Le quintette suédois Ocean Chief, plutôt confidentiel, sort cette année son cinquième album sur le très prometteur label I Hate Records qui se spécialise dans le doom / stoner / sludge "psychédélique". Je ne remercierai jamais assez ce label pour m'avoir mis en lumière Jex Thoth... mais là n'est pas le propos. Revenons sur Ocean Chief et cet album qui fait partie des meilleurs cru de cette année en matière de stoner / doom.

Lorsque je parle de psychédélisme, il est intéressant de se rappeler que littéralement cela veut dire "révélateur de l'âme". C'est pas rien, et ne fait pas de la musique psychédélique qui veut, puisqu'elle se doit d'évoquer la question d'exploration d'états limites de la conscience, de dilatation du temps, de mise en scène d'un monde sensible qui se dérobe etc... En cela, "Universums Härd" est clairement une véritable croisade de la psyché, tout à la fois nébuleuse et pachydermique.

Pourtant, si l'album débute par un titre de 10 minutes, j'avoue qu'il m'a été assez difficile de me laisser porter... c'est la troisième piste de l'album "Färden" et son ambiance orientale qui a retenu mon attention. Une pure merveille qui nous invite à revenir sur la première compo intitulé "Universums Härd". Majoritairement instrumental (c'est le cas de l'album), le chant du batteur Tobias Larsson reste anecdotique, même si le caractère rugueux et agressif de ses rugissements nous ramène à quelque chose de plus ancré, nous sommes quelque part entre 2001, l'Odyssée de l'espace et La guerre du feu, entre l'éther et la la terre. Sur les sept titres, le groupe donne le sentiment de malaxer sa musique dans de la glaise, des nappes de synthé empruntées à la scène Krautrock (Tangerine Dream, Popol Vuh etc...), se fondent discrètement comme l'eau pourrait pénétrer dans la terre. De la boue venue des étoiles ou encore du fin fond de la terre... Oui, Ocean Chief me fait halluciner.... et j'imagine un remake d'Aguirre, ou la colère de Dieu avec une bande son de ce calibre.

Il est assez difficile de faire le tri parmi la multitude de groupes de ce genre, mais cet album vaut le détour, tant par sa complexité, son contenu épique, dantesque que par ses arrangements très subtils qui donnent cette ambiance... tripante !