Le groupe
Biographie :

Soul Grinder est un groupe de death metal allemand formé en 2018 et actuellement composé de : Mathias Junge (basse, chant / Ctulu, ex-Lunar Eclipse), Balrogh (batterie / Asenblut, ex-Reverence Lost, ex-Into Pain, ex-Bleeding In Desperation, ex-Hidden Agenda, ex-To Resist Fatality) et Jan Wollny (guitare, chant / Gut Absorber, Immortal Abyss, Neversun, Chaos HB, N.U.C., ex-Galskap, ex-Biorot). Soul Grinder sort son premier album, "Chronicles Of Decay", en Juillet 2020 chez Black Sunset, suivi de "Anthems From The Abyss" en Novembre 2022.

Discographie :

2018 : "Sadistic Parasite" (EP)
2020 : "Chronicles Of Decay"
2022 : "Anthems From The Abyss"


Les chroniques


"Anthems From The Abyss"
Note : 16/20

Les Allemands de Soul Grinder reviennent cette année, deux ans après leur premier album pour nous fournir un second opus, qui, s’il va reprendre de nombreuses mécaniques du premier, va également en ajouter de nouvelles pour renouveler une formule qui a déjà bien fonctionné la première fois. Proposant un mélange improbable que l’on pourrait poser pas loin d’un Cannibal Corpse utilisant les éléments symphoniques d’Emperor, ce nouvel album de Soul Grinder propose une nouvelle fois un death metal innovant et qui fonctionne sur des dynamiques assez peu courantes dans le genre. Se targuant également d’une technique et d’une production impeccable, le groupe fait réellement toutes les bonnes démarches pour proposer un ensemble convaincant.

Si l’album n’est évidemment qu’une seule entité, il peut clairement se décomposer en deux parties. La premiere propose un death metal tres froid et rigide, innovant sur beaucoup de points en proposant des mécaniques inhabituelles pour l’auditeur, ce qui va le plonger dans un veritable voyage dans un inconnu dans lequel il se sentira minuscule, faisant face à la puissance violente et froide d’entités qui le depassent. La seconde moitié de l’album nous sert un death metal plus classique dans ses codes mais pas moins efficace pour autant car ces derniers sont parfaitement maîtrisés et servant réellement une ambiance plus brutale, comme si après avoir été brièvement dépassé par tout cet inconnu, l’auditeur devenait un genre de doom slayer musical, s’adaptant à cette immensité pour plonger dans la brutalité qui la caractérise, on retrouve notamment des breaks plus classiques dans cette partie de l’album dans "Blood Harvest" par exemple. Cette partie n’abandonne pas totalement les idées de la première pour autant, au contraire, elle les réutilise meme en les ajoutant au schéma du death metal plus classique pour en faire un parfait mélange, comme c’est le cas dans "Spirit’s Asylum".

Et ce que l’album sait très bien faire avant tout, c’est proposer des moments de brutalité intenses, mais pas seulement à travers des riffs rapides et puissants, toute la force du groupe réside dans le fait de proposer des choses inhabituelles, comme ce riff en mid-tempo extrêmement saccadé dans le morceau "Insidious Resurrection" qui n’est accompagné que d’une batterie elle aussi très mécanique. Ces changements de tempo sont globalement très présents dans l’album mais ne se présentent pas réellement sous forme de breaks comme on peut souvent en avoir l'habitude. Les transitions se font de façon beaucoup plus brute et si le tempo soudainement change et vient effectivement induire quelque chose de peu naturel, on ne retrouve pas les mécanismes saccadés des breakdowns mais plutôt quelque chose de très mécanique et systématique qui vient induire un froideur violente a la musique. On trouvera également de façon assez surprenante dans certains morceaux, comme "I Am The Silencer" ou encore "Soul’s Mirror", la présence d’orchestrations occasionnelles venant réellement apporter un côte grandiose au death metal, chose que l’on voit finalement assez rarement dans le genre, ce type de procédé étant plus commun dans le black metal. Le tout se marie très bien avec les riffs qui, de leurs côté, servent aussi cette puissance épique, soutenue par un blast puissant mais pas forcément rapide qui ajoute une petite dose de violence au tout et vient ainsi le sublimer. C’est à travers tous ces procédés que le groupe parvient à illustrer la présence d’entités infiniment plus puissantes que nous, en faisant notamment directement référence à des créatures issues de l’imaginaire de Lovecraft, on peut en effet entendre à plusieurs reprises “Yog-Sothoth” dans le morceau "Supreme Enemy".

Loin des albums de black metal qui vont souvent nous soumettre à ces entités et à leur grandeur, cet album nous les présente comme des ennemis qu’il va falloir soumettre, adaptant parfaitement cette thématique avec le violence du death metal qui interviendra beaucoup plus dans la seconde moitié de l’album comme mentionne précédemment. Cette escalade de la violence est d’ailleurs particulièrement palpable tout au long de la progression de l’album. Si ce dernier reste du death metal et par essence violent, on remarquera réellement une progression de plus en plus percutante dans les riffs et les patterns de batterie dont la progression la plus évidente se fera entre "I Am The Silencer" et "Blood Harvest", et qui atteindra, de manière très logique, son apogée sur "Warcurse", dernier morceau de l’album et également le plus brutal, usant de blasts incessants et d’harmoniques qui ne sont pas sans rappeler le style caractéristique de groupes comme Immolation.

"Anthems From The Abyss" ne se contente pas seulement de recycler la formule déjà posée par Soul Grinder il y a quelque années mais va donc aller la sublimer, reprenant tout ce qui avait déjà bien marché auparavant et l’amenant dans une démarche encore plus jusqu’auboutiste pour proposer un album de death metal original et particulièrement appréciable pour ce qu’il apporte de nouveau au genre, sans pour autant en briser tous les codes, ces derniers étant souvent parfaitement respectés quand ils sont utilisés.


Praseodymium
Mars 2023




"Chronicles Of Decay"
Note : 15/20

Soul Grinder, formation de death metal allemande plutôt récente, nous dévoile cet été son premier album intitulé "Chronicles Of Decay". Si le groupe est, lui, tout jeune, les membres sont loin d’êtres des nouveaux arrivants dans la scène metal, tous ayant déjà joué précédemment dans plusieurs groupes (Ctulu, Neversun, Asenblut…), nous avons donc affaire à un combo déjà expérimenté, ce qui explique la technique impeccable des musiciens et la production très propre tout au long de l’album. En effet, on remarque une très grande justesse au niveau de tous les instruments, tous sont bien audibles, correctement mixés, ce qui renvoie un ensemble clair et cohérent sans pour autant être complètement lisse et dénué d’identité ou de relief.

On remarquera tout d’abord que, pour un album de death metal, les passages instrumentaux sont très nombreux, ainsi on se retrouvera de nombreuses fois face à plusieurs dizaines de secondes sans que le chant n’intervienne, Ces passages se qualifiant souvent par des riffs plus léger, moins lourds et oppressants, avec des trémolos et des accords moins graves, ceci a pour effet de nous laisser respirer un instant face au déferlement de violence qui nous atteint tout le reste des morceaux, ce qui est plutôt rare dans le death metal mais ça n’en reste pas moins appréciable. On retrouvera particulièrement cela dans les morceaux "Ruins Of Existence", "Flesh Defiler" et la fin de "The Delusionist". Le chant, en revanche, est loin d’être absent, il ne subit pas beaucoup de variations tout au long de l’album et suit une tonalité plutôt écorchée mais agressive, que l’on aurait plus tendance à retrouver dans du blackened death que du death metal pur et dur, ce qui n’est pourtant pas un problème car il est maitrisé à la perfection et ne vient donc pas tomber à côté des compositions instrumentales, la force et la justesse de ce chant sont particulièrement remarquables lors de l’impressionnante introduction quasiment a capella du morceau "Signs Of Decline".

On constate que l’album propose plusieurs ambiances, ainsi on passe de riffs plutôt lourds, donnant une impression étouffante d’agressivité comme "Morbid Masquerade", à des riffs plus imposants, plus mélodiques, donnant une dimension très épique et triomphante comme c’est le cas dans l’intro et le refrain du morceau « The Sun and The Serpent » qui propose un trémolo très clair et mélodique on retrouvera également ces tonalités plus grandioses, notamment dans le refrain de "March Of The Dead", qui, à ce niveau, se distingue réellement du reste de l’album. Chose assez peu habituelle, on notera la présence de beaucoup de samples qui appartiennent au domaine orchestral, ces derniers souvent assez en retrait, accompagnent le chant comme une sorte d’incantation, chose que l’on retrouve beaucoup dans le black metal mais beaucoup moins dans des compositions de death metal, avec moins de fioritures, cependant ces sample ne semblent pas en désaccord avec le reste et se mêlent plutôt bien à l’ensemble, même s’il est difficile de comprendre leur utilité au sein des compositions. Une touche death old school fait également partie intégrante de l’album et se traduit par de nombreux riff rapides, une utilisation assez récurrente de la distorsion comme dans "My Unwilling Giver" ou "The Withering", et des solos de guitares particulièrement surmixés et techniques comme par exemple celui de "March Of The Dead".

Finalement, Soul Grinder nous propose un premier album original qui sait parfaitement s’acquitter de tous les codes du death metal sans pour autant rester extrêmement convenu et oubliable, il se démarque particulièrement par plusieurs ambiances différentes, une touche old school et des samples qui viennent s’insérer là où on ne les attend pas. L’ensemble reste pourtant globalement très cohérent et appréciable même pour les novices dans le genre.


Praseodymium
Septembre 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/soulgrindermetal