Le groupe
Biographie :

Pyrrhon est un groupe de death metal technique américain formé en 2008 et actuellement composé de : Erik Malave (basse / Imperial Triumphant, Seputus), Steve Schwegler (batterie / ex-Seputus, Weeping Sores), Dylan DiLella (guitare) et Doug Moore (chant / Seputus, Weeping Sores). Le premier album, "An Excellent Servant But A Terrible Master", est sorti en Février 2011 chez Selfmadegod Records, suivi de "What Passes For Survival" en Août 2017 chez Willowtip Records, et de "Abscess Time"

Discographie :

2010 : "Fever Kingdoms" (EP)
2011 : "An Excellent Servant But A Terrible Master"
2017 : "What Passes For Survival"
2020 : "Abscess Time"


Les chroniques


"Abscess Time"
Note : 16/20

Si vous traînez vos guêtres par ici, vous connaissez Pyrrhon et vous avez probablement guetté l'arrivée du nouveau méfait des Américains, "Abscess Time". Pas de grosses surprises au programme puisque le groupe a un univers bien particulier qu'il développe encore ici et qui devrait donc fournir la dose syndicale de torture auditive.

Pour les retardataires et pour situer un peu ce que fait Pyrrhon, imaginez le death technique et dissonant de Gorguts et faites le copuler avec la folie destructurée et bruitiste de Converge ou The Dillinger Escape Plan et vous aurez une vague idée de ce qui va vous tomber sur le coin de la tronche. Le morceau-titre démarre d'ailleurs l'album de façon très noisy avec larsens, growls et cris bien saturés et basse bien en avant. Une entrée en matière qui a le mérite d'annoncer clairement que vous allez souffrir et que Pyrrhon ne fait pas dans la dentelle alors que l'on n'a pas encore entendu le moindre riff ! En cinq minutes, le groupe arrive déjà à mettre tout le monde à genoux et se montre éprouvant et sans pitié, les cinquante-six minutes de l'album ne sont pas de tout repos comme vous devez déjà l'avoir compris. "Down At Liberty Ashes" revient à quelque chose de plus traditionnel si tant est que ce qualificatif puisse être utilisé en parlant de Pyrrhon, avec blasts et ces fameuses dissonances sur fond de structures syncopées et ce feeling Gorguts qui revient au front. Si vous vous êtes déjà perdus dans les eaux boueuses de ces cinglés, vous allez vite vous sentir à la maison puisqu'on retrouve ce qui fait la patte de Pyrrhon. C'est toujours aussi éprouvant, bruyant, peut-être moins frontal qu'aux débuts du groupe mais encore plus destructuré et taré. Une folie que lon retrouve dans le tracklisting et la durée des morceaux puisque l'on passe cette fois de morceaux longs à d'autres très courts, de neuf minutes à une minute en gros. Ces derniers ne sont d'ailleurs pas des interludes mais de belles boucheries limite grind ("Teuchnikskreis") qui se chargent de faire revenir la violence dans le débat.

Et comme d'habitude quand Pyrrhon pond un morceau long et plus lourd comme "The Cost Of Living", ça pèse des tonnes et l'ambiance est sale et malsaine au possible avec toujours ce grain de folie en fond qui ne demande qu'à prendre toute la place. L'équilibre est d'ailleurs plutôt bien maintenu et le groupe alterne intelligemment entre les ambiances pesantes et crades d'un côt,é la folie furieuse dissonante et destructurée de l'autre. Malgré cela, ne vous attendez pas au moindre espace pour respirer puisque le truc de Pyrrhon, c'est de maintenir une pression constante. On est totalement submergé par la folie, la violence, le bruit et le mouvement constant. Le groupe joue avec vos nerfs, expérimente et teste toutes les tortures sonores possibles pour vous faire comprendre qu'il n'est pas là pour votre bien. Le death metal que l'on sentait encore facilement sur "An Excellent Servant But A Terrible Master" a depuis longtemps laissé du terrain à quelque chose de plus insaisissable aux allures de créature polymorphe. On ne sait jamais de quel côté le groupe va attaquer et ce nouvel album continue sur la voie tracée par ses prédécesseurs, à savoir celle d'un voyage dans le crâne d'une bande de dingues qui ont décidé de lâcher la bride à tous les niveaux. Vous trouverez aisément des groupes qui jouent plus vite, qui blastent plus fort, mais l'intensité que dégage un album de Pyrrhon est épuisante et "Abscess Time" ne montre aucune accalmie et montre même un visage peut-être encore plus bruitiste et incontrôlé. En tout cas, cette fois, le groupe se montre un peu plus expérimental dans sa façon d'utiliser les guitares en créant parfois des morceaux sans le moindre riff, laissant la place à pas mal de délires très bruitistes et d'autant plus épuisants.

Un nouvel album dans la lignée de ses prédécesseurs mais avec peut-être un côté encore plus noisy et taré qu'avant, même si on reconnaît aisément la patte Pyrrhon. Toujours aussi éprouvante, la musique du groupe se fait de plus en plus expérimentale et cherche toujours de nouvelles façons de faire souffrir nos tympans, les masos peuvent donc foncer les yeux fermés et les oreilles bien ouvertes.


Murderworks
Juillet 2020




"What Passes for Survival"
Note : 16/20

Vous vous souvenez peut-être que je vous avais parlé de "An Excellent Servant But A Terrible Master" de Pyrrhon de 2011, cette fois c'est au tour de "What Passes for Survival" de passer au crible et on peut dire que le groupe n'a pas changé de ligne de conduite.

Dès "The Happy Victims Creed", on retrouve ce death technique, brutal et très chaotique, comme si The Dillinger Escape Plan avait copulé avec Deathspell Omega et Portal. C'est dissonant, bruyant, malsain, bref sans aucune pitié pour nos pauvres tympans endoloris. Pyrrhon vous veut toujours du mal et cet album va bien vous le faire comprendre pendant quarante-cinq minutes. Que ceux qui ne seraient pas habitués à ce genre de magma sonore n'aillent pas croire que le groupe fait n'importe quoi, c'est certes un sacré bordel mais ces gars-là savent où ils vont et le niveau technique demandé pour jouer ce genre de truc est bien plus élevé que certains pourraient le croire. En tout cas vous n'avez pas fini de souffrir, la plupart des morceaux flirtant avec les cinq ou six minutes voire même douze pour "Empty Tenement Spirit" qui clôture l'album. Pyrrhon se fout totalement de l'harmonie et de la mélodie, ce qui l'intéresse c'est de créer le malaise, de vous faire sentir sa folie et de vous laisser un sale goût de sang dans la bouche. Une folie et une brutalité débridées héritées du grind évidemment, ça taille sévèrement dans le lard et ça fait un boucan de tous les diables ! Si vous aimez les groupes à la technique chirurgicales qui placent des soli de furieux et des structures complexes mais travaillées pour épater la galerie, vous avez frappé à la mauvaise porte, Pyrrhon a juste envie de tout foutre en l'air et ne se prive pas de le faire. Encore une fois ils continuent à faire ce qu'ils ont toujours fait et c'est toujours aussi éprouvant.

Inutile de préciser que ça ne plaira pas à tout le monde et que ceux qui avaient déjà été échaudés par les précédentes sorties du groupe peuvent fuir à toutes jambes, "What Passes for Survival" ne risque pas de les convaincre plus que ses deux grands frères. Les rares fois où le groupe daigne lever le pied, c'est pour devenir encore malsain et dingue, poussant les dissonances à leur paroxysme et donnant un aspect encore plus bruyant à sa musique. Pyrrhon est un groupe qui aime frapper là où ça fait mal et quand vous croyez l'avoir saisi pour le calmer un peu, il vous file entre les doigts, vous passe entre les jambes et vous rebalance un bon gros coup de latte dans le dos. Le chant hurlé rappelle ces tarés de Khanate, c'est vous dire à quel point la santé mentale de ces Américains est atteinte ! Si vous ne connaissez pas encore Pyrrhon et que vous cherchez quelque d'extrême, vous allez être servis, pendant quarante-cinq minutes le groupe vous martyrise et ne relâche jamais la pression. "What Passes for Survival" est un bloc d'une intensité et d'une violence épuisantes, on ne comprend pas tout ce qui se passe aux premières écoutes mais la série de mandales arrive quand même à bon port.

Nouvel album dans la droite lignée des précédents, donc soit vous avez apprécié Pyrrhon jusqu'à maintenant et vous pouvez y retourner, soit vous pouvez passer votre chemin définitivement.


Murderworks
Février 2018




"An Excellent Servant But A Terrible Master"
Note : 17/20

Attention aux âmes sensibles voilà encore un groupe de malades, ceux là sont Américains et répondent au nom de Pyrrhon. Ils ont sorti il y a quelques mois leur premier album, "An Excellent Servant But A Terrible Master" et avaient déjà un EP à leur actif sorti en 2010. Pour vous situer un peu le merdier, ils ont tourné avec Liturgy, Evoken, Cannabis Corpse, Misery Index et bien d’autres.

Mais alors quoi qu’est-ce comme musique ? Imaginez du death qui aurait copulé avec du black, le tout ayant donné naissance à un gamin totalement difforme. Eh oui, la musique de Pyrrhon est totalement déstructurée, blindée de rythmiques tordues et de contretemps. Et comme ça ne suffisait pas, ces mecs se sont dit que ce serait pas mal aussi de rajouter des dissonances et des sonorités dégueulasses un peu partout. Sonorités qui peuvent évoquer celles qu’affectionnent par exemple les Deathspell Omega, c’est d’une craditude sans nom. Tout l’album pue la folie furieuse à plein nez, c’est à la fois complètement barré et violent. On est agressé constamment, bousculé de tous les côtés, on n’a même pas le temps de cerner un passage qu’on se prend déjà un braek de cinglé dans les dents.

Il se passe tout le temps quelque chose chez Pyrrhon, la stagnation ils ne connaissent pas, il faut toujours que ça bouge, que ça change de rythmes. Plusieurs morceaux tapent allègrement dans les 6-7 minutes, donc vous avez largement le temps de souffrir sous les coups de ces psychopathes. Et quand c’est plus court c’est encore pire. Ils en profitent pour mettre plus de blasts, pour vous agresser de façon encore plus violente. La rythmique ne tient pas en place plus de 30 secondes, des notes distordues vous arrivent dans les oreilles constamment. On a l’impression de se retrouver dans le crâne d’un malade, c’est un véritable bordel sans nom là dedans. La bio fournie par le label nous dit que c’est un must have pour les fans de Gorguts ou Ulcerate, ben voilà effectivement deux groupes qui donnent une bonne idée du merdier dans lequel on tombe en écoutant ce "An Excellent Servant But A Terrible Master".

Le son est d’ailleurs énorme, et la prod prend' la forme d’une sorte de magma sonore qui enrobe ces compos tordues. Mais le plus fort c’est que malgré l’aspect totalement barré du truc, on ne s’emmerde jamais et on ne se perd jamais complètement non plus. Vous retenu par un bras au dessus du gouffre, le but de la musique de Pyrrhon n’est pas de vous jeter dedans mais simplement de vous faire pendre au dessus et de vous secouer dans tous les sens. Ils prendront quand même bien soin de vous faire descendre le plus bas possible avant la fin de l’album, histoire que vous puissiez bien vous rendre compte du chaos qui règne là dedans.

Inutile de préciser que le voyage n’est pas de tout repos, l’album est assez éprouvant et vu les ambiances dégueulasses qu’il distille tout du long je me permets de douter de la santé mentale de ses géniteurs. Mais comme je suis un peu maso sur les bords je dois avouer que je me le réécoute régulièrement, dans le genre c’est quand même dans le haut du panier. Il y a une vraie maîtrise qui fait que le chaos en question est toujours contrôlé, le groupe sait exactement où il veut vous emmener et ne se perd jamais en route. Pas trop de longueurs à noter non plus, malgré les 3 morceaux assez longs ils ne s’attardent jamais inutilement. C’est juste une bonne occasion de présenter une ambiance encore plus pesante, de prendre le temps de développer un peu plus l’univers de ces tordus.

Le genre de galettes qui s’apparentent plus à un voyage agité ou une expérience qu’à de la simple musique, si en plus vous êtes un apprenti musicien ça n’en sera que plus douloureux. La bio avait tapé juste, si vous aimez Ulcerate et autres groupes technico-brutalo-ambiance de dingos ça va vous combler sans problèmes. Pour les autres il reste à savoir si vous êtes prêts à plonger dans leur monde, parce que ça secoue un minimum donc à éviter aux cœurs fragiles.


Murderworks
Janvier 2012


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/pyrrhonband