Tel le petit con que je suis, et pendant l’écoute de "Temps d’Epreuves", l’intro de ce disque, j’étais prêt à écrire que "Pleurs" portait bien son nom, qu’on allait chialer car je m’attendais à du post-machin truc bien émotif. J’avais donc augmenté le son de mes enceintes en conséquence, n’attendant finalement pas grand-chose de plus qu’une musique larmoyante. Puis "De L’Interactionnisme" m’a littéralement agressé et en l’espace de 5min10 m’a fait comprendre à quel point être en permanence ce petit con arrogant bourré de certitudes ridicules peut facilement jouer des tours. Bref, je m’étais fourvoyé. Et pas qu’un peu.

Non seulement "Pleurs" n’a rien à voir avec quelconque post-machin truc, mais surtout "Pleurs" est une petite claque (qui, pour le coup, fait pleurer, parce qu’une claque ça fait mal). Alliage de death, black, doom et de prog, Présages évolue dans un univers sombre, oppressant et en proie à un certain chaos parsemé de quelques illuminations bien souvent factices. L’utilisation du français donne d’ailleurs une autre dimension au désespoir et à la perdition qui jalonnent ce disque ("Vision", "Hiérophanie", "Simple Objet"). Moi qui n’avait jamais entendu parler de cette formation jusqu’alors, j’avoue avoir pris un plaisir non dissimulé à découvrir ce disque. Je trouve même à ce "Pleurs" un léger côté “épique” qui n’est pas sans me rappeler mes premiers amours pour Septicflesh par exemple, même si, musicalement, nous en sommes relativement éloignés.

Je n’irai pas jusqu’à tomber dans les clichés et écrire que la voix caverneuse nous happe et nous agrippe pour une longue descente vers les abysses, mais pas loin. "Pleurs" a une personnalité forte, instable, pleine de questionnements, de doutes et d’illusions. En cela, "Pleurs" a une personnalité très humaine et touchante. Le tout entrecoupé de nappes électroniques et d’enregistrements d’entrevues venant donner encore plus de profondeur à une atmosphère déjà bien travaillée. Doom oblige, la lourdeur est omniprésente, la chute est inévitable et sans fin. "Observance" apparaît d’ailleurs bien vite comme la prise d’inspiration juste avant d’être de nouveau entraîner vers les profondeurs, pour cette fois y succomber et ne plus jamais espérer revenir à la surface. En bout de lecture, "Pleure", l’ultime piste, achèvera l’auditeur, ne lui laissant plus aucune possibilité de sortir indemne de cette expérience. Du haut de ses presque quarante minutes, "Pleurs" ne s’écoute pas, il se vit, il se ressent et se respire.

Alors que conclure ? Écoutez ce disque ! Voir que ce genre de groupes ne dépasse même pas les 500 followers sur les réseaux sociaux est une hérésie. "Pleurs" ne se livrera pas facilement au premier venu, mais l’oreille avertie et amatrice de sonorités puissantes et recherchées se régalera à coup sûr.