Le groupe
Biographie :

Sarke est un groupe de black / thrash metal norvégien formé en 2008 et actuellement composé de : Sarke (basse / Khold, Tulus, ex-Valhall, ex-Sensa Anima), Nocturno Culto (chant / Darkthrone, Gift Of Gods, ex-Satyricon), Steinar Gundersen (guitare / ICS Vortex, Spiral Architect, King's Quest, ex-Lunaris), Anders Hunstad (clavier / El Caco) et Cato Bekkevold (batterie / ex-Demonic, ex-Sirius, ex-Enslaved, ex-Red Harvest, ex-Dunkel:heit, ex-Arctic Thunder, ex-Ashes To Ashes, ex-Re:aktor). Sarke sort son premier album, "Vorunah", en Avril 2009 chez Indie Recordings, suivi de "Oldarhian" en Avril 2011, de "Aruagint" en Septembre 2013, de "Bogefod" en Mars 2016, de "Viige Urh" en Octobre 2017, de "Gastwerso" en Novembre 2019, et de "Allsighr" en Octobre 2021 chez Soulseller Records.

Discographie :

2009 : "Vorunah"
2011 : "Oldarhian"
2013 : "Aruagint"
2016 : "Bogefod"
2017 : "Viige Urh"
2019 : "Gastwerso"
2021 : "Allsighr"


Les chroniques


"Allsighr"
Note : 15/20

L'étrangeté Sarke est de retour avec "Allsighr", son septième album et comme pour "Gastwerso", il va falloir s'attendre à quelques surprises. Pour ceux qui ne connaîtraient pas Sarke, on y trouve entre autres Nocturno Culto et Sarke qui fait aussi partie de Khold et si le groupe est clairement ancré dans le black metal, il le pratique d'une façon inhabituelle en y mélangeant du thrash, du bon gros rock et quelques sonorités psychées et expérimentales.

"Bleak Reflections" développe d'entrée de jeu une mélancolie posée sur un groove imparable avec des claviers fantomatiques, un démarrage d'album sans la moindre intro qui fait entendre toute la singularité de Sarke dès les premières secondes. Si le rock s'invite régulièrement dans la musique du groupe, sa musique n'en devient jamais festive pour autant et ses ambiances sont systématiquement sombres, froides ou étranges. Si vous pensiez que le black metal tournait en rond, vous avez là quelque chose qui pourrait vous intéresser tant Sarke développe une personnalité marquée. Les racines black metal sont là mais le groupe les transcende pour en faire queleque chose d'aussi étrange que percutant. Les claviers totalement tordus de "Funeral Fire" qui semblent être joués par un musicien bourré amènent eux aussi une ambiance complètement barrée mais toujours froide et glauque. Les infleunecs, quant à elles, permettent au groupe de se faire expérimental tout en gardant en permanence un certain groove qui rend sa musique accrocheuse et lui évite de tomber dans une dérive hermétique. "Allsighr" demandera certes un peu d'ouverture d'esprit mais se laisse approcher, vous n'allez vous retrouver en face d'une bête indomptable non plus. La plupart des morceaux gardent un format assez compact de quatre ou cinq minutes gros maximum et là encore c'est une bonne solution pour garder l'impact des ambiances et ne pas devenir barbant, ce qui aurait pu arriver sachant que tout ça est majoritairement mid-tempo. On en connaît des groupes qui se sont enlisés dans une rythmique monolithique jusqu'à l'ennui profond et Sarke évite ce piège très facilement grâce à ses fameuses ambiances très particulières.

"Beheading Of The Circus Director" est un autre excellent exemple de mélange entre groove rock imparable et ambiances très mélancoliques et froides, ça paraît antinomique dit comme ça mais ça fonctionne vraiment bien et Sarke a un don pour créer son propre univers et le rendre presque palpable. Malgré l'aspect expérimental de la bête, "Allsighr" se fait plus d'une fois évocateur et n'a aucun mal à nous faire imaginer son monde. Il y a un vrai talent de composition là-dedans qui impressionne par sa capacité à pondre une musique aussi accrocheuse, aventureuse et évocatrice à la fois. "Gastwerso" laissait déjà entendre une tendance à l'expérimentation plus marquée que ses prédécesseurs et ce nouvel album pousse le délire plus loin avec une maîtrise qui monte encore de quelques crans. Les claviers aux airs de choeurs de "Glacial Casket" amènent quant à eux des mélodies magnifiques empruntes là encore d'une beauté froide et mélancolique qui posent une ambiance très sombre. Tout ça mélangé aux arpèges dissonants et malsains des couplets, ce qui crée une fois de plus un climat très particulier mais tout aussi prenant. Malgré le nombre de sonorités utilisées et les contrastes très marqués, il y a sur "Allsighr" une cohérence indéniable qui fait qu'on écoute ça d'une traite sans s'ennuyer une seconde. Certes l'album dure quarante et une minutes, ce qui est une durée là encore assez compacte, mais les morceaux s'enchaînent à une telle vitesse et les ambiances sont tellement saisissantes qu'il paraît en durer deux fois moins ! Si j'avais encore quelques réserves pour "Gastwerso", elles se sont envolées à l'écoute de ce nouvel album qui pousse la barre plus haut à tous les niveaux alors que le groupe continue simplement son chemin tranquillement.

Sarke continue donc sur sa lancée mais livre avec "Allsighr" un album diablement inspiré aux ambiances étranges mais très prenantes. Le groupe arrive à créer un monde particulier et vivant sur ces dix morceaux et avec un peu d'ouverture d'esprit le voyage est garanti.


Murderworks
Janvier 2022




"Viige Urh"
Note : 14/20

Quand il n'enregistre pas avec Darkthrone, le visiblement trop peu occupé Nocturno Culto officie au sein de Sarke, autre groupe de black metal évidemment mais loin de son groupe principal. Et mine de rien, c'est déjà le sixième album qui débarque sous le nom de "Gastwerso" et qui confirme donc à ceux qui doutaient que Sarke est un vrai groupe et non un simple projet.

Pour situer la bête musicalement, disons que Sarke donne dans un black mid-tempo un peu plus rock ou thrash et plus froid que Darkthrone même si le feeling est lui aussi proche des origines. "Ghost War" ouvre l'album sur un mid-tempo bien old school et thrashy justement à la limite du primitif avec seulement quelques discrets claviers en soutien pour apporter un soupçon de mélodie à un black cru. Tout est assez épuré chez Sarke et le groupe ne laisse aucune place au superflu, tout juste s'autorise-t-il quelques soli et de discrets arrangements qui donnent parfois une aura irréelle à ce black très basique et direct. Vous vous en doutez, il n'y a pas de blast ici et les déferlements de violence n'ont pas lieu d'être, le groupe préfère placer une ambiance froide et monolithique que de ruer dans les brancards. C'est l'efficacité qui est recherchée et c'est pour cette raison que la plupart des albums de Sarke, celui-ci y compris, ne dépassent pas les trente-cinq minutes. "Echoes From The Ancient Crucifix" montre un visage plus entraînant mais toujours dans une optique crue et dépourvue de fioritures inutiles. Quand on connaît le CV des membres impliqués, la propreté du son est assez surprenante même si elle sert bien le propos du groupe, c'est clair, rien ne dépasse et la crasse est aux abonnés absents. Si vous n'êtes pas très old school, il y a peu de chance que "Gastwerso" et le reste de la discographie de Sarke vous parle puisque le dénuement des morceaux renvoie aux vieux groupes des années 80.

Les petits jeunes nourris au black metal suédois bourrin, au norvégien haineux ou au black orthodoxe en seront pour leurs frais. "The Endless Wait" est d'ailleurs surprenant et commence dans une ambiance très feutrée qui crée un contraste assez fort avec le black froid et assez primitif qui le précède. Et comme si ça ne suffisait pas, un chant féminin vient en rajouter une couche sur un morceau qui en devient presque doux. Ils avaient déjà fait le coup sur "Viige Urh" mais cela reste toujours aussi surprenant après s'être pris des morceaux aussi crus dans la tronche. Surtout que le groupe enchaîne sur "Ties Of Blood" en mode plus old school tu meurs avec ses riffs entre le thrash et le rock, avec toujours ces claviers limite psychés en fond ! Malgré le côté très épuré de sa musique, le groupe arrive quand même à surprendre, pourtant comme je le disais, ça sent très fort le old school à plein nez. Mais les claviers, les arrangements, tout ça fait que Sarke ajoute une légère touche presque psychée à son black / thrash / rock et arrive par conséquent à volontairement déstabiliser tout l'édifice et l'auditeur qui aurait perdu ses oreilles par ici par la même occasion. Difficle de comparer la musique du groupe à autre chose en particulier tant ces Norvégiens sortent du lot par leurs ambiances barrées à cheval entre du pur rock, du black, du thrash et des arrangements limite psychés.

"Gastwerso" est un nouvel album dans la lignée de ses prédécesseurs, toujours aussi old school dans l'âme et toujours aussi décalé par rapport à la production actuelle en black metal. Je vous conseille d'y jeter une oreille si le mélange des genres ne vous fait pas peur et que vous ne faites pas partie des puristes du black parce qu'il est assez compliqué de coller une étiquette là-dessus.


Murderworks
Décembre 2019




"Viige Urh"
Note : 16/20

Sarke, c’est un de mes groupes à problème. Pas parce que j’ai un problème avec le groupe, mais parce que je ne sais jamais comment appréhender leur musique. C’est un groupe que peux écouter par phase, selon mon humeur du jour, et si parfois ça passe très bien... parfois pas du tout, et je reste plantée avec un air dubitatif en me demandant pourquoi je n’arrive pas à accrocher à quelque chose qui semble génial de tous les points de vue. L’histoire de ma vie, rideau, merci. Dans ce nouvel album, Sarke se propose d’intégrer des éléments "viking" à ses sonorités habituelles. Moi sur le papier, ça ne me pose pas de soucis (de toute façon, on ne m’a pas demandé mon avis) mais il faut bien voir ce que ça donne.

On retrouve nettement l’empreinte habituelle de Sarke dès l’ouverture de l’album et "Viige Urh". Il y a toujours ce côté très old school, sans concession, toujours porté par les vocaux de Nocturno Culto. Et pour le coup, soulagement de ma part, parce que pour une fois ça passe. C’est entraînant, et ça a une rythmique de dingue. Et le côté viking débarque sur "Age Of Sail" qui pour le coup, prend effectivement une direction différente de ce qu’on pourrait attendre d’un Sarke plus classique. Et sur ce titre, il faut souligner le travail sur les guitares, qui est probablement le meilleur de tout l’album. C’est entraînant, c’est plaisant, c’est bon. Voilà, c’est dit. Gros moment de surprise sur "Jutul" qui démarre tout en douceur, ce qui est... étonnant pour Sarke ? Et soudainement, une voix féminine se mêle à la musique et j’ouvre grand les yeux. Et je ne peux pas m’empêcher de repenser à ce que m’avait dit une amie : "Non mais moi les voix féminines je peux pas, c’est plus fort que moi, JE NE PEUX PAS". Et le reste du titre continuera de me surprendre. Sarke se la joue un peu Phantom of the Opera, Beauty and the Beast, tout ce que vous voulez, avec le duo entre la voix masculine damnée et maudite, et la douceur de la voix de la demoiselle. C’est surprenant, mais ça a le mérite d’innover, et de faire s’interroger l’auditeur. Il y a une force émotionnelle dans ce titre, je l’admets, mais personnellement je suis restée en dehors du train. Tant pis pour moi, je suis certaine que d’autres auront savouré ce morceau en particulier. J’ai plus d’affection pour le titre suivant, "Punishment To Confessions", qui fait plus office de récitation morbide, et qui a un côté un peu mystique rituel au coin du feu qui marche toujours chez moi. On ne se refait pas. On retournera par la suite vers un côté plus black / thrash, plus attendu de la part de Sarke, avec "Knifehall" qui, pour le coup, est un hymne au headbang.

Alors que retenir de cet album ? Eh bien, personnellement, j’ai plutôt apprécié et cela m’étonne. J’ai l’impression que cet album a réglé mon petit conflit intérieur (qui ne sort de je ne sais où d’ailleurs) avec Sarke, et que c’est probablement ma production favorite du groupe. Il y a à boire et à manger sur cet album, et on sent que le groupe veut innover, et cherche à se renouveller. Les compositions marchent toujours autant, et sont inspirées et entraînantes. Il y a une ambiance travaillée, et une attention portée aux détails très appréciable. J’ai loupé le train de la hype sur ce qui m’a l’air d’être le titre phare de l’album, mais je vois l’intention qu’il y a derrière. Et c’est du joli travail. C’est donc une réussite pour ma part, et je félicite Sarke.


Velgbortlivet
Mars 2018




"Aruagint"
Note : 16/20

Alors, Sarke... groupe norvégien connu pour le duo que forme Thomas Berglie, membre important de la scène norvégienne, et Nocturno Culto qu’on ne va même pas prendre la peine de présenter. Oui, Darkthrone, oui. Ce groupe a donc reçu évidemment son petit succès lors de ses précédents albums, et la qualité n’a cessé de s’améliorer au fil des titres. Donc oui, on les attend au tournant mais aussi avec anticipation et excitation. Ne perdons pas plus de temps, et jetons un oeil sur ce nouvel album.

Tout commence par "Jaunt Of Obsessed". Ah, les vocaux sont tellement identifiables... accompagnés par un rythme thrash, on nous annonce déjà ce que ce sera cette production. Et ô une véritable ligne de basse. Je dirais presque qu’il y a un contraste entre cet environnement instrumental, et la voix de Nocturno Culto qui apporte une dimension plus dure et froide au tout. Un mélange habilement distillé qui laisse présager du très bon pour la suite. "Jodau Aura" propose un rythme plus lent, avec une mélodie dominante presque mélancolique. Les vocaux donnent alors une cinglante impression de souffrance. J’apprécie. Les petits moments paisibles sont toujours appréciables. Toujours. Mais cela ne dure pas longtemps, car avec "Ugly", le groupe retourne à des rythmes endiablés. Ce titre a, à mon avis personnel et exclusif, des relants punk. Et c’est court, très court. Mais efficace. "Strange Punget Odyssey" a ses moments. Il ne s’agit pas du titre le plus convaincant selon moi, mais il possède défintivement des atouts. Très old school en tout cas. "Walls Of Ru" me remet un peu plus dans le bain. Des accents plus épiques se font sentir, avec un espèce de choeur fondu dans le titre à certains passages. Le morceau gagne une dimension un peu plus spirituelle, mais reste résolumment thrash. Même veine pour "Salvation" qui ajoute de nouveaux des moments instrumentaux paisibles et planants. Une ambiance se dégage de ces titres, pour notre plus grand plaisir. Nocturno Culto met de la voix, et livre une prestation des plus convaincantes. Le titre suivant "Skeleton Sand" débute par une introduction planante. Encore une fois, on ne peut qu’admirer le mix parfait entre l’instrumental et les vocaux. Le tout s’assemble parfaitement, et participe à cette atmosphère froide et austère que le groupe arrive à créer sans le moindre soucis. On sent vraiment que le sujet est maîtrisé, et qu’il n’y a rien à leur apprendre. Sans doute le titre qui m’aura le plus marqué. L’avant dernier titre "Icon Usurper" s’annonce plus brutal que son prédécesseur. On y trouve aussi certains mini solos de guitare. La toute fin du titre sonne un peu plus black metal que le reste, mais pas de quoi sauter au plafond pour ce sujet. L’album s’achève sur "Rabid hunger". Les changements de rythme sont à l’honneur, avec un sublime passage sonnant très atmosphérique au milieu du titre. Du grand art, selon moi. Le morceau s’achève sur de la guitare. Joli.

Alors cet album de Sarke... je n’ai pas énormément de choses à lui reprocher, autant être claire. Ils maîtrisent leur musique d’une main de maître, et n’ont aucune difficulté à toucher directement juste. Ils possèdent une véritable puissance, et une qualité de jeu très appréciable. Pour moi, c’est une réussite. Le côté "hommage aux groupes du passé" passe très bien, et on se surprend une nouvelle fois à adhérer au concept. Même si comme moi, vous n’êtes pas forcément versés thrash ou heavy metal. La voix de Nocturno Culto ajoute la petite dimension glaciale et austère au tout, lui garantissant une nouvelle profondeur. Un album appréciable et apprécié.


Velgbortlivet
Novembre 2013


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/sarkeofficial