Le groupe
Biographie :

Pestilence est un groupe néerlandais de death metal formé au milieu des années 80, notamment par Patrick Mameli (guitare / chant), en tant que groupe de thrash metal. Leurs deux démos de 1987 retinrent l'attention du label Roadrunner Records. Après avoir signé chez eux, ils sortent en 1988 leur premier album : "Malleus Malficarum", puis "Consuming Impulse" l'année suivante. Au début des années 1990, leur style évolue rapidement vers plus de complexité. D'abord avec "Testimony Of The Ancients" (1991) qui voit l'utilisation de claviers et comprend de brefs "interludes" instrumentaux entre les morceaux, cet album devient vite un album culte dans le death metal mélodique et technique des années 90. Puis une dernière fois et de façon encore plus radicale avec leur dernier album "Spheres" (1993), qui intègre des influences de jazz new age. Le groupe se dissout en 1994 puis renaît en 2008 pour sortir l'album "Resurrection Macabre" en 2009 chez Mascot Records avec Mameli au chant et à la guitare, Tony Choy à la basse, et Peter Wildoer à la batterie. En Octobre 2009, Jeroen Paul Thesseling rejoint Pestilence après les quinze ans de séparation du groupe, remplaçant Tony Choy à la basse. Le groupe sort un album intitulé "Doctrine" en Avril 2011. Le 22 Février 2012, Patrick Mameli annonce le départ de Jeroen Paul Thesseling (base) et de Yuma Van Eekelen. Thesseling est remplacé par Stephan Fimmers (Necrophagist), et Van Eekelen par Tim Yeung (Morbid Angel, Divine Heresy, All That Remains, Hate Eternal). "Obsideo" sort Novembre 2013 chez Candlelight Records. En Juillet 2014, Patrick Mameli annonce la séparation du groupe. Pestilence se réunit à nouveau en 2016. Le line-up est composé de Patrick Mameli, Tony Choy et des nouveaux membres Santiago Dobles (guitare / Aghora) et Septimiu Harsan (batterie / Disavowed). Début 2017, Tony Choy est remplacé Alan Goldstein, lui-même remplacé mi-Avril par Tilen Hudrap, et Calin Paraschiv remplace Santiago Dobles. "Hadeon" sort en Mars 2018 chez Hammerheart Records. Gros changements de line-up entre 2019 et 2020 avec les arrivées de Joost Van Der Graaf (basse / Cypher, ex-Creepmime, ex-Dew-Scented, ex-I Chaos, ex-Sinister), Rutger Van Noordenburg (guitare / Bleeding Gods, Shinigami, ex-Baatezu, ex-Bloodphemy, ex-Cavitation) et Michiel Van Der Plicht (batterie / Aran Angmar, ex-Apophys, ex-Detonation, ex-God Dethroned, ex-Prostitute Disfigurement, ex-Toxocara, ex-Katafalk, ex-Travelers In Time). "Exitivm" sort en Juin 2021 chez Agonia Records.

Discographie :

1988 : "Malleus Maleficarum"
1989 : "Consuming Impulse"
1991 : "Testimony Of The Ancients"
1993 : "Spheres"
1994 : "Mind Reflections" (Compilation)
2006 : "Chronicles Of The Scovrge" (Live)
2009 : "Resurrection Macabre"
2011 : "Doctrine"
2013 : "Obsideo"
2018 : "Hadeon"
2021 : "Exitivm"


Les chroniques


"Exitivm"
Note : 16/20

Pestilence semble avoir trouvé son rythme de croisière puisque le groupe est de retour avec "Exitivm" après le bien sympa "Hadeon" sorti en 2018. Si vous avez écouté les albums sortis depuis la reformation du groupe, vous savez à quoi vous attendre, les velléités expérimentales de "Spheres" sont loin et le groupe fait ce qu'il sait faire de mieux, un death assez brutal, technique et dissonant.

Après une intro de près de trois minutes qui installe une ambiance froide, c'est "Morbvs Propagationem" qui démarre vraiment les hostilités avec des riffs typiquement Pestilence pour un morceau globalement bien énervé ! Le groupe ne perd pas de temps et les arrangements présents derrière les blasts ou les tapis de double ne sont pas sans évoquer un certain "Testimony Of The Ancients". Un album qui sera mis à l'honneur par une tournée spéciale en 2022, si les concerts peuvent voir lieu. Ces arrangements, nappes de claviers et orchestrations se font entendre sur la plupart des morceaux et rappellent vraiment ce pavé dans la mare qui a marqué tout le monde. C'était une de ses marques distinctives et le seul album sur lequel Pestilence avait fait ce genre de choses en poussant carrément le délire jusqu'à glisser plusieurs interludes instrumentaux. Pas de ça cette fois sur "Exitivm" qui reste plus direct et frontal mais on retrouve quand même cette envie de proposer une ambiance plus riche et du coup plus froide avec arrangements souvent glaciaux. Pour le reste, c'est du Pestilence pur jus et les riffs portent clairement la marque de groupe, il ne risque pas d'y avoir tromperie sur la marchandise. Certains ont trouvé que le groupe manquait d'inspiration sur les albums du retour, "Exitivm" devrait remettre les pendules à l'heure. On sent que Pestilence a envie d'en découdre, la patate est là, l'inspiration aussi et la personnalité inimitable du groupe saute aux oreilles. On retrouve cette froideur, ce côté dissonant des riffs, la brutalité, la technicité, bref tous ce qu'on recherche chez Pestilence est bien là et ce nouvel album ne fait pas vraiment dans la dentelle. Je ne sais pas ce qu'ils ont bouffé mais cette fois ils sont énervés.

Les morceaux ne dépassent pas les trois minutes trente secondes et Pestilence va droit au but, "Exitivm" est direct et brutal sans pour autant virer à la pluie de blasts. "Internicionem" prend des allures de rouleau compresseur avec ce up-tempo à l'ancienne, ces gros coups de double et ces structures bien tordues. Pas de gros changements en vue pour ce nouvel album mais une efficacité indéniable qui fait plaisir à entendre et qui devrait ravir quelques paires d'oreilles, en dehors des habituels grincheux qui regrettent tel ou tel album. Mais bon, c'est le problème de tous les groupes qui ont eu le malheur de sortir un chef d'oeuvre, on leur reprochera toujours de ne pas réussir à garder ce niveau à chaque sortie. "Exitivm" balance trente-neuf minutes de Pestilence typique et si personne ne risque d'être surpris par ces douze nouveaux morceaux, ça ne les empêche pas d'envoyer la sauce et de toucher au but. Du death metal froid, technique, tordu et brutal, c'est ce qu'on cherche quand on écoute un album de Pestilence et c'est exactement ce que ce nouveau méfait nous fournit. D'ailleurs, ces morceaux paraissent presque plus brutaux alors que le groupe balance moins de blasts que sur les précédents albums, ce qui prouve que les riffs eux-mêmes sont cette fois bien plus vicelards et teigneux. Les passages lourds sont aussi très efficaces cette fois et quand le groupe se prend pour un rouleau compresseur l'ambiance se fait glaciale et les mâchoires se déboîtent.

Un nouvel album typiquement Pestilence assez énervé et qui redonne de la place aux arrangements, orchestrations et à de discrètes nappes de claviers qui installent une ambiance très froide. "Exitivm" a la patate et le groupe prend un malin plaisir et démonter toutes les têtes qui auraient le malheur de traîner par là.


Murderworks
Septembre 2021




"Hadeon"
Note : 17/20

Je ne vais pas vous faire l'affront de vous présenter Pestilence, alors je vais simplement vous dire qu'on va parler de "Hadeon", nouvel album du groupe et donc nouvelle occasion pour certains de râler en disant que ce n'est pas un nouveau "Testimony Of The Ancients".

Ben oui, les gars, il va falloir vous y faire et passer à autre chose, parce que le groupe était déjà passé à autre chose avec "Spheres". Et après une petite intro, on retrouve directement la patte Pestilence avec "Non Physical Existent", donc suite de "Testimony Of The Ancients" ou pas, on reconnaît le groupe très vite et c'est la preuve que Patrick Mameli a su préserver l'identité de Pestilence malgré les multiples changements de line-up et les successions de splits - reformations. Les structures changeantes, les mélodies tordues, les riffs malsains, dissonants et techniques, tous les ingrédients sont toujours là et "Hadeon" perpétue la tradition. Les morceaux n'atteignent que rarement les quatre minutes et le groupe va à l'essentiel, du Pestilence pur sucre et pas autre chose. On retrouve d'ailleurs encore et toujours cette étrange machinerie sur la pochette, apparue pour la première fois sur la pochette de "Testimony..." d'ailleurs. On sent en tout cas que l'inspiration est bien de retour sur ce nouvel album qui, en plus d'avoir de bonnes compositions, bénéficie d'une bonne production avec un son puissant et clair qui met même la basse en avant. Le chant de Patrick Mameli est toujours aussi arraché là encore, dans la grande tradition du groupe, bref on retrouve un Pestilence en forme et ça fait plaisir. Sans être mauvais, certains albums depuis la reformation était un peu en-dessous de ce qu'on espérait de Pestilence, ce "Hadeon" remonte la barre et même si les éternels grincheux ne seront pas contents cette fois encore, les autres pourront se délecter de ces treize morceaux.

Ces derniers sont assez directs et, comme je le disais plus haut, ne perdent pas de temps, installant tout de même l'habituelle ambiance froide et oppressante. On retrouve ce croisement thrash / death avec quelques touches jazzy, ces riffs complètement dissonants et déshumanisés. L'impression de déshumanisation est d'ailleurs renforcée par quelques petits artifices, comme le vocoder sur "Astral Projection" ou "Ultra Demons", le genre de petits détails qui ne paient pas de mine mais qui permettent de faire baisser la température de quelques crans de plus. Je trouve que l'esprit de la grande époque est bien là, n'en déplaise à tous ceux qui attendent que Pestilence fasse dix fois le même album, "Hadeon" ne trahit en rien la personnalité du groupe et au contraire la ravive de bien belle façon. D'autant plus que le groupe a toujours été le seul à proposer cette mixture particulière de death, de thrash, de technique et de dissonances, et même à l'époque des grands Death, Atheist ou Cynic personne ne créait un univers aussi singulier que celui de Pestilence (ce qui n'enlève rien à leur qualité, calmez-vous, je parle juste de la capacité à créer un univers particulier et reconnaissable). Les quarante minutes passent à toute vitesse et on se surprend à en vouloir une nouvelle dose à peine "Hadeon" terminé.

"Hadeon" nous présente donc un Pestilence en grande forme, de quoi se dire que Patrick Mameli a bien fait de reformer le groupe encore une fois (même s'il faudrait se décider quand même). Les éternels ronchons ne seront toujours pas contents mais les autres auront du bon Pestilence à se mettre dans les oreilles.


Murderworks
Septembre 2018




"Obsideo"
Note : 14,5/20

Chroniquer ce dernier album de Pestilence aura eu le mérite de me replonger dans la discographie des Hollandais. "Spheres" étant L'ALBUM de death qui m'est le plus hermétique (et pourtant, les trucs perchés, ça me connaît), j'avais toutefois la conviction qu'un jour j'allais y rentrer dedans. Deux ans, 5 ans après sa sortie, j'y revenais régulièrement, frustré, sans enthousiasme, conscient de passer à côté de quelque chose de novateur et de grand. Et nous voilà en 2013... Pestilence a eu le temps de se reformer, sortir deux albums ("Resurrection Macabre" et "Doctrine") qui n'ont malheureusement pas tenu leur promesse.

La sortie d'"Obsideo" était donc l'occasion de réécouter "Malleus", "Testimony" et... "Sphere". Il m'aura donc fallu 10 ans pour être prêt à l'aborder, l'écouter avec délectation et prendre la mesure du potentiel "futuriste" de cet album aux sonorités jazz rock, un peu le 2001 l'Odyssée de l'espace du metal. Bref, passons donc au Pestilence "XXI Century". L'écoute des deux derniers albums ne m'ont pas vraiment transcendé, comme si le groupe rebroussait chemin, regressait... contrairement aux groupes de leur ancien vocaliste Van Drunen, les Hails Of Bullets, Asphyx qui ont toujours réalisé d'excellents albums, la bande à Mameli était carrement à la traîne.

"Aura Negative", le premier titre d'"Obsideo" dévoilé sur le net aura tout de même surpris son monde qui n'y croyait plus. Les changements de line-up n'y sont peut être pas pour rien avec l'arrivée de Georg Baier à la basse et David Haley (Psycroptic, The Amenta, Ruins) aux fûts. Mameli, à l'image d'un selectionneur sportif, est en quête de son Pestilence idéal, sa "dream team". Les premiers titres forcent le respect (de "Obsideo" au vorace "NecroMorph"), riffs acérés, dissonnants, rythmiques bulldozers, on est tout proche d'un "Land Of Tears" ou encore d'un "The Secrecies Of Horror". Les Hollandais reviennent également sur des motifs futuristes par l'intrusion décalée de soli jazzy sur "Distress", "Soulrot", "Saturation", reste que la voix de Mameli peine un peu, s'essouffle mais participe à une ambiance assez sombre, glaciale.

On peut toujours regretter que le retour de Pestilence se soit transformé en pétard mouillé, toutefois nous avons ici 34 minutes de qualité qui suffisent à rendre cet "Obsideo" attractif, efficace et donne l'envie d'y revenir.


Boris
Décembre 2013


Conclusion
Le site officiel : www.pestilence.nl