Le groupe
Biographie :

Saturnalia Temple est un groupe de stoner / doom metal suédois formé en 2006 et actuellement composé de : Tommie (chant, guitare / Shadowseeds, Eldhamn, Lapis Niger, The Tower, ex-Nocturnal Rites, ex-Therion, ex-Ligament), Gottfrid Åhman (basse / ex-In Solitude, ex-Repugnant, ex-Invidious, ex-Katalysator, No Future, Pågå, ex-Immaculate, ex-Reveal!, ex-Magina, ex-Obscene Infinity, ex-Random Raiders) et Pelle Åhman (batterie / ex-In Solitude, ex-Invidious, ex-Katalysator, No Future, Pågå, ex-Magina, ex-Obscene Infinity, ex-Random Raiders). Saturnalia Temple sort son premier album, "Aion Of Drakon", en Avril 2011 chez Nuclear Winter Records, suivi de "To The Other" en Février 2015 chez Listenable Records, et de "Gravity" en Février 2020.

Discographie :

2009 : "Saturnalia Temple" (EP)
2011 : "Aion Of Drakon"
2013 : "Impossibilum" (EP)
2015 : "To The Other"
2020 : "Gravity"
2024 : "Paradigm Call"


Les chroniques


"Paradigm Call"
Note : 17/20

Le retour de Saturnalia Temple est acté par un nouvel album. Créé en Suède en 2006 par Tommie Eriksson (chant / guitare, The Nest, Lapis Niger, ex-Therion), le groupe est aujourd’hui complété par les frères Gottfrid (basse) et Pelle Åhman (batterie), tous deux anciens membres d’In Solitude. En 2024, le trio dévoile "Paradigm Call", son quatrième album, qui sort chez Listenable Records.

"Drakon" ouvre l’album avec un premier riff lent et inquiétant, hanté par quelques choeurs qui finiront par s’éteindre pour laisser "Revel In Dissidence" créer un son plus oppressant et lourd, intégrant également les parties vocales macabres. Le rythme régulier et entêtant nous hypnotise tout en restant groovy grâce aux racines stoner saturées, injectant également des leads plus planants qui deviendront obsédant sur le final en nous menant à "Paradigm Call", le titre sombre éponyme, et son chant rauque étouffant. L’ajout des effets rend le mélange terriblement angoissant tout en créant un contraste avec les harmoniques psychédéliques, puis la voix devient beaucoup plus menaçante sur "Among The Ruins", une composition plus énergique qui n’hésite pas à jouer sur les changements de rythme inattendus et des riffs saccadés pour surprendre.

Le groupe ralentit à nouveau avec "Black Smoke", titre qui nous enveloppe peu à peu dans sa rythmique brumeuse avant de lâcher ses leads fous à vive allure, puis à les draper dans une saturation électrique étrange avant de s’alourdir sur "Ascending The Pale", tout en conservant ses tonalités mystérieuses. Les harmoniques viennent une fois de plus troubler la quiétude lugubre du titre, prenant la place des paroles brutes en nous menant à "Empty Chalice", un titre légèrement plus vif et plus court mais tout aussi épais qui nous fera aisément remuer le crâne, puis l’album prend fin avec les sonorités assourdissantes de "Kaivalya", composition instrumentale qui n’hésite pas à laisser la guitare faire des expérimentations énigmatiques, se rapprochant presque parfois du son éraillé d’un saxophone.

Bien que le line-up ait été remanié, Saturnalia Temple conserve sa touche de folie unique qui fait sa force. "Paradigm Call" va sans aucun doute plaire au plus grand nombre, pour peu que l’épaisse saturation ne vous fasse pas peur.


Matthieu
Mars 2024




"Gravity"
Note : AleisterCrowley/20

Après un premier album expérimental et très fuzzy puis un second plus varié, plus contrôlé et plus occulte, les Suédois de Saturnalia Temple reviennent avec leur troisième méfait, "Gravity". Vu l'évolution que l'on avait entendue d'un album à l'autre, on se demande à quelle sauce ces fous vont nous manger cette fois-ci.

Pour les deux du fond qui dorment, Saturnalia Temple évolue dans le doom au sens large du terme comme je le disais puisque parfois fuzzy et old school, parfois noisy et occulte, bref les riffs pèsent des tonnes et le groupe n'hésite pas à vous vriller les oreilles s'il en a l'occasion. Justement, l'introduction "Tordyvel" drone bien comme il faut et va vous faire vibrer à la fois vos tympans et vos voisins ! Une fois ce tremblement de terre passé, c'est le morceau "Saturnalia Temple" justement qui ouvre réellement le bal et on repart sur un terrain bien plus proche du doom traditionnel pour le coup même si le chant est toujours truffé de réverbe et qu'il repart occasionnellement en cris presque black plus d'une fois sur le reste de l'album. Je préviens de suite que le son est blindé de basses et que si vous poussez un peu le volume, ça va affoler les capteurs sismiques ! Les morceaux sont évidemment assez longs puisqu'on parle de doom ici quand même et dépassent donc parfois les huit ou neuf minutes et le groupe ne se fait pas prier pour donner un côté hypnotique à sa musique en faisant tourner ses riffs encore et encore. Quand ceux-ci sont conventionnels, ça passe bien, sur certains morceaux ça risque de coincer quand même un peu. Si la mélodie principale du morceau-titre a elle aussi des relents de doom traditionnel, elle a aussi un côté presque "guilleret / pysché années 70 défoncé jusqu'à la moelle" qui fait un peu tache dans le décor, sans compter que le chant clair qui apparaît à plusieurs reprises va encore diviser. Pas vraiment faux mais pas vraiment juste non plus, parfois volontairement décalé et pas tout à fait dans le temps, il est fait pour déranger et ça avait déjà fait l'effet recherché sur "Aion Of Drakon". Tommy Eriksson a clairement dit à cette époque qu'il faisait sa musique d'un point de vue occulte et qu'il se foutait d'avoir un public ou non, que le fait que ce soit bon ou non ne l'intéressait pas.

Si l'on peut pointer quelques détails qui risquent de repousser du monde (ou des défauts, ça dépendra de votre tolérance) comme ceux que je viens de citer, il y a une chose que l'on ne peut pas enlever à Saturnalia Temple : c'est un groupe singulier. S'il évolue dans un doom proche de la tradition, il s'en émancipe plus d'une fois et expérimente à tout-va en n'en faisant qu'à sa tête, voire même en provoquant clairement l'auditeur. Un groupe taquin dont l'objectif semble être de tester vos limites, de vous pousser dans vos derniers retranchements, du coup ça passe ou ça casse. On a tout ce qu'il faut pour partir en vrille ici que ce soit un feeling occulte, des riffs et mélodies psychés, un chant qui joue à l'équilibriste avec la justesse, des effets partout, un son qui vous fait vibrer les tripes, bref "Gravity" est une fois de plus un album à part. Savoir si l'album est bon ou non va dépendre de vos limites, plus que de vos goûts. "Elyzian Fields" confirme que l'occulte est bien l'inspiration de tout ce bordel, entre les riffs malsains, le son déformé et truffé d'effets, le chant black blindé de réverbe, il y a tout ce qu'il faut pour vous mettre mal à l'aise. Et si cela a suffit à vous mettre à genoux, vous allez prendre cher pendant "Between The Worlds" avec ses dix minutes qui ont tout du rituel et qui va permettre à vos intestins de savoir ce que cela fait d'être monté sur ressort (oui, ça vibre beaucoup). Encore une fois, "Gravity" est un album particulier qui se montre aussi psyché que malsain, groovy un instant et partant dans un rituel occulte l'instant suivant. Un album déstabilisant, habité, loin des carcans et des conventions, se foutant de tout et de tout le monde et déroulant sa cérémonie tranquillement dans son coin. Pour le coup, c'est vraiment du metal extrême dans tous les sens du terme et si l'expérimentation ne vous fait pas peur et que vous avez en plus un penchant pour l'occulte, vous avez sûrement trouvé un bon client.

Un troisième album qui confirme la place à part qu'a Saturnalia Temple dans la scène doom et metal en général. Proche de la tradition par moments, à des années-lumière de notre monde à d'autres, le groupe fait son rituel sans se soucier de savoir si quelqu'un va y trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Vous êtes prévenus, c'est vraiment expérimental et extrême dans tous les sens du terme avec un feeling occulte plus que prononcé, à vous de voir si vous êtes prêts à plonger là-dedans.


Murderworks
Mars 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/saturnaliatemple