"Excessive Outburst Of Depravity"
Note : 13,5/20
Fondé en 1986, le groupe de thrash metal allemand Protector bénéficie d’un statut de formation culte depuis son premier LP "Golem" (1988) et sort cette année son huitièmème album studio sur le label High Roller Records. Malgré une longue pause entre 2003 et 2011, les teutons sont restés actifs, sortant régulièrement albums studio, EPs, démos et même un live. Hormis le chanteur Martin Missy qui est un des fondateurs du groupe, les membres du line-up actuel ne sont arrivés qu’en 2011.
Dès les premiers accords du morceau "Last Stand Hill" qui ouvre les hostilités, on se rend bien compte que Protector n’est pas le genre de groupe à se compromettre. En effet, force est de constater que le groupe n'a rien perdu de la fureur qui le caractérise. Véritable rouleau compresseur, leur son est puissant et agressif à souhait. Le tempo rapide et les riffs impitoyables n’empêchent néanmoins pas le gratteur Michal Carlsson de nous prodiguer de temps à autre quelques soli virtuoses qui donnent un peu d’aération dans ce magma sonore.
Si le tout sonne résolument thrash old school dans la plus pure tradition germanique, les influences death / black des musiciens sont néanmoins palpables, comme en témoignent des morceaux comme "Open Skies And Endless Seas" (qui sonne presque à la Dissection) ou "Infinite Tyranny". Il faut dire que le chant de Martin Missy est rauque et donne volontiers dans la voix death. L’héritage de groupes cultes comme Kreator, Destruction ou Sodom est indéniable : Des morceaux comme "Perpetual Blood Oath", "Cleithrophobia" ou "Shackled By Total Control" en sont la preuve. Certains titres sonnent presque black metal old school dans l’esprit de Darkthrone ou Celtic Frost, c’est le cas de "Toiling In Sheol". L’implacable "Morse Mania" vient couronner un disque qui donne dans le thrash metal old shool teinté de black traditionnel et de death.
Bien que leur son n’ait rien de révolutionnaire et respecte à la lettre les codes du genre, les Allemands de Protector parviennent néanmoins avec "Excessive Outburst Of Depravity" à composer un album diversifié du point de vue de ses influences, ce qui en fait un disque incontournable pour les fans de metal extrême.
"Summon The Hordes"
Note : 13/20
Trois ans après "Cursed And Coronated" (2016), les gentils teutons de Protector nous reviennent avec un nouvel opus intitulé "Summon The Hordes" (High Roller Records). Un titre évocateur s’il en est, tant ce nouvel album sent bon la sueur, les cartouchières en bandoulière, les vestes à patches et la "curry wurst" berlinoise bien grasse et bien relevée. En effet, depuis la sortie de son premier LP en 1988 ("Golem"), on serait bien en peine de trouver une once d’évolution dans les riffs de bûcheron des thrashers allemands. Au point qu’on se dit que s’ils changent de style un jour et se mettent à jouer du metal fusion ou du emo-core, il n’est pas exclu que le pape François se mette à son tour à écouter du trve black norvégien voire invite Burzum à se produire au Vatican !
Dès les premiers accords de "Stillwell Avenue", le groupe affiche la couleur avec des riffs d’outre-tombe qu’on croirait sortis d’un des premiers albums de Destruction ou de Sodom. La voix de Martin Missy, le vocaliste historique du groupe qui a rejoint le groupe en 1987, est égale à elle-même et sonne toujours aussi old school. A l’écoute de titres aussi couillus que "Three Legions", "Two Ton Behemoth", "The Celtic Hammer" ou "Steel Caravan", on a presque l’impression que le temps s’est arrêté en 1985. Heureusement, il faut reconnaître que la production est tout de même d’une qualité largement supérieure à ce qui se faisait à l’époque. Tel le personnage d’Hibernatus dans la fameuse comédie française du même nom, les musiciens de Protector semblent s’être téléportés depuis le passé tant ils jouent un thrash mâtiné de death de la même manière qu’ils auraient pu le faire 30 ans auparavant. Ceci n’enlève rien au plaisir que l’on peut éprouver en écoutant l’album, me direz-vous ? Effectivement, il n’y a aucun temps mort sur ce disque et pas le moindre ralentissement de tempo, comme en témoigne par exemple le titre éponyme de l’album "Summon The Hordes" qui est certainement un des plus speed de ce disque.
Enfin, l’album est clôt par une chanson aux sonorités thrashcore ou mosh ("Glove Of Love") qui n’est pas sans rappeler les premières heures d’Anthrax ou de DRI, ce qui contraste un peu avec le reste du disque. Mais, hormis ce titre, il faut bien avouer que le groupe fait figure d’intégriste au sein de la scène thrash allemande ! Bref, si vous cherchez de la nouveauté, vous n’avez sûrement pas frappé à la bonne porte. Dans le cas contraire, pas d’inquiétude : vous pouvez sortir vos bracelets cloutés et vous laisser porter par les riffs en dents de scie de Protector !
"Cursed And Coronated"
Note : 18/20
Il m’est souvent arrivé dans mes chroniques de dire que les légendes ne mouraient jamais réellement, eh bien le groupe dont je vais vour parler aujourd’hui fait partie pour moi des légendes du thrash et du death européen au même titre que Kreator ou Sodom, et eux aussi grande coïncidence nous viennent d’Allemagne (de Wolfsburg exactement). L’empreinte de l’Allemagne sur le metal en Europe est énorme, ce n’est plus un secret pour personne, certes le groupe dont je vous présente le nouvel album aujourd’hui n’a pas eu la carrière qu’il méritait mais les arrivées et les départs au sein d’un groupe sont toujours handicapants, c’est un fait vérifié.
Le passé étant le passé paraît-il, le groupe enchaîne son deuxième album en trois ans (2013 étant l’année du grand retour) et nous offre donc "Cursed And Coronated", la cuvée 2016. Mais enfin de qui nous parles-tu Vince ? Eh bien de Protector, les amis, les papes du thrash death teuton, pardi !
Pour ma part, je ne puis cacher ma joie de revoir apparaître une fois de plus au sein de ma discographie un groupe que j’ai découvert en 1991 (avec l’album "A Shedding Of Skin") sur cassette (prêtée par un ami) s’il vous plaît, au beau milieu d’un champ de maïs (OGM mais ça on l’a su après) lors d’un job d’été mal payé (oh oui !) dans mon Languedoc natal. Je me rends compte bien des années après que les "vieux" ont les os solides et sont toujours là à nous distiller un thrash technique où le speed vient parfois se mêler à l’image du titre "Six Hours Of The Cross". Bref, que du bon, les amis, je vous le dis et je vous préviens, mais rien d’étonnant pour Protector qui, à chaque sortie, a marqué son petit monde et ce n’est certainement pas "Cursed And Coronated" qui fera dire le contraire.
"Cursed And Coronated" compte 11 nouveaux titres plus trois bonus live enregistrés à Dresde en 2013, soit plus de 50 minutes de "secouage" teutonique de nuque. Comme je vous disais un peu plus haut, il est dommage que des changements incessants aient quelque peu handicapé Protector car disons-le haut et fort, chaque album est une pépite de thrash. Ce nouvel sent la poudre, les guitares et la rythmique sont tranchantes comme une lame de rasoir (sacré programme en perspective !). Protector a décidé, de plus, de ne rien changer puisque l’on retrouve pour ce nouvel album (comme pour le précédent opus, "Reanimated Homunculus") un enregistrement au Sunlight Studio à Norrtälje en Suède, une production signée Tomas Skogsberg, un mastering signé lui Patrick W. Engel et enfin un visuel, un artwork (très beau, c’est à signaler) quant à lui signé encore une fois par l’immense Artiste Kristian Wåhlin (on ne change pas une équipe qui gagne). Je crois que je ne vais pas tourner autour du pot longtemps : cet album est une tuerie sonore, point barre.
"J’aime la musique, je la soutiens", ne l’oubliez pas et avec cet album vous risqueriez de le regretter.
Thrash never dies !!!
Je profite de cette chronique pour rendre un petit hommage en toute simplicité à Mika Bleu que j’ai eu le plaisir d’interviewer il y a quelques mois, amoureux tout comme moi de la cassette audio, du baladeur que l’on emmenait partout avec un crayon que l’on utilisait pour économiser les piles, et de la musique bien entendu qu’il soutenait de toutes ses forces. Mika, je ne t’ai jamais croisé mais tu étais un mec chouette, au revoir bro.
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