Depuis quelques temps, le rock instrumental, qu'il soit d'obédience post-machin, stoner ou indie, a le vent en poupe. Et dans cette mouvance, c'est bien souvent quitte ou double : soit l'artiste nous fait voyager, soit il nous endort comme des marmottes. Les Allemands de My Sleeping Karma, eux, n'ont aucun mal à nous transporter vers des contrées exotiques lointaines et dorées.

"Moksha", cinquième opus des plus Hindous de tous les Teutons, à la pochette plutôt spéciale (grand travail sur les détails, belles couleurs, style personnel, mais la représentation de ce Ganesh faisant un horns-up est grotesque), nous invite en effet à un petit voyage mystique et transcendantal vers l'Inde, avec son stoner psychédélique et oriental. L'album présente un souci du détail déconcertant et une propension innée à la mélodie aérienne orientalisante et rafraîchissante.

Les lignes mélodiques sont hypnotisantes et une certaine aura magique, créée entre autre par ces sonorités "miragiques" et ces leads sortis d'une autre sphères, se dégage de l'ensemble. Sensible et dépouillée, la musique du quartet ne fait pourtant pas dans l'ambient, bien que l'ambient forme un vrai pan du son de MSK. MSK donne dans le bon gros rock qui groove et se permet des passages rudement heavy. Les compos sont comme des périples en caravane dans le Sahara : des moments arides et ensoleillés succèdent à des tempêtes de sable immenses où les riffs heavy / stoner, évoquant de loin Mastodon, surprennent, surplombés par une batterie sèche (très beau son, au passage) et martelée, dont les roulements rappellent justement le style de Brann Dailor des quatre d'Atlanta.

En revanche, MSK ne se renouvelle pas des masses. Comparé avec le précèdent "Soma", "Moksha" n'offre rien de nouveau et une certaine monotonie s'installe vers le milieu de l'album, monotonie accentuée par le tracklisting particulier interlude / morceau épique / interlude. Le manque de prise de risque se ressent. Alors, certes, MYS nous invite à la méditation, au yoga, à la divination sous hashish fumé au houka, ce que vous voulez, mais l'album, après plusieurs écoutes, ne tient pas la longueur ; les schémas structurels et les lignes mélodiques sont trop homogènes et rigides pour susciter un intérêt continu. Ce n'est donc pas tout à fait le nirvana.

"Moksha" plaira donc aux fans de My Sleeping Karma et aux amateurs de stoner coloré et soft et fera passer le temps en attendant le prochain disque de Om. Pour ceux qui ne connaissent pas MYS, "Moksha" pourra être une belle entrée dans l'univers du groupe, voir, une petite révélation.