de making-of ou d'images de mecs en train de pioncer dans un tourbus, ouf ! Juste le concert dans son intégralité et tant mieux !

Autre point important : les bonus, car pour les fans die-hard du groupe, ils s'avérent encore plus important que le plat principal. Nous retrouvons donc en bonus du DCD, la captation intégrale de leur concert du Wacken 2006 (pour la tournée promotionnelle de "Rio Grande Blood"), ainsi que son CD audio sur un troisième disque. Pourquoi est-ce si important ? Juste pour le casting de malades réunis autour de Al Jourgensen sur cette tournée d'anthologie : Tommy Victor de Prong à la gratte, Paul Raven de Killing Joke à la basse et Joey Jordisson de Slipknot à la batterie... excusez du peu ! Alors certes, ce n'est qu'un concert bonus, visuellement ça claque moins, et le son est carrément plus sourd, néanmoins, passé la surprise du premier titre, on s'y fait vite et on se retrouve pleinement plongé dans ce concert, en pleine anti-Bush era, avec pour final, un "Psalm 69" dantesque. Des bonus pareils, moi j'en redemande une louche !

Plus qu'un énième live, plus qu'une preuve de plus que ce groupe est énorme sur scène, ce double CD et DVD est une véritable offrande du groupe à ces fans, que l'on apprécie ou pas les derniers disques de Ministry, l'achat de cet "Enjoy The Quiet" est indispensable.


Duvelpower
Septembre 2013




"Relapse"
Note : 16/20

Ils sont pas tout jeunes les Ministry, ils sont même plus vieux que moi ! Depuis 2003 ils ne cessent de nous surprendre au travers de leurs albums et pourtant les galères, ils les ont collectionnées. Retour aujourd’hui de l’équipe de Al qui à décidé une fois de plus de renverser la vapeur un grand coup avec "Relapse".

Départ sur "Gouldiggers", avec cette petite parenthèse sur la mort de Al avant que celui-ci n’hurle qu’en réalité il n’est pas mort, ça aura eu le don de me faire sourire sur cette introduction en règlement de compte et ce sera parti pour dix morceaux tous aussi surprenants les uns que les autres. Ministry reste fidèle à lui-même tout en continuant cette évolution qui a toujours perduré au sein du groupe, et ce pour notre plus grand plaisir, du gros son qui tache, en-veux-tu-en-voilà ! Un son dément sur "Double Tap", avec une batterie en mitraillette et ce son si particulier relevant la pointe indus de Ministry, la voix de Al est toujours aussi agréable et ce morceau passe comme un bon aller-retour en pleine tronche, des riffs de guitares qui balancent sévère, un "Double Tap" efficace en soi. Une production d’une qualité énorme, des morceaux tous plus ravageurs les uns des autres, chacun agissant avec la force propre à Ministry depuis tant d’années, du gros riff bien lourd à la pelle. "Freefall" nous relance sur le faire-valoir de la musique de Ministry, un son que j’écouterais volontiers aux oreilles, une Gatling entre les mains, car là c’est la guerre !! Ambiance légèrement calmée sur le morceau éponyme "Relapse" sans pour autant perdre cette rage dans le chant et l’efficience dantesque dont Ministry fait part sur chaque album. Pourtant certains morceaux me marqueront moins à l’image de "Kleptocracy" ou encore "Weekend Warrior", sonnant presque mous dans ce terrible opus qu’est "Relapse", pourtant les guitares sont énormissimes… dommage. Une reprise de S.O.D. avec "United Forces", comme quoi Ministry n’oublie pas ses sources, on revient ici sur un morceau donc typé punk qui thrashouille et au final, cette reprise est tellement bien réalisée qu’elle passera comme une lettre à la poste sans donner la sensation d’être un morceau trop à part sur l’ensemble de "Relapse".

Au final, un album qui décoiffe, deux ans pour l’attendre, ça n’aura pas été la mort et le plaisir à l’écoute est là, comme il l’a toujours été !


Phenix
Juillet 2012




"Undercover"
Note : 10/20

Eh bien voilà de retour notre cher et tendre Al Jourgensen avec un nouvel album de reprises nommé "Undercover". Après "Cover Up", Ministry a décidé de récidiver le travail de reprises avec une setlist de grands classiques. On retrouvera également des nouvelles versions de classiques de Ministry "NWO", "Stigmata" et "Every Day Is Halloween" notamment. Le choix des morceaux est très basique, et principalement axé sur des titres des années 70 : "Paint It Black", "Purple Haze", "Iron Man", "Strangehold". Ici, Ministry surfe sur des morceaux revisités des centaines de fois qui ne laissent pas la place à l’erreur. L’exercice va être périlleux.

L’album débute avec un "Iron Man" survitaminé, assez proche de l’original mais beaucoup plus speed et puissant. Cette version, bien que forte sympathique ne fera pas oublier l’originale à l’auditeur. Le deuxième titre est beaucoup plus interessant. Il s’agit de "Strangehold", cover du grand Ted Nugent. La version originale est fantastique mais Ministry est parvenu à s’en détacher pour proposer une version originale, puissante et tout en…. énergie comme Ministry sait le faire. Vient ensuite le fameux "NWO". Cette version, même si elle possède des atouts, reste largement inférieure à l’originale. Par contre "Stigmata" est très bon. A l’écoute on se dit que c’est comme cela qu’elle aurait dû être enregistrée au départ. A ce moment arrive trois énormes titres, "Purple Haze", peu original, cette version reprend le titre avec un son hyper saturé sans effort supplémentaire. Idem pour "Paranoid" et "Thunderstruck". A noter un titre de Amy Winehouse "Rehab" survolté et déroutant.

Pour résumer cet album, il semble que Ministry n'ait pas cherché l’originalité, que ce soit dans le choix des titres ou dans les versions proposées plutôt proches des titres originaux, sans essayer d’apporter quelque chose de nouveau. C’est un peu dommage. On a plus l’impression d’écouter des jeunes dans leur garage en train de reprendre de manière grossière des standards de la musique plutôt qu’un groupe ayant 20 ans de carrière. Ministry ne parvient pas à me donner envie de réécouter cet album outre mesure et je préfère remettre dans le lecteur CD mon vieux "Razors Edge" si je veux écouter le monstrueux "Thunderstruck" ou "Psalms" si je veux écouter du Ministry. En tout cas, il semble que l’exercice périlleux des covers ne soit qu’une semi-réussite pour cette légende de l’indus…


Humphrey
Novembre 2010


Conclusion
Le site officiel : www.ministryband.com