On connaissait, Necrophagist, Necrophagia, bah aujourd’hui, on a aussi Necrophagous. D’ailleurs, Ils sont surprenants ces groupes avec le préfixe Necroph ‘quelque chose, car à part Necrophagia qui a les deux pieds dans le gore et le répugnant, les deux autres n’ont de dégueu' que le nom mais la musique sent bon l’aftershave et le déodorant longue tenue. En effet, si Necrophagist excellait dans l’art de proposer un tech death de grande classe, jamais égalé selon moi, Necrophagous lui, s’impose comme un fervent défenseur de pur death metal brise-nuque mais avec un côté lissé et soigné. Composé de membres de Entrails et de Visceral Bleeding, "In Chaos Ascend" est un concentré de riff tous plus catchy les uns que les autres, à situer quelque part entre Konkhra, Morbid Angel, Krisiun, Altar, Vader, Kataklysm voire même Dying Fetus.

En fait, Necrophagous se nourrit d’influences diverses, ainsi sa musique se trouve être un vivier d’éléments variés, servis par un son puissant, compact et ultra compressé. On a droit a des ambiances evil, très sataniques dans l’approche, des moments groovy très death new-yorkais et des passages complexes limite prog, le tout servi par une interprétation sans faille et des vocals ultra couillus. Durant les 11 titres, le carnage auditif ne laisse aucune place au répit, à ce titre l’album aurait mérité d’être un poil moins long afin de privilégier l’efficacité, car Necrophagous est un groupe qui tape vraiment dans le registre du bourrage de tronche à la bournifle. La pochette, sobre, représentant une hydre sur fond de collines rocheuses et de nuages menaçants dégage une connotation mythologique que l’on ne ressent pas forcément au travers de l’écoute, car même si l’on peut déceler quelques relents mélodiques, le ton général reste quand même assez branché sur le côté bourrin de la force. Les couleurs se rapprochent plus de la musique, ces rocs épais sont une bonne métaphore de la musique qui est très dense, et les tonalités grisâtres, l’aspect monochromique, illustrent parfaitement la pesanteur qui se dégage du disque.

Hormis l’intro aussi inutile que casse-couilles (mais bon sang, qu’est ce que ça saoule les intros bordel), "Order Of The Lion" offre une cavalcade bourrue et très diversifiée, comme si Cannibal Corpse avait découvert la subtilité. Le drumming effectue un travail impeccable tout au long de l’album, c’est aussi carré que précis, tout en mode "patator". La gestion de la batterie me fait penser à des groupes comme Severe Torture, les tonnes de blasts en moins, on a même droit à des subtilités cymbalistiques qui ferait frétiller tout fan de Gene Hoglan (vive la ride). Très condensé, de par le mix et les structures des compositions, "In Chaos Ascend" peut paraitre étouffant, mais cet aspect ajoute aussi de la matière, de l’épaisseur dans le son, un voile opaque dominé par une basse à l’équilibre parfait. C’est la guerre 90% du temps. Quelques trémolos pickings rappellent le groupe Anata ("At Dawn Thee Immolate"), d’autres Suédois, car oui, j’ai oublié de préciser que Necrophagous est suédois et cela transparaît dans la manière d’aborder le songwriting, même si on ressent énormément l’influence du nouveau monde. En tout les cas, la formation maintient le thrash à l’honneur grâce à des passages incisifs, affutés comme des lames de rasoir, on a des mid-tempos qui sont directement inspirés de l’ange morbide ("Blood On The Stones Of Thee Monuments"), mais le registre vocal étant medium, et non guttural, cela ajoute une touche thrashy qui éloigne de la comparaison avec le groupe de Trey Azagthoth, hormis "The Plague And The Arts" dont l’intro est carrément pompée sur "Prayer Of Hatred", titre présent sur "Formulas Fatal To The Flesh" et l’intro de "Wreaker Of Pain" pompée sur "Immortal Rites" (avec le flanger, en plus) ! Néanmoins, beaucoup de choses se passent au sein de ce skeud bien death metal, et chaque titre recèle de relances de riffs aux interprétations multiples au sein de structures somme toute linéaires. Les changements de tempos au sein même des morceaux sont peu nombreux, le groupe va vraiment privilégier le jeu droit et sans compromis, malheureusement, l’album dure 45 minutes et cette initiative aurait été totalement saluée avec 10 minutes de moins au compteur.

Quoi qu’il en soit, pour une toute première sortie (Necrophagous n’a rien sorti d’autre avant ce premier album), le résultat est plutôt bon. "In Chaos Ascend" est un disque plaisant, mais pas forcément transcendant. Au départ, on prend la claque grâce au son, grâce aux compositions mais l’album tient difficilement sur la longueur, c’est là le point négatif majeur. On sent que les musiciens maîtrisent parfaitement leurs instruments, de plus, le son est vraiment bien, les guitares un poil trop medium à la limite mais autrement c’est très bien. Mention spéciale aux vocals qui font largement le taf et insufflent la bonne dose de haine tout comme il faut. Maintenant, il faut espérer que Necrophagous va faire un tri et ne garder que le meilleur pour sa prochaine réalisation, ainsi en ne gardant que l’essentiel, l’efficacité du groupe n’en sera que plus… efficace !