Le groupe
Biographie :

Speckmann Project est un groupe de death metal américain formé en 1990 et actuellement composé de : Paul Speckmann (basse, chant / Cadaveric Poison, Death Strike, Johansson & Speckmann, Master, ex-Martyr, ex-Solutions, ex-Walpurgisnacht, ex-Abomination, Blunt Force Trauma, ex-Krabathor, ex-War Cry, ex-Funeral Bitch, ex-Assault), Rogga Johansson (guitare, basse / Dead Sun, Eye Of Purgatory, Furnace, Ghoulhouse, God Cries, Grisly, Massacre, Megascavenger, Necrogod, Stass, Down Among The Dead Men, Echelon, Johansson & Speckmann, Paganizer, Revolting, ex-The Grotesquery, Bloodgut, Those Who Bring The Torture...), Kjetil Lynghaug (guitare / Paganizer, Ribspreader, Stass, Those Who Bring The Torture). Jon Rudin (batterie / Those Who Bring The Torture, Just Before The Dawn). Speckmann Project sort son premier album, "Speckmann Project", en 1991 chez Nuclear Blast, suivi de "Fiends Of Emptiness" en Avril 2022 chez Emanzipation Productions.

Discographie :

1991 : "Speckmann Project"
2022 : "Fiends Of Emptiness"


La chronique


Le retour du Gandalf du death metal (la comparaison, c’est surtout pour la barbe) n’est jamais vraiment quelque chose de surprenant tant notre homme est omniprésent au sein de la scène metal avec ses multiples projets. Que ce soit avec Master, Johansson & Speckmann ou avec d’autres formations (mais essentiellement celles précitées car le bonhomme participe de moins en moins à différents groupes), l’ami Paul est régulièrement présent et reste l’un des musiciens les plus actifs du mouvement. La rencontre avec Rogga Johansson, prolifique monsieur qui bat des records d’hyper productivité, n’a pas arrangé les choses et a exacerbé le besoin de produire de la musique du vieux routard du death. Ainsi, le délire actuel des deux comparses consiste à raviver la flamme d’un vieux projet, le Speckmann Project. Sorti en 1991, le premier album éponyme est né de sombres histoires de disques refusés. En gros, d’après ce que j’ai compris, le premier album de Master devait être signé chez Nuclear Blast mais la production ne plaisait guère au boss du label allemand, Markus Staiger. Ok, du coup Paulo se rend au mythique Morrisound studio avec un nouveau line-up, réenregistre l’album et là, Markus Staiger trouve la prod’ trop aseptisée. Du coup, bah pour ne pas avoir fait tout ça pour rien, Speckmann remixe la première mouture refusée qui devient donc le premier album légendaire de Master, le grooooos logo sur un fond tout noir, et sort l’enregistrement de Scott Burns en tant que Speckmann Project.

L’idée de raviver la flamme de ce vieux truc, quasiment 30 ans plus tard, ne nous vient pas de Paul Speckmann lui-même, mais de Rogga Johansson qui trouve que ses réalisations avec monsieur Master n’ont jamais eu l’accueil qu’elles méritaient. Du coup, le Suédois hyperactif se dit qu’en sortant un nouvel opus sous le nom de Speckmann Project, cela permettrait d’avoir une meilleure reconnaissance au niveau du public metal. Nous en sommes donc là, avec un album du Speckmann Project qui est destiné à faire bouger les choses en ce qui concerne la notoriété, soi disant méritée, de la musique de nos deux camarades. L’élaboration de "Fiends Of Emptiness" s’est faite rapidement, Rogga contacte des potes, Kjetil Lynghaug (guitare solo) et Jon Rudin à la batterie, fait sa tambouille puis envoie le résultat à mister Speckmann (je n’ai jamais autant écrit Speckmann de ma vie) qui enregistre de son côté les vocaux. Du coup, c’est assez étrange de réaliser un album sous un nom d’artiste, alors que l’initiative provient d’une autre personne… ah oui mais c’est vrai que le leitmotiv de cette nouvelle aventure musicale, c’était d’utiliser le nom Speckmann uniquement, dans l’espoir de toucher un public plus large. Au-delà de la musique dont nous allons parler, car il est vrai que nous nous attardons ici beaucoup sur le contexte, il est important, je trouve, de comprendre les motivations qui sont à l’origine d’un enregistrement.

Maintenant, que contient ce "Fiends Of Emptiness" ? Sera-t-il le disque de la reconnaissance ? Nous avons ici droit à une musique assez basique, très punky parfois et franchement old school death dans l’approche, avec ses accents thrash, une recette que l’on retrouve chez Master et les multiples collaborations des deux loups de mer. La prod’ est efficace, hormis la batterie, le son est rentre-dedans, les solos de guitares sont géniaux, les riffs sont bien trouvés, bref, on passe un excellent moment avec "Fiends Of Emptiness". C’est la guerre pendant 35 minutes et on se ramasse une sacrée éjaculation de décibels. Nous avons droit à du Master-like ou du Death Strike, autrement dit, pour redorer le blason de son acolyte, Rogga s’est imprégné de ses chefs d’œuvre du passé. Le résultat est bonnard, on secoue la tête comme des débiles pendant que le skeud défile, et même si on ressent un côté un poil forcé, les titres, qui oscillent en terme de durée entre 2:00, 3 :30 grand max, sont de bonne facture, ça poutre, ça frite, les solos sont dingues, etc. Bon après c’est pas original comme metal, ça pue le slip porté quatre jours en mode trace de pneus du vieux métalleux imbibé de bière en fest, celui qui est tout rouge, avec sa barbe grise et son cuir sans manche surchargé de patches qui vont de Judas Priest à Entombed en passant par Kreator (généralement il aime pas les trucs trop ricains), je suis sûr que vous en avez tous rencontré un dans votre vie, eh bien son slip, c’est cet album , les deux sentent le vécu, ou le vieux cul si vous préférez.

Au final, je ne sais pas trop quoi penser de ce disque, il est bon, ça c’est sûr, mais je ne pense pas que vous allez vous le faire tourner pendant des mois et des mois, il va traîner dans votre lecteur un certain temps et puis il finira oublié dans votre discothèque, enterré par un album d’un jeune groupe méritant qui se la joue old school lui aussi, tout en proposant autre chose. On sent quand même que les mecs ne se sont pas trop fait chier niveau composition. Mais bon, il y a quand même de la bonne matière sur "Fiends Of Emptiness", notamment le travail incroyable du guitariste soliste Kjetil Lynghaug, membre de Paganizer et Ribspreader, je vais me pencher sur son cas car il a vraiment un super feeling et ses solos sont à la fois maîtrisés mais avec beaucoup de lâcher prise, bien thrash comme on aime ! En revanche, un petit bémol pour le son de la drum, avec sa caisse claire trop mate, sa double pédale loin derrière tout le reste, non mais quand même, Rogga il déconne là, le gars passe sa vie à enregistrer, où sont passées ses oreilles ? Bref, cet album a au moins le mérite d’avoir relancé la machine  Speckmann Project  puisque Paul a signé pour deux autres albums avec le label danois discret Emanzipation, qui était un fanzine à la base, ayant sorti quatre numéros entre 92 et 94. Du coup va falloir se préparer à se retrouver complètement largués, entre Johansson & Speckmann, Speckmann Project, Master, Rogga Johansson, bref, on va plus rien comprendre à force…


Trrha’l
Juin 2022


Conclusion
Note : 13,5/20

Le site officiel : www.facebook.com/speckmetal