Nos cousins du Québec, très productifs et très inventifs, se trouvent à nouveau entre mes mains crochues et pleines de cornes.
Comme un avare qui vient de trouver une piece par terre, je me retourne, prêt à en découdre avec le moindre gus qui voudrait me piquer mon trésor musical.
Progenies est donc prêt à l’effeuillage, il va falloir se mettre à nu afin que mes mains baladeuses se promènent avidement sur les lignes musicales que propose "Beings Of Flesh".
Je pense qu’on pourrait qualifier la musique de prog metal au vu des divers plans musicaux hors metal qui passent entre mes oreilles cireuses.
"Ethereal" débute l’album, une certaine nostalgie s’empare de moi à l’écoute de ce morceau gorgé d’émotions. Merde, deviendrais-je sensible comme une lope de bas étage ? La guitare sèche fait place à la guitare électrique, la basse gémit comme si elle venait de perdre un être cher, puis une gros riff vient sécher mes larmes abondantes. "Ethereal" mélange habillement l’émotion à la puissance. Dommage que je n’ai pas les textes car je serais curieux de découvrir de quoi ils traitent.
Le chant est accrocheur, peut-être un peu trop à la première écoute mais par la suite, dans le contexte musical, il appuie la longue plainte mélodique de ce morceau d’ouverture.
10 minutes extrêmement denses, pleines de rebondissements, j’appelle cela un morceau à "étages", chaque palier est différent.
"Genesis" commence façon metal traditionnel, avec un gros riff syncopé et des contretemps à foison.
A la différence près, c’est que ce début de compo est vachement bien travaillé, un clavier se fait discrètement entendre. Le morceau est un instrumental de deux minutes qu’il faut écouter plein gaz, car bien que simple, il a la férocité d’un rouleau compresseur.
Le début d’album est excellent, par contre "In Death" baisse sensiblement le niveau et par la même occasion mon attention se relâche d’un coup. Le titre est extrêmement classique, sans la moindre nouveauté, ni plans intéressants. Seule la fin des 6 minutes rattrape in extremis la compo grâce à son passage planant, hélas il est trop court et intervient trop tard.
"Necropolis Part 1" nous fait un bis repetita du titre précédent, et le passage intéressant n’intervient qu’après 6 minutes d’écoute. Progenies excelle dans les passages un peu plus tordus et plus progressifs. Le groupe touche la cible à chaque fois qu’il part dans des mélodies progressives, dès lors, le talent des musiciens s’exprime et l’émotion passe.
Au niveau de la prod' de l’album, je trouve le son ainsi que le jeu de basse simplement excellents. Les 10 minutes du morceau prennent une dimension supérieure à partir des 6 minutes, dès lors, la connexion s’opère et je me trouve envoûté jusqu’à la dernière seconde.
"Necropolis Part 2" voit l’intervention d’un chant féminin. Sur "Necropolis Part 1", le chanteur laisse de côté le chant rauque pour partir en voix claire pendant quelques instants. Cette fois-ci, le chant féminin, qui ne dure pas bien longtemps, nous amène jusqu’au passage plus progressif de la composition.
Me voilà rendu sur un titre très intéressant, "Regeneris". Les guitares se posent, le côté gros riffs disparaît, l’univers du metal est très loin, le chanteur parle comme un speaker télévisé, je sens que le morceau monte en puissance. Putain, terrible ! La basse est tout bonnement énorme sur ce titre, sur tout l’album je dirais même. Trois minutes un peu hors du metal, la compo est surprenante, il fallait oser la faire et je la trouve complètement énorme.
Le titre qui va clôturer l’album commence violemment pour par la suite tout déglinguer avec le côté progressif, c’est vraiment exceptionnel ce qu’ils font, ça prend à chaque fois.
"The Age Of Chaos" est foudroyant, le rythme change sans arrêt et passe de la puissance à la finesse avec un talent incroyable. Progenies ose, se lâche, emporte tout sur son passage.
Ce type de composition est d’une richesse incroyable, elle incorpore violence, finesse et créativité.
Devant ce fait accompli, je n’ai pas énormément de critiques à faire sur cet album riche en émotions. Mis à part le fait qu’ils auraient gagné le pari de faire un skeud énormissime en laissant de côté les passages plus metal classique, car à chaque fois que Progenies a fait une incartade dans des sentiers qui sortaient du commun, je suis resté sur le cul devant l’inventivité et le sens musical de ces côtés plus "hors nomes".
Donc oui, Progenies touche du doigt le "hors norme", l’excellence. Les cousins québécois ont encore une fois fait preuve d’audace en brisant complétement les barrières musicales pour incorporer différentes influences.
Très bon album horné d’une splendide pochette. Faites-moi plaisir les gars, pour la suite lâchez un peu plus le côté metal "classique" et partez à fond dans ce côté prog mélodique que vous maîtrisez à la perfection et qui a rendu l’écoute de "Beings Of Flesh" excellente.
|
|