Le groupe
Biographie :

Oddland est un groupe de metal / rock progressif finlandais formé en 2003 et actuellement composé de : Joni Palmorth (basse), Ville Viitanen (batterie), Jussi Poikonen (guitare / ex-Queenstone, ex-Crown) et Sakari Ojanen (chant / guitare). Oddland sort son premier album, "The Treachery Of Senses", en Avril 2012 chez Century Media, suivi de "Origin" en Septembre 2016 chez Sensory Records, et de "Vermilion" en Mars 2022 chez Uprising! Records.

Discographie :

2012 : "The Treachery Of Senses"
2016 : "Origin"
2022 : "Vermilion"


La chronique


Six ans après leur deuxième album "Origin", les Finlandais d'Oddland sont enfin de retour avec un nouvel album nommé "Vermilion". Un nom qui doit cacher un concept puisque les cinq premiers morceaux n'en constituent qu'un seul découpé en cinq pistes et portant le nom de l'album. On se doute donc qu'Oddland n'a pas laissé tomber les vélléités progressives entendues sur ses deux précédents albums et que le voyage promet d'être intéressant.

Pour situer un peu la bête, imaginez un groupe qui prendrait autant au rock et au metal progressif qu'à Meshuggah et vous aurez une petite idée de ce que fait Oddland. "Vermilion Pt 1 - Arrival" fait office d'introduction avec ses deux petites minutes instrumentales qui laissent entendre du saxo et un feeling très jazzy avec un piano en soutien et des parties de batterie simples mais inspirées. "Vermilion Pt 2 - Below" nous accueille avec des sonorités orientales ou indiennes, j'avoue ne pas être un expert dans le domaine, avec ces fameuses guitares accordées plus bas que terre et qui balancent des riffs saccadés proches du djent. Le chant clair de Sakari Ojanen est toujours aussi habité et contribue à poser l'ambiance particulière que développe ce deuxième morceau. Quelques growls se font entendre brièvement et l'équilibre entre noirceur, puissance et mélodies aériennes est une fois de plus géré de main de maître. Le piano qui se fait entendre au début de "Vermilion Pt 3 - The Walls Of The Mind" pose, quant à lui, une ambiance plus intriguante, étrange et presque onirique avant que les guitares ne reviennent poser ces sonorités orientales qui vont encore se mélanger à un metal progressif moderne typé djent. Malgré les influences djent ou plus généralement modernes, la musique d'Oddland a une personnalité assez forte qui s'exprime justement par ces ambiances surréalistes et par ce mélange improbable entre Meshuggah et Leprous qui s'opère parfois sur ce nouvel album. La douceur et la mélancolie de l'un avec la puissance et les rythmiques syncopées de l'autre.

"Vermilion Part 4 - Feed The Void" nous fait entendre quelques sonorités proches de Tool au milieu de ce metal prog nourri au djent et là encore l'ambiance particulière impose la personnalité du groupe malgré les influences parfois reconnaissables. En tout cas, malgré la relative technicité de certaines parties, ce sont clairement les émotions et les mélodies qui mènent la danse chez Oddland, les détracteurs du progressif n'ont donc pas à craindre des soli à rallonge ou des parties outrageusement tordues. Le groupe préfère l'accroche, la puissance évocatrice et les ambiances à la démonstration technique et "Vermilion" ne sombre jamais dans les travers d'une bonne partie de la scène progressive. "Vermilion Pt 5 - Emancipator" qui conclut ce premier gros titre conceptuel laisse aussi entendre de discrètes accointances mélodiques avec Devin Townsend période "Synchestra", qui s'entendaient d'ailleurs sur les quatre premières parties dans certaines lignes de chant. "Pathway" avec ses deux minutes entièrement acoustiques semble couper l'album en deux entre ce gros pavé en cinq parties d'une part et les deux derniers morceaux de l'autre. La coupure en question n'est que conceptuelle puisque les morceaux s'enchaînent quasiment sans blanc et "Vermilion" est donc à prendre comme un ensemble qui garde tout du long une homogénéité et une cohérence évidentes. L'album ne dépasse d'ailleurs pas les trente-neuf minutes et garde son impact du début à la fin sans se perdre en palabres inutiles.

Oddland n'a donc rien perdu de sa bizarrerie et malgré certaines influences facilement reconnaissables, son metal progressif moderne propose des ambiances particulières et une accroche mélodique constante. Les émotions sont mises à l'honneur et "Vermilion" garde une approche relativement directe pour ce style de musique qui lui permet de viser juste. Ce nouvel album ne marque pas vraiment de rupture avec les deux précédents mais Oddland en profite pour confirmer son savoir-faire et nous livrer trente-neuf minutes efficaces et prenantes.


Murderworks
Mars 2022


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.facebook.com/oddland