Le groupe
Biographie :

Prometheus est un groupe de black / death metal grec formé en 2007 et actuellement composé de : Nodens (batterie / Lord Impaler, Temple Of Katharsis, Typhoeus, ex-Vampire Hall), Esophis (guitare, basse, synthé / Tribe Of Neptune, Typhoeus), Q_Snc (clavier / Shadowcraft, ex-Litrosis, ex-Unholy Ritual, Crown Thy Horns, ex-Diabolical Principles, ex-Kawir, ex-Lykaionas, ex-Savaoth, ex-Everdome) et Meleager (chant / Birth Through Gore, Godless, ex-Evade, ex-Obscence). Prometheus sort son premier album, "Consumed In Flames", en Avril 2017 chez Katoptron IX Records, suivi de "Resonant Echoes From Cosmos Of Old" en Octobre 2020 chez I, Voidhanger Records, et de "Aornos" en Juillet 2022.

Discographie :

2017 : "Consumed In Flames"
2020 : "Astrophobos" (EP)
2020 : "Resonant Echoes From Cosmos Of Old"
2022 : "Aornos"


Les chroniques


"Aornos"
Note : 16/20

Après "Consumed In Flames" qui présentait un black / death assez brutal et "Resonant Echoes From Cosmos Of Old" qui se faisait plus lovecraftien, rampant, cosmique et gras, les Grecs de Prometheus sont de retour avec un troisième album nommé "Aornos" et un visage une fois de plus quelque peu différent. Le black / death est toujours d'actualité mais cette fois le groupe fusionne un peu tout ce qu'il a fait jusqu'à maintenant de façon plus homogène.

Après deux minutes d'introduction très posées et orientées musique traditionnelle grecque avec quelques notes de lyre, c'est "The Devouring Chasm" qui démarre vraiment l'album avec des riffs qui sentent fort le Morbid Angel. Quelques mélodies et surtout des ambiances bien plus sombres s'installent ensuite avec un côté black metal plus marqué et des blasts qui viennent trancher avec la lourdeur affichée en début de morceau. Des ambiances qui se font aussi plus épiques malgré leur noirceur et qui s'éloignent des délires lovecraftien du précédent album. On est plus dans le mythologique cette fois voire même tout simplement historique puisque "Aornos" est visiblement inspiré du mythe de Charon et de la rivière Léthé. Cela n'enlève rien à la brutalité de Prometheus qui ne lève pas vraiment le pied et tape assez fort sur ce troisième album, ce qui fait de ces cinquante-cinq minutes un voyage assez éprouvant. Comme précisé plus haut, le death et le black se renvoient régulièrement la balle et cet équilibre est assez bien illustré par un morceau comme "Slithering Tongues Of Lethe" qui passe de riffs très Morbid Angel et lourds à des blasts rageurs surmontées de riffs froids en trémolo évidemment bien plus black metal. On retrouve aussi cette patte occulte que l'on retrouve souvent dans la scène black metal grecque de nos jours et que Prometheus nous a déjà fait entendre, d'ailleurs le maître d'oeuvre d'Acherontas, V.P Sorcerer, apparaît en guest sur "Vessel Of Empiricism" histoire de confirmer la filiation. Un morceau d'ailleurs bien plus fantomatique et lourd qui tranche bien avec la violence très soutenue du reste de l'album. La façon qu'a V.P Sorcerer de déclamer ses lignes lui donne une aura d'autant plus occulte et irréelle.

Comme d'habitude, les morceaux sont assez longs et s'étalent fréquemment sur sept ou huit minutes et vu les ambiances développées et la violence affichée, il va falloir s'accrocher. "Aornos" n'a rien d'inaccessible mais sa profondeur et son intensité le rendent tout de même exigeant et je ne doute pas qu'il va en épuiser plus d'un. Prometheus n'a de toute façon jamais été le groupe le plus facile à approcher et sa musique se fait une fois de plus personnelle et dense. Après quatre morceaux brutaux et intenses et la coupure plus occulte et fantomatique offerte par "Vessel Of Empiricism", c'est la mélancolie qui se fait une place sur "The Alpha And The Omega Revealed Part 1". L'ambiance est suffisamment puissante pour que l'on comprenne vite que la fin du voyage arrive sans même jeter un œil au tracklisting. Un dernier morceau découpé en deux parties qui prennent elles aussi le temps de développer leurs ambiances, en un peu plus de huit minutes pour l'une et quatorze pour l'autre. On a même droit à un moment très My Dying Bride avec chant plaintif en prime sur cette dernière partie décidément mélancolique malgré la volée de blasts prise juste avant ce passage tout en tristesse. Ce nouvel album se fait à la fois brutal et épique et permet à Prometheus de nous montrer une autre facette de sa personnalité tout en restant aussi atypique que sur ses deux précédents méfaits. Comme la plupart des signatures de I, Voidhanger Records, ce groupe sors des sentiers battus et propose quelque chose qui le place d'emblée hors des scènes extrêmes classiques. Rien d'expérimental pour autant mais une volonté affirmée de se démarquer de la meute et de développer un univers personnel et profond.

"Aornos" garde donc la brutalité de ces prédécesseurs et y ajoute une patte plus épique pour un black / death toujours aussi destructeur et personnel. Loin du bourrinage intensif, Prometheus nous livre un nouvel album profond, intense et doté de fortes ambiances qui va demander quelques écoutes pour en saisir le propos.


Murderworks
Septembre 2022




"Resonant Echoes From Cosmos Of Old"
Note : 16/20

Deuxième album pour les sauvages de Prometheus qui pratiquaient déjà un black metal violent, froid et malsain en digne héritier de la seconde vague norvégienne sur "Consumed In Flames". Ces Grecs sont donc de retour avec "Resonant Echoes From Cosmos Of Old" et s'ils se sont calmés, la santé mentale est toujours aux abonnés absents ! Soit dit en passant, je chronique beaucoup de groupes grecs en ce moment et ça fait plaisir de voir que cette scène pionnière en matière de metal extrême reprend du poil de la bête.

"Gravitons Passing Through Yog-Sothoth" ouvre l'album en blastant d'entrée de jeu et en présentant des ambiances qui se montrent déjà encore plus malsaines et glauques que sur "Consumed In Flames". Des growls bien profonds nous accueillent et le groupe qui s'inspire des écrits de Lovecraft arrive à en retranscrire l'ambiance en une poignée de secondes ! Un tempo beaucoup plus lourd vient s'installer longuement et surprend en montrant un Prometheus bien moins virulent et plus cosmique dirons-nous, développant ainsi un côté occulte plus prononcé. Là où le premier album était constamment habité d'une rage non contenue, ce premier morceau nous dévoile un groupe perdu au fin fond de l'espace, dans une dimension parallèle où le temps ne s'écoule pas de la même façon et où les grands anciens batifolent gaiement (oui, bon, je revisite un peu Lovecraft, ça va...). "Azathoth" suit avec un riff d'ouverture qui sent étrangement le vieux Morbid Angel et prouve du coup que les influences death ne sont pas passées à la trappe, en plus de bourriner assez sauvegement évidemment. Le son des guitares est tranchant comme une lame de rasoir et vos tympans vont prendre cher avec cette réverbe qui donne un côté volontairement bordélique et insaisissable. Les morceaux sont toujours aussi longs et n'hésitent pas à taper dans les sept ou huit minutes permettant à Prometheus de développe tranquillement ses ambiances, ce qui est d'autant plus appréciable qu'elles sont encore plus travaillées sur "Resonant Echoes From Cosmos Of Old".

Les sonorités black passent quant à elles de la seconde vague norvégienne à quelque chose de plus proche de la scène occulte ou orthodoxe avec quelques dissonances et des ambiances pesantes et malsaines. La violence est plus contrôlée aussi et le groupe ne se contente plus de blaster à tout va comme sur son précédent album. Prometheus privilégie ici un tempo globalement bien plus lourd pour appuyer ces ambiances glauques et rendre l'évocation de l'univers de Lovecraft d'autant plus prenante. Le chant est d'ailleurs passé de la voix black typique à des growls profonds totalement death metal dans l'esprit. Ceux qui avaient apprécié ce côté tir d'artillerie sur "Consumed In Flames" en seront pour leur frais parce que ce sont bien les ambiances qui dirigent sur ce nouvel album. En milieu d'album ou en gros à partir de la fin de "Astrophobos", le groupe ressort ponctuellement quelques mélodies typiquement metal grec qui rappellent dans l 'esprit les guitares des premiers Septicflesh, apportant encore d'autres ambiances à un album qui les met bien plus en avant que son prédécesseur. En parlant de choses bien mises en avant, voilà un groupe de black metal qui aime la basse parce que vous allez l'entendre plus d'une fois quasiment prendre le pas sur les guitares, comme sur le morceau-titre par exemple. "The Crimson Tower Of The Headless God" qui clôt l'album remontre les sonorités très dissonantes et malsaines proches des derniers Mayhem qu'exhibait déjà plus d'une fois "Consumed In Flames" et termine ce nouvel album de façon bien sale et glauque.

Un nouvel album plus posé, plus contrôlé et qui ne balance plus autant de blasts à la seconde mais qui propose en contrepartie des ambiances plus prenantes, plus majesteuses parfois. Le thème lovecraftien s'entend très bien et Prometheus nous envoie six nouveaux morceaux aussi denses qu'hors du temps, donnant des ambiances aux airs de voyage chez les grands anciens. Ceux qui avaient aimé la sauvagerie de "Consumed In Flames" seront peut-être déçus mais "Resonant Echoes From Cosmos Of Old" est très bien ficelé et ses ambiances font leur effet donc n'hésitez pas à y jeter une oreille.


Murderworks
Janvier 2021


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/prometheus-470099489729898