"Övergivenheten"
Note moyenne : 14/20
Soilwork n’a pas dit son dernier mot. Créé en 1995 sous le nom d’Inferior Breed, le groupe
suédois a toujours su faire évoluer son style. En 2022, Björn "Speed" Strid (chant, Act Of
Denial, The Night Flight Orchestra…), Sven Karlsson (claviers, ex-Evergrey), Sylvain
Coudret (guitare, Scarve), David Andersson (guitare, The Night Flight Orchestra),
Bastian Thusgaard (batterie, Dawn of Demise), et Rasmus Ehrnborn (basse) annoncent
la sortie de "Övergivenheten", le douzième album du groupe, chez Nuclear Blast.
L’album commence avec "Övergivenheten", le titre éponyme, qui nous fait doucement entrer
dans cet univers aussi mélodieux qu’accrocheur, accompagnés par un cri, puis le groove
oppressant se mêle aux influences les plus calmes. Le groupe renoue tout de même avec
des influences plus agressives, à l’inverse de "Nous Sommes La Guerre" qui sonne comme
une ballade avec ces quelques mots en français et ses harmoniques aériennes. Les choeurs
donnent au titre une atmosphère assez différente, qui prendra fin dès les premières notes
d’"Electric Again", une composition explosive au blast ravageur. Le titre sera apaisé par des
sonorités qui flirtent avec le folk, puis la rythmique refait surface avant de nous laisser avec
"Valleys Of Gloam" et sa douceur entraînante. Le groupe propose toujours des riffs efficaces
qui feront mouche sur scène, mais on sent que les guitaristes ont également recherché les
sonorités planantes, alors que ce sont les patterns old school qui seront utilisés sur "Is It In
Your Darkness", qui proposera tout de même quelques choeurs clairs pour accompagner les
hurlements énergiques. Le contraste entre douceur et agressivité se retrouve aussi sur
"Vultures", une composition entêtante qui laisse plus de place aux mélodies et à des parties
vocales intenses, puis le groupe nous laisse souffler avec "Morgongåva / Stormfågel" et ses
douces tonalités.
"Death, I Hear You Calling" surprendra par son contraste entre le chant
agressif, qu’il soit saturé ou non, et les patterns pop, puis "This Godless Universe" reviendra
avec un blast effréné que le groupe nuance avec des orchestrations et un chant clair
puissant. Les musiciens nous dévoilent également des influences plus sombres sur "Dreams
Of Nowhere" qui seront rapidement recouvertes de ces mélodies plus douces et lancinantes,
ainsi que d’un chant accrocheur avant que "The Everlasting Flame" ne vienne apaiser le
rythme avec une courte instrumentale mélancolique. "Golgata" prend la suite avec des
sonorités majestueuses qui collent à la fois aux cris et au chant clair, ajoutant des racines
heavy à leur son, puis on retrouve leurs nouvelles sonorités accessibles sur "Harvest Spine",
dont les leads planants ont piqué ma curiosité, mais l’album arrive déjà à sa fin. Elle sera
marquée par "On The Wings Of A Goddess / Through Flaming Sheets Of Rain", un titre sur
lequel on retrouve quelques mots en français sur l’introduction, avant que le groupe ne
vienne placer sa rythmique sur cette longue composition, qui dévoilera également des
accents doom / death sur la fin.
Soilwork continue son évolution en ajoutant des influences toujours plus diversifiées à sa
base death mélodique / metalcore. "Övergivenheten" est un album imprévisible qui alliera des
titres bruts à des passages très accessibles, ou tout son contraire, pour nous surprendre en
permanence.
Trois années se sont passées depuis la sortie de "Verkligheten", trois années durant lesquelles les membres de Soilwork, comme nous tous d‘ailleurs, ont dû vivre avec les confinements à répétition et les frustrations qui vont avec surtout pour des gens dont tourner est le métier. De cette période d’introspection forcée est né le dernier opus du groupe, "Övergivenheten", qui suit musicalement le nouveau tournant musical du groupe initié depuis "The Ride Majestic". Il faut reconnaitre que le groupe, qui sort des albums depuis 1998, n’a eu de cesse d’évoluer, avec des albums très "scandinaves" et nerveux comme "Natural Born Chaos" et les albums antérieurs, le virage "gros son" avec "Stabbing The Drama" et les deux albums suivants, puis le virage mélodique initié depuis "The Living Infinite". Ces changements sont bien sûr liés aux changements de line-up, dont la rencontre entre David Andersson et Björn Strid qui a bouleversé leur univers au point d’écrire à quatre mains tous les albums du groupe puis de créer, de tout composer et d’écrire pour The Night Flight Orchestra, mais également à l’histoire personnelle de chacun des membres du groupes.
Ayant tous passé la quarantaine (sauf Bastian, le petit nouveau), ayant vécu des naissances pour les uns, des mariages pour les autres, une utilisation omniprésente du chant clair pour Björn dans NFO, la mentalité et la sensibilité du groupe ont évolué vers quelque chose de moins agressif (sans pour autant tomber dans le rock 70’s de leurs compatriotes d’Opeth). Tous ces changements sont donc à prendre en compte pour appréhender comme il se doit ce nouvel album où la noirceur des paroles de David côtoient un point de vue un peu plus optimiste symbolisé par le contrepoint de Björn. Enfin, fait notable, le groupe semble enfin avoir trouvé un CDI à la basse avec la confirmation au poste de Rasmus Ehrnborn, grand barbu ayant jusque-là tenu l’instrument en tournée depuis 2019 (et dont la femme n’est autre que l’une des choristes de NFO).
On attaque donc avec le titre d’ouverture "Övergivenheten", constitué d’une longue intro avant d’attaquer dans le bois avec un riff se voulant épique. Dès le départ on s’en rend compte d’une part que Björn n’a pas perdu de son scream et d’autre part que le titre phare de l’album surfe sur le death mélodique de "The Living Infinite", très easy listening. On passe à "Nous Sommes La Guerre", titre français certes mais pour une chanson chantée en anglais. Je ne sais pas si cette lubie d’intégrer dans Soilwork des passages en langue étrangère vient de NFO mais personnellement je trouve que cela n’apporte rien sinon du kitsch. Quoi qu’il en soit, la chanson reste tout à fait correcte et là encore très accessible à tous les publics (avec un changement de tonalité avant le refrain qui, là encore, rappelle quelques albums antérieurs). Je suspecterais même, si j’étais taquin, que pour Soilwork, le duo infernal Björn / David ait, à l’image de NFO, récupéré des compos écrites il y a 5 ou 6 ans pour les intégrer dans l’album (Björn ayant lui-même reconnu en interview devoir faire un gros tri dans les compos avant de les poser sur un album, nul doute que leur discothèque regorge de vieux titres qui ne demandent qu’à être mis au goût du jour). On revient sur un truc assez burné avec "Electric Again" et la double pédale efficace du camarade Bastian qui décidemment n’a rien à envier au grand Dirk Verbeuren (parti renflouer son PEL chez Megadeth) avant de retourner sur du déjà-entendu avec "Valleys Of gloam". Le reste de l’album respecte cette succession de titres assez couillus ("Is It In Your Darkness") qui rappellent la lourdeur de "Stabbing The Drama" et le côté énervé de "Natural Born Chaos", d’autres faussement burnés ("Vultures", "This Godless Universe", le groovy "Death, I Hear You Calling") clairement axés "The Ride Majestic" et de chansons mélo (le break "Morgongava", franchement inutile, et son petit frère "The Everlasting Flame").
En bref, bien que l’album soit ultra bien produit et qu’il fasse honneur à son style musical et à la transition opérée par le groupe depuis "The Living Infinite", il régalera autant les nouveaux fans qu’il ennuiera ceux de la première heure qui se diront "Tiens, mais j’ai pas déjà entendu ce titre 50 fois ?". Vivement donc le prochain bébé qu’on voit ce que Soilwork a encore dans le ventre.
"A Whisp Of The Atlantic"
Note : 18/20
Un an après leur dernier album, Soilwork revient avec un EP. Intitulé "A Whisp Of The Atlantic", il fait suite aux onze albums et trois EPs du groupe menés par Björn “Speed” Strid
(chant, Act Of Denial, Forces United, The Night Flight Orchestra) depuis 1996. Le reste
du groupe se compose de Sven Karlsson (claviers, ex-Evergrey), Sylvain Coudret
(guitare, ex-Scarve), David Andersson (guitare, The Night Flight Orchestra) et Bastian
Thusgaard (batterie, Dawn Of Demise), ainsi que de Rasmus Ehrnborn (basse, Burning
Kingdom) en live.
Lorsque l’on dit EP, on ne s’attend probablement pas à plus d’une demi-heure de son.
Pourtant, celui-ci est différent. Bien qu’il n’ait que cinq titres, "A Whisp Of The Atlantic", le
premier morceau, dure seize minutes, et nous permet de se familiariser avec la lente et
douce introduction, puis de se prendre les riffs groovy en pleine face. Le chant clair du
vocaliste est remplacé par de puissants hurlements, alors que la rythmique lourde frappe
sans relâche. La paire de guitaristes ne se prive pas de placer quelques leads perçants sur
cette rythmique entraînante, alors que la rage prend possession des musiciens, puis laisse
place à un break aérien. Les racines death mélodique sont toujours présentes, mais les
influences plus récentes se font entendre alors que le titre prend fin.
Retour sur des titres plus courts avec "Feverish" et ses claviers entêtants à la limite du kitsch
alors que la tornade rythmique nous tombe dessus avant de laisser la férocité s’exprimer,
tout en restant sur des tonalités prenantes. Même constat pour "Desperado", dont la douce
introduction nous projette sur des riffs saccadés et ravageurs, un refrain très efficace dont le
chant clair se mémorise rapidement, ainsi que pour "Death Diviner". Si le son est
pachydermique, les riffs sont joyeux et entraînants, créant un contraste sur lequel on se voit
parfaitement mosher. Le break rappelle un son violent, et c’est avec l’épique "The
Nothingness And The Devil" que l’EP s’achève. Les influences heavy / groove du groupe sont
pleinement exploitées et le titre comptera probablement parmi les plus vifs de la formation
sur scène avant un final planant !
Soilwork continue d’exploiter les multiples influences de sa musique. "A Whisp Of The Atlantic" est la preuve que leur mélange de death mélodique se marie à la fois avec un
metalcore / groove moderne, mais aussi avec des touches plus prog et heavy.
"Verkligheten"
Note : 18/20
Si vous avez jeté un oeil ces vingt dernières années à la scène death metal mélodique,
vous n’avez pas pu passer à côté de Soilwork. Depuis 1996 (1995 sous le nom d’Inferior
Breed), Bjorn “Speed” Strid (chant, The Night Flight Orchestra, Terror 2000 et
ex-Darkane, entre autres) et sa bande ravagent les scènes mondiales avec onze albums au
compteur. Et pas un seul n’a terni la réputation du groupe, alors "Verkligheten", le dernier né
des Suédois, devrait suivre la tendance, non ? Du côté du line-up, on retrouve Sven
Karlsson (ex- Evergrey ) aux claviers, Sylvain Coudret (Scarve) et David Andersson (The
Night Flight Orchestra) aux guitares et Bastian Thusgaard (Blood Label), élève du
précédent batteur, Dirk Verbeuren. Le poste de bassiste est toujours vacant depuis le
départ de Markus Wibom, mais c’est Taylor Nordberg (Infernaeon, Ribspreader, Scab,
The Absence…) qui tient le rôle depuis 2017 sur scène. Mais assez parlé, moi je veux du
son !
Et cet album débute par "Verkligheten", un titre instrumental assez lent mais qui reste très
mélodique et qui fait monter en nous l’envie d’écouter la suite de l’album. Et vous n’allez pas
être déçus par "Arrival", un morceau qui frappe pile dans ce que l’on attend du groupe : un
death mélodique incisif et froid, mais surtout très puissant et rapide. Les harmoniques se
dégagent aisément de cette rythmique intense, et Bjorn alterne entre hurlements et chant
clair. La transition avec "Bleeder Despoiler" se fait avec une simplicité déconcertante, et il n’y
a presque pas de temps mort entre les deux titres. A nouveau une véritable tornade s’abat
sur nous, et on constate que s’il a fallu plus de trois ans aux Suédois pour composer ce
nouvel album, ça valait le coup d’attendre ! Vers la fin, alors que l’on croit que le titre
s’essouffle, il n’en est finalement rien et les musiciens terminent de manière très
atmosphérique ce titre. Et cette quiétude demeurera avec l’introduction de "Full Moon Shoals",
bien que les riffs soient incisifs. Mais il y a toujours ces notes atmosphériques qui restent en
tête et qui illuminent le morceau entier.
L’album repart avec "The Nuturing Glance", mais conserve cet aspect doux, même lorsque les
hurlements doublent le chant de Bjorn, et quelques influences heavy / thrash se font sentir
dans cette rythmique. La place de la basse est également très importante, car avec un bon
casque vous pourrez l’entendre en permanence ronfler doucement, en particulier lorsque les
guitares développent cette nuée d’harmoniques, comme sur "When The Universe Spoke". A
la fois plus douce lors de l’introduction et plus violente lors du riff principal, ce morceau est
tout simplement celui qui brisera le plus de nuques en live. Cette rage ainsi retrouvée, les
Suédois enchaînent sur un final plus doux, puis sur "Stålfågel", déjà connue depuis un petit
moment grâce à son clip animé. On sent dans ces riffs que quelque chose va soudainement
exploser, même lorsque les choeurs d’Alissa White-Gluz (Arch Enemy, ex-The Agonist)
se joignent au chant du frontman. Et il faudra attendre la fin du morceau, bien que les notes
intrigantes soient toujours présentes. On repart sur une rythmique et un chant plus violent
pour "The Wolves Are Back In Town". S’axant plus sur un heavy lors du refrain, les couplets
sont définitivement accrocheurs.
On attaque "Witan" par un autre riff intrigant mais c’est à nouveau la puissance qui sera le
maître-mot de ce morceau aux leads enchanteurs. Même si la voix claire est prédominante
sur le refrain, la force de la rythmique frappe également. Changement d’ambiance pour
l’introduction de "The Ageless Whisper" avec des tonalités beaucoup plus aériennes, et qui ne
disparaîtront pas même lorsque la rythmique arrive. Les hurlements puissants du chanteur
sont sublimés par ces guitares enchanteresses et un duo rythmique imposant qui impose le
headbang. Soudainement, un break aérien lance un solo épique avant que le groupe ne
revienne sur cette hargne qui les caractérise. On accueille le deuxième invité de l’album sur
"Needles And Kin", et ce n’est autre que Tomi Joutsen (Amorphis, Corpse Molester Cult,
Halltar, Sinisthra) qui accompagne Bjorn Strid, pour un duo d’une puissance sans nom.
Alternant hurlements et chant clair, les deux chanteurs sont accompagnés d’une rythmique
rapide et perçante, surmontée parfois d’un blast intransigeant. Alors que la composition tire
parfois sur le black metal, elle prend fin mais l’album ne nous a pas encore dévoilé tous ses
secrets. Il nous reste la sublime "You Aquiver", qui accueille également la guitare de Dave
Sheldon (Exes For Eyes, ex-Annihilator), et qui reste dans la plus pure tradition de
Soilwork. Vitesse, harmoniques folles, refrains accrocheurs et puissance, c’est tout ce dont
on a besoin.
Soilwork nous prouve une fois de plus avec "Verkligheten" qu’ils sont passés depuis
longtemps maîtres dans leur art. Leur musique transcende, revitalise et apaise en même
temps, tant elle est diversifiée et riche. En live, les musiciens sont survoltés, la justesse
règne en maître et l’énergie est palpable. Vu que le groupe passe dans très peu de temps
sur scène pour une tournée européenne… Jetez-vous dessus !
"Death Resonance"
Note : 16/20
Pour célébrer plus de dix ans d’existence, d’une carrière prolifique de près de dix albums et autant de singles et d’album live, Soilwork nous propose une compilation, non pas de tous ses succès, mais plus de raretés ainsi que de deux nouvelles pièces.
Si l’on s’attarde sur les morceaux "nouvelle cuvée", la première, "Helsinki", est du pur Soilwork, avec une saveur Children Of Bodom fort intéressante. De l’agressivité, des blast beats et des refrains clairs / agressifs typiques de la recette qui a fait le succès de Soilwork par le passé, les portant au sommet du trône du genre. "Death Resonance", la seconde création inédite, poursuit sur la même lancée, combinaison parfaite des éléments habituels présents dans la musique du groupe. On appréciera par contre les passages proches du death rappelant les débuts du groupe.
La suite des treize autres pièces composant cet amalgame de quinze chansons est constituée des morceaux plus ou moins inédits, en grande partie tout droit sortis de compilations ou d’EPs asiatiques. S’ajoutent à ceux-ci différentes pièces plus ou moins rares, en grande partie, des bonus track des versions japonaises de "The Panic Broadcast" ainsi que de "Stabbing The Drama". Belle manière d’obtenir, à faible coût, une collection de raretés qui n’aurait pu être obtenue autrement que par l’achat de versions japonaises, très souvent beaucoup plus chères en dehors de l’Asie, que les copies régulières.
Difficile de critiquer une compilation, mais étant donné que la plupart des chansons étaient en majorité des bonus sur d’autres albums, on ne peut qu'affirmer qu'elles sont dans l’ensemble très proches du style auquel nous a habitués Soilwork. Il n’en demeure pas moins qu’il est fort intéressant d’entendre tout de même encore une fois l’évolution sonore du groupe, selon les périodes, que ce soit dans ses débuts, plus proches du death, ou qu’aujourd’hui avec leur son mélodico-agressif.
Pour les collectionneurs de ce monde, qui veulent avoir en leur possession tout ce que leur groupe favori a mis sur le marché, "Death Resonance" est l’occasion en or d’avoir dans sa collection une belle panoplie de raretés et d’inédits.
"The Ride Majestic"
Note : 16/20
Ce groupe se passe de présentation. Roulant sa bosse depuis 1998, 10 albums complets et autant de singles et d’albums live, l’on peut avancer sans l’ombre d’un doute qu’ils sont les précurseurs de ce qu’allait devenir le death metal mélodique, à saveur "core", combinant voix harsh et claire.
Soilwork nous présente son dernier opus, "The Ride Majestic". Est-ce que la bande à Björn peut encore nous surprendre ? En ouverture d’album, la pièce éponyme annonce des couleurs connues et un peu fades. Les ingrédients ayant fait le succès du groupe sont tous présents, mais on voit rapidement passer le train de la routine sans vraiment s’y attarder.
Cependant, prenons la chose différemment : oublions les fans de la première heure et imaginons que de nouveaux amateurs découvrent Soilwork par cet album. Clairement, ils seront plus qu’impressionnés par l’exécution du groupe dans son ensemble. Le mélange d’agression, de mélodies et de technique est impressionnant. Et le voyage dans le passé ne sera que des plus sublimes pour les nouveaux qui s’immisceNT dans l’univers du groupe.
De beaux blast beats bien placés dans "Alight In The Aftermath" démontrent encore l’étendue du talent de Soilwork à pondre de jolis morceaux bien ficelés. La production est sans faille, puissante et claire à la fois, avec les voix claires et agressives de Björn bien en avant-plan. La technique est également au rendez-vous et une pièce comme "Death In General" avec ses riffs acérés, précis et incisifs est délectable à souhait.
Être les précurseurs, les maîtres d’un style peut devenir lourd à porter. La preuve en est avec tous les groupes que le genre "Soilwork" a engendré au fil des ans. L’adage dit "l’élève dépasse le maître". Dans le cas de Soilwork, plusieurs ont encore des croûtes à manger. Au-delà du manque d’originalité, "The Ride Majestic" est en effet une majestueuse chevauchée au travers des contrées death mélodique.
"Live In The Heart Of Helsinki"
Note : 16/20
10 ans après In Flames et son explosif "Used & Abused"...
5 ans après Dark Tranqulity et son raffiné "Where Death Is Most Alive"...
Contemporain, sur les étagères des FNAC, Gibert, Cultura et autres points de vente, d’"Ophidian Trek" (Meshuggah) et de "Live At The Opera" (Satyricon), voici venu le temps pour Soilwork de dignement marquer les esprits ainsi que ses 20 années de carrière en se prêtant lui aussi au jeu de la captation live !
Force sera de constater qu’avec ce premier DVD / Blu-Ray, le sextuor franco-suédois aura mis les formes afin de convaincre chaque jour davantage de son hégémonie sur la scène melodeath actuelle tant le contenu du coffret retracera avec fidélité la carrière du talentueux ensemble ainsi que son incroyable énergie ou même son étonnante humanité à l’aide d’un DVD live filmé au Circus Club d’Helsinki en Mars 2014.
À ces presque 2h de concert viendront également s’ajouter quelques bonus parmi lesquels 2 documentaires, l’un sur la conception du double album coup de poing "The Living Infinite", l’autre sur la genèse et le développement du groupe, de ses débuts en 1995 (Inferior Breed) à aujourd’hui.
C’est donc avec pas moins de 23 titres ayant contribué à faire de Soilwork l’incontournable nom européen que l’on connaît aujourd’hui, que sera composé le premier volet de ce boîtier. Proposant ainsi un retour sur chaque période musicale usitée par l’ensemble, de "Steelbath Suicide" à "The Living Infinite" (s’étant fièrement taillé la part du lion dans la setlist du groupe) s’enchaîneront alors des titres allant de "This Momentary Bliss" en guise de claquante ouverture, à "Stabbing The Drama" pour une clôture des plus explosives, le tout jalonné par des titres aussi puissants que "Tongue", les classiques "Nerve" ou "As We Speak" mais aussi "Long Live The Misanthrope" et "Late For The Kill, Early For The Slaughter" sans oublier "Let This River Flow" et "Black Star Deceiver" pour lesquels se succéderont respectivement les trop retirées voix de Floor Jansen (Nightwish / ReVamp) et Nathan J.Biggs (Sonic Syndicate) aux côtés du grand Speed !
Un apparent sans faute côté setlist, donc, qui sera quasiment égalé par le reste des sens éveillés par ce DVD tant la qualité de la captation live semblera équilibrée, laissant pleinement ressortir les backings (signés David Andersson & Ola Flink) et soli (estampillés David Andersson & Sylvain Coudret) mais tranchant, un peu trop peut-être, dans le vif des lignes de basse de l’imposant et pourtant Ô combien charismatique Ola Flink (basse / backings) ainsi que des chapes mélodiques posées par le trop discret Sven Karlsson (clavier)...
Seul écueil notable persistera cependant : celui de la finesse visuelle manquant quelque peu d’esthétisme, les plans un rien trop fixes et montés avec un certain manque de dynamisme souffriront d’un discret mais constant manque d’accroche artistique (les lumières n’aidant pas).
Visiblement grisés par le chaleureux accueil réservé par l’explosif public norvégien, le groupe semblera le plus à l’aise du monde, Björn "Speed" Strid (chant) haranguant le public comme à son habitude, secondé par la maestria de son impérial trio de cordes mais également par Dirk Verbeuren (batterie) à l’époque fraîchement rétabli et assurant, sans défaillir les presque 2h de show !
Parallèlement, le spectateur curieux trouvera de quoi assouvir ses envies de renseignements les plus folles, tant les documentaires présentés en annexe de l’explosive prestation des Suédois rentreront au coeur du groupe, exposant ainsi les rouages de cette mécanique bien huilée qu’est devenu l’ensemble au fil des années, à force de travail, de sensibilité et non sans humilité.
De l’intime et minutieuse préparation de lasagnes par David Andersson aux différents festivals ayant ponctué les sessions d'écriture, d’enregistrement et de répétition de "The Living Infinite" en passant par les nouvelles dynamiques apportées par l’arrivée de l’une de nos fiertés hexagonales, Sylvain Coudret, rien n’est laissé au hasard et les portraits ainsi dépeints par ces plus de 60 minutes de making-of raviront les fans les plus sensibles à l’humanité du groupe !
"Live In The Heart Of Helsinki" mérite largement bien des honneurs qui lui sont faits et permet ainsi à Soilwork d’entrer, malgré quelques petits détails de traitement de son et d’image, au panthéon des groupes aux performances lives défiant celles du studio !
"Beyond The Infinite"
Note : 17/20
Vous pensiez que Soilwork était repu, essoré, épuisé par le travail fourni avec la sorti du double album "The Living Infinite", pépite renouvelant, 20 titres durant, ce si noble genre qu’est le melodeath ?! Il n’en est rien, puisque les voici aujourd’hui à nouveau projetés sur le devant de la scène avec leur EP 5 titres (Avalon / Marquee) !
Arrivant l’année dernière, à point nommé, au milieu d’une scène mélodique en perdition, les Suédois avaient effectivement su nous proposer une longue double pépite présentant malgré tout quelques défauts de puissance sur la durée...
Croire qu’ils s’en contenteraient était alors la pensée la plus raisonnable, mais c’était sans compter sur les reliefs de leur enregistrement, totalisant pas moins de 27 titres pour la session "The Living Infinite", aujourd’hui condensés dans une édition exclusivement asiatique de leur nouvel EP !
Une douce agonie pour le public occidental commençant par "My Nerves, Your Everyday Tool", et son intro on ne peut plus mélodique (tout comme le seront celles du surpuissant "These Absent Eyes" et de l’explosif "When Sound Collides"), suivie de la puissance du trio rythmique / mélodique batterie / guitares (Dirk Verbeuren / Sylvain Coudret / David Andersson) vibrant et soutenu, dans ce titre d’introduction, par l’assise vocale du grand Björn Strid posant toute sa maturité au travers de ses lignes...
Un point légèrement négatif sera malgré tout à souligner dès les 10 premières minutes d’écoute, celui d’une basse peut-être trop en retrait par rapport au reste des lignes déployées dans lesdites pistes, perdant parfois leur réel relief...
Place ensuite, à "These Absent Eyes" qui, rebondissant sur une mélancolique introduction au clavier (aidé par la touche de Sven Karlsson), se posera incontestablement comme un vif condensé de ce que la scène mélodique avait à offrir de meilleur durant son âge d’or des années 2000, tous genres confondus !
Viendra enfin le tour de "Resisting The Current" et "When Sound Collides" montant au créneau pour offrir un duo à l’approche vocale riche et aux partis pris aussi tranchés que contrastés, entre clairs omniprésents pour l’un et martèlements saturés pour l’autre.
Ces deux titres auront néanmoins une indéniable qualité commune, celle de proposer un fracassant enveloppement de batterie ainsi que d’éclatants solos comme sur les dernières minutes de "These Absent Eyes".
C’est finalement à "Forever Lost In Vain" que sera confiée la fermeture de cette dense pépite. Un titre au découpage rythmique ingénieux laissant par dessus tout l’EP se clore sur un groove (essentiellement imputable à la basse d’Ola Flink) jusqu’alors plutôt discret mais surtout sur la lourdeur d’un redoutable break calibré pour faire résonner les moindres cervicales !
"Beyond The Infinite" traduit donc bien des choses, à commencer par un retour en force du groupe asseyant bien plus de maturité dans ce concis résumé que dans n’importe laquelle de leur production récente ! Une qualité irréprochable harmonisée et équilibrée avec toute l’âme nécessaire à faire de cet EP le fleuron de leur setlist à venir tant l’étendue de leur expression s’en trouve synthétisée et directe !...
Cet EP, sublimé par un artwork raffiné et laissant aisément transparaître l’approche mélodique teintée de mélancolie saura donc faire oublier, de part sa qualité et son expressivité, certaines compositions plus faibles de son prédécesseur, le "vaisseau mère" "The Living Infinite" !
Seules petites questions déjà soulevées par la toile se posent alors quant à ce bien bel objet de convoitise : celles des "pourquoi ?".
Pourquoi avoir choisi de ne sortir ce bijou qu’en Asie une petite année seulement après la sortie du précédent opus laissant ainsi les occidentaux sur le carreau ?
Pourquoi ne pas avoir pris plus de temps pour tenter de les inclure dans "The Living Infinite", pour lui offrir une lecture plus fluide, directe et à la hauteur de la virtuosité déployée par l'ensemble au travers de cet EP tissant à nouveau les liens avec le style de leurs débuts ?! ... Vous avez 4h !...
"The Living Infinite"
Note : 18/20
Grand moment pour moi car j’ai la chance de chroniquer le nouvel album de Soilwork, "The Living Infinite", qui, par bien des aspects, a de quoi surprendre. Le combo a pris depuis un certain temps l’habitude de sortir un album tous les deux ou trois ans, en se remettant en question à chaque fois (ce qui peut troubler les fans de la période pré-"Natural Born Chaos"), en innovant, par le biais des changements de line-up, véritables bouffées d’air frais. Dernier arrivé en date, Sylvain Coudret, un petit gars bien de chez nous (qui a joué dans Scarve, entre autres) qui, aux dires de Speed et Ola dans une récente interview (voir interview sur le site), qualifient le coq français d’extraterrestre de la musique. Histoire de choquer tout le monde pour ce neuvième album, le combo décide de sortir un double CD, 20 titres au total, avec pour fil conducteur au niveau des paroles, quelque chose de plus profond, axé sur l’inconscient, la gestion des sentiments etc…
Première écoute relativement complexe du fait de la diversité musicale et de la longueur de la galette, je décide de persévérer à travers plusieurs autres écoutes afin de me faire une idée de ce projet qui émane de l’un de mes groupes préférés. Bilan final, ce disque est une véritable tuerie, une boucherie sans nom. Clairement, tous les morceaux sont différents sur ce projet, et certains sont même instrumentaux. Cela est dû à la méthode de travail particulière choisie pour ce "challenge", comme le dit si bien Speed. Chaque musicien a pu s’exprimer librement, écrire des chansons en entier, ou juste des paroles. Les solos et les instrumentaux sont joués à 50/50 entre les deux guitaristes (bien plus longs qu’à l’accoutumée et surtout bien plus barrés !), même Ola Flink, le titanesque et non moins discret bassiste du combo, s’est mis à l’écriture pour nous pondre un fort beau texte sur le second disque. Clairement, on distingue à travers l’écoute de ce neuvième effort les différentes périodes du groupe avec des morceaux qui font tantôt penser à "Natural Born Chaos" et ses riffs speed et très scandinaves, "Stabbing The Drama", l’album le plus easy listening du groupe, avec ses hordes de mosh part ou encore "The Panic Broadcast" qui signe l’évolution du groupe en termes de sons et de longueurs de solos (et qui signe, accessoirement l’arrivée de Coudret dans la bande). Côté voix, puisque Speed, en plus d’être le plus ancien de la bande est accessoirement un chanteur d’exception qui a su porter son groupe depuis 15 ans, le résultat est bien ce que je pressentais, c’est-à-dire une perle, un bijou emmené par une dominante de voix claire (l’affaire me semblait entendue depuis un an, en écoutant les side projects de notre ami chauve, Night Flight Orchestra et son classic rock, I Legion, supergroupe de metal fictif où Björn n’hésite pas à placer où il peut sa voix claire ultra puissante). Certains morceaux, aux breaks osés, feraient limite penser à du prog (sans pour autant se départir de la patte Soilwork omniprésente sur l’album), c’est dire si la carte blanche a été donnée dès le départ !
En bref, même si cet opus déroutera ceux qui aiment le "tout cuit" musical, il n’en reste pas moins intéressant après la trentième écoute, de par le son évidemment impeccable, ses paroles fouillées, sa musique plus technique et alambiquée que jamais, ses voix impressionnantes et pourtant si humaines. Peut-être pas le meilleur des albums de Soilwork à mes oreilles mais en tout cas le plus inédit, le plus travaillé et le plus osé du combo.
|