"Vortex"
Note : 14/20
Venus d’Ukraine, Scarleth dévoile son troisième album. Formé en 2005, le groupe ne
compte plus que Viktor Morozov (guitare) parmi ses fondateurs encore actifs. Le reste du
groupe est composé de Yana Kovalskaya (claviers), Philipp Kharouk (batterie), Igor
Chumak (basse) et Ekaterina Kapshuk (chant). "Vortex", troisième sortie du groupe, est
donc leur premier album ensemble, et il s’inscrit dans la continuité du style que le combo a
mis en place.
L’album débute avec "Feel The Heat". Jouant la carte de la modernité, les claviers se mêlent
à des riffs power / sympho entraînants et groovy. Côté chant, la voix d’Ekaterina est
réhaussée par quelques choeurs, parfois saturés, mais c’est bel et bien elle qui mène la
danse. Même constat sur "No Return" et ses murmures inquiétants qui donnent un peu de
relief à une composition dominée par le clavier. Les différences de ton contrastent avec la
rythmique martiale, mais les harmoniques de la guitare sont malheureusement assez peu
audibles. On part plus dans un heavy / power avec "Be What You Are", un morceau tout de
même assez dansant, et qui laisse plus de liberté à la chanteuse. Les riffs sont plus bruts, le
clavier plus effacé, et le chant, toujours ponctué de quelques choeurs, fait avancer le tout
jusqu’à "Passion". Mettant le son de basse plus en avant et un univers assez éthéré aux
sonorités orientales, ce morceau surprend, mais reste efficace.
On repart dans des sonorités épiques pour "No More Letters", et c’est à nouveau le clavier qui
donne du relief à une rythmique solide. Plus calme par la suite, la composition se
redynamise cependant en alternant les passages, alors que "Guardian Angel" étale d’emblée
des riffs heavy. Le clavier apporte à nouveau sa touche moderne, et c’est finalement main
dans la main que les musiciens avancent sans s’arrêter. On appréciera le solo, qui donne
cette touche perçante à une composition dansante, alors qu’"Escape From Your Embrace" est
un morceau beaucoup plus mélancolique. Bien que le son saturé refasse surface, on sent
une certaine crainte, une oppression dans la rythmique. Le chant traduit également très bien
ce ressenti et les cris la font voler en éclat. Ne me demandez pas de prononcer le titre
"Остання зоря", mais laissez-vous plutôt embarquer dans cet univers doux et qui fait flirter
symphonique avec influences folk pour une petite pause douceur.
On arrive sur la fin de l’album avec "Pain Is My Name" et la présence de Ruud Jolie (Within
Temptation) pour le solo. Côté rythmique, on reste dans une composition qui colle
parfaitement au style du groupe sans grosse prise de risque, mais le résultat est accrocheur
et efficace. Accrocheur, c’est également ce que l’on peut dire de "Final Curtain", un morceau
martial et plus lourd que les autres, qui fait hocher la tête sans vraiment s’en rendre compte.
Dernier titre, "Break The Chain" reste dans ce que le groupe maîtrise parfaitement, c’est-à-dire
un riff qui fera remuer des têtes en live, un clavier qui surplombe le tout, ainsi qu’un chant
accompagné de choeurs entraînants. Et ça marche à nouveau, permettant aux Ukrainiens de
conclure leur album sur la même dynamique.
Scarleth semble avoir trouvé sa voie avec "Vortex". Sans toutefois révolutionner le style, les
influences qu’ils implantent un peu partout dans leurs compositions permettent de faire du
relief à leurs rythmiques sans tomber dans le cliché.
"The Silver Lining"
Note : 17/20
Scarleth nous présente son deuxième opus, "The Silver Lining".
Le combo ukrainien mélange plusieurs styles accompagnés de riffs très heavy qui dynamisent un album dont la pochette-même laisse l’indice déjà d’une douceur éthérée dans un sombre chaos !
"Nights Of Lies" ouvre l’album avec son introduction aux portes du doom qui amène la mélodie à se construire lentement avec une lourdeur oppressante. Quelques notes de clavier nous soulagent d’une brève légèreté, et le morceau se lance. La voix d’Irina, dans un timbre très pop, mais sans faiblesses, amène la touche finale d’une entrée en matière réussie !
On retrouve d’ailleurs l’influence un peu doom dans plusieurs morceaux, notamment l’excellent "Gates Of Dark Sun" aux sonorités orientales, entre tempo lent et mid-tempo, rappelant d’anciens morceaux d’Epica qui eux aussi furent friands de ce genre de sonorités ! On a même un peu d’influence plus douce avec "Dying Alone". Le timbre d’Irina pourrait faire passer cette jolie ballade dans un album pop / rock sans problème. Là encore dans le bon sens du terme, il n’y a pas que de mauvaises choses non plus dans la pop.
On retrouve aussi de l’influence folk ! C’est en tout cas ce que se veut "One Short Life", les premières notes semblant prometteuses … et puis finalement le morceau retombe un peu. Même si le thème reste très folk, le reste ne l’est pas. Le clavier tente de donner la touche celtique mais c’est un peu raté pour moi. Dommage !
"The Silver Lining" est un bon album ! Plein d’energie, heavy et carré, la production ne souffre d’aucune faiblesse à mon sens. Le groupe se veut un peu novateur en mélangeant les styles mais la patte heavy reste tout de même la pièce maîtresse, et le reste semble se poser dessus sans réellement adhérer à la composition : il faut mettre ses influences diverses au service de la composition et non l’inverse ! Mais la composition est toujours délicate, et surtout subjective. Musicalement j’adhère, le clavier s’éclate et amène la touche de légèreté dans ce heavy qui tourne parfois au doom par les riffs et solos de guitares très lourds et sans grandes envolées, c’est un peu la touche épique de l’album pour moi. Et même la basse s’amuse, il me semble entendre un petit solo dans "Pure Desire". La voix est sans rature, nette, puissante, quoiqu’au vu de ses capacités, je suis sûre qu’elle pourrait tenter d’autres choses pour varier ses lignes et apporter plus de profondeur encore (je pense à "Last Hope" qui est un peu plat pour le coup alors que la mélodie est très belle !). Le combo est prometteur, attention cependant à ne pas tomber dans le cliché de toujours chercher à innover.
En bref, j’ai aimé !
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