Je reçois le CD de Noflag l’autre jour, et à peine l’enveloppe ouverte, je suis circonspecte. Pourquoi ? parce que tout est écrit en Anglais, que ce soit à propos de la production, de l’adresse, qui bien que se trouvant en France (dans la magnifique région minière et industrielle du Nord), et donc, par esprit de chauvinisme, mal placé peut être, ça m’énerve. Puis, vu que je suis quand même consciencieuse, que je suis une professionnelle, je me dis "reprends donc ton objectivité légendaire, celle qui fait que tu écris des chroniques que tous les webzines s’arrachent". C’est beau de rêver.
Bref, donc, je lance le CD, et là, en trois secondes, j’ai tout compris. J’étais plus chez moi, mais j’étais dans un garage, les murs taggués, des affiches et stickers de groupes de passage collés un peu partout, des tâches de bières, du chevelu, du tatoué, des vieux fauteuils qui nous montraient ce qu’ils avaient dans le ventre, et accessoirement, des musiciens, Noflag. En gros, tous mes préjugés se sont évaporés (peut-être aussi parce que je décide de faire ma crise d’adolescence à 22 ans, je sais pas encore). Mais bon, dire que Noflag serait un groupe pour adolescents, ce serait une insulte. Parce que Noflag, ça envoie du pâté mes petits loups ! Alors non, on n’est pas de retour en 1977, mais quand même…
J’ai envie de dire que Noflag, en résumé, c’est qu’on a foutu des enragés dans une pièce, et voilà ce qu’ils nous ont produit. Des enragés qui ont quand même envie de péter du genou ("Eat My Knee") ou d’autres parties, comme ils nous le disent si gentiment sur "Breaking The Pelvis" (chanson sur laquelle Poun de Black Bomb Ä vient pousser la chansonnette, enfin, la punkinette). Une fois nasillarde qui nous invite à venir taper "come on". Et musicalement alors ça ressemble à quoi ? Noflag, c’est un peu la réunion entre le punk, et des riff lourds, mais puissants qui font leur effet. Une voix d’ailleurs, un tantinet en retrait, mais qui donne l’originalité au son. Parce que j’ai aussi l’impression que noflag, c’est un gros caisson qui m’explose en pleine tête.
La première chanson débute, "Sexy 6", et là, on se bouffe du bruit. Une structure clairement punk quant à la batterie (vas-y que jte tape en cadence sur les chinoises et sur la grosse caisse), une voix qui crie, tout comme il faut, des riffs qui savent se faire entraînants, et une chanson qui évolue. Je dois dire que j’apprécie tout particulièrement les prouesses vocaliques du chanteur, qui arrive à faire un "n’importe quoi" avec sa voix, et quand je dis n’importe quoi, c’est pas du tout un reproche. Comment expliquer ? Il crie, et ensuite, il se remet en voix claire, en partant dans les aigus, en balançant ses paroles d’un air nonchalant. Quelqu’un qui connaît ses sons, sa gorge, son diaphragme, et qui nous montre les différentes manières avec lesquelles on peut se servir de sa voix. Et n’en déplaise à certains, il me fait penser à Jimmy Urine, chanteur de Mindless Self Indulgence, dans un registre tout autre bien sûr (bon je précise que de ma part, c’est un compliment, moi y en a être très très grande fan).
Bref, Noflag, ça part dans tous les sens, ça veut faire la guerre ("Where’s War Today"), et c’est fou comme ça peut être entraînant d’aller faire la guerre : des passages plutôt mélodiques, certes après une entrée en matière plutôt décapante (un grand cri et des guitares qui saturent). Mais ça reste tout de même l’appel du headbang, du déhanché, du "je me mets à chanter à tue-tête". Puis tout ça, bien sûr en foutant des coups de pieds partout.
Je suis Alex Delarge, et j’ai trouvé un remplaçant à Ludwing Van.
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