Le groupe
Biographie :

Nostromo est un groupe de metalcore suisse, originaire de Genève, en Suisse romande. Il est formé en 1996 autour de Jéjé (guitare), Javier (chant), Taverne (basse) et Maik (batterie). Le groupe évoluera vers un grindcore / metalcore de plus en plus technique, jusqu'à un double album acoustique très travaillé, "Hysteron-Proteron". Le groupe se sépare en 2005, mais revient onze ans plus tard en 2016.

Discographie :

1998 : "Argue"
2000 : "Secret Land"
2000 : "Eyesore" (EP)
2003 : "Ecce Lex"
2004 : "Hysteron-Proteron" (Compilation)
2018 : "Uraeus" (EP)
2019 : "Narrenschiff" (EP)
2022 : "Bucephale"


Les chroniques


"Bucephale"
Note : 21/20

Le hasard fait parfois bien les choses. J’aime garder sur mon lecteur MP3 des "vieilleries" auxquelles je suis attaché et que j’aime écouter de temps à autre lorsque je pars en balade pédestre. Il y a encore quelques semaines j’écoutais en marchant de nuit "Ecce Lex" de Nostromo, album qui, vingt ans après, me fait encore dresser les poils. C’est donc avec un grand oui que j’ai accepté la lourde tâche de chroniquer leur nouvel album, sans vraiment savoir qu’ils en préparaient un (il faut dire que la carrière des Suisses a connu une très longue pause).

Premier album studio depuis vingt ans, ponctué bien sûr par leur tour de force "Hysterion Proteron" et "Narrenschiff", "Bucephale", puisque c’est le nom de ce nouvel album, envoie la colle comme ce n’est pas permis !! Cette galette s’inscrit dans une logique implacable du style de Nostromo à tel point qu’en blind test j’aurais été incapable de dire que les titres ont été cris vingt ans après "Ecce Lex". Tranchant, précis, lourd nerveux, les adjectifs ne manquent pas pour décrire cet album magistral.

On attaque donc avec le très lourd "Ship Of Fools" qui plante le décor sombre du reste de l’album. Une première partie de morceau lente qui progresse vers ce que Nostromo sait faire de mieux : du metal extrême ultra chiadé, avec des plans signature, du blast beat de cochon, du palm mute en veux-tu en voià et la voix inimitable de Javier. Pfffiou, ça commence ridiculement fort. Avec "IED", le second titre, on retombe sur de la bourinnerie de premier ordre du meilleur calibre. C’est à pleurer tellement c’est beau. Et on remet le couvert avec l’excellent "In Praise Of Betrayal" et son impeccable riff principal sublimé par son break aux accents noise. On passe à toute autre chose avec "Katabasis", en featuring avec l’artiste ritual ambient Treha Sektori, titre justement ambient, limite tribal, torturé, lourd, lent, superbe. Pour faire court et simple, tout le reste de l’album est de ce niveau. Rien ne depasse, aucune faute de goût, aucun blast beat en trop. Un mix et un mastering au cordeau. Un album digne d’être joué en entier en première partie de groupes comme Gojira ou Nasum.

Globalement cet album est bien plus abouti que ce que le groupe a pu pondre précédemment, surtout au niveau de l’ambiance générale qui oscille entre du pur "Ecce Lex" et du black metal, ce qui rend l’exercice passionnant (ce qui est d’autant plus curieux car je ne suis pas fan de black metal, mais mêlé à l’œuvre du groupe, ce style prend toute sa place). "Bucephale" est un réel bijou et pour moi clairement l’album de metal extrême de l’année 2022.


Byclown
Octobre 2022




"Narrenschiff"
Note : 16/20

Oubliez la neutralité suisse ! Après 17 ans d'absence dans les bacs, Nostromo est venu livrer une guerre violente avec son nouvel EP "Narrenschiff". D'abord un petit point culturel pour replacer le contexte d'écriture... Le titre de l'EP est tiré du livre à succès, Das Narrenschiff - "La Nef des fous" en français - qui dépeint diverses folies à travers plusieurs portraits satiriques, moqueurs ou moralisateurs. Par folie, on entend ici les grands péchés véniels et mortels. Péchés qui mènent évidemment les hommes à leur perte. Une fois ce rappel littéraire fait, on peut aisément deviner que la version de "La Nef des Fous" par Nostromo, risque d'être un poil corrosive.

En 2004 sortait le dernier album des Suisses, "Ecce Lex", qui s'illustrait déjà par sa brutalité. Et plus proche de nous, quelques apparitions live dans des festivals en 2017, ainsi que la sortie en 2018 d'un mini EP, "Uraeus-Corrosion", ravivaient les braises encore chaudes d'un feu ardent. Que les fans se rassurent : ce nouvel EP n'est pas violent... il est ultra violent ! Pourquoi revenir à pas feutrés quand on peut simplement tout détruire sur son passage ? "Narrenschiff", c'est une coulée de lave dévastatrice, un tsunami qui balaye toute vie humaine. Produit et mixé par Johann Meyer (Gojira), l'opus se distingue des précédentes productions du groupe, par un son LARGEMENT plus massif. Ajoutons à cela des compositions plus complexes et plus furieuses que jamais. La multitude de détails emplit tout l'espace sonore et retranscrit toute la rage, voire toute la haine, que les musiciens ont mis dans l'écriture de cet EP. Le style metalcore du groupe s'est radicalement durci pour un grindcore agressif. Les morceaux montent en puissance et en violence jusqu'à provoquer un sentiment d'oppression. Mais au milieu de cette marée de furie, des parties sludge salvatrices, beaucoup plus lentes et lourdes, viennent "apaiser" cette sensation. On passe ainsi de la rage la plus absolue à la noirceur la plus totale...

Bref, vous l'aurez compris, Narrenschiff c'est un condensé de désillusion, de haine et de pessimisme. L'outro "Narrenschiff" qui termine l'EP confirme cette tendance. Elle se présente sous la forme de la lecture d'un poème tiré du livre et se révèle faussement calme. En réalité, la voix modifiée synthétiquement semble provenir des profondeurs de l'enfer et annoncer l'arrivée des ténèbres sur Terre. Et si par hasard, on n'était pas encore tout à fait rassasié, le grésillement en fin de morceau vient une ultime fois faire saigner nos oreilles déjà endolories par 20 minutes de déchaînement musical.

La longue absence n'a en rien entamé l'énergie et l'envie d'en découdre de Nostromo. "Narrenschiff" signe l'éclatant retour du groupe.


Miss Bungle
Mai 2019




"Hysteron-Proteron"
Note : 18/20

Seulement un an après leur excellent album "Ecce Lex", les prodiges de la scène genevoise reviennent en 2004 pour nous prouver que l'irréalisable est réalisable. En effet, ils réalisent ce que personne avant eux n'avait tenté : jouer du grindcore en acoustique !

Pour ce disque, les Nostromoniens ont repris plusieurs chansons de leurs précédants albums afin de les transformer grâce à l'acoustique. De ce fait on retrouve des titres de "Ecce Lex" tels que "Rude Awakening", "End's Eve", "Turned Black" ou encore le très célèbre "Sunset Motel" qui nous transporte véritablement en transe. De même, l'on retrouve "Epitomize" de "Eyesore" et pour finir "Selfish Blues" de "Argue". Un son de gratte sèche arrive, une batterie douce par derrière, un son impeccable, l'intro de "Rude Awakening", premier titre de "Ecce Lex", est lancée et bientôt suivie de la voix écorchée de Javier. Une voix qui se veut douce et pourtant qui fout une véritable claque dans ton cerveau en alternant un chant murmuré et des cris étouffés. Et cela va en être comme cela tout le long, avec une technique et précision toujours aussi irréprochable. Une surprise nous attend alors à la fin du dernier titre, "Sunset Motel" joué en live ! Tout simplement énorme, c'est le mot ! Elle nous enivre alors d'une sorte d'atmosphère psychédélique voire presque sensuelle, ça en devient jouissif.

Pour conclure, "Hysteron-Proteron" est un véritable petit chef-d'œuvre ! Je conseille cet album à tous les gros fans de Nostromo et à tous les gens qui pensent que le grindcore acoustique "c'est de la merde". Par contre je le déconseille fortement à ceux qui recherchent le gros son habituel de tout album de grindcore. A se procurer d'urgence…


Issue
Avril 2004


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/nostromogva