Le groupe
Biographie :

Mork est un one-man band de black metal norvégien formé en 2004 et dans lequel opère Thomas Eriksen (chant, instruments / Befouled, Pale Kids). Mork sort son premier album, "Isebakke", en autoproduction en Octobre 2013, suivi de "Den Vandrende Skygge" en 2016 chez HSP Productions, de "Eremittens Dal" en Septembre 2017 chez Peaceville Records, de "Det Svarte Juv" en Avril 2019, de "Katedralen" en Mars 2021, et de "Dypet" en Mars 2023.

Discographie :

2013 : "Isebakke"
2015 : "Fortid Og Fremtid" (EP)
2015 : "I Sluket Av Myra" (EP)
2016 : "Den Vandrende Skygge"
2017 : "Eremittens Dal"
2019 : "Det Svarte Juv"
2021 : "Katedralen"
2023 : "Dypet"


Les chroniques


"Dypet"
Note : 18/20

Rien n’arrête Mork. Depuis 2004 en Norvège, le projet de Thomas Eriksen (chant / tous instruments, October Moon, Pale Kids, The Deathtrip) explore le black metal dans sa forme la plus brute et Old School. En 2023, le groupe annonce la sortie de "Dypet", son sixième album, chez Peaceville Records. Sur scène, le musicien est accompagné par Alex Bruun (guitare), Rob (basse) et Daniel Minge (batterie, Dauden, ex-Ragnarok).

L’album débute avec "Indre Demoner", une composition froide qui nous rappelle immédiatement les racines du groupe, que ce soit dans son approche dissonante ou dans les hurlements bruts qui créent un contraste avec les mélodies entêtantes. Le son brumeux nous mène progressivement à un final plus doux, puis à "Forført Av Kulden", une composition assez calme au sein de laquelle les cris rocailleux évoluent lentement entourés de sonorités plus enjouées. La noirceur perdure tout de même dans ce morceau lancinant aux influences heavy metal, tout comme sur "Svik" qui place également des éléments plus hypnotiques dans ce paysage désolé que l’on se représente assez désertique, laissant toute la place à des leads volants ça et là au gré du vent, rejoignant parfois quelques choeurs lointains. La froideur reviendra sur "Et Kall Fra Dypet" et ses riffs étouffants qui rendent hommage aux profondeurs et à ses habitants avec des sonorités mystiques travaillées plutôt lentes qui se calent parfaitement sur la rythmique pesante et régulière tout en laissant une certaine liberté au chant.

Le titre est séparé en deux par un passage occulte avant de retrouver ses sonorités obscures, puis Hjelvik (ex-Kvelertak, ex-Djevel) rejoint le musicien pour renforcer les tonalités pagan du black metal agressif sur "Hoye Murer". Le duo vocal est surprenant mais en même temps très complémentaire, offrant également aux leads une diversité supplémentaire toujours ancrée dans cet univers mélancolique, suivie par "Bortgang" et sa lenteur planante. Le son reste assez lent et entêtant, conservant l’approche dissonante et apaisante avec tout de même une petite accélération avant de laisser place à "Avskum" qui renoue avec des patterns plus vifs d’un black metal old school. Mais le titre s’abandonnera à nouveau aux sons lancinants avant de revenir avec cette énergie occulte qui nous mène à "Tilbake Til Opprinnelsen" et à ses claviers inquiétants qui permettront au morceau de diversifier ses racines glaciales avec des tonalités entêtantes légèrement plus douces.

Pourtant ancré dans un black metal norvégien traditionnel, Mork a décidé de faire des expérimentations avec "Dypet", le rendant parfois mélancolique, parfois hypnotique, parfois presque doom… et ça marche, chaque titre possède sa propre identité et sa propre dynamique.


Matthieu
Avril 2023




"Katedralen"
Note : 14/20

Mork est un one-man band norvégien qui nous amène déjà son cinquième album depuis 2013, sans compter plusieurs splits et EPs, qui pratique évidemment un black metal proche de la seconde vague norvégienne. Plus particulièrement proche de Darkthrone parce que c'est bien l'influence la plus notable que l'on va noter sur ce "Katedralen".

Avec un nom d'album pareil, c'est bien entendu de l'orgue qui nous accueille sur "Dodsmarsjen" avant de balancer ces bonnes vieilles guitares tranchantes comme des lames de rasoirs. On ressent de suite la mélancolie et la froideur du black metal norvégien du début des années 90 en général, et donc de Darkthrone en particulier, et le son est bien sale comme le veut la tradition. Une entrée en matière bien nerveuse en tout cas qui blaste pas mal et balance son lot de riffs black'n'roll bien groovy. Ce n'est clairement pas ici que l'on va trouver quoique ce soit de nouveau ou d'original mais la tradition est respectée et Mork fait plutôt bien le boulot. Les puristes seront ravis puisque "Katedralen" est clairement taillé pour eux, rien ne dépasse et les codes du black metal norvégien sont respectés à la lettre. On en a entendu beaucoup des groupes de cette vague mais sorti de ceux qui ont débarqué à l'époque, tous n'ont pas eu la même efficacité ou la même passion. Parce que oui, ce nouvel album de Mork est bon dans le genre, pas surprenant pour un sou mais froid, violent et teigneux comme il se doit. C'est d'autant plus franc du collier que l'influence Darkthrone est clairement assumée et que le maître d'oeuvre ne se cache pas de vouloir créer un black metal dans cette veine. Quelques mélodies un peu plus lumineuses arrivent tout de même à se faire une place, comme sur "Svartmalt" par exemple et les passages les plus groovy feront inévitablement penser aux maîtres du genre : Satyricon. Plus que la haine, l'occulte ou une quelconque obédience dark, c'est le froid qui est mis en musique par Mork. En tout cas, si les textes abordent certains de ces sujets c'est bien de la glace qui débarque dans nos tympans.

Le mid-tempo de rigueur est bien là lui aussi et "Arv" rappelle une fois de plus ce bon vieux Darkthrone avec toutefois un très bon passage chanté en voix claire qui ne fait pas tache dans le décor en plus d'amener une petite patte supplémentaire à Mork. Encore une fois, cela a déjà été fait plus d'une fois en black metal, notamment chez Taake qui est aussi une influence chez Mork, mais un peu de variété ne fait pas de mal. "Katedralen" est d'ailleurs bien équilibré et joue intelligemment les funambules entre la violence, le mid-tempo écrasant et les riffs bien froids. La formule n'est certes pas nouvelle mais ce one-man band la connaît bien et sait faire monter la sauce. Ceux qui connaissent déjà ne risquent pas d'être surpris tant Mork reste sur sa ligne de conduite, aucune place pour quoi que que ce soit de moderne ou d'extérieur au black norvégien par ici. On se prend un glacier en pleine tronche pendant quarante-huit minutes et c'est tout, rien de plus, rien de moins. C'est le principal défaut que l'on pourrait d'ailleurs relever, ça n'invente rien et ça a déjà été fait des milliers de fois. Sauf que comme je le disais, tous ne l'ont pas fait aussi bien, donc si vous savez ce que vous venez chercher, la déception est peu probable. "Katedralen" est un album dans la plus pure tradition du genre et son black metal coche toutes les cases nécessaires. Si ce type de black norvégien typique vous manque, vous êtes tombés au bon endroit, si ce n'est pas le cas vous allez vite avoir l'impression d'avoir déjà écouté ça maintes fois. Ce nouvel album, comme ses prédécesseurs, s'adresse aux puristes et n'aura aucun mal à les satisfaire.

Un nouvel album pour Mork qui ne dévie pas de sa trajectoire et continue à nous balancer un black typiquement norvégien très proche de Darkthrone. "Katedralen" est bon dans le genre mais réservé aux puristes du genre qui n'en ont toujours pas eu assez.


Trrha'l
Mai 2021




"Det Svarte Juv"
Note : 17,5/20

Mork, le projet solo trve black de Thomas Eriksen, refait surface avec un nouveau disque longue durée, minimaliste et macabre. Froide, crue et inquiétante, cette nouvelle offrande perpétue l’imagerie Darkthronienne, avec ce logo simpliste fait maison désormais reconnu dans le milieu du black associé aux tons grisâtres de la pochette. Peaceville Records, label occulte au possible, ne s’est pas trompé sur Mork en signant cette entité démoniaque depuis l’opus précédent.

Concrètement, "Det Svarte Juv" installe dès les premières notes une ambiance noire et morbide, avec une contrebasse qui interprète une complainte funèbre géniale. Suite à cela, le necrosound de Mork s’impose, avec une production osée, minimaliste mais claire et précise. L’ensemble manque de puissance mais ça, on s’en doute car Thomas Eriksen, en bon Norvégien qui se respecte, entretient les codes du black metal underground et réussit brillamment à nous transporter avec une musique réellement basique et en retrait, mais surprenante.

En effet, de multiples éléments ponctuent l’écoute et rendent le voyage stimulant. Les lignes de basse prennent des chemins détournés pendant que les guitares et leur son suraigu dépeignent un univers des plus sombres. Quelques riffs thrashy (toute proportion gardée), un côté punk et nihiliste omniprésent, tout cela s’entremêle au service d’une musique lugubre mais très mélodique. Le chant est assez varié et flirte parfois avec le death, nous avons même droit à quelques envolées lyriques dignes des grands chanteurs viking, mais c’est surtout un chant grommelé qui prédomine tout au long de ce skeud direct et efficace. Jamais lassant et délicieusement froid, ce voyage sonore s’apparente beaucoup aux expérimentations du mighty Darkthrone, mais en plus accessible. La plupart du temps mid-tempo, les dic compositions présentes sur le disque ont toute une identité propre, un univers musical particulier au service de la cohérence globale.

Avec "Det Svarte Juv", Mork témoigne à nouveau de sa capacité à perpétrer le son des pionniers, en ajoutant sa propre touche mélodique sombre et déshumanisée. Un chef d’œuvre introspectif à l’ancienne, un album qui favorise le plaisir auditif solitaire, et qui vous embarquera pour une longue traversée dans les ténèbres.


Trrha'l
Avril 2019




"Eremittens Dal"
Note : 16/20

Mork est un groupe de black metal norvégien fondé en 2004 par Thomas Eriksen. Le nom du groupe a déjà fait son petit bonhomme de chemin dans la scène black, pour en arriver à l’arrivée de Mork sur le label Peaceville Records, et bénéficiant du support de nombreux grands noms connus qui voient en le groupe, une renaissance du black metal. J’hausse donc un sourcil en lisant le fichier informatif. Soyons clairs, si on décide de me hyper à ce point, je vais avoir de grosses attentes.

Parlons d’abord de l’artwork de cet album. Vous savez (ou pas) que j’aime parfois m’attarder sur le sujet, car c’est révélateur de la ligne directrice du groupe. Et là, en l’occurence, ça ne trompe pas. Tout dans cette illustration hurle à l’hommage au black metal bien old school. Et pourquoi, me direz-vous ? Parce que l’artiste derrière cet artwork n’est autre que Jannicke Wiese-Hansen, qui est déjà responsable des anciens designs de Burzum pour ne citer que ça . Il faut aussi citer un point important dans l’appréhension de Mork : le mariage spirituel du groupe avec Darkthrone. Inspiré pour le premier album du groupe par une visite du studio des deux enfants terribles du black punk fuck off metal, Eriksen a ensuite été choisi par Fenriz en tant que "Band of the Week" lors d’une de ses émissions de radio (je ne sais pas si c’est encore d’actualité, mais si ça l’est encore... passez écouter, c’est plutôt cool !), pour ensuite collaborer avec Nocturno Culto... et finir par signer chez Peaceville. L’union parfaite, sortez les grains de riz, je me charge de couper le gâteau.

Et c’est là qu’on va dresser les limites du projet Mork. Cela ne conviendra qu’à un public bien déterminé (n’est-ce pas le cas de tout album de black, me direz-vous ?). L’album est fait avec conviction, il suffit d’écouter "Holdere Av Fortet" pour s’en rendre compte. Ce titre est un véritable titre live, fait pour foutre le bordel et vous faire suer à grosses gouttes. On retrouve du black norvégien dans sa forme la plus primaire et traditionnelle. Tout y est ! Même les fameux vocaux parlés pour en rajouter dans le mystique, mon pêché mignon ! Autre titre notable, celui qui le suit directement, "Forsteinet Ii Hat" qui, lui, joue davantage sur un rythme plus lent et incisif, très répétitif, qui fonctionne à la perfection. A noter aussi l’entrée en matière inattendue de "Eremittens Dal" qui a le mérite d’innover. Mais LE titre de l’album est pour moi "Et Rike I Nord". Là, vous pouvez me déclarer vendue car c’est foutrement prévisible de ma part. Cette longue montée en puissance, tout en ambiance et en atmosphère, qui me rappelle un peu ce que Burzum était capable de faire sur les vieux albums... c’était beau, c’était grandiose, laissez-moi tranquille, j’aime ce morceau.

Qu’est-ce que je peux donc dire sur Mork ? Bon, je vais le dire franchement : pour moi, ce n’est pas spécialement le futur du black metal. C’est le black metal du présent qui adore regarder en arrière, et qui se flatte en se disant que "c’était tellement génial avant !". Et franchement ? On ne va pas cracher dans la soupe. Mork nous offre un bon album, destiné à une audience bien précise qui va se régaler de ces compositions, se vautrer dedans comme des cochons se roulant dans la boue en couinant, et je ne vois pas où est le mal. Un bon album, qui nous rappelera à tous le charme incontesté du black metal traditionnel, mais ça ne mérite pas non plus de crier au génie absolu.


Velgbortlivet
Mars 2018


Conclusion
Le site officiel : www.morkisebakke.no