Le groupe
Biographie :

Nero Di Marte est un groupe de metal progressif italien formé en 2007 sous le nom de Murder Therapy (jusqu'en 2012) et actuellement composé de : Andrea Burgio (basse / Empathy, Miotic, ex-Murder Therapy), Marco Bolognini (batterie / ex-Murder Therapy), Francesco D'Adamo (guitare / Cryptic Theory, ex-Murder Therapy) et Sean Worrell (guitare, chant / ex-Murder Therapy). Nero Di Marte sort son premier album, "Nero Di Marte", en Mars 2013 chez Prosthetic Records. Le deuxième album, "Derivae", sort en Octobre 2014, toujours chez Prosthetic Records. "Immoto" sort en Janvier 2020 chez Season Of Mist.

Discographie :

2013 : "Nero Di Marte"
2014 : "Derivae"
2020 : "Immoto"


Les chroniques


"Immoto"
Note : 18/20

Les Italiens de Nero Di Marte, dont je vous avais parlé lors de la sortie de leur précédent album "Derivae", sont de retour avec "Immoto" et je vous conseille de sortir le matériel de plongée, car comme précédemment le groupe va vous emmener dans les profondeurs et l'air va bien vite vous manquer !

Nero Di Marte fait partie de ces groupes sur lesquels il est difficile de poser une étiquette et qui créent une musique exigeante et dense. Après avoir commencé avec un metal extrême assez violent et proche des dissonances d'Ulcerate sur leur album éponyme, le groupe s'est aventuré dans des eaux plus malsaines, boueuses et introspectives avec "Derivae". C'est justement ce chemin que continue à suivre "Immoto" avec ses soixante-sept minutes réparties sur deux CDs et ses morceaux aussi longs que denses. "Sisyphos" nous accueille d'ailleurs avec des arpèges bien dissonants et oppressants et les onze minutes qu'il affiche au compteur seront évidemment tortueuses. On sent d'office une certaine tristesse dans les mélodies et ce chant clair qui vocalise discrètement en fond. La rage contenue que l'on sentait déjà sur "Derivae" fait bien vite son retour ici et nous donne une fois de plus l'impression que tout peut exploser à tout instant. La musique de Nero Di Marte n'a rien perdu de son caractère éprouvant et les émotions qui s'entrechoquent sur "Immoto" provoquent un raz-de-marée qui renverse tout ce qu'il trouve. Encore une fois, seuls les esprits les plus ouverts trouveront la clé de l'univers tordu de ces Italiens car ce nouvel album se montre très dense, complexe, profond et les structures sont constamment en mouvement. Il y a peu de place pour respirer pendant ses soixante-sept minutes et ces sept morceaux vous étouffent quasiment du début à la fin soit par une violence aux allures de passage à tabac, soit par des ambiances très glauques et rampantes qui vous engluent dans une sorte de magma crasseux. Nero Di Marte fait couler le Styx dans vos oreilles et l'expérience se montre aussi intense que douloureuse.

On sent comme d'habitude autant d'influences extrêmes que progressives et le chant passe du clair au chant hurlé histoire d'amplifier le contraste entre les ambiances les plus mélancoliques et les pulsions les plus agressives. Les plages les plus atmosphériques ne sont d'ailleurs pas les plus accessibles pour autant et le pavé éponyme de treize minutes ne va pas vous faciliter la tâche malgré son côté assez posé sur sa première moitié. Les dissonances sont légion, les structures ont toujours la bougeote, l'ambiance est poisseuse à l'extrême et ce diable de morceau rampe sournoisement jusqu'à votre cerveau pour y déverser sa bile et son désespoir. Oubliez toute notion de couplets ou de refrains, les morceaux font leur chemin et coulent littéralement de leur début à leur fin. Ils sont d'ailleurs tous assez longs et font entre dix et treize minutes, d'ailleurs pour être encore plus précis dites-vous que les soixante-sept minutes de l'album tiennent sur sept titres ! Je le répète, la musique de Nero Di Marte est exigeante et la catharsis qui découle de ce processus créatif saute aux oreilles rendant l'immersion d'autant plus difficile et éprouvante. La persévérance sera néanmoins récompensée par la qualité du travail effectué sur la composition puisque malgré une musique très tortueuse, le groupe ne nous perd jamais, pas plus qu'il ne se perd lui-même dans ce dédale sonore. "Irradia" en fin d'album nous rappelle presque les moments les plus atmosphériques et torturés de Neurosis avec cette démarche qui consiste à s'arracher le cœur pour vous le présenter encore sanglant sur un plateau. Les émotions prennent à la gorge et leur sincérité vous saute au visage tant le malaise reproduit sur "Immoto" est palpable. Sur un plan plus technique, il est à noter que le groupe bénéficie d'un son assez énorme, puissant, organique et chaud qui crée du coup un écrin parfait pour ce magma sonore.

Un nouvel album toujours aussi barré, personnel et touffu mais une fois de plus aussi poignant qu'éprouvant. "Immoto" n'est clairement pas à mettre entre toutes les oreilles mais les plus aventureux trouveront là un album coup de poing qui va laisser des traces ! Nero Di Marte est clairement un groupe à part et ce nouvel album confirme tout le bien que j'en pensais à la sortie de "Derivae". L'écoute est certes exigeante mais "Immoto" vaut largement la peine que vous fassiez quelques efforts.


Murderworks
Mai 2020




"Derivae"
Note : 16/20

Nero Di Marte n'est pas un si jeune groupe contrairement à ce qu'on pourrait, si "Derivae" n'est que son deuxième album il faut savoir que le groupe s'appelait avant Murder Therapy et proposait une musique bien plus brutale. Et si le groupe est étiqueté comme faisant du metal progressif, il vaut mieux se méfier, les mélomanes les plus sensibles pourraient avoir une mauvaise surprise.

Si je dis ça c'est parce que le passé brutal du groupe n'a pas totalement disparu, les blasts, les growls et les sonorités death metal sont encore là. La différence se situent à la fois au niveau des ambiances qui sont bien plus sales et plombées qu'auparavant, et au niveau des structures des morceaux qui sont bien plus tortueuses et alambiquées. Sans compter que le groupe s'adonne maintenant aux plaisirs de la dissonance et quand Nero Di Marte s'emballait sur son premier album, il n'était pas sans rappeler un groupe comme Ulcerate ! Cette fois à part quelques coups de sang, le tempo est tout de même plus lourd et moins épileptique, la musique est cette fois bien plus rampante. Autant dire que l'amateur de rock prog ou de Dream Theater risque quand même de prendre une méchante baffe en tombant dans les filets de Nero Di Marte. "Derivae" installe un climat qu'on pourrait qualifier d'urbain tant le tout sent la rouille et la crasse avec un côté vicieux, que ce soit dans les mélodies dissonantes ou le chant parfois dément, souvent hurlé. Du début à la fin, on est pris dans une espèce de tourbillon sonore qui nous balance dans tous les sens sans pitié, 57 minutes pendant lesquelles on ne sait jamais vraiment où on est ni où on va. Même si tous les morceaux ne s'enchaînent pas au sens propre du terme, l'album est tout de même à appréhender comme un seul et unique titre de près d'une heure.

On sent aussi un énorme travail sur le son, les arrangements, les effets, rien n'est laissé au hasard et le groupe a tout fait pour nous faire perdre pied. On plonge littéralement dans l'album comme dans un gouffre, inutile de préciser que la lumière s'y fait très rare et qu'on a tendance à étouffer sous cette chape de plomb qui nous écrase constamment. Alors forcément ce n'est pas ce qu'il y a plus simple à écouter, si vous recherchez quelque chose de direct passez votre chemin. "Derivae" va vous filer entre les doigts pendant un moment et il va falloir persévérer pour capter la démarche du groupe. Impossible de classer ça par contre, même si on parle de metal progressif on va dire que c'est au sens large, très large parce qu'il y a pas mal de choses qui se mélangent là dedans. Et pourtant, malgré les sonorités et influences qui viennent de partout, le groupe a réussi à en faire un bloc homogène d'où ne ressort finalement que la patte Nero Di Marte. Par contre, cet album demande un investissement de la part de l'auditeur, impossible d'écouter ça en ayant une autre activité à côté. Il faut lui accorder toute votre attention, vous y perdre et vous laisser submerger par cette espèce de mélasse musicale qui coulera des enceintes.

Voici donc un deuxième album moins brutal et plus difficile d'accès que son prédécesseur, il va falloir un moment pour en venir à bout. Tout y est plus tordu, dissonant, malsain et pesant. La brutalité qui pouvait encore se manifester sur le premier album s'efface pour laisser place à une colère rentrée qui n'explose jamais, rendant le tout encore plus vicelard. Le genre d'album qui s'apparente plus à un trip qu'à de la musique.


Murderworks
Janvier 2015


Conclusion
Le site officiel : www.nerodimarte.com