"The Octagonal Stairway"
Note : 12/20
On va mettre la délicatesse de côté, Pig Destroyer nous envoie son nouvel EP en pleine
face. Deux ans après un album acclamé, Scott Hull (guitare, Agoraphobic Nosebleed),
J.R. Hayes (chant, ex-Agoraphobic Nosebleed), Blake Harrison (synthétiseurs / samples,
Hatebeak), Adam Jarvis (batterie, Lock Up, Misery Index, Scour…) et leur nouvelle
recrue Travis Stone (basse, ex-Necropsy) reviennent nous violenter auditivement.
Pour rappel, on part de gindcore, alors vous êtes prévenus : ça va aller vite, taper fort et
crier encore plus fort. "The Octagonal Stairway" est la parfaite incarnation du style. Le titre ne
perd pas de temps, offre un déluge de notes dissonantes, de larsens, de patterns violents et
d’agression sonore. Même constat pour "The Cavalry", qui nous assomme littéralement avec
un hurlement surpuissant d’entrée, pour nous amener bien vite des riffs gras et tranchants.
Pas de pause, pas le temps de souffler, on passe à Cameraman , un morceau dans la même
veine que les deux précédents qui vient hurler à nos esgourdes. Des bruits électroniques
s’invitent bien vite à la fête, et le mélange fait mouche.
Deuxième partie de l’EP, "News Channel 6" nous offre un sample sur… une sorte de
rythmique entraînante ? Bon. On continue avec "Head Cage", un… autre sample inquiétant
qui nous fait patienter à nouveau en offrant quelques petits larsens, des frappes régulières
et surtout quelques voix. Bon. Dernier titre, et pas des moindres, "Sound Walker" est une
sorte d’expérimentation sonore avec des percussions signées Igor Cavalera (Cavalera
Conspiracy, ex-Sepultura). Et pour être honnête, on s’ennuie un peu pendant ces ONZE
minutes… Si vous aimez la musique bruitiste ou expérimentale, vous penserez
probablement différemment.
Pig Destroyer est revenu, et… "The Octagonal Stairway" a bien surpris. Si les trois premiers
morceaux sont excellents, le reste de l’EP est beaucoup trop différent pour séduire.
"Head Cage"
Note : 17/20
Vous pensiez connaître le grindcore ? Alors vous allez maintenant connaître la version de
Scott Hull (guitare, ex-Anal Cunt) grâce à Pig Destroyer. En 1997, en plus d’Agoraphobic
Nosebleed, le guitariste américain décide de former un groupe qui représente le grindcore
tel qu’il “devrait être”. Pour cela, il engage divers musiciens dont J.R. Hayes (chant,
ex-Agoraphobic Nosebleed) et ce projet sort aujourd’hui son sixième album. Côté line-up,
Blake Harrison (claviers / samples, Hatebeak), Adam Jarvis (batterie, Fulgora, Misery
Index, Scour) et John Jarvis (basse, Fulgora, Scour) se sont progressivement ajoutés au
duo de base, pour sortir "Head Cage", le sixième album du groupe. On commence ?
Premier contact avec ce nouvel album, "Tunnel Under The Tracks" est un sample qui se
retrouve rapidement dérangé par un larsen provoqué par la puissance du groupe et un autre
sample qui introduit "Dark Train", la première vraie composition. De la puissance brute et de la
distorsion, rien d’autre. Je dois avouer que si ce titre me ramène trente ans en arrière, aux
débuts du gindcore, "Army Of Cops" est bien plus réfléchi. Certes la volonté demeure, mais
la rythmique est beaucoup plus construite, même si la base violente demeure. Je n’ai aucun
doute que cette composition fasse remuer toute une fosse en live, mais sur album la volonté
est altérée par le sample qui coupe le titre en deux avant de réellement libérer la puissance
qu’il mérite. Par contre, "Circle River" est beaucoup plus axé old school avec des riffs que les
novices pourraient qualifier de vieillots, mais qui font clairement plaisir à entendre en 2018.
Vous en avez assez ? Alors partez, car "The Torture Fields" n’aura aucune pitié pour les
oreilles sensibles, et les harmoniques criardes vont probablement en dérouter plus d’un,
mais ce son est tellement bon grâce au mix dont il bénéficie qu’il s’écoute sans faim. On
reprend avec un "Terminal Reach" surpuissant qui m’a clairement surpris autant par son
introduction pachydermique que par sa rapidité. Beaucoup plus criarde, "Concrete Beast"
revient aux racines du style avec cependant une rythmique plus lente voire plus
expérimentale, mais la violence réfléchie sera récupérée par "The Adventures Of Jason And
JR". Les blasts succèdent aux parties construites et aux riffs techniques, alors que "Mt. Skull"
va déchaîner à nouveau toute la puissance du groupe.
"Trap Door Man" ne changera absolument pas sa recette avec des hurlements criards à
souhait et des harmoniques dérangeantes qui rappellent clairement un combo anglais, alors
que "The Last Song" fait la part belle à la basse pour une introduction qui amène finalement le
titre le plus dérangeant de l’album. Les riffs hurlants se succèdent pour ce qui sera une vraie
déferlante en live, mais ce n’est (surprise !) pas le vrai dernier titre. Le groupe reprend avec
"House Of Snakes", une composition longue et réfléchie qui tire autant sur le grind / death que
sur des influences prog et atmosphériques qui au final se marient à merveille. La basse
hurle presque aussi fort que la guitare alors que le batteur se donne pleinement pour ce titre
aussi changeant que violent, et qui marque la fin de l’avalanche.
Pig Destroyer a voulu frapper un grand coup. Donc Pig Destroyer s’est littéralement affalé
sur tout ce qui se fait de violent en ce monde, en riant au nez des autres groupes. Si vous
avez aimé les débuts du grindcore, je n’ai aucun doute sur ce que je vais dire : vous allez
aimer le nouvel album du groupe, malgré ses écarts de mixage. On se voit dans le pit ?
"Book Burner"
Note : 15/20
Un album de Pig Destroyer est toujours un mini évènement dans le monde du grind ; quinze années d’activité pour le trio mené par Scott Hull, l’emblématique guitariste et seul musicien d’Agoraphobic Nosebleed ; quatre albums au compteur, une flopée de splits et EPs. C’est dire si ce "Book Burner" était attendu par les aficionados, huit ans après "Terrifyer", l’album référence d’un trio qui a su imposer un son bien à lui.
Il est toujours difficile de chroniquer un album de grind, de par l’imposante quantité de compos et leur durée minimaliste ; dix neufs titres sont ainsi proposés, ainsi que sept covers dans la version deluxe.
A l’inverse d’Agoraphobic Noisebleed, Pig Destroyer a choisi une voix plus travaillée, moins violente ; une rythmique chirurgicale due à une batterie omniprésente mais bridée essentiellement par une production trop académique, techniquement parlant.
Il en est de même pour les riffs de Scott, judicieusement calibrés pour rendre l’ensemble homogène et propre… principal reproche d’un album qui ne reflète pas toujours le genre qu’il défend.
Nous aurions aimé sentir une fureur rance et violente, une démence cradingue, d’avantage d’aliénation dans le chant, mais en souhaitant trop maîtriser leurs effets, Pig Destroyer nous offre un résultat contradictoire aux thèmes abordés. Certains titres tels "Book Burner", "Totaled" et "King Of Clubs" envoient du bois, mais l’ensemble reste un peu trop sage" pour être définitif.
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