"Divine Council"
Note : 19/20
Psycroptic est déjà de retour avec un nouvel album ! Créé en 1999 en Australie, le groupe
composé de Joe Haley (guitare, Ruins), David Haley (batterie, Ruins, The Amenta,
Werewolves, ex-Pestilence), Jason Peppiatt (chant, Domination Campaign) et Todd
Stern (basse, Tombs, Hammer Fight) annonce en 2022 la sortie de "Divine Council" chez
Prosthetic Records et EVP Recordings.
A noter que l’on retrouve quelques parties vocales de Jason Keyser (Origin, ex-Skinless)
et à nouveau Amy Wiles.
La complexe "Rend Asunder" est la première à frapper, laissant une base lourde accueillir des
riffs saccadés et des hurlements massifs tout comme une dissonance plus aérienne. Le
groupe ne ralentit jamais, laissant la rythmique ravageuse nous mener à "A Fool’s Errand" et
ses racines tranchantes qui empruntent au death progressif. Les sonorités inquiétantes
oppressantes se mêlent à l’agressivité explosive, tout en conservant des parties vocales
intenses et abrasives, en particulier lors des choeurs, puis "This Shadowed World" vient
compléter le massacre avec des riffs effrénés. On ressent tout de même une certaine
mélodicité dans cette inarrêtable vague de violence, tout comme sur "Enslavement" et ses
riffs accrocheurs très bruts. Le groupe injecte des influences old school comme des
patterns hachés dans ce morceau énergique qui fera sans mal remuer les fosses avant
qu’"Ashes Of Our Empire" ne complète la rage avec un groove chaotique et sombre.
La
violence laisse place à une douce et mystérieuse introduction pour "The Prophets Council",
mais le son s’assombrit rapidement, pour laisser des riffs saccadés et lourds nous frapper,
entrecoupés par des mélodies entêtantes. "Awakening" prend la suite avec une complexité
dissonante et intrigante, qui fera naître des leads envoûtants pour accompagner la
puissance brute, créant un contraste intéressant qui nous mène à "A Fragile Existence", un
titre qui conserve la dualité tout en oeuvrant dans la complexité et les influences
progressives, ainsi que des choeurs féminins majestueux. Le final se montre plus brut avant
de nous laisser avec "Exitus", la dernière composition, qui laisse les musiciens se déchaîner
en retournant à leurs racines violentes et intransigeantes, sans oublier cette petite touche
mélodieuse.
Bien que Psycroptic n’ait pas perdu de temps, le groupe n’a pas non plus perdu en
puissance ! "Divine Council" est le parfait successeur de leur discographie dévastatrice, qui
apporte également des influences nouvelles et plus techniques. Le groupe est à son
apogée.
"As The Kingdom Drowns"
Note : 18/20
En Australie, il y a certes l’un des plus grands groupes de hard rock au monde, mais il y a
aussi et surtout du death metal avec Psycroptic. Mais Psycroptic, qu’est-ce que c’est ? Un
groupe de technical death metal venu de Tasmanie ayant débuté ses activités en 1999.
Des quatre fondateurs, il ne reste plus que David (batterie / Ruins, The Amenta,
ex-Disseminate, ex-Pestilence, ex-Blood Duster) et son frère Joe Haley (guitare / Ruins,
ex-Disseminate), mais le line-up est complété par Jason Peppiatt (chant / ex-Born
Headless) et Todd Stern (basse / Abacinate, Hammer Fight), le nouveau venu dans le
groupe. Et "As The Kingdom Drowns", c’est le septième album de la formation, qui leur permet
de confirmer leur son aussi violent et technique qu’efficace.
On commence directement avec "We Were The Keepers", et si vous connaissez le groupe
vous reconnaîtrez immédiatement la patte des Australiens. Cette pointe de technicité, mais
couplée à de la vélocité, et le chant ravageur de Jason. Des passages plus aériens, mais
toujours avec la même violence, la même hargne, aidés de la voix enchanteresse d’Amy
Wiles. On passe rapidement sur "Frozen Gaze", tout aussi puissante et bourrée
d’harmoniques, dont le seul but est probablement de décimer une fosse à chaque note. La
rythmique est très syncopée, mais également très lourde, et la guitare lead se superpose à
la perfection à cette mixture épaisse qui s’abat sur nous. Même constat pour "Directive" et ses
petites accélérations, le style de Psycroptic prend de plus en plus d’ampleur, et ce ne sont
pas les quelques orchestrations épiques en arrière-plan qui diront le contraire !
Quelques bases un peu plus thrash pour "Deadlands", mais toujours cette fureur
grandissante que l’on retrouve dans les hurlements. Le solo adoucit un peu la composition
malgré la rapidité, mais le refrain revient bien vite avant "As The Kingdom Drows". Une
introduction inquiétante nous mène à un paysage désolé ayant pour bande son un death
metal malsain mais impitoyable. La technicité se heurte à des passages plus doux mais
oppressants, avant que les musiciens ne repartent sur des parties complexes. A nouveau
des samples et la voix d’Amy renforce la composition du groupe, qui s’arrête un peu vite à
mon goût. Mais ce n’est rien, car "Beyond The Black" prend la suite dans la même lignée. Le
blast infernal donne envie de headbanguer, mais c’est sur les duos entre Jason et Amy que
la musique du groupe resplendit pleinement.
Une intro très calme pour "Upon These Stones", mais la douceur ne durera pas, puisque ce
morceau fait la part belle aux musiciens pour une petite démonstration de leur talent à tous,
bien qu’ils soient parfois rejoints par le chanteur pour un autre aspect de leur travail, tout
aussi qualitatif et appréciable. C’est à nouveau l’angoisse qui nous prend au début de
"Momentum Of The Void", et qui se poursuit sur les hurlements de douleurs d’une puissance
hallucinante pour le refrain, suivi d’un riff hypnotique. Le dernier morceau, "You Belong Here,
Below", est un peu plus tiraillé et criard, se rapprochant d’un death old school, mais toujours
avec la technique caractéristique au groupe, qui nous pousse à headbanguer en essayant
de suivre le rythme.
Vous l’aurez compris, Psycroptic c’est un groupe rodé, bien qu’avec un tout nouveau
membre, mais surtout une cohésion incroyable entre tous les instruments. Les Australiens
tournent évidemment par période, du fait de leur éloignement géographique, mais j’espère
les revoir à nouveau pour une nouvelle date en France !
"Psycroptic"
Note : 14/20
L'Australie devient une terre où les jolis groupes de metal se multiplient rapidement. Voici aujourd'hui Psycroptic, 15 ans d'âge, qui sans révolutionner quoi que ce soit réussit à bercer nos oreilles grâce à son délicieux mélange métallurgique.
Difficile de définir dans quel style précis ils évoluent, un peu comme Exodus ou Children Of bodom, leur musique fait autant appel à la technicité du thrash ou du heavy qu'à la puissance des chants du metalcore. Ce groupe ne datant pas d'hier, on le sent très mature, très expérimenté. D'ailleurs, ses membres font partie de plusieurs autres groupes : Born Headless, Goreverk, Ruins, Disseminate, The Amenta, Synesis Absorption, Pestilence etc… En plus d'une musique intéressante, Psycroptic parvient à nous transporter dans son univers sombre, avec un style plus posé ; on sent un réel effort réalisé sur le côté atmosphérique de leur musique.
Loin d'être exempt de tout reproche, on trouve beaucoup de détails qui viennent parfois gâcher le plaisir qu'on prend tout de même en écoutant cet album. En effet, à vouloir faire les choses trop proprement, on a parfois la sensation que Psycroptic étale sa technique pour étaler sa technique. Alors certes, c'est beau, c'est presque impressionnant, mais à certains moments, clairement, on s'emmerde. Prenez la deuxième piste, "Ending", elle ne dure que 4 minutes, et pourtant j'ai l'impression qu'elle dure au moins le double, tellement le rythme est peu soutenu. C'est ça qui me dérange le plus avec cet album, ça manque d'énergie, de gros riffs bien lourds qui viendraient mettre tout le monde d'accord. Prenez des groupes comme Nile ou Vader par exemple, ils sont capables de vous balancer des solos énormes, tout en gardant une mélodie bien violente par derrière. Ici, c'est tout sauf ça.
Après, on aime ou on n'aime pas, c'est sûr. Certains morceaux réussissent tout de même à se démarquer, comme le très violent "Setting The Skies Ablaze", qui nous prouve que le groupe est capable de faire de très bonnes choses. On pourra enfin regretter les trop nombreux passages instrumentaux, relayant le chant à un simple second rôle. Rien de dramatique, mais dommage. Il aurait peut-être été plus intéressant de réduire la durée des pistes (elles font environ 4min) afin de se débarrasser du superflu. Tant pis, on fera avec !
"The Inherited Repression"
Note : 18/20
Quatre ans après le criant "Ob(Servant)", les Tanzaniens (comprenez Tanzanie d'Australie) de Psycroptic reviennent avec un album "homemade" de death technique. "Homemade" en effet car c’est Joe Haley avec son "petit" home studio qui s’est occupé de l’enregistrement et le mastering a été fait par Alan Douches. Résultat, un très bon son à l’image du groupe, authentique et organique, moins mécanique et synthétique, beaucoup plus spontané et décontracté. Le groupe recherchait vraiment à avoir son propre son, personnalisé et vrai pour nous montrer sa vision de l’humanité en péril qui se laisse aller. "The Inherited Repression" sous-entend que l’on passe d’une répression à une autre au fil des générations de manière totalement apathique. La pochette de l’album me semble être un rappel du premier morceau "Carriers Of Plague", porteurs de peste. Toutes les idées de Psycroptic sont donc portées par un death technique accessible et ludique grâce à un côté ultra groovy des morceaux qui ne nous donne pas envie de vomir dès la fin de l’album à cause du flux de sons trop riches que nous arrive aux oreilles mais plutôt parce qu’on headbangue trop ! Des guitares bien menées par les frères Haley et mises en avant délivrent des riffs superbement exécutés d’entrée de jeu avec beaucoup de virtuosité. Une batterie qui va vite mais qui sait se calmer quand il le faut et une basse qui porte bien. On ne se lasse pas après l’écoute, les mélodies restent en tête avec des relents hardcore et prog’. Ce mélange inédit et hybride est vraiment très intéressant. Le chant a été retravaillé, exit les cris stressants, une voix puissante et volontaire déverse des flots de paroles dénonciatrices. Car le groupe a pris son temps et a vraiment favorisé le travail de composition et de song writing pour cet album très personnel et créatif malgré le côté sombre du sujet. Psycroptic a intelligemment transformé des choses négatives en une œuvre positive, l’album se finit de manière optimiste, dynamique et innovante. Peut-être que cet album ne plaira pas aux puristes du genre car l’album n’est en aucun cas brutal ou agressif mais je recommande de l’écouter car cette accessibilité faussement simpliste (car oui il n’y a rien de plus difficile que de faire quelque chose de simple) est le résultat d’un gros travail au niveau technique, mélange de style et compo. A retrouver sur scène au côté d’Origin jusqu’en Mars.
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