Débuté en tant que one-man band lovecraftien, Squidhead est un groupe de death metal
industriel belge qui mélange diverses influences pour rendre hommage à Cthulhu. Si les
débuts du projet étaient uniquement guidés par The Painter (guitare / samples / boîte à
rythmes) qui composait uniquement des titres instrumentaux regroupés sur un EP, il est
rejoint fin 2014 par The Crawler (basse) et The Orator (chant). les trois musiciens
composent ensemble "Cult[ist]", le premier album. Leur son violent mais puissant est mixé par
HK Krauss au Vamacara Studio de la petite bourgade la plus metal de France : Clisson. Les
membres se produisent dès lors masqués et vêtus comme des servants du dieu poulpe. Le
rituel va débuter.
Le trio débute avec "Abyssal Worshipper", un titre qui nous emporte directement dans les
profondeurs de leur son si particulier. Très propres, les riffs nous arrivent par vagues après
une introduction futuriste et inquiétante. Les trois membres poussent leur univers à fond, et
le moins que l’on puisse dire, c’est que les flots sont déchaînés ! La voix de The Orator colle
parfaitement à ce chaos organisé qui n’hésite pas à faire tenir la rythmique au duo
basse / batterie afin de laisser la guitare percer notre esprit grâce à un solo électrisant.
"Mantra Of Insanity" prend la suite pour une composition plus rapide et plus imposante. Si le
premier titre était une sorte de présentation, il est clair que le groupe a trouvé son rythme de
croisière avec une nuée de blast qui accompagne la partie instrumentale. Les ambiances
d’"Awakening" aident le titre à prendre de l’ampleur, malgré des riffs déjà puissants et qui
flirtent avec le djent, tant les harmoniques tranchent avec la rythmique saccadée. Le solo
est toujours aussi futuriste, et on croirait entendre un vrai laser, alors que "Lucid Nightmares"
redouble de vitesse avec un chant très différent. Les hurlements puissants reviennent bien
évidemment, mais ce scream perçant colle tout aussi bien au rouleau compresseur qui
avance sans souci.
Un peu plus axée sur les harmoniques, "Mad Painter" est un titre que je sens flirter
doucement avec le death progressif. Pourquoi ? S’il reste plutôt planant, certaines
structures m’y font penser, bien que des parties de violence pure prennent parfois le dessus
sur tout le reste. Dès les premières notes de "Whispers Of The Deep", on sent que les Belges
n’ont pas créé ce titre pour nous aider à enfiler des perles, mais plutôt pour enchaîner
headbang furieux et mosh désorganisé. Toutefois, le titre donnera plus de présence à la
basse avant de lancer un solo ambitieux, et qui se cale sur les samples ambiants pour
prendre de l’ampleur. Un peu plus psychédélique, "Torn Skies" diffère beaucoup des autres
titres, sauf lorsque les passages très saccadés reprennent le dessus sur les riffs originaux,
mais les hurlements du chanteur nous maintiennent au sol, jusqu’à ce que le groupe ne
revienne sur un son aussi pachydermique que d’habitude, alors que "Verbis Diablo" ne fait
pas dans la dentelle. Ce dernier morceau ne perd pas un seul instant pour lâcher les fauves
à la moindre occasion, et si certaines parties sont plus calmes, les nombreux palm mutes
sont là pour prouver que les musiciens se contiennent avant d’en remettre une couche. Mais
cet effort sera stoppé par le long sample qui nous laisse reprendre notre souffle avant de
donner l’assaut final.
Si Squidhead n’est pas le groupe qui révolutionne le death metal moderne, il pioche
allègrement dans les meilleurs riffs de groupes comme Fear Factory ou Meshuggah pour
se les réapproprier, et ça donne un mélange détonant. Bourré de rythmiques efficaces, ce
premier album annonce un futur prometteur pour le jeune groupe belge
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