A moins d’être né en 1950 ou en 2010 (et encore), vous n’avez pas pu échapper à Static-X .
Créé en 1994, ce groupe était mélange révolutionnaire de nu metal et d’indus en plein dans
la vague du nu metal. Son frontman, Wayne Static (chant / guitare), était doté d’un charisme
aussi impressionnant que sa coupe de cheveux. Mais finalement… l’arrêt brutal en 2010. Un
bref retour entre 2012 et 2013, mais c’est en 2014 que le chanteur annonce la reformation
du groupe (après un album solo) pour une tournée d’exception, mais il trouvera finalement la
mort quelques jours avant le début de celle-ci… Pourtant, Tony Campos (basse / chant, Fear
Factory, Asesino, Attika 7, ex-Ministry, ex-Prong ex-Soulfly), Ken Jay (batterie) et
Koichi Fukuda (guitare) décident de remonter le groupe en 2018, en tant qu’hommage à
leur ami. Ils créent Xero (chant / guitare), un clone cybernétique de Wayne , dont l’identité
reste toujours inconnue officiellement à ce jour, pour mener la barque et nous offrent "Project Regeneration Vol. 1", le septième album du groupe.
Mais les trois Américains ne sont pas partis de rien. En effet, le regretté Wayne Static leur a
laissé des pistes de voix enregistrées qu’il prévoyait d’utiliser pour un nouvel album. Ce sont
donc de cet héritage que les musiciens sont partis pour créer "Project Regeneration", qui
devait à la base contenir une impressionnante liste de guests pour compléter l’album. Les
crédits laissent également apercevoir qu’Esdel Dope, Nikk DIbs (Dope), Tommy Shaffner
(Mushroomhead) et Tripp Eisen (ancien guitariste de Static-X et Murderdolls) et Al
Jourgensen (Ministry) sont impliqués dans le processus de création de l’album, sous la
houlette du producteur Ulrich Wild, déjà connu pour son travail avec le groupe par le passé,
ainsi que sur de nombreux autres albums à succès. A noter que trois des titres, "Hollow",
"Bring You Down" et "Something Of My Own" sont intitulés "Project Regeneration".
Concernant le son en lui-même… c’est tout bonnement bluffant. J’ai découvert Static-X sur
la fin, mais j’ai immédiatement accroché à ce son tranchant, ces rythmiques simples, ces
samples imposants et cette énergie pure. Et devinez quoi ? "Project Regeneration" contient
tous ces éléments.
Une introduction nommée "Regeneration", qui nous le fait bien
comprendre “very stupid …” que les fans reconnaîtront immédiatement, et les morceaux
partent. Un son brut, des riffs acérés, une rage intacte… "Hollow" et son groove prenant
frappe, suivi de près par "Worth Dyin For", un titre massif. Les guitares sont acérées, les
quelques samples et la basse rehaussent un chant vindicatif, tout comme pour "Terminator
Oscillator", un morceau dans la plus pure tradition du groupe. On enchaîne avec "All These
Years", une composition aux pointes plus sombres. En entendant les paroles, on sent que les
idées noires n’ont jamais quitté le chanteur, alors qu’"Accelerate" est une boule d’énergie pure
et dure. L’introduction de "Bring You Down" est plus lente, mais lorsque la rythmique frappe, il
n’y a aucun doute sur la rage employée par les musiciens. Même constat pour la futuriste
"My Destruction", un titre ravageur, et "Something Of My Own", un morceau qui semble plus
calme, mais qui se révèle finalement très entraînant. "Otsego Placebo" fera danser
violemment des foules entières, et c’est pour moi l’un des meilleurs titres de l’album, qui
concilie sans peine groove, puissance brute old school et ces sonorités modernes. On se
rapproche de la fin avec "Follow", un morceau axé sur une rythmique instransigeante, et
surtout "Dead Souls", un titre en duo avec Al Jourgensen. Les deux voix se mêlent à la
perfection, et on sent très clairement la mélancolie qui flirte avec cette énergie sous-jacente
qui ne demande qu’à exploser.
L’evil disco de Static X est revenu alors d’un endroit dont seuls les légendes parviennent à
s’extirper. "Project Regeneration Vol.1" n’est pas un album supplémentaire de la formation, il
est bien plus que cela. Un vibrant hommage, un disque posthume, une explosion de rage,
de savoir-faire et d’humanité. Si vous avez remué la tête sur du Static X ne serais-ce qu’une
seule fois dans votre vie, vous allez l’aimer.
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