Le groupe
Biographie :

Necrowretch est un groupe de death metal originaire de Valence dans la région Rhône-Alpes, formé en 2008, et composé de : Vlad (chant, guitare / Graveyard Disturbance), Ilmar (batterie / Chaos Echœs, ex-Bloody Sign, ex-Résistance, ex-Depraved, ex-Narr, ex-Tormis), Wenceslas Carrieu (guitare / Cadaveric Fumes, Repugnizer, ex-Venefixion) et Pierrick Debeaux (basse / Soul Tripper, The Walking Dead Orchestra). Après divers démos et EPs, ce n'est qu'en Janvier 2013 que Necrowretch sort son premier album, "Putrid Death Sorcery", chez Century Media. Le deuxième album, "With Serpents Scourge", sort en Février 2015, toujours chez Century Media. "Satanic Slavery" sort en Avril 2017 chez Season Of Mist. "The Ones From Hell" sort en Février 2020 chez Season Of Mist / Underground Activists.

Discographie :

2009 : "Rising From Purulence" (Démo)
2010 : "Necrollections" (Démo)
2011 : "Putrefactive Infestation" (EP)
2011 : "Ripping Souls Of Sinners" (Compilation)
2012 : "Now You're In Hell" (EP)
2013 : "Putrid Death Sorcery"
2013 : "Bestial Rites 2009-2012" (Compilation)
2014 : "Even Death May Die" (EP)
2015 : "With Serpents Scourge"
2017 : "Satanic Slavery"
2020 : "The Ones From Hell"


Les chroniques


"The Ones From Hell"
Note : 16/20

Vous cherchez un apaisement ? Une ambiance douce et feutrée ? Une invitation au voyage ? Ah ben c'est trop con, ce n'est pas du tout ce que fait Necrowretch ! Les malades sont de retour avec "The Ones From Hell" et mon petit doigt me dit qu'avec un nom pareil on va encore s'en prendre plein la tronche.

Quelques arpèges bien glauques pour débuter l'album tranquillement et placer une belle feinte au passage puis le bon vieux death crade des familles pour remettre les pendules à l'heure, pas de doute "Pure Hellfire" confirme que l'on va se faire rouler dessus. Sept minutes au compteur pour un premier morceau pour bien montrer que les compromis par ici on ne sait pas ce que c'est, et pour ceux qui doutaient encore, les blasts sur fond de riffs presque black finiront de les convaincre. C'est brutal, c'est même carrément brut de décoffrage et ça fonce dans le tas sans fioritures. Les riffs cont comme d'habitude bien froids, sales et malsains et Necrowretch continue à proclamer son amour du metal extrême old school avec son death putride mélangé au black le plus glauque et glacial. L'agression est presque continue et "The Ones From Hell" prend vite des allures de passage à tabac, et, malgré ses trente-sept minutes, l'intensité de la bête est impressionnante. Les rares moments pendant lesquels le groupe daigne se calmer un peu sont tout aussi étouffants et nous balancent des riffs qui sentent le cadavre en décomposition à des kilomètres. Quelques mélodies glaciales arrivent à se frayer un chemin de temps en temps comme sur le morceau éponyme qui nous rappellent Dissection, un des rares morceaux sur lesquels Necrowretch balance encore un mid-tempo. Les blasts reviennent bien vite et le côté très direct et brutal reprend bien vite ses droits. Comme d'habitude, on sent que Necrowretch a ça dans le sang et "The Ones From Hell" met à l'amende pas mal de groupes surfant sur le revival old school.

Ce nouvel album continue sur la voie que le groupe commençait à emprunter avec "With Serpents Scourge", à savoir un death old school teinté de black qui a tendance à devenir de plus en plus froid, malsain et morbide avec le temps tout en gardant sa violence brute. "Codex Obscuritas", avec son mid-tempo et ses mélodies, crée même un feeling occulte avec en plus des parties de chant totalement possédées de la part de Vlad qui s'arrache les cordes vocales ! Sa performance est encore plus jusqu'au-boutiste sur le morceau "Necrowretch" qui termine l'album et qui fait office de véritable manifeste. Necrowretch est tout ce que les groupes de death moderne ne sont plus, l'antithèse complète de tous ces groupes qui produisent une musique millimétrée, propre, très technique et dont la brutalité est complètement annihilée par une production en plastique. Ici c'est gras, sale, malsain, ça fonce dans le tas sans détour et ça sent le satanisme et l'occulte à plein nez.N ecrowretch rappelle à tous les groupes actuels que dans "death metal" il y a death, ce fameux feeling morbide et putride qui manque à toute une scène. Beaucoup mettent l'accent sur la vitesse, la technicité, la brutalité mais non pas ce fumet de cadavre en putréfaction. Ici, on ne prend pas de gant et on frappe directement là où ça fait mal, pas de place pour la démonstration ou l'esbroufe. Laisser traîner ses guêtres près d'un album de Necrowretch c'est prendre le risque de se retrouver avec du plomb, de la lave et du sang qui coule dans les tympans.

Un nouvel album qui suit le chemin de ses prédécesseurs vers un death metal old school toujours plus froid, teinté de black et malsain. Necrowretch garde ce côté direct et frondeur et nous pond en plus des ambiances plus sales et opressantes que jamais. "The Ones From Hell"» porte bien son nom et résume parfaitement ce que vous allez trouver là-dessus !


Murderworks
Avril 2020




"Satanic Slavery"
Note : 16/20

Les Français de Necrowretch ne chôment pas, à peine deux ans après "With Serpents Scourge", ils sont de retour avec un troisième méfait nommé "Satanic Slavery". Ceux qui avaient apprécié les deux précédents albums ne devraient pas être dépaysés cette fois-ci non plus, Necrowretch continue son petit bonhomme de chemin tranquillement.

On retrouve donc toujours ce death old school putride et primaire, allié à des sonorités black metal qui avaient commencé à se faire plus présentes dès "With Serpents Scourge". Un mélange toujours aussi direct, brutal et efficace qui pose des ambiances aussi furieuses que crades. Les débordements ultra speed et techniques de la scène death actuelle sont bien loin, le groupe rappelle plutôt à notre bon souvenir les groupes d'extrême de la fin des années 80. On retrouve même cette fameuse réverbe sur le chant que la plupart des groupes affectionnaient à l'époque. Dans les passages les plus brutaux de "Sprawl Of Sin", le groupe me rappelle même les débuts d'Antaeus jusque dans la façon qu'a Vlad de scander ces trois mots dans le refrain, en un peu moins intense tout de même, ce qui n'est pas étonnant sachant que les deux groupes doivent avoir des références old school en commun. Mais globalement c'est plutôt vers le "Scream Bloody Gore" de Death ou les débuts de Morbid angel, voire même une pointe de old Dissection que la musique du groupe penche. Pourtant ces gars-là sont loin de se contenter de réciter leurs classiques et trouvent le moyen de s'approprier toute cette scène pour en faire une version actuelle sans jamais la trahir ! Même le format est respecté puisque même si "Satanic Slavery" est l'album le plus long du groupe, il ne dépasse pas les trente-huit minutes.

Une fois de plus, on sent clairement que ce groupe n'est pas là pour surfer sur une pseudo vague revival, il y a là un véritable amour du genre et une rage authentique. Même la thématique satanique est d'époque, avec des titres tels que "Satanic Slavery", "Evil Names", "Bestial Rites" on se croirait revenus trente-cinq ans en arrière ! On retrouve la même odeur de caveau humide qu'à l'époque, la même envie de foncer dans le tas sans prendre de gants. Mais je le redis, les morceaux de Necrowretch ne sont pas de simples reprises du passé, on est loin d'un Gruesome qui reprend quasiment tels quels des morceaux de Death en en changeant le nom. Pour faire une analogie culinaire, qui n'a absolument pas sa place ici soit dit en passant mais c'est pas grave, Necrowretch fait sa tambouille dans une vieille marmite mais prépare sa propre sauce. Ce petit côté black dans les ambiances bien froides et glauques le démarque d'ailleurs de toute cette scène revival pur death old school qui sévit ces derniers temps. Et encore une fois, on sent que le groupe se fait plaisir à jouer un metal extrême à l'ancienne, "Satanic Slavery" donnant une furieuse envie de headbanguer comme un sauvage avec la binouze qui va bien.

Troisième album efficace, sale et brutal comme le groupe nous y habitue depuis maintenant quelques années. Si vous aimiez avant, vous devriez toujours vous y retrouver, Necrowretch n'a pas changé son fusil d'épaule et continue son exploration de la scène extrême old school.


Murderworks
Juillet 2017




"With Serpents Scourge"
Note : 16/20

Necrowretch, la nouvelle sensation death metal old school française qui a eu l'insigne honneur de voir sa première abomination sonore "Putrid Death Sorcery" voir la maudite lumière blafarde du jour chez les géants Century Media, remet le couvert exactement deux années plus tard avec "With Serpents Scourge", nouvel enfant monstrueux né de rites impies et contre-nature. D'après les déclarations du leader Vlad, les objectifs fixés avec ce nouveau blasphème était de repousser toutes les limites du son Necrowretch, de délivrer le rendu le plus bestial possible et de proposer une musique plus personnelle, affranchie de ses influences. Et nous pouvons d'ores et déjà affirmer que le grand prêtre morbide Vlad, par le biais de quelques forces démoniaques, a réussi son entreprise. "With Serpents Scourge" est bien plus abouti que son odieux grand frère, plus technique, plus agressif, plus ambitieux.

Dans sa volonté de développer l'entité Necrowretch et d'établir le style propre du groupe, en sortant un disque dont l'écoute ferait dire aux auditeurs "Ca, c'est du Necrowretch !", Vlad s'est surpassé en termes d'écriture. Le groupe libère sa fureur infernale sans limite, sans retenue. Les volumes développés en 2015 prennent, par rapport au premier opus, très ancré dans le death old school, à la manère de Death ou Grotesque, une coloration plus noire et tourmentée, plus black metal dans l'esprit, développant un riffing plus tourmenté, sinueux et maléfique rapprochant, dans une certaine mesure, la horde française vers des groupes comme Necrophobic. Le son de Necrowretch semble ainsi redéfini. Avec 9 morceaux (dont un interlude ambiant) contre 11 sur le premier album mais pour une durée égale de 35 minutes, on constate que les morceaux sont globalement plus longs et complexes que sur "Putrid Death Sorcery", cet étirement donnant lieu à une succession de riffs tous plus acérés et venimeux les uns que les autres. A ce titre, "Black Death Communion" fait figure de parfait exemple. "By Evil And Beyond", véritable tourbillon de riffs malsains, présente une cohérence et une fluidité d'écriture exceptionnelles, tout comme "The Bells Of Evil Schism", à la très bonne section centrale, qui vous noie dans un torrent de lave en fusion. "Even Death May Die", déjà connu des fans pour être sorti en single vinyle limité (avec une cover du "Black Magic" de Slayer), est une des plus grandes réussites de l'album. Enfin, le final "Mortem Ritu", plus nuancé, captive par sa variété de tempi.

Les compositions sont plus brutales et sauvages qu'auparavant. Le nouveau batteur, Ilmar (par ailleurs membre des mystérieux Chaos Echoes, anciennement Bloody Sign), ajoute une grosse dose de brutalité et de rage à la musique, l'amenant vers des sommets de violence. Les blast beats sont destructeurs et hyper précis et décuplent la puissance des morceaux. Ilmar insuffle, avec son jeu subtil, beacoup de dynamique. Son jeu est également plus varié que celui de son prédécesseur, proposant, lors de breaks ou de passages mid-tempo, des parties plus écrites et mémorables à la saveur groovy (Bolt Thrower vient à l'esprit). Mais les chansons doivent également leur folie et leur fureur nouvelle au chant de Vlad, qui explore d'autres registres, plus beuglé ou growlé, venant étoffer sa palette vocale.

Le groupe aère son propos par le biais de plages ambiantes (l'intro de caveau du premier titre "Black Death Communion", l'interlude "Infernal Imprecation", le morceau final "Mortem Ritu", plus contrasté que la moyenne) créatrices de tensions. Cette dimension pesante, glauque et atmosphérique insuffle du dynamisme à l'ensemble et évite éventuellement l'effet de redondance face à des titres qui bastonnent du début à la fin mais où les schémas de composition sont similaires. La production, plus claire et précise que "Putrid..." (nécessaire à la vue de l'évolution technique du groupe) n'en reste pas moins franchement crasseuse et old school. Les compos sont ainsi plus puissantes et destructrices tout en gardant ce cachet dégueulasse et cryptique propre au genre.

Avec "With Serpents Scourge", Necrowretch a franchi un cap. Le groupe semble maîtriser son art putride et sombre et tente de voler de ses propres ailes avec cet album enterrant le précédent de par son ambition, sa personnalité et son incroyable déchaînement de violence.


Man Of Shadows
Février 2015




"Putrid Death Sorcery"
Note : 15/20

Pour ceux qui se demandaient si la scène française avait une chance de percer à l'étranger, Necrowretch apporte une réponse, après avoir sorti deux EPs ils débarquent chez Century Media pour leur premier album "Putrid Death Sorcery". Avec un nom pareil vous vous doutez bien que ça va pas donner dans le goth sirupeux, c'est du death crade à l'ancienne.

D'ailleurs à l'écoute ça rappelle justement Death, celui de "Scream Bloody Gore" ou toute autre dégueulasserie death metal de l'époque. Celui qui avait encore ce côté morbide et macabre, celui qui sentait le cimetière décrépi à des kilomètres. Pas de blast à l'horizon, pas de riffs techniques pour vous bousiller les neurones, juste du gras qui tache. Le contraste est d'ailleurs saisissant aux côtés justement de tous ces groupes qui pratiquent un death technique et alambiqué, Necrowretch préférant son death primitif et bestial. On retrouve aussi le chant de goule putride qui prévalait à l'époque, époque où les growls qui tapent dans les infra basses ne s'étaient pas encore imposés.

On voit aussi l'héritage des anciens à la durée de l'album, là où tout le monde a tendance à étirer les morceaux, ce "Putrid Death Sorcery" se contente de 36 minutes et c'est bien suffisant. Pas besoin de plus pour exhaler ce parfum zombie fraîchement déterré, juste de quoi headbanguer sur des riffs basiques mais percutants. On serait tenté de penser que cette époque est révolue et que ce genre d'albums devraient sentir la naphtaline, mais bizarrement au milieu du paysage extrême actuel, ce côté rétro lui confère presque une certaine fraîcheur. On n'est plus habitué à entendre du death récent aussi primitivement bestial, et Necrowretch réveille les souvenirs de nos premiers pas dans l'extrême en nous rappelant pourquoi on a aimé ça à la base. Du death metal de vieux cons en fait, histoire de montrer aux jeunes loups d'où vient tout ça et leur faire réviser leurs classiques par la même occasion.

Je ne sais pas si l'album marquera les esprits comme les anciens ont pu le faire, le contexte étant totalement différent bien entendu, mais au moins, contrairement à certains qui essaient de surfer sur la vague du revival, on a affaire là à des gars qui savent de quoi ils parlent. C'est le fait qu'on sent le feu sacré chez eux qui les différencie de tous les autres, c'est fait avec amour chez Necrowretch et ça explique clairement pourquoi le nom commence à sérieusement circuler. Après, vu le style pratiqué et le fait que c'est très daté, c'est clairement un album de niche, il n'y a que les vieux cons comme nous qui vont vraiment apprécier et je doute que ça touche beaucoup de monde à côté. Mais bon à la limite on s'en fout, le death n'est pas censé attirer du monde et ce premier album de Necrowretch est carrément bon dans le genre.

Bref, on ne va pas tourner autour du pot pendant 15 ans, Necrowretch ça sent la vieille crypte abandonnée comme au bon vieux temps. Ceux qui ont commencé le metal extrême avec les vieilleries classiques apprécieront, les autres passeront à côté ou en profiteront pour redécouvrir certaines références incontournables.


Murderworks
Avril 2013


Conclusion
L'interview : Vlad

Le site officiel : www.necrowretch.net