Nouvelle signature de Listenable Records, les italiens de Psychedelic Witchcraft devraient intéresser tous les amateurs de rock, de doom traditionnel, de heavy et d'occulte. Le groupe pratique en effet un mélange de tout ça et nous livre "Sound Of The Wind", deuxième véritable album après "The Vision" sorti en 2016 (avec l'EP "Black Magic Man" juste avant et "Magic Rites And Spells" juste après qui contient des morceaux des sessions de "The Vision" qui ne figurent pas sur l'album).

Je sais ce que vous allez vous dire, encore un groupe qui surfe sur le revival doom, rock et hard rock et qui ne livre qu'une copie des grands classiques du genre, sauf qu'en fait pas du tout. Psychedelic Witchcraft a de vrais arguments et un sens de la composition certain qui font que même si le groupe connaît évidemment ses classiques et que les influences se font entendre, une personnalité émerge tout de même au-dessus de tout ça. "Sound Of The Wind" balance dix morceaux bien pesants et groovy, très rock dans l'esprit effectivement mais avec ce petit feeling occulte qui fait plaisir et qui donne un caché plus sombre à l'ensemble. Le chant de Virginia Monti correspond d'ailleurs parfaitement au style pratiqué, avec son timbre assez grave et sa voix légèrement éraillée et cassée. "Lords Of The War" nous plonge dans le bain après la petite intro "Maat" et balance de gros riffs bien gras, un excellent soli de guitare plein de feeling et nous laisse entendre un mix qui met la basse bien en avant pour le plus grand plaisir de nos tympans. On sent clairement que les principales influences du groupe se situent dans les années 70, la modernité n'a pas sa place ici et Psychedelic Witchcraft balaie d'un revers de main ce qui s'est fait ces dernières années. On y retrouve donc cette spontanéité et cette approche directe de la musique propre à cette époque, pas de fioritures ou d'arrangements à gogo, juste de bons rifs et de bonnes mélodies.

Le groupe sait aussi faire monter la température et balancer de bons gros passages bien rock et nerveux, la deuxième moitié de "Turn Me On" en tête qui devrait en faire headbanger plus d'un ! On trouve aussi des sonorités blues comme sur "Let Me Be Myself" qui revisite le genre avec cette touche bien grasse et qui donne un résultat plutôt efficace. Les morceaux sont d'ailleurs assez compacts et l'album ne dépasse pas les trente-cinq minutes, là encore une durée que l'on croisait très souvent dans les années 70 et qui se fait rare de nos jours. Une preuve supplémentaire que Psychedelic Witchcraft met l'accent sur l'efficacité et la spontanéité, on ne se prend pas la tête on branche les instruments et on balance du bon rock / hard / blues occulte. Un bon moyen aussi d'éviter l'ennui et les morceaux fades qui ne sont là que pour remplir l'album, "Sound Of The Wind" va droit au but, ne perd pas de temps et fait tout au feeling. C'est globalement inspiré, ça ne révolutionne évidemment rien puisque ce n'est pas du tout le propos du groupe mais c'est une bonne relecture du genre proposée par un groupe jeune qui a un véritable amour de cette scène. On sent les influences mais le groupe ne les cite jamais trop ouvertement et ne donne jamais l'impression d'entendre un autre groupe, quand on écoute "Sound Of The Wind", on entend Psychedelic Witchcraft et personne d'autre.

Voilà donc un bon album pour les amateurs de rock, de doom, de hard et de blues, ou plus globalement de la scène des années 70. Psychedelic Witchcraft délivre un nouvel album efficace, direct et suffisamment compact pour garder un maximum d'impact et faire mouche à tous les coups.

Le mouvement "retroccult", dans sa tendance féminine, continue de faire des émules. Après Blood Ceremony, The Devil's Blood et Purson, voici venu le tour des Italiens de Psychedelic Witchcraft de nous ensorceler avec leur musique. Fondé en Mars 2015 par la chanteuse-frontwoman Virginia Monti et fortement influencé par la musique et l'imagerie 70's, la formation transalpine n'a pas perdu de temps et livre, après un EP sorti en Juillet 2015 et sold out en 10 jours à peine, son premier album. Voilà un groupe qui a faim et qui sait comment obtenir ce qu'il veut.

A l'écoute de "The Vision", on comprend aisément pourquoi le premier format court de nos ritals s'est arraché comme des petits pains. Cet album est un petit bijou de rock 70's, piochant dans le meilleur du blues, du hard, et du psyché de cette époque dorée. Ici, pas de flûtiaux forestiers comme chez Blood Ceremony, pas de claviers éthérés et d'arrangements prog comme chez Purson, pas de délires guitaristiques et sanguinolents comme chez The Devil's Blood. Non, ici, nous avons affaire à neuf titres courts, directs et efficaces, qui vont directement toucher l'âme de l'auditeur.

Irréprochables, envoûtants, taillés dans une pierre noire comme le Styx, les morceaux font toujours mouche grâce à une mélodicité simple, discrète mais omniprésente (on n'arrive pas à mettre précisément le doigt sur ce qui titille nos oreilles, preuve les différents instruments, voix et arrangements se fondent ensemble en un tout hyper-fluide). L'ouverture "A Creature" est une parfaite introduction à l'univers du quartet. La voix grave de la démone Virginia Monti insuffle un côté incantatoire à l'ensemble puissant et enlevé, et son refrain rentre tout de suite dans la tête. "Witches Arise" est dans la même veine, mais son apparence plus sensuelle offre un autre visage du groupe. Mieux que ces deux titres, "Demon Liar" est un pur joyau de hard rock psyché, ses riffs et guitares lumineux sont un pur bonheur. A la fois rampant et duveteux, aux guitares mystérieuses, "Wicked" fait également un très bon effet.

"The Night" pourra parler à n'importe quel métalleux ou simple personne s'étant un jour sentit incompris et jugé par de soit-disant "bien-pensants". "The Only One That Knows" est une ballade simple et touchante, amenant une respiration bienvenue à ce stade du disque, déjà très varié. "War" sonne comme du Black Sabbath période Dio qui n'aurait pas fait la transition entre les 70's et les 80's tandis que "Different" fait penser à Kyuss et son "Big Bikes". Le final "Magic Hour Blues" conclut l'album tel que son titre le suggère, dans un blues calme et à l'atmosphère mystique.

"The Vision" n'a rien de visionnaire, ni dans son approche, ni dans son intention mais est une très, très belle surprise comme on aimerait en avoir plus. Tout juste pourrait-on reprocher à l'album sa production un peu faiblarde et artisanale (surtout en ce qui concerne la batterie) mais on doit avouer que cela lui donne une dimension plus authentique. En tout cas, voilà un groupe dont on est très curieux de connaître l'avenir. A défaut de boule de cristal, nous attendrons patiemment en écoutant "The Vision".