Le groupe
Biographie :

Débarqué tout droit de son monde cyber - punk, le monstre Shaârghot est apparu dans le paysage musical français avec la subtilité d’un rouleau compresseur. Aidé de ses “Shadows”, le Shaârghot cherche à organiser une immense fête et à dynamiter tout ce qui existe sur cette planète. Le groupe d’electro metal indus dévaste tout sur son passage, laissant derrière lui autant de traces de peinture noire que d’hématomes. Ayant assuré ses premières scènes auprès de nombreuses têtes d’affiche, comme les déjantés Little Big, les incontournables Punish Yourself et les rois de la dark electro Hocico, Shaârghot continue de faire parler de lui avec ses shows extrêmement énergiques, ses performances incluant costumes post-apocalyptiques et son metal martial aussi dansant que percutant.

Discographie :

2013 : "Mad Party" (EP)
2015 : "Vol.1"
2017 : "Break Your Body" (EP)
2019 : "Vol.2 : The Advent Of Shadow"
2023 : "Vol. III - Let Me Out"


Les chroniques


"Vol. III - Let Me Out"
Note : 18/20

Regardez Shaârghot émerger de l’ombre à nouveau. Créé à Paris en 2011, le groupe ne fait pas que jouer de la musique. Il a fait germer un véritable univers, au sein duquel Le Shaârghot (chant), O. Hurt//U (batterie), Brun'O Klose (guitare / choeurs), Clem-X (basse / choeurs), Scarskin (percussions) et B-28 (claviers) font évoluer la ruche en fédérant les “shadows”, fans du groupe. La fin de l’année 2023 marque la sortie de "Vol. III - Let Me Out", leur troisième album.

L’album s’ouvre avec "The One Who Brings Chaos", une introduction inquiétante qui nous replonge immédiatement dans l’univers post-apocalyptique du groupe, apportant quelques éléments cybernétiques, voire même noise avant de rencontrer un rythme accrocheur sur "Let Me Out" et ses riffs énergiques. La voix reste parfois en retrait, créant une sorte de noirceur brumeuse aux passages les plus calmes avant de guider à nouveau la charge qui nous mène à "Red Light District", une composition moins rapide mais plus lourde où les influences old school sont majoritaires. Les claviers apportent leur touche mi-étrange, mi-dansante avant de laisser la rythmique renouer avec la rage sur "Life And Choices", un titre groovy et entêtant qui ne manquera pas de motiver les shadows à se rentrer dedans en live, entre deux rires macabres. Les racines les plus agressives se ressentent dans la voix, tout comme sur "Jump" qui alterne entre ambiance oppressante et beat frénétique dansant dont les fans sont plus que friands pour se déchaîner. Le sample introductif de "Great Eye" nous permet de souffler un peu avant de rejoindre la rythmique fédératrice que le groupe recouvre parfois d’une touche de saturation, laissant le vocaliste hurler par-dessus, accompagné par les choeurs.

Si vous voulez en découdre, laissez "Cut/Cut/Cut" vous posséder avant de suivre l’embrasement sur le refrain de ce morceau également dédié à la scène, puis profitez de l’introduction sombre de "Love And Drama For Great Audience" vous envelopper pour enfin planer avec ce mélange glacial d’influences goth planantes et aériennes bourrées d’effets majestueux. "Ghost In The Walls" reste dans cette ambiance lugubre et brumeuse tout en proposant un moment de répit, que le groupe viendra annihiler avec la bien nommée "Chaos Area", dont les riffs saccadés auront tôt fait de nous réveiller grâce à une rythmique infernale qui ne nous laisse de répit qu’entre les vagues de fureur. Le titre s’éteindra peu à peu avant de laisser "Sick" prendre le relai avec des racines toujours plus efficaces et motivantes entrecoupées des éléments EBM et des voix étranges, puis "Are You Ready?" nous autorise un court instant de douceur avant de nous démontrer à quel point son nom est parfait, que ce soit sur un dancefloor ou dans un pit en folie. Après la déferlante de bonne humeur, le groupe viendra conclure son album par "Something In My Head", où les plus assidus reconnaîtront des influences suédoises, assurant une nouvelle fois le parfait mélange entre froideur aérienne et passages plus motivants.

J’ai d’abord découvert l’univers de Shaârghot en live, et il est incontestable que le groupe maîtrise cet environnement. Mais en écoutant les albums, on ne peut que constater que les shadows sont également très méticuleux, offrant avec "Vol. III - Let Me Out" une véritable claque d’indus aux multiples influences.


Matthieu
Janvier 2024




"Vol.2 : The Advent Of Shadow"
Note : 18,5/20

Loin de donner dans l’infanterie de style romane ou post-romantique, Shaârghot a plutôt choisi le blindé imposant et présageant l’apocalypse. Pour tout dire, et en toute transparence, Shaârghot est plus char gothique. Ne serait-ce que par ses décibels ! La preuve par six mais surtout par ce second album des quatre dérangés grimés aux tendances dictatoriales et génocidaires. Ruons donc nous sur ce jet sophomore, "Vol.2 : The Advent Of Shadow" de son nom entier. Le "Vol.1" étant sorti un peu plus tôt (même carrément plus tôt puisqu’en 2017).

Pas de répit pour les braves ni les âmes perdues (ou en peine d’ailleurs), Shaârghot redémarre la machine de guerre pour matraquer ton cerveau ! Si l’espèce humaine et ce qui reste de la planète Terre avait déjà été confronté à des sévices nucléairo-chimiques tels que "Into The Deep"  ou "Kill Your God", les rescapés de "Break Your Body" doivent désormais faire survire leurs vertèbres au reste des titres qu’ils ne connaissent pas déjà. Et là est le sacrifice ultime que devra endurer non seulement mon prochain, mais également l’arrière-train de n’importe quel quidam ouvrant cette boîte de pandore sonore : résister à l’appel du dancefloor, du headbang et d’enfoncer des clous dans les globes oculaires du premier qui passe. Musicalement, tout ce joyeux bordel se traduit par l’image d’un Ministry survolté qui copulerait avec les délires d’un Nine Inch Nails sans oublier la martialité d’un Rammstein, les effets d’un 3Teeth, la paranoïa d’un Rob Zombie et la déviance d’un Punish Yourself ("Black Wave", "Kill Wake Up", "Doom’s Day"). Mais bien au-delà de proposer un son martelé à en empiler les cadavres, c’est tout un univers que dévoile "The Advent Of Shadow". L’armée des ombres avance sur les cendres de "Vol.1" et dans son sillage le tympan peut apercevoir Shaârghot jouer comme cet espèce d’asticot-humanoïde accroché à un mur d’amplis sur un bolide dans Mad Max ("Now Die !!!", "Bang Bang", "Rage").

Industriel, électro-cyber punk, post-apocalyptique et cauchemardesque, le Shaârghot signe un second volet de haute volée même sans jouer au volley ni fermer de volets. Bref, Shaârghot break ton body aussi facilement qu’un CRS enfonce sa rangeot dans la mâchoire d’un manifestant de gauche (dans une dystopie évidemment). Autant de choses qui expliquent que les Shaârghot se pavanent tout peinturlurés mais surtout que leur succès est à portée de(s) masse(s) !


Rm.RCZ
Juin 2019




"Break Your Body"
Note : 18/20

Hey Shadows ! Tu kiffes te prendre des coups de pied au cul ? Ton délire c’est de t’éclater la tête contre un mur ? Pour toi rien ne vaut une soirée auto-torture ? T’es tombé sur la bonne chronique. Laisse-moi t’expliquer le trip ! Tu prends un chanteur un poil schizo, un guitariste cyborg, une bassiste barbue, un batteur pas rassurant et un photographe soumis, tu rajoutes une batte de base-ball, de la 8.6, des lasers verts, de l’electro et environ 4 000 litres de peinture noire et tu obtiens plus ou moins un bébé Shaârghot.

J’ai vu ces mecs et cette fille (Etienne au micro, Bruno à la gratte, Clémence à la basse, Olivier à batterie et Aliaume… et Aliaume) sur scène à Bogny-Sur-Meuse (le fameux village ardennais coincé entre Nouzonville, Monthermé et Sécheval bien entendu… Tout le monde connaît) et autant dire que je me suis pris une méga grosse patate dans la caricature qui me sert de visage ! C’était un tout petit festival mais c’était un très grand concert, croyez-moi. Et puis quand j’ai vu que ces tarés allaient sortir un nouvel EP, j’ai sauté sur l’occasion ! Et voilà que vous êtes en train de lire ces lignes pour parler de "Break Your Body". Composé de quatre titres et d’un interlude pour une vingtaine de minutes, cet EP n’est pas la première galette du groupe puisqu’ils avaient sorti "Mad Party" en 2013 puis l’album "Vol.1" en 2015. Mais la vraie question est de savoir si l’EP est à la hauteur de mes attentes. (SPOIL : la réponse est "oui")

L’EP commence tout en douceur (non je déconne, c’est un gros bordel) avec "Doomsday". Bon bah là le message est clair… C’est du Shaârghot comme on a pu en entendre auparavant. Du bon gros metal industriel, pas trop Manson, pas trop Rob Zombie, pas trop Rammstein, mais un peu tout ça quand même parce que quand on pense industriel on pense à ces trois noms. Les paroles sont quasi incompréhensibles mais ça, Etienne le sait et il en joue, et si t’es pas content retourne écouter Mylène Farmer. Bon OK, t’as le droit de ne pas aimer mais dans ce cas, sache que moi non plus je ne t’aime pas. S’ensuit "Kill Your God" et ses sirènes de police. Ce morceau a une ambiance très… Hmmmm… très Shaârghotesque ? C’est le meilleur mot à vrai dire. Ce n’est pas le groupe le plus évident à décrire, ni le plus évident à écouter mais une fois que t’es dedans, tu commences à goûter à de multiples sonorités. A noter que le groupe a fait l’effort de réussir à rendre ces deux premiers morceaux hyper accrocheurs malgré la bazar ambiant. Je parle de morceaux accrocheurs quand soudain surgit le morceau que tu ne peux pas t’enlever de la "I’M GONNA BREAK YOUR BODY, BREAK BREAK YOUR BODY AGAAIIIIIIIIN !, euh… je voulais dire de "la tête". Ce morceau, tu l’auras deviné, c’est "Break Your Body". En live, c’était simplement une tuerie avec Aliaume, le gros soumis, agitant frénétiquement ses deux minables pancartes avec le titre écrit dessus, alors autant dire que c’est un plaisir de retrouver ce morceau sur CD. A écouter absolument ! Enfin, l’EP se termine avec "Bucolikiller", avec au chant Loki Lonestar du groupe Tricksterland. Ce morceau, c’est une espèce de ballade inquiétante et énigmatique. En tous cas, c’est une sacrée bonne surprise. Après avoir écouté les titres précédents, on ne peut pas s’attendre à ce genre de sonorités inspirées d'Igorrr.

En bref, je suis absolument convaincu par "Break Your Body". Le seul reproche que je puisse faire à Shaârghot, c’est que parfois leur son studio sonne un peu trop bordélique. A part ça, tout est parfait ! Des questions restent tout de même : qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans la tête de ces gens ? Pourquoi se maquillent-ils entièrement en noir ? Pourquoi Clémence est-elle plus barbue que les membres masculins du groupe ? Qui de la batterie d'Olivier ou d'Aliaume se prend le plus de coups ? Pourquoi le groupe aime-t-il la 8.6 chaude ? Et enfin, à quand l’album ?


John P.
Décembre 2017




"Vol.1"
Note : 17,5/20

Attention, événement ! L’Hexagone, qui a finalement produit très peu de groupes œuvrant dans le metal / indus malgré la qualité évidente de formations telles Treponem Pal, Proton Burst, Punish Yourself ou encore Undercover Slut, nous balance son dernier rejeton, Shaârghot, combo parisien qui va faire du bruit.

Shaârghot, à l’instar d’Herrschaft, Prime Sinister et bien entendu Blazing War Maching, fait partie de cette nouvelle génération qui a décidé d’en découdre au plus haut niveau ; univers travaillés à l’extrême incluant une maîtrise hallucinante du transmedia storytellingn, la chevauchée malsaine d’un Kubrick dans les entrailles de Sin City, dandy indus en prime. Suite à la sortie d’un premier EP particulièrement bien accueilli par la critique, les Parisiens ont donc décidé d’intégrer les quatre titres dans ce premier album sobrement nommé "Vol.1".

Premier constat, nous aurions tort d’étiqueter le son de Shaârghot comme simple metal indus tant les compos explorent plusieurs genres de la manière la plus puriste qui soit. Certes le titre éponyme nous ramène aux premiers albums de célèbres Teutons, tandis que "Traders Must Die" lorgne vers le courant Neue Deutsche Härte. "Azerty" sonne comme un "Get Your Body Beat" de Combichrist, idem pour "U.K.T.T.O.M.H". "The Way" aurait pu être d’Hocico boosté au KMFDM et "Mad Party" fleure bon Punish Yourself. Et que dire de "No Solution" dont le refrain nous remémore le "Breathe" de Prodigy. Chaque titre possède sa propre identité et le doit à une réelle performance vocale, l’alternance hurlé / susurré / modulé / grave et aigu contribue à l’ambiance viscérale et glauque, bien aidée par une avalanche de riffs puissants et de beats hystériques.

Shaârghot nous balance son univers en pleine face, tel un uppercut, le dépeint en douze psaumes se concluant par l’énigmatique "B4-Birth". Et comme si cela ne suffisait pas, le combo entretient une réputation live sulfureuse comme en témoignent leurs premières parties pour Rabia Sorda et Punish Yourself, nul doute que l’on reverra très prochainement les Franciliens à un niveau encore supérieur.


Braindead
Novembre 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/shaarghot