Bonne nouvelle pour les fans de NYHC : Ryker’s est de retour ! Les Allemands les plus ricains qui soient reviennent en force avec un nouvel opus, plus percutant et mieux travaillé que le précédent à mon goût. En effet, on aurait pu reprocher au précédent de rester dans une certaine facilité (malgré un résultat franchement correct), mais "The Beginning..." prend plus de risques, tente certaines choses vraiment sympas et va au-delà de nos attentes. Toujours bien ancré dans un style HxC, nos amis de Kassel puisent également leur énergie dans le hip-hop mais aussi le thrash, entre autres.

Cette bonne surprise débute avec avec un artwork que l’on peut aisément qualifier de sublime. Loin des classiques du NYHC, cette pochette glaciale délivre de magnifiques couleurs arctiques qui viennent déjà nous rafraichir les yeux avant même de lancer la musique. Début des hostilités avec "Let’s Ruin The Scene", qui se lance sur des riffs un peu différents du HxC basique, mais qui offre surtout ensuite un chant plus clair, quelques chœurs, et un côté presque pop qui peut surprendre mais m’a vite convaincu. "Losing Touch" est bien plus rentre-dedans, rappelant les belles heures de Madball, Cro-Mags ou Agnostic Front.

Ça sonne clairement old school, et tant mieux ! "Cast In Stone" se révèle plus lourde, plus hip-hop, plus Biohazard tout simplement, avec quelques riffs plus aigus néanmoins, sans en abuser. Citons également "The Beginning… Doesn’t Know The End" et son côté thrashy bien assumé, ou encore la belle surprise acoustique qu’est "Cold Lost Sick" (avec Rebecca Haviland au chant).

Vous l’aurez compris, Ryker’s a une fois de plus réuni tous les bons ingrédients du HxC old school, et la cuisson a été plus soigneuse qu’auparavant, pour finalement nous régaler d’un opus qui sonne déjà comme ce qui se fait de mieux en Europe dans ce vaste domaine qu’est le hardcore.

Peut-on faire du NYHC ailleurs qu'à New-York ? La réponse est simple : oui, comme nous le prouve aujourd'hui Ryker's. Mais si, souvenez-vous, les Allemands les plus New-Yorkais qui soient, qui après avoir splitté en 2000, ont décidé de revenir casser la baraque en 2012. Depuis, on a eu droit à un excellent "Hard To The Core" en 2014. Malheureusement, on pouvait avoir peur de ce "Never Meant To Last" suite au départ de Kid D au chant... mais rassurez-vous, il n'en est rien.

En effet, même après toutes ces années, Ryker's continue de faire du Ryker's, c'est-à-dire du bon gros hardcore ultra old school, celui qui a traversé les époques sans prendre une ride, comme l'ont prouvé les Sick Of It All, Cro-Mags, Agnostic Front ou Biohazard. Au micro, on trouve Dennis, qui nous vient de Brightside et Tausend Löwen Unter Feinden (jamais entendu ces deux noms, en ce qui me concerne). Difficile de comparer deux voix, mais je vais essayer : celle de Dennis est très différente, elle résonne plus comme celle d'un papy du NYHC, style Roger d'Agnostic Front, ou même dans un autre style, celle de Brujera (ultra grave). À part cela, on peut saluer les variantes thrash bien réussies, avec de jolis solis, comme sur "The Tenth Level" par exemple. Clairement, cet album sonne comme l'un des plus variés du groupe, avec une première piste ("My Demons") qui ferait presque penser à du grind, et une dernière ("Cowboy Song") qui m'a rappelé l'intro de "This Love" de Pantera (coucou l'acoustique).

Alors ouais, bien sûr, je vois d'ici venir les irréductibles nostalgiques, pour qui Ryker's est définitivement mort en 2000, et pour qui la présence de Craig Setari (Sick Of It All) sur "Distractions" n'y changera rien. Et comme j'ai l'habitude de le faire, je dirai simplement que les temps changent, les modes évoluent, et le Ryker's de 2015 a peut-être perdu un peu de son identité, mais il n'en offre pas moins un album charmant, qui s'écoute sans problème. 14 morceaux qui réussissent à nous remémorer les belles heures du NYHC, en version germanique, mais avec ce délicieux arrière-goût du minimum syndical totalement assuré.

"Hard To The Core"
Note : 16/20

Après s'être séparé en 2000, Ryker's, le "pilier du hardcore européen" des années 90 revient en 2012 avec les trois anciens membres du groupe : le chanteur Kid-D, Grobi le guitariste et le bassiste Chris qui reconstituent le gang sanguinaire sans pour autant rester figé dans le passé avec deux nouveaux membres : un deuxième guitariste, Fusel et Flo à la batterie. 2014, soit quatorze ans après "From The Cradle To The Grave", Ryker's fait trembler les murs avec ce nouvel opus intitulé "Hard To The Core", produit par le label Beatdown Hardwear (Nasty, Coldburn, World Eater...).

Quand on aime Agnostic Front, Cro-Mags, on aime Ryker's et il faut dire que là, les Allemands ont su créer un missile qui vient exploser les groupes environnants. En effet, le combo de "hatecore" déploie avant tout du bon hardcore old school. Dans cet effet de "mode" beatdown, "Hard To The Core" n'a aucun mal à venir s'imposer. Huit titres d'une incroyable intensité, des moshparts, du two-step, des parties de batterie qui se plaisent au carnage et à la dévastation, et des choeurs placés à la perfection dans une composition évidemment maîtrisée de par l’expérience et la maturité mais aussi, il faut le dire, de par cette violence innée dans les riffs. De la poussière de plomb sort directement de la gorge de Kid-D. On a ce groove typique lié à l'influence de la scène new-yorkaise. Un son propre sans trop en faire, avec ce grésillement à la punk, Ryker's reste fidèle à lui-même. Ils ont bien raison de revenir sur la scène actuelle tel un bon vin que l'on a laissé vieillir.

Une écoute d'une vingtaine de minutes en tout pour cet album, court, bon, solide, destructeur. Il n'en faudra pas plus, de quoi donner envie aux plus jeunes de découvrir et d’apprécier la qualité allemande que l'on ne trouve pas que dans un "Getränkemarkt" (commerce de boissons). "Hard To The Core" est un album que l'on ressent jusqu'au plus profond des tripes. Ryker's peut désormais se voir réattribuer son statut de meilleur groupe hardcore européen.

Jenny Mai 2014