"Swords Of Dajjal"
Note : 17/20
Amateurs de modernité et de finesse, réjouissez-vous car Necrowretch nous amène son cinquième album "Swords Of Dajjal" ! Toujours à cheval entre black et death metal, la musique du groupe donnait jusqu'à maintenant l'impression d'entendre les premiers Death qui auraient copulé avec Dissection en écoutant du thrash old school. On a donc la brutalité crasse, les mélodies glaciales et l'odeur de caveau humide en bonus. Pas de changements brutaux avec Necrowretch, on sait à peu près ce qu'on va entendre et on s'en réjouit d'avance. Quoique cette fois il y a une légère évolution qui va me contredire.
"Ksar Al-Kufar" démarre l'album et les arpèges qu'il glisse sonnent déjà bien black metal, ce que confirment les riffs qui sentent bon le souffre norvégien des années 90. Là encore, on sent le vieux Dissection ou du Watain dans ce côté black metal qui fait entendre un Necrowretch de plus en plus froid au fur et à mesure que le temps passe. Le black metal prend le pas sur le death même si ce dernier s'exprime encore dans certains riffs. Par contre, en termes de violence, le groupe ne cède rien et continue à blaster comme un sauvage, ce que confirme ce premier morceau frondeur et très efficace. "The Fifth Door" enchaîne avec des blasts encore plus bourrins et des leads qui rappellent parfois le "Nightwing" de Marduk, c'est dire le degré de finesse de la chose. Necrowretch n'oublie pas pour autant de placer des passages plus mid-tempo qui tombent toujours au bon moment et permettent d'aérer tout ça et d'amener de quoi se déplacer quelques vertèbres. Le groupe dit avoir passé beaucoup de temps à travailler ces nouveaux morceaux et cela s'entend, car malgré l'intensité de la bête, les passages plus lourds ou plus portés sur les ambiances noires sont judicieusement placés et l'ensemble prend plus d'épaisseur. Une variété bienvenue qui permet à "Swords Of Dajjal" de ne pas tomber dans le piège du bourrinage stérile. Ces ambiances lui donnent une âme et ne font que renforcer les passages les plus brutaux qui sont encore très nombreux, le groupe n'ayant visiblement pas envie de calmer le jeu au niveau de la violence pure. En tout cas, "Swords Of Dajjal" est sans conteste l'album le plus black metal de Necrowretch, je ne sais pas si c'est le thème porté sur la version musulmane de l'antéchrist (le fameux Dajjal donc) ou si c'est bien l'évolution naturelle du groupe qui le porte vers ça mais toujours est-il qu'il n'a jamais sonné aussi froid et glauque.
Pour ce qui est du son, c'est probablement la production la plus puissante et la plus massive depuis les débuts du groupe, ce qui n'est pas étonnant quand on sait que le groupe est passé entre les mains et les oreilles de Francis Caste. Le bougre est connu maintenant pour offrir un son gros, puissant et surtout organique, loin des productions en carton qui pullulent dans la scène extrême de nos jours. Un son d'autant plus approprié que le groupe développe cette fois des ambiances plus variées, une musique toujours aussi extrême et brutale mais plus riche qui nécessite donc un son correct qui permet d'entendre tout le monde en détail. Que ceux qui s'inquiètent en voyant que le groupe prend cette fois une orientation plus black metal, mélodique ou froide ne s'inquiètent pas. Le groupe n'a rien perdu de sa sauvagerie et ce nouvel album nous roule dessus sans pitié pendant trente-sept minutes. Et même quand le rythme se pose un peu, on en prend plein la tronche, comme par exemple sur le plus lourd "Numidian Knowledge" écrasant à souhait qui vous broie les vertèbres sans ménagement. Quelques sonorités orientales s'infiltrent même au milieu du morceau pour lui donner une ambiance d'autant plus forte et originale au milieu de ce black / death metal froid et rampant. La brutalité frontale de "Vae Victis" qui suit n'en est que plus destructrice ! Les blasts partent à une vitesse folle et le morceau est une boucherie entrecoupée de passages mid-tempo qui ont tout de l'incitation au headbanging, typiquement le genre de chose qui va faire un carnage en live. Une fois de plus, on sent que Necrowretch a bossé ses morceaux mais aussi le tracklisting qui place habilement des morceaux plus posés et riches en ambiances au milieu d'autres bien plus bourrins et destructeurs. Tout est fait pour donner plus d'épaisseur à l'ensemble, on est loin du banal album de black / death qui bourre comme un âne.
"Swords Of Dajjal" est un album habité qui offre des ambiances bien plus riches, variées et profondes que ses prédécesseurs tout en restant aussi sauvage et brutal. Necrowretch n'a rien cédé, ne fait toujours pas le moindre compromis, mais enrichit cette fois sa musique pour dépasser le stade du simple album de metal extrême. On sent que le groupe s'émancipe de ses anciennes influences et ce nouvel album est à la fois le plus black metal, le plus profond et le plus personnel de sa discographie.
"Satanic Slavery"
Note : 16/20
Les Français de Necrowretch ne chôment pas, à peine deux ans après "With Serpents Scourge", ils sont de retour avec un troisième méfait nommé "Satanic Slavery". Ceux qui avaient apprécié les deux précédents albums ne devraient pas être dépaysés cette fois-ci non plus, Necrowretch continue son petit bonhomme de chemin tranquillement.
On retrouve donc toujours ce death old school putride et primaire, allié à des sonorités black metal qui avaient commencé à se faire plus présentes dès "With Serpents Scourge". Un mélange toujours aussi direct, brutal et efficace qui pose des ambiances aussi furieuses que crades. Les débordements ultra speed et techniques de la scène death actuelle sont bien loin, le groupe rappelle plutôt à notre bon souvenir les groupes d'extrême de la fin des années 80. On retrouve même cette fameuse réverbe sur le chant que la plupart des groupes affectionnaient à l'époque. Dans les passages les plus brutaux de "Sprawl Of Sin", le groupe me rappelle même les débuts d'Antaeus jusque dans la façon qu'a Vlad de scander ces trois mots dans le refrain, en un peu moins intense tout de même, ce qui n'est pas étonnant sachant que les deux groupes doivent avoir des références old school en commun. Mais globalement c'est plutôt vers le "Scream Bloody Gore" de Death ou les débuts de Morbid angel, voire même une pointe de old Dissection que la musique du groupe penche. Pourtant ces gars-là sont loin de se contenter de réciter leurs classiques et trouvent le moyen de s'approprier toute cette scène pour en faire une version actuelle sans jamais la trahir ! Même le format est respecté puisque même si "Satanic Slavery" est l'album le plus long du groupe, il ne dépasse pas les trente-huit minutes.
Une fois de plus, on sent clairement que ce groupe n'est pas là pour surfer sur une pseudo vague revival, il y a là un véritable amour du genre et une rage authentique. Même la thématique satanique est d'époque, avec des titres tels que "Satanic Slavery", "Evil Names", "Bestial Rites" on se croirait revenus trente-cinq ans en arrière ! On retrouve la même odeur de caveau humide qu'à l'époque, la même envie de foncer dans le tas sans prendre de gants. Mais je le redis, les morceaux de Necrowretch ne sont pas de simples reprises du passé, on est loin d'un Gruesome qui reprend quasiment tels quels des morceaux de Death en en changeant le nom. Pour faire une analogie culinaire, qui n'a absolument pas sa place ici soit dit en passant mais c'est pas grave, Necrowretch fait sa tambouille dans une vieille marmite mais prépare sa propre sauce. Ce petit côté black dans les ambiances bien froides et glauques le démarque d'ailleurs de toute cette scène revival pur death old school qui sévit ces derniers temps. Et encore une fois, on sent que le groupe se fait plaisir à jouer un metal extrême à l'ancienne, "Satanic Slavery" donnant une furieuse envie de headbanguer comme un sauvage avec la binouze qui va bien.
Troisième album efficace, sale et brutal comme le groupe nous y habitue depuis maintenant quelques années. Si vous aimiez avant, vous devriez toujours vous y retrouver, Necrowretch n'a pas changé son fusil d'épaule et continue son exploration de la scène extrême old school.
"Satanic Slavery"
Note : 16/20
Les Français de Necrowretch ne chôment pas, à peine deux ans après "With Serpents Scourge", ils sont de retour avec un troisième méfait nommé "Satanic Slavery". Ceux qui avaient apprécié les deux précédents albums ne devraient pas être dépaysés cette fois-ci non plus, Necrowretch continue son petit bonhomme de chemin tranquillement.
On retrouve donc toujours ce death old school putride et primaire, allié à des sonorités black metal qui avaient commencé à se faire plus présentes dès "With Serpents Scourge". Un mélange toujours aussi direct, brutal et efficace qui pose des ambiances aussi furieuses que crades. Les débordements ultra speed et techniques de la scène death actuelle sont bien loin, le groupe rappelle plutôt à notre bon souvenir les groupes d'extrême de la fin des années 80. On retrouve même cette fameuse réverbe sur le chant que la plupart des groupes affectionnaient à l'époque. Dans les passages les plus brutaux de "Sprawl Of Sin", le groupe me rappelle même les débuts d'Antaeus jusque dans la façon qu'a Vlad de scander ces trois mots dans le refrain, en un peu moins intense tout de même, ce qui n'est pas étonnant sachant que les deux groupes doivent avoir des références old school en commun. Mais globalement c'est plutôt vers le "Scream Bloody Gore" de Death ou les débuts de Morbid angel, voire même une pointe de old Dissection que la musique du groupe penche. Pourtant ces gars-là sont loin de se contenter de réciter leurs classiques et trouvent le moyen de s'approprier toute cette scène pour en faire une version actuelle sans jamais la trahir ! Même le format est respecté puisque même si "Satanic Slavery" est l'album le plus long du groupe, il ne dépasse pas les trente-huit minutes.
Une fois de plus, on sent clairement que ce groupe n'est pas là pour surfer sur une pseudo vague revival, il y a là un véritable amour du genre et une rage authentique. Même la thématique satanique est d'époque, avec des titres tels que "Satanic Slavery", "Evil Names", "Bestial Rites" on se croirait revenus trente-cinq ans en arrière ! On retrouve la même odeur de caveau humide qu'à l'époque, la même envie de foncer dans le tas sans prendre de gants. Mais je le redis, les morceaux de Necrowretch ne sont pas de simples reprises du passé, on est loin d'un Gruesome qui reprend quasiment tels quels des morceaux de Death en en changeant le nom. Pour faire une analogie culinaire, qui n'a absolument pas sa place ici soit dit en passant mais c'est pas grave, Necrowretch fait sa tambouille dans une vieille marmite mais prépare sa propre sauce. Ce petit côté black dans les ambiances bien froides et glauques le démarque d'ailleurs de toute cette scène revival pur death old school qui sévit ces derniers temps. Et encore une fois, on sent que le groupe se fait plaisir à jouer un metal extrême à l'ancienne, "Satanic Slavery" donnant une furieuse envie de headbanguer comme un sauvage avec la binouze qui va bien.
Troisième album efficace, sale et brutal comme le groupe nous y habitue depuis maintenant quelques années. Si vous aimiez avant, vous devriez toujours vous y retrouver, Necrowretch n'a pas changé son fusil d'épaule et continue son exploration de la scène extrême old school.
"With Serpents Scourge"
Note : 16/20
Necrowretch, la nouvelle sensation death metal old school française qui a eu l'insigne honneur de voir sa première abomination sonore "Putrid Death Sorcery" voir la maudite lumière blafarde du jour chez les géants Century Media, remet le couvert exactement deux années plus tard avec "With Serpents Scourge", nouvel enfant monstrueux né de rites impies et contre-nature.
D'après les déclarations du leader Vlad, les objectifs fixés avec ce nouveau blasphème était de repousser toutes les limites du son Necrowretch, de délivrer le rendu le plus bestial possible et de proposer une musique plus personnelle, affranchie de ses influences. Et nous pouvons d'ores et déjà affirmer que le grand prêtre morbide Vlad, par le biais de quelques forces démoniaques, a réussi son entreprise. "With Serpents Scourge" est bien plus abouti que son odieux grand frère, plus technique, plus agressif, plus ambitieux.
Dans sa volonté de développer l'entité Necrowretch et d'établir le style propre du groupe, en sortant un disque dont l'écoute ferait dire aux auditeurs "Ca, c'est du Necrowretch !", Vlad s'est surpassé en termes d'écriture. Le groupe libère sa fureur infernale sans limite, sans retenue. Les volumes développés en 2015 prennent, par rapport au premier opus, très ancré dans le death old school, à la manère de Death ou Grotesque, une coloration plus noire et tourmentée, plus black metal dans l'esprit, développant un riffing plus tourmenté, sinueux et maléfique rapprochant, dans une certaine mesure, la horde française vers des groupes comme Necrophobic. Le son de Necrowretch semble ainsi redéfini. Avec 9 morceaux (dont un interlude ambiant) contre 11 sur le premier album mais pour une durée égale de 35 minutes, on constate que les morceaux sont globalement plus longs et complexes que sur "Putrid Death Sorcery", cet étirement donnant lieu à une succession de riffs tous plus acérés et venimeux les uns que les autres. A ce titre, "Black Death Communion" fait figure de parfait exemple. "By Evil And Beyond", véritable tourbillon de riffs malsains, présente une cohérence et une fluidité d'écriture exceptionnelles, tout comme "The Bells Of Evil Schism", à la très bonne section centrale, qui vous noie dans un torrent de lave en fusion. "Even Death May Die", déjà connu des fans pour être sorti en single vinyle limité (avec une cover du "Black Magic" de Slayer), est une des plus grandes réussites de l'album. Enfin, le final "Mortem Ritu", plus nuancé, captive par sa variété de tempi.
Les compositions sont plus brutales et sauvages qu'auparavant. Le nouveau batteur, Ilmar (par ailleurs membre des mystérieux Chaos Echoes, anciennement Bloody Sign), ajoute une grosse dose de brutalité et de rage à la musique, l'amenant vers des sommets de violence. Les blast beats sont destructeurs et hyper précis et décuplent la puissance des morceaux. Ilmar insuffle, avec son jeu subtil, beacoup de dynamique. Son jeu est également plus varié que celui de son prédécesseur, proposant, lors de breaks ou de passages mid-tempo, des parties plus écrites et mémorables à la saveur groovy (Bolt Thrower vient à l'esprit). Mais les chansons doivent également leur folie et leur fureur nouvelle au chant de Vlad, qui explore d'autres registres, plus beuglé ou growlé, venant étoffer sa palette vocale.
Le groupe aère son propos par le biais de plages ambiantes (l'intro de caveau du premier titre "Black Death Communion", l'interlude "Infernal Imprecation", le morceau final "Mortem Ritu", plus contrasté que la moyenne) créatrices de tensions. Cette dimension pesante, glauque et atmosphérique insuffle du dynamisme à l'ensemble et évite éventuellement l'effet de redondance face à des titres qui bastonnent du début à la fin mais où les schémas de composition sont similaires. La production, plus claire et précise que "Putrid..." (nécessaire à la vue de l'évolution technique du groupe) n'en reste pas moins franchement crasseuse et old school. Les compos sont ainsi plus puissantes et destructrices tout en gardant ce cachet dégueulasse et cryptique propre au genre.
Avec "With Serpents Scourge", Necrowretch a franchi un cap. Le groupe semble maîtriser son art putride et sombre et tente de voler de ses propres ailes avec cet album enterrant le précédent de par son ambition, sa personnalité et son incroyable déchaînement de violence.
"Putrid Death Sorcery"
Note : 15/20
Pour ceux qui se demandaient si la scène française avait une chance de percer à l'étranger, Necrowretch apporte une réponse, après avoir sorti deux EPs ils débarquent chez Century Media pour leur premier album "Putrid Death Sorcery". Avec un nom pareil vous vous doutez bien que ça va pas donner dans le goth sirupeux, c'est du death crade à l'ancienne.
D'ailleurs à l'écoute ça rappelle justement Death, celui de "Scream Bloody Gore" ou toute autre dégueulasserie death metal de l'époque. Celui qui avait encore ce côté morbide et macabre, celui qui sentait le cimetière décrépi à des kilomètres. Pas de blast à l'horizon, pas de riffs techniques pour vous bousiller les neurones, juste du gras qui tache. Le contraste est d'ailleurs saisissant aux côtés justement de tous ces groupes qui pratiquent un death technique et alambiqué, Necrowretch préférant son death primitif et bestial. On retrouve aussi le chant de goule putride qui prévalait à l'époque, époque où les growls qui tapent dans les infra basses ne s'étaient pas encore imposés.
On voit aussi l'héritage des anciens à la durée de l'album, là où tout le monde a tendance à étirer les morceaux, ce "Putrid Death Sorcery" se contente de 36 minutes et c'est bien suffisant. Pas besoin de plus pour exhaler ce parfum zombie fraîchement déterré, juste de quoi headbanguer sur des riffs basiques mais percutants. On serait tenté de penser que cette époque est révolue et que ce genre d'albums devraient sentir la naphtaline, mais bizarrement au milieu du paysage extrême actuel, ce côté rétro lui confère presque une certaine fraîcheur. On n'est plus habitué à entendre du death récent aussi primitivement bestial, et Necrowretch réveille les souvenirs de nos premiers pas dans l'extrême en nous rappelant pourquoi on a aimé ça à la base. Du death metal de vieux cons en fait, histoire de montrer aux jeunes loups d'où vient tout ça et leur faire réviser leurs classiques par la même occasion.
Je ne sais pas si l'album marquera les esprits comme les anciens ont pu le faire, le contexte étant totalement différent bien entendu, mais au moins, contrairement à certains qui essaient de surfer sur la vague du revival, on a affaire là à des gars qui savent de quoi ils parlent. C'est le fait qu'on sent le feu sacré chez eux qui les différencie de tous les autres, c'est fait avec amour chez Necrowretch et ça explique clairement pourquoi le nom commence à sérieusement circuler. Après, vu le style pratiqué et le fait que c'est très daté, c'est clairement un album de niche, il n'y a que les vieux cons comme nous qui vont vraiment apprécier et je doute que ça touche beaucoup de monde à côté. Mais bon à la limite on s'en fout, le death n'est pas censé attirer du monde et ce premier album de Necrowretch est carrément bon dans le genre.
Bref, on ne va pas tourner autour du pot pendant 15 ans, Necrowretch ça sent la vieille crypte abandonnée comme au bon vieux temps. Ceux qui ont commencé le metal extrême avec les vieilleries classiques apprécieront, les autres passeront à côté ou en profiteront pour redécouvrir certaines références incontournables.
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