Le groupe
Biographie :

Précoce, Daniel Gildenlöw (chant / guitare) forme son premier groupe à l'âge de onze ans à Eskilstuna (Suède). Le plus fort, c'est que Reality perdure et devient la base de Pain Of Salvation. Le groupe sort "Entropia" en 1997, un premier album qui voit d'abord le jour au Japon et en Roumanie. Malgré ce départ peu conventionnel, Pain Of Salvation retient l'attention par une vraie démarche artistique. Pain Of Salvation conçoit chaque album comme un concept, avec une unité de thème et une suite logique de titres. "One Hour By The Concrete Lake" (1998) et "The Perfect Element, Part I" (2000) portent en eux les germes du chef d'oeuvre à venir. "Remedy Lane" en 2002 est effectivement un album hors du commun, capable de sonner à la fois comme Genesis et comme Nine Inch Nails. "BE" en 2004 s'égare malheureusement en chemin, avant que "Scarsik : The Perfect Element, Part II" en 2004 ne rétablisse l'ordre des choses. Au passage, Pain Of Salvation voit ses fans se multiplier, en particulier sur le territoire français. L'année 2010 est placée sous le signe d'une nouvelle entreprise ambitieuse avec la sortie du concept "Road Salt". "Road Salt One" sort en Mai, alors que "Road Salt Two" sort en Octobre 2011. Pain Of Salvation franchit ainsi un nouveau cap dans sa quête musicale, avec un niveau d'exigence rarement atteint. Les deux volets de "Road Salt" forment un diptyque où le sombre le dispute à l'éblouissement. Entre fin 2011 et début 2012, Pain Of Salvation connaît différents mouvements de personnel qui régénèrent le groupe. C'est avec une formation modifiée aux deux tiers que Pain Of Salvation sort en Novembre 2014 l'album "Falling Home". Le groupe retrouve alors un semblant de stabilité et enregistre enfin sereinement son successeur, "In The Passing Light Of Day", qui sort en 2017. Le onzième album studio du groupe, intitulé "Panther", sort le 28 Août 2020.

Discographie :

1997 : "Entropia"
1998 : "One Hour By The Concrete Lake"
2000 : "The Perfect Element, Part I"
2002 : "Remedy Lane"
2004 : "BE"
2007 : "Scarsick : The Perfect Element, Part II"
2010 : "Road Salt One : Ivory"
2011 : "Road Salt Two : Ebony"
2014 : "Falling Home"
2017 : "In The Passing Light Of Day"
2020 : "Panther"


Les chroniques


"Panther"
Note : 19/20

Un peu plus de trois ans après "In The Passing Light Of Day", Pain of salvation est déjà de retour avec "Panther", c'est assez fou de voir qu'ils arrivent à sortir des albums aussi vite tout en étant aussi créatifs. D'ailleurs, "Panther" risque d'en désarçonner quelques uns parce qu'en termes de créativité il se pose là, vous êtes prévenus il va falloir être ouverts !

Dès "Accelerator", on sent une grosse patte électronique qui se mélange aux structures intriquées et tordues typiques de Pain Of Salvation avec des guitares quasiment absentes ou en tout cas noyées sous les effets electro. Ceux qui s'attendaient à du progressif classique (ce qui est un contresens total soit dit en passant) vont en être pour leur frais car Pain Of Salvation, comme à son habitude, a décidé d'expérimenter de nouvelles choses. Toujours est-il que malgré le changement de forme ce premier morceau est déjà doté de lignes de chant et de mélodies magnifiques et que la capacité du groupe à vous frapper en plein cœur n'a pas faibli ! Ce refrain retourne l'estomac et reste dans le crâne pour ne plus en sortir pendant des jours, en a peine cinq minutes le groupe vous met déjà une bonne grosse claque dans les dents et vous submerge d'émotions. "Unfuture" suit et malgré le fait que les guitares sont moins en avant et que les arrangements electro prennent le dessus, ce morceau doté d'un côté southern se montre dur et puissant avec des ambiances assez sombres. "Panther" est d'ailleurs un des albums, si ce n'est l'album le plus sombre du groupe jusqu'à maintenant et les ambiances prennent vraiment à la gorge. "Restless Boy" se trouve à cheval entre la dépression et le pétage de plombs bien glauque sur le refrain. Si "In The Passing Light Of Day" présentait un visage plus accessible, "Panther" renoue avec les vélléités expérimentales de Pain Of Salvation et risque d'en laisser quelques uns sur le carreau. Pourtant si les sonorités électroniques ne vous donnent pas des boutons, il y a vraiment une pelletée de moments mémorables sur "Panther" et une fois de plus les émotions vous prennent à la gorge.

C'est peut-être le morceau-titre qui risque le plus de diviser avec ce chant quasiment rappé sur un tempo plus énergique qui va rappeler "Scarsick" à pas mal de monde. Au delà-des questions de goûts, je crois que l'on tient là un des chefs d'oeuvre du groupe. Je ne sais pas si c'est le fait que les guitares en retrait leur permettent de se concentrer sur l'essentiel mais j'ai l'impression que le groupe, et Daniel Gildenlöw en particulier, se livrent comme jamais sur "Panther". Pain Of Salvation a toujours été un groupe qui met les émotions en avant et qui compose ses albums avec une sincérité totale malgré le fait que le tout est travaillé à l'extrême et que le hasard n'a jamais sa place dans tout ça. Mais ici, c'est encore plus pregnant, le côté un peu plus dépouillé, le fait qu'il y ait moins de couches de sons superposées renforce encore cette impression. Et pourtant il y en a des détails quand on tend l'oreille, des petites choses qui révèlent que le travail a été énorme et qui ne s'entendent pas forcément aux premières écoutes. Cela vient peut-être aussi du fait que les morceaux restent assez compacts et dans des durées raisonnables, en dehors des treize minutes de "Icon", poussant ainsi le groupe à aller droit au but. Ce dernier morceau est d'ailleurs une fois de plus bouleversant et les lignes de chant contribuent grandement à ce raz-de-marée d'émotions qui nous arrive dessus. Même si le groupe a toujours été sincère dans sa démarche, j'ai l'impression qu'il tombe le masque avec "Panther", une impression peut-être due au côté plus introspectif de ce nouvel album.

Incontestablement un des chefs d'oeuvre du groupe en plus d'être un de ses albums les plus expérimentaux et un des plus beaux. L'émotion explose à chaque morceau et vous submerge constamment que ce soit au travers du chant sublime de Daniel Gildenlöw ou par les mélodies qui, malgré l'apparence electro, sont d'une beauté terrassante. Ne vous laissez pas intimider ou tromper en vous disant que vous ne pourrez pas aimer "Panther" à cause de ces nouvelles sonorités, écoutez le et vous comprendrez bien vite que l'âme de Pain Of Salvation est toujours là et qu'elle n'a peut être jamais eu autant de choses à vous dire.


Murderworks
Novembre 2020




"In The Passing Light Of Day"
Note : 16/20

Après la douceur des volumes "Road Salt" et le côté expérimental et barré de "BE" et "Scarsick", Pain Of Salvation revient à quelque chose de plus dur et énergique avec "In The Passing Light Of Day". Un album évidemment basé sur les récents problèmes de santé de Daniel Gildenlöw et qui lui sert bien évidemment de catharsis sachant que le bougre avait de gros risques d'y passer.

Le ton est donné par les riffs de "On A Tuesday" très modernes et très metal dans l'âme et donc bien plus durs que ce que Pain Of Salvation nous a livré ces dernières années. Malgré ce cûté plus dur, les émotions arrivent à se faire sentir sans aucun problème tant ce sont elles qui guident l'ensemble des morceaux de ce nouvel album, lui donnant en général un côté assez poignant et forcément plus sombre que les dernières livraisons du groupe. On retrouve un Pain Of Salvation efficace, accrocheur, puissant, plus conventionnel et plus facile d'accès certes mais toujours aussi inspiré. Si les expérimentations passent globalement à la trappe, le progressif n'a pas disparu et le groupe balance toujours certains morceaux durant entre dix et quinze minutes. Daniel Gildenlöw place encore de temps en temps quelques lignes de chant barrées dont il a le secret, en particulier sur "Full Throttle Tribe" ou "Reasons". D'ailleurs si je dis que sa voix fait mouche et que son chant est encore une fois parfait et gorgé d'émotions, je pense que je ne surprendrai personne. Les amateurs d'expérimentations risquent de ne pas s'y retrouver sur cet album mais ceux qui aimaient le Pain Of Salvation des débuts vont pouvoir renouer avec ce qu'ils avaient aimé sur les premiers essais du groupe. "In The Passing Light Of Day" n'en est pas une resucée mais fait ressortir le côté metal progressif que l'on n'avait plus entendu depuis assez longtemps chez Pain Of Salvation.

En tout cas et malgré ces influences metal moderne que l'on sent dans certains riffs saccadés et dans les guitares accordées plus bas que terre, le groupe n'en fait toujours qu'à sa tête et produit une fois de plus une musique personnelle qu'il va être bien difficile de rapprocher de qui que ce soit d'autre. Malgré cela, ce nouvel album peut constituer une bonne porte d'entrée à tous ceux qui ont été découragés par des albums comme "Scarsick" ou "BE" et qui aimeraient redonner une chance à la musique du groupe. Parce que même si "In The Passing Light Of Day" présente un visage plus accrocheur, il n'empêche que les morceaux sont assez variés et que l'on y croise tout de même pas mal de sonorités différentes. Le seul morceau un peu moins percutant et inspiré est celui qui ferme l'album et qui aurait pu être raccourci sans problème au lieu d'être étiré jusqu'à quinze minutes. Mais c'est bien le seul qui peut nous faire ressentir une certaine lassitude, tous les autres morceaux passent comme une lettre à la poste et ne s'étalent pas outre mesure. Précisons aussi que l'album est doté d'un son surpuissant, organique, aux guitares énormes, ce qui n'est pas si étonnant quand on sait que c'est Daniel Bergstrand qui s'en est occupé.

Voilà donc un nouvel album plus simple d'accès, plus accrocheur et plus puissant que les précédentes livraisons de Pain Of Salvation. "In The Passing Light Of Day" risque donc de décevoir ceux qui aimaient le côté le plus expérimental du groupe mais devrait ravir les autres tant il est inspiré, efficace et toujours aussi blindé d'émotions.


Murderworks
Mars 2017


Conclusion
Le site officiel : www.painofsalvation.com