Dans la famille des animaux envers lesquels les humains ont peu d’affection, voici la murène. Un de ces profils la rend moche et agressive, l’autre lui donne l’air bête. On a rarement vu un humain posséder une murène de compagnie et lui caresser la tête au réveil. C’est pourtant l’animal que Stone From The Sky a choisi pour illustrer "Songs From The Deepwater".

Effectivement un peu abyssal, "Godspeed" en introduction se veut très progressif et c’est parfait. "Le Squinfus" avec son effet gratté, comme un CD qui saute, est très désagréable à l’oreille voire inaudible. A maladie imaginaire, symptômes imaginaires puisque ça recommence avec "Karoshi", je me dis que ça n’est pas possible de faire ça, on a envie de zapper tout de suite. Heureusement mon instinct m’a fait vérifier sur YouTube, c’est bien le CD promotionnel qui a un raté dans la copie. Ouf, j’ai eu peur de devoir saquer le groupe pour cette erreur stylistique. Finalement "Le Squinfus" est un excellent morceau stoner teinté de post-rock tout comme "Karoshi" juste après.

On atteint tout doucement les profondeurs jusqu’à arriver à "The Annapurna Healer", oui c’est un peu contradictoire sauf si on se dit que c’est l’apogée de l’album. Cette track est une folie ! "City | Angst" est encore une fois coincé entre notes paisibles et riffs pesants. Tantôt carré comme la typographie du recto, tantôt tout en rondeur comme celle du verso. Je commence vraiment à kiffer. "49.3 Nuances De Fuzz" passe en force, chaque instrument est soumis à la dextérité de l’humain qui le possède. La précision du groupe est incroyable est facilite l’immersion dans la profondeur de ses mélodies. Petite pépite pour la fin avec "Talwag" qui, au-delà de la très belle musique, porte une voix marine. S’il existait des sirènes mec, je pense que leur chant envoûtant se rapprocheraient de cette voix.

Je pensais tout d’abord que l’album évoquait différents maux de notre époque entre le surmenage menant au suicide, l’écologie, le mal-être en société. Des maux qu’il faut combattre avant de sombrer totalement. Pourtant la musique de l’album ne se veut pas précipitée ou alarmante. Le tempo et les distorsions ne sont là que pour donner un ton grave à l’ensemble mais, toujours avec cette ambiance pleine de poésie. En fait cet album est tout simplement beau, parfois c’est la plus belle des prétentions.