Lorsque l’on parle de black metal, il est clair que la scène française n’est pas à plaindre, et c’est donc avec Mourir, groupe qui fait ses débuts dans la scène black metal française que je débute musicalement l’année 2020 dans une ambiance froide, crue et oppressante.

Sans aucune fioriture l’album démarre brutalement sans laisser aucun temps d’adaptation et continuera dans cette ambiance tout du long, on notera quand même la présence de "La Gueule Ouverte", un interlude instrumental, beaucoup plus calme et posé mais néanmoins pas moins froid et cru que le reste de l’album, celui-ci arrivant en plein milieu, il faut donc attendre la fin de l’album pour se rendre compte que cette même mélodie est reprise de manière un peu plus claire dans l’intro du dernier morceau qui n’est autre que le titre éponyme. Elle permet ainsi de souffler un peu sans pour autant pouvoir se remettre complètement de la sensation oppressante qui nous envahit pendant les autres morceaux. Si l’album se veut assez peu hybride en termes de genre dans ce qu’il propose, on peut tout de même déceler dans "Ton Univers Mental M’épuise" la présence de riffs qu’on pourrait associer au sludge, si caractéristique du black metal "à la française" qui donnent un caractère très viscéral aux morceaux, même si l’album est dans sa globalité clairement axé sur des rythmes plutôt rapides et agressifs et ce dès l’intro des morceaux comme on le constate dans "Sentir Le Vide" et "Parole De Hyène".

Même si on a assez peu de variations dans le rythme, les adeptes du changement trouveront leur bonheur à travers le chant, très varié tout au long de l’album et même de certains morceaux. Ainsi, on a parfois un chant très caverneux et guttural, qui va parfois même aller jusqu’au râle quasi inhumain au beau milieu de "Paroles De Hyène" qui surprendra même les plus habitués, ce chant est cependant souvent relayé par un chant beaucoup plus éraillé et écorché. Certains passages vont même jusqu’à des cris qui partent assez loin dans les aigus et qui ne sont pas sans rappeler le style de quelques groupes de DSBM comme Antilife par exemple. La production, quant à elle, loin d’être très claire et lisse, réhausse une fois de plus l’aspect brut et nihiliste avec une guitare plutôt lointaine et déchirée, appuyée par une batterie beaucoup plus présente, on le ressent surtout dans le titre éponyme et "Foutu Pour Foutu" grâce aux nombreux passages plus calmes et instrumentaux qu’il propose.

Ainsi, le groupe Mourir nous propose ici un voyage dans un univers désespéré, froid et dépourvu de toute lumière ou espoir. Plus rapide et agressif que Heaume Mortal, la comparaison avec ce dernier ne serait pourtant pas absurde face aux éléments sludge que les deux groupes mêlent au black metal. Le tout parsemé d’un chant et de mélodies oppressantes et insidieuses vient ajouter un coup final dans cet océan de tristesse et de nihilisme. Si l’album ne se démarque pas particulièrement face au reste, il ne fait pas non plus pâle figure et mérite amplement une pleine reconnaissance dans le black metal français.