Les expérimentations musicales sont légion, mais Oranssi Pazuzu reste une référence en
la matière. Créé en Finlande en 2007 par Jun-His (chant / guitare, Three Pounds Trigger,
ex-Kuolleet Intiaanit) et Ontto (basse / chant, Atomikylä), ils recrutent Korjak (batterie),
EviL (clavier / effets / chant) et Moit (guitare). L’aventure démarre, entre black metal,
sonorités psychédéliques et technicité musicale. Un premier album en 2009 lance le rythme,
mais c’est en 2016, après la sortie du quatrième album qu’Ikon (guitare, Domovoyd)
remplace Moit. Le groupe crée Waste Of Space Orchestra en 2018 en collaboration avec
Dark Buddha Rising et c’est finalement en 2020 que sort chez Nuclear Blast "Mestarin Kynsi", le cinquième album de la formation.
On débute l’aventure avec "Ilmestys", un titre énigmatique, sombre, intrigant, et bien
évidemment ce son si particulier. Entre claviers hypnotiques, sonorités étranges et black
metal glacial, le groupe avance. Il faudra attendre la fin du morceau pour retrouver les
guitares saturées comme on les aime, mais la patte de la formation est bien présente. Même
constat pour "Tyhjyyden Sakramentti", on reconnaît clairement le touche des Finnois. Le
morceau prend un peu plus le temps d’étaler ses différentes nappes sonores, mais on
retrouve rapidement la noirceur des riffs qui accompagnent l’étrangeté musicale à laquelle
nous sommes habitués. Le son s’apaise, repart, s’envole à nouveau… "Uusi Teknokratia" et
ses claviers futuristes donne naissance à de nouvelles ambiances, qui se mêlent au chant
effrayant du vocaliste. Mais une rythmique lourde tombe à nouveau, et la folie reprend le
dessus.
"Oikeamielisten Sali" semble plus calme, à la fois au niveau de la composition que de
l’intensité du tempo, mais le titre n’en est pas moins intéressant. Mêlant diverses influences
sous une grosse dose de maîtrise musicale et de folie, le groupe se plaît à abuser de
claviers et de mélodies au son clair. On continue sur "Kuulen Ääniä Maan Alta" qui est… eh
bien presque dansante, avec des passages qui se rapprochent presque de l’electro, mais
les hurlements viennent rappeler les origines musicales de la formation dans un mélange
somme toute assez chaotique qui finira par s’apaiser dans une sorte de mélange
ambiant / trance. Dernier titre, "Taivaan Portti" renoue avec un son sale et violent, un mur de
noirceur auditive sur lequel transparaît quelques petites notes plus douces, plus aériennes
et qui viennent contraster le tout, rompant ainsi la linéarité du morceau.
Pour une surprise, "Mestarin Kynsi" en est une ! Oranssi Pazuzu n’est pas réputé pour son
accessibilité musicale, et ces six titres ne font pas exception à la règle. Plusieurs écoutes
sont nécessaires pour s'accommoder à cet univers particulier et en apprécier toutes les
nuances. Attention cependant à ne pas vous noyer dans les claviers.
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