Les membres de Nekrovault ont l'air d'être réguliers puisque après un premier EP en 2018 puis un deuxième en 2019, ces Allemands sont de retour cette année avec un premier album, "Totenzug: Festering Peregrination" de son petit nom. Comme le nom du groupe vous l'a sûrement fait devinern nous sommes en présence de death metal pur et dur.

Avec des morceaux qui atteignent régulièremes les six, sept ou neuf minutes, vous vous doutez que Nekrovault n'est pas du genre à blaster dans tous les sens et préfère les riffs bien lourds et gras. Après près de deux minutes de démarrage avec une sorte d'intro, "Totenzug – Funeral Hillscapes" ouvre le bal avec des riffs très malsains et dissonnants sur un tempo très lourd et surmonté d'un chant possédé qui va du growl profond aux hurlements. Les blasts arrivent mais on est loin des courses de vitesse actuelles et bien plus proche de l'effet locomotive des groupes old school. On ressent un feeling qui me rappelle les tarés de Portal avec ce son étouffé, ces riffs très malsains et dissonants et ces accélérations qui évoquent un monstre lovecraftien qui se rapproche de vous pour vous faire un câlin baveux. Les ambiances se trouvent d'ailleurs parfois aux frontières du black avec ces arpèges très froids et malsains là encore. En tout cas, en seulement quelques minutes, Nekrovault vous fait comprendre que vous n'allez pas rigoler des masses pendant ces trois quarts d'heure, le groupe vous veut du mal et son death metal n'a rien à voir avec l'école moderne qui produit une musique certes rapide et technique mais dépourvue de toute ambiance morbide. Ce premier album est tout l'inverse et sans verser dans le revival old school, il ressucite cet esprit putride et cette ambiance de virée nocturne dans des caveaux humides à esquiver les cadavres en putréfaction. Le death de Nekrovault est rampant, sale, glauque et va laisser des taches bien coriace sur la moquette. On sent que le groupe connaît ses classiques mais on sent surtout une personnalité propre qui s'exprime via ces ambiances dérangeantes et malsaines et si quelques blasts se font entendre de temps en temps, ce premier album passe la majeure partie de son temps à vous étouffer.

Ces quelques moments plus brutaux ne font qu'accentuer l'attaque que constitue "Totenzug: Festering Peregrination" et les quelques mélodies de "Psychomanteum - Luminous Flames" ne font pas illusion bien longtemps. Voilà un groupe qui porte bien son étiquette "extrême" et qui n'a vraiment pas envie de rire, les ambiances vous broie les os et ce premier album prend un malin plaisir à vous faire couler de la vase et du sang dans les oreilles. C'est littéralement l'effet que font ces sept morceaux, celle de patauger dans une mélasse constituée de tout ce dans quoi vous n'avez habituellement pas envie de patauger. Les morceaux les moins longs sont évidemment plus directs et "Pallid Eyes" avec ses cinq minutes au compteur se montre plus brutal et frontal que ses comparses mais les riffs n'en restent pas moins bien sales. Il n'y que l'interlude "Serpentrance" qui propose une respiration avec ses deux petites minutes et encore l'ambiance reste bien pesante et noire. Nekrovault n'a pas vocation à vous ménager et son death putride ne relâche quasiment jamais la pression et les guitares accordées assez bas et dotées d'un son assez gras épaississent bien ces ambiances poisseuses. Ce premier album est un char d'assaut qui écrase des piles de cadavres et piloté par des possédés qui vous roulent dessus sans pitié pendant trois quarts d'heures. "Eremitorium" se permet en fin d'album un écart très mélodique et accrocheur en plein break et qui détonne par rapport au reste de l'album, sans les blasts qui reviennent on pourrait presque se croire sur un album de gothic à l'ancienne ! En tout cas, voilà un groupe qui a sa patte et qui devrait pouvoir tirer son épingle du jeu avec son approche vraiment extrême du death. Comme je le disais, les ambiances peuvent évoquer les Australiens de Portal mais ce "Totenzug: Festering Peregrination" a tout de même une patte particulière qui le démarque du reste de la scène.

Nekrovault nous balance donc un premier album sans pitié qui développe des ambiances extrêmement malsaines et sales pour un death metal décidément très noir et écrasant. Extrême jusqu'au bout des ongles, "Totenzug: Festering Peregrination" va vous broyer les os et le manque d'oxygène va très vite se faire sentir, la plongée est donc réservée aux plus résistants et aux plus masochistes.