Le groupe
Biographie :

Formé en 2004 par l'ex-Opeth, Martin López (batterie, aussi impliqué dans Amon Amarth), Soen a eu le privilège d'également compter parmi ses membres l'excellent Steve DiGiorgio à la basse (Testament, Iced Earth…), Joel Ekelöf au chant et Kim Platbarzdis à la guitare. Le groupe propose un metal / rock progressif aux influences mêlées de chacun des musiciens et à l'univers oscillant entre Tool  et  A Perfect Circle. Le premier album "Cognitive" est sorti en 2012 chez Spinefarm Records et en 2014 la formation nous offre son deuxième opus intitulé "Tellurian". Le troisième album, "Lykaia", sort en Février 2017 chez UDR Music. "Lotus" sort en Février 2019 chez Silver Lining Music. "Imperial" sort en Janvier 2021. "Memorial" sort en Septembre 2023.

Discographie :

2012 : "Cognitive"
2014 : "Tellurian"
2017 : "Lykaia"
2019 : "Lotus"
2021 : "Imperial"
2023 : "Memorial"


Les chroniques


"Memorial"
Note : 16/20

"Imperial" sorti en 2021 faisait entendre une orientation plus accrocheuse et immédiate pour Soen, une orientation confirmé par ce nouvel album nommé "Memorial" et qui va donc amener son lot de mélodies mélancoliques qui restent dans la tête dès la première écoute. Rangez donc cette hache et posez-vous tranquillement sur le canapé, le casque bien posé sur les oreilles.

Il faut avouer que le groupe avait montré un certain savoir-faire dans le genre metal mélancolique et accrocheur, on est donc plutôt confiant au moment de se mettre ces dix nouveaux morceaux dans les esgourdes. Quelques affinités avec le Katatonia des derniers albums se faisaient certes parfois sentir sur "Imperial" mais le groupe frappait juste à chaque fois et sa musique restait très efficace. "Sincere" ouvre l'album avec un bon groove qui met déjà dans de bonnes dispositions et fait entendre quelques riffs plus durs et plus agressifs en plus des traditionnelles mélodies mélancoliques. Soen nous fait donc entendre une orientation un peu plus metal qui lui va plutôt bien et permet à ce morceau d'ouverture d'être une fois de plus très efficace. Un solo très Pink Floyd ajoute un peu de délicatesse sur un break tout en mélancolie avant que le groove reprenne ses droits avec ce refrain décidément très accrocheur. "Unbreakable" se pose sur un mid-tempo plus triste avec une cowbell bien présente en fond et une fois de plus des lignes de chant et des mélodies tout en finesse et en mélancolie. "Violence", comme son titre l'indique, ressort les gros riffs et envoie quelque chose de plus agressif sans oublier ces fameuses mélodies pour autant. On retrouve donc le Soen que l'on a entendu sur "Imperial" avec un peu plus de gros riffs et un groove plus marqué. Pour le reste, c'est toujours le même talent pour les mélodies accrocheuses, la même tristesse dans les mélodies et la même efficacité globale.

Les influences Tool ou Katatonia qui pouvaient encore se faire sentir sur les précédents albums s'effacent progressivement et le groupe commence tout doucement à proposer son propre univers. Les plus bourrus d'entre vous trouveront évidemment ça trop easy listening une fois de plus, et le refrain de "Violence", d'ailleurs, est un bon exemple de quelque chose qui pourrait passer en radio sur nos ondes n'étaient pas aussi allergiques aux guitares électriques. Même constat pour "Fortress" qui, en plus, fait entendre un visage plus rock même assez moderne sur les couplets en plus d'un refrain là encore très radio friendly et diablement efficace. Notons aussi le très joli "Hollowed" en duo avec la chanteuse Elisa qui pose sa très belle voix sur un morceau tout en finesse et qui fait ressentir une forme de nostalgie dans ses mélodies. Comme pour "Imperial", les quarantes-deux minutes passent très vite et il n'y a pas de baisse de régime sur ce nouvel album direct, accrocheur et groovy. Soen progresse doucement mais sûrement et "Memorial" le voit monter d'un cran en termes de personnalité, de qualité de composition et d'équilibre entre mélodies et puissance. Si vous aviez apprécié le précédent album, vous allez très vite vous sentir comme à la maison tout en remarquant que le groupe maîtrise encore un peu plus son sujet. Les soli de guitare sont systématiquement lumineux et tout en feeling avec ce petit feeling Pink Floyd très plaisant.

"Memorial" poursuit donc sur la voie tracée par "Imperial" tout en progressant encore d'un cran et amenant quelques riffs plus durs et plus agressifs. On reste sur quelque chose de très mélodique, mélancolique et accrocheur mais ce petit regain d'agressivité fait toujours plaisir et amène en plus un groove très efficace. Soen se détache de certaines de ses influences et développe encore un peu plus son univers avec un nouvel album tout aussi recommandable que ses prédécesseurs.


Murderworks
Octobre 2023




"Imperial"
Note : 15/20

Soen ne devrait plus vous être inconnu aujourd'hui puisque "Imperial" qui nous arrive cette année est tout de même le cinquième album du groupe. Vaguement étiquettée rock / metal progressif, la musique du groupe est tout à la fois puissante et dure d'un côté et mélodique et mélancolique de l'autre. Une mixture qui s'est émancipée de ses influences au fur et à mesure des sorties (le premier album "Cognitive" rappelait quand même méchamment Tool) et qui s'est un peu durcie aussi au passage.

"Imperial" reprend les choses là où "Lotus" les avait laissées et Soen continue son chemin sans bouleverser ses habitudes et continue vers quelque chose de progressivement (j'étais obligé de la faire celle-là) plus direct. Si les débuts du groupe présentaient quelque chose de plus tortueux et insaisissable, les mélodies se sont faites plus directes et accrocheuses avec le temps tout en gardant cette mélancolie prégnante que Soen a toujours eu dans son ADN. "Lumerian" qui ouvre l'album est doté d'un refrain qui nous rentre directement dans le crâne et balance quelques coups de double de temps en temps. En fait, ce mélange entre puissance, riffs modernes et mélancolie omniprésente me fait presque penser dans l'esprit aux derniers Katatonia par moments. Du coup, je peux comprendre que ceux qui aiment les premiers albums trouvent que la musique de Soen perd de sa profondeur. Le groupe se dirige effectivement vers quelque chose de plus accessible et moins tortueux avec des structures plus simples et immédiatement mémorisables. Toujours est-il que les riffs sont bons, les lignes de chant sont accrocheuses et l'ensemble passe tout seul. "Illusion" nous fait entendre ces relents Pink Floydiens à la fois dans les claviers et dans la guitare tout en feeling et en mélodies aériennes que l'on pouvait déjà entendre sur les deux précédents albums. Tout cela est bien enrobé dans une production puissante, propre et organique avec une batterie qui sonne comme une vraie batterie (c'est assez rare de nos jours dans le metal pour être signalé). La petite quarantaine de minutes que dure "Imperial" passe à une vitesse dingue et les morceaux s'enchaînent tranquillement sans laisser le temps de s'ennuyer.

Comme dit plus haut, le seul véritable défaut que l'on pourrait trouver à ces morceaux est qu'ils sont plus accessibles et moins profonds que ceux présents sur les premiers albums du groupe. Soen se dirige vers quelque chose de plus immédiat et mise beaucoup sur des mélodies mémorisables et accrocheuses. Mais une fois cette question de goûts dépassée, il reste une mélancolie touchante, des lignes de chant qui tapent juste, une énergie suffisamment bien dosée pour apporter un peu de variété et des morceaux globalement efficaces et bien foutus. La formule est bien rôdée et si le groupe prend moins de risques et sort moins des sentiers battus que par le passé, sa musique reste plaisante et cette quarantaine de minutes ne présente pas vraiment de faiblesse. Le groupe nous balance des refrains tristes mais accrocheurs et ne loupe pas une occasion de nous lâcher de bien belles mélodies. Si la voie qu'à pris le groupe sur "Likaia" et "Lotus" vous avait déplu, il y a peu de chances que "Imperial" vous plaise. Les puristes trouveront probablement tout ça bien trop easy listening mais en même temps l'orientation plus complexe et tortueuse du premier album leur avait valu de nombreuses comparaisons avec Tool. Soen a évolué et ne contentera pas tout le monde non plus cette fois-ci, pourtant encore une fois si on écarte les divergences de goûts, la qualité des morceaux est là. Malgré ça, c'est ce fameux manque de profondeur par rapport à ses prédécesseurs qui pourra lui porter préjudice et ne pas le rendre aussi marquant. C'est immédiat, direct, accrocheur et ça passe tout seul, mais cette simplicité d'approche le rend peut-être un peu trop générique.

Un nouvel album bien foutu et accrocheur qui en décevra certains par son manque de profondeur par rapport à ses prédécesseurs mais qui devrait ravir ceux qui recherchent un metal mélancolique et immédiat. "Imperial" ne sera peut-être pas l'album de l'année qui va vous marquer au fer rouge mais il renferme de bons morceaux efficaces et de bien belles mélodies qui feront leur effet, ne serait-ce que le temps de l'écoute.


Murderworks
Avril 2021




"Lotus"
Note : 13/20

Soen est un groupe plutôt récent mais qui a déjà une personnalité bien affirmée et une musique personnelle. Leurs trois premiers opus démontrent bien tous leurs talents, notamment "Lykaia" qui date de 2017. Celui-ci amenait une sensibilité encore plus marquée qui le rendait vraiment touchant. Aujourdhui, le groupe revient avec "Lotus" chez Silver Lining Music, nous étions donc très impatients de le découvrir mais hélas la déception a pointé le bout de son nez et n'est plus partie.

Déjà, on ne peut que constater la médiocrité de la seconde moitié de l'album constituée des morceaux "Penance", "River", "Rival" et "Lunacy". En effet, entre les passages ultra bateau, mous et les longueurs, on a beaucoup de mal à apprécier ce que l'on écoute et à se rappeler du Soen que l'on aimait tant. Et le plus dommage, c'est que la première partie a beau être meilleure, là non plus ce n'est pas au niveau de la discographie passée. Alors qu'ils nous ont toujours délivré des titres profonds, travaillés et avec une espèce de peps qui met de bonne humeur, ici cela reste trop simple. On reste ainsi sur notre faim même si certains titres restent corrects comme la ballade "Lotus".

"Martyrs" se trouve être plus violent et l'on est assez contents de retrouver les percussions à la Soen. C'est également le cas avec la basse dans "Lascivious", et quant au lumineux et mélodique "Covenant", on n'a rien a dire. Là, on a enfin un excellent titre rythmé, varié et plein de vie, c'est sans aucun doute le meilleur de l'opus, ce qui est aussi frustrant en même temps, on aurait aimé avoir tout un album du même acabit.

A l'inverse, "Opponent" déstabilise dans le mauvais sens car les parties de chant y sont trop mécaniques et superficielles, toute sa mélodie est comme balayée pour avoir une voix sans relief. C'est sûrement voulu mais pas sûre que ce soit un bon choix car on perd toute l'émotion. Difficile d'entendre l'extraordinaire Joel Ekelöf sans cette passion et cette magie, et heureusement que ce n'est que sur ce titre. Du coup, "Opponent" perd de sa fluidité et on a du mal à vraiment le comprendre.

Bon, on ne va pas mentir, cela aurait pu être mieux, Soen nous a habitué à de superbes opus, complets et très travaillés, or, ici, on est loin d'être convaincu. La plupart des morceaux sont plats, ils manquent de conviction et nous sembent trop communs. Le groupe semble comme éteint avec ce "Lotus" et c'est vraiment triste car les Suédois sont capables de réaliser de magnifiques travaux. En espérant les retrouver sous un meilleur jour.


Nymphadora
Février 2019




"Lykaia"
Note : 18,5/20

Quel plaisir de retrouver Soen avec un nouvel album nommé "Lykaia" qui était une féte religieuse sur fond de rituel cannibaliste et de transformation en loup-garou pendant la grèce antique. Un beau concept en somme. Trois ans après "Tellurian", les revoila donc et l'attente est vite oubliée lorsque l'on écoute ce troisième opus à la hauteur de nos attentes et surtout de leur talent. Car oui, avec deux précédents excellents albums très marquants, on ne s'attendait pas à autre chose qu'une énième réussite !

Nous sommes donc loin d'etre déçus avec "Lykaia" qui nous offre neuf titres à la Soen. Nous ne sommes pas non plus perdus, on retrouve bien les éléments qui font de ce groupe un groupe unique. Il y a la basse bien mise en avant qui est jouissive, ce groove qui hérisse les poils, et le chant de Joel Ekelöf si touchant et chaud qui nous fait voltiger. Et puis il y a la batterie énergique et efficace tout en nuances et bien sûs ces riffs instinctifs et progressifs qui donne une couleur plus metal.

Voilà, on retrouve bien Soen dans ce nouveau travail mais avec cependant une évolution qui ne chamboule pas l'écoute mais au contraire qui la rend encore plus intéressante. En effet, l'émotion y est bien plus présente. Les textes abordent des sujets forts sur ce qu'il y a derrière les religions et sectes, comme les sacrifices et suicides, et la recherche de son identité. Et la musique suit forcément avec plus de morceaux calmes comme la ballade poignante "Lucidity" qui est éthérée, tout en délicatesse. La tristesse rejoint alors la poesie dans ce titre d'une grande justesse qui parle d'une jeune fille qui s’apprête à se suicider pour sa secte et de sa lucidité face à cela. "Paragon" est une autre ballade avec une belle mélodie et des passages bien bluesy. Tantôt posé et plus rentre-dedans, "Jinn" est un morceau marquant et attrayant, plein de colère et de désespoir. D'autres morceaux sont plus aériens comme le lumineux et dramatique "Sister" ou encore "God's Acre" qui est envoûtant.

On trouve donc pas mal de titres posés mais attention, il y en a également des plus dynamiques. Des morceaux comme "Stray" ou "Opal" (qui parle du gourou d'une secte) qui sont pleins de vie. "Sectarian" est énergique et froid, plein de mélancolie, tout comme "Orison" avec ses riffs tranchants et ses passages plus planants. Ainsi, avec "Lykaia", Soen a su mettre ce petit plus d'émotion dans sa musique. On se retrouve donc avec des compositions plus profondes, moins techniques, mais du coup plus personnelles. C'est encore une fois un bijou, mais différent des deux autres albums. Une telle pureté mélangée avec de la rage, c'est magnifique !


Nymphadora
Mars 2017




"Tellurian"
Note : 17/20

Deux ans après le très bon "Cognitive", la formation nous livre un nouvel opus très attendu. Un meétal / rock progressif aux sonorités entre  Tool  et A Perfect Circle  qui sait se renouveler et fonctionne parfaitement bien : voilà comment l'on pourrait décrire en quelques mots l'univers musical de Soen. La principale critique à laquelle ce premier album avait été confronté était justement de tellement s'inspirer de  Tool  que l'on aurait presque eu envie de crier au plagiat. Cette direction artistique a cependant toujours été pleinement assumée. Qu'en est-il alors de "Tellurian" ?

Niveau changements, on pourra noter l'arrivée de Stefan Senberg à la basse pour remplacer Steve DiGiorgio. Au niveau musical, on retrouve l'esprit du groupe, qui ne trahit en rien son orientation et sa qualité, mais prouve qu'il sait se renouveler habilement. La finesse et l'intelligence de jeu de Martin López restent toujours autant affirmées et apportent à la section rythmique une classe talentueuse, sobre et efficace. Avec des musiciens de cette envergure et de cette notoriété, Soen part avec le lourd fardeau d'être perçu comme un "super-projet". Ce que le groupe nous livre ici répond, avec grâce, à nos attentes, entre lourdeur d'un heavy moderne, mélodie incontestable, univers intriguant et original. Ce qu'il y a de plus intriguant justement dans l'univers musical de cette formation est qu'elle nous présente à la fois un univers au sein duquel chacun pourra y retrouver de nombreuses références, dont les anciens groupes des musiciens ou encore ceux cités auparavant, tout en amenant sa touche personnelle d'originalité et sa signature facilement reconnaissable. Et c'est en partant d'une culture de base indéniablement orientée "metal" que Soen parvient à apporter sa sonorité progressive moderne faisant sensiblement penser à des formations telles que Haken  ou  Riverside. Mais comment tout ce mélange finit-il alors par sonner au sein d'un ensemble cohérent ?

Nous avions déjà pu savourer la qualité des compositions de "Cognitive", et "Tellurian" reste dans la même lignée : pour résumer, si vous avez apprécié le premier album, vous ne serez pas déçus par le deuxième. Déjà l'artwork de "Cognitive" se voulait accrocheur. On peut dire que le groupe sait faire le choix de ses pochettes. Celle de "Tellurian" est en parfaite harmonie avec le concept musical : artistique, intriguante et personnelle. L'album est empli de rythmes chocs et dynamiques, sachant se faire discrets et intelligents aux moments les plus planants des titres. L'écriture des textes est inspirée et la qualité technique – on notera la beauté des mélodies vocales et la performance parfaite de Jöel Ekelöf au chant, mais tout est irréprochable, de la batterie à la basse sans oublier la guitare – reflète tout le professionnalisme et l'expérience de ces musiciens. Plus progressif dans son approche que le précédent album et proposant des nouveautés (l'usage des congas par Martin López sur "The Other's Fall" par exemple), "Tellurian" marque bien une évolution du groupe, sans pour autant s'éloigner de sa base musicale originelle. Pour survoler rapidement les titres, "Pluton" est sans conteste l'un des titres phares de cet album avec "The Other's Fall", qui clôture l'opus avec ses 8 minutes 42 de surprises. "Koniskas" offre quant à lui des enchaînements très intéressants et une structure finement élaborée entre passages dynamiques, mélodiques, planants et progressifs à souhait.

Soen présente donc une réelle logique évolutive et promet un futur intéressant. On ne peut qu'espérer que l'audience sera au rendez-vous. Si vous découvrez le groupe, écoutez les albums chronologiquement, pour vous inspirer complètement de cette logique qui vous fera rentrer dans un univers qui vous semblera encore un peu plus original à chaque écoute.


Radien
Janvier 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/soenmusic