Le groupe
Biographie :

Strigoi est un groupe de death metal / crust anglais formé en 2018 et actuellement composé de : Chris Casket (basse / Eastern Front, Devilment, Death Dealers, Raw Noise, Re/Volt, ex-Extreme Noise Terror, ex-Sanctorum), Gregor Mackintosh (guitare, chant / Paradise Lost, ex-Vallenfyre), Guido Zima (batterie / The Secret, ex-Implore, ex-Rhyme) et Ben Ash (guitare / ex-Carcass, ex-Desolation, ex-Pig Irön, ex-Liquefied Skeleton). Strigoi sort son premier album, "Abandon All Faith", en Novembre 2019 chez Nuclear Blast, suivi de "Viscera" en Septembre 2022.

Discographie :

2019 : "Abandon All Faith"
2022 : "Viscera"


Les chroniques


"Viscera"
Note : 18/20

Après avoir mis fin à Vallenfyre qui avait servi son propos, Gregor Mackintosh était revenu avec le premier album de Strigoi, "Abandon All Faith", un mélange brutal de grindcore, de crust et de death metal old school énervé et très sale. Le groupe revient cette année avec "Viscera" et si l'ensemble est cette fois un peu plus lourd, on ne peut pas dire pour autant que les bougres se sont calmés !

Le but était visiblement d'amplifier les contrastes et de faire en sorte que les morceaux lourds le soient encore plus et que ceux plus brutaux poussent eux aussi le bouchon encore plus loin. On peut dire sans la moindre hésitation que la mission est accomplie et dès "United In Viscera" on sent que l'ambiance a pris un bon gros coup dans l'aile. La production annonce la couleur d'entrée de jeu elle aussi avec un son qui bourdonne et une basse énorme qui va vous faire vibrer les tripes ! Près de sept minutes pour un morceau d'ouverture et une noirceur impénétrable à laquelle s'ajoute quelques petits arrangements presque industriels qui vont s'entendre sur tout l'album et qui passent par quelques samples bruitistes du plus bel effet. Cela permet de créer un climat presque urbain qui en ajoute encore en termes de froideur et d'ambiances malsaines et désespérées. En tout cas, ce premier morceau nous assène déjà un violent coup de massue avec ses riffs qui pèsent des tonnes et cette ambiance à couper au couteau et quelques arpèges froids qui se rapprochent du black metal. Sauf qu'en sept minutes Strigoi arrive à faire passer la plupart des groupes de black ou de doom pour des adeptes des Bisounours et le désespoir qui se déploie ici ne vous laisse aucune chance. Et puisque l'on parlait de contrastes, "King Of All Terror" débarque sans prévenir avec la même noirceur mais avec une furie une fois de plus proche du grindcore pendant à peine plus de deux minutes. Après s'être fait écraser par un concentré de lourdeur et de noirceur désespérée, on se prend un passage à tabac tout aussi noir et sale.

Une furie que l'on retrouve sur "Napalm Frost" tout aussi brutal et direct et qui nous défonce la mâchoire pendant à peine plus de deux minutes là encore avec des riffs sentant fort le bon vieux grindcore. Comme dit précédemment, la lourdeur prend plus de place sur ce nouvel album et la furie dévastatrice s'exprime un peu moins souvent. Pourtant, malgré ce recul de la violence frontale, "Viscera" ne se fait pas moins brutal que son prédécesseur et l'agression passe cette fois par les ambiances qui s'enfoncent plus profondément encore dans le désespoir et la noirceur. Si on peut très furtivement sentir la patte Paradise Lost du jeu de Gregor Mackintosh, il faut avouer que Strigoi a une patte bien à lui et que cette association de malfaiteurs est diablement inspirée quand il s'agit de nous saper le moral ! On est à cheval entre le doom le plus crasseux et nihiliste possible, quelques touches de black metal, un peu de death metal pour les ambiances poisseuses là aussi et le grindcore pour les moments les plus furieux. Un mélange qui ne laisse pas beaucoup d'air et qui va rendre ces trois quarts d'heure éprouvants et destructeurs. Même s'il n'y a pas vraiment de ressemblance musicale, "Viscera" me renvoie à l'esprit qui régnait sur le "Monotheist" de Celtic Frost ou qui règne encore sur les albums de Triptykon, en tout cas j'y retrouve la même authenticité et la même noirceur abyssale. "Byzantine Tragedy" reflète d'ailleurs particulièrement bien ce côté quasiment nihiliste avec des ambiances qui évoquent un monde en ruines et la fin de tout.

Strigoi prend donc un virage moins direct et moins frontal mais la brutalité est toujours présente et "Viscera" développe une noirceur impressionnante. L'authenticité saute au visage à chaque instant et ce deuxième album confirme à la fois le talent de cette association de malfaiteurs et son envie de ne pas s'endormir sur ses lauriers.


Murderworks
Novembre 2022




"Abandon All Faith"
Note : 18/20

Vallenfyre n'est plus, vive Strigoi ! C'est en effet le nom du nouveau groupe de Gregor Mackintosh puisque Vallenfyre a splitté après avoir rempli son office. Ce groupe avait en effet été monté pour lui permettre de faire le deuil de son père et n'était pas destiné à durer. C'est donc le premier album de Strigoi, "Abandon All Faith", qui prend le relais et vu le titre, on se rend compte que ça reste en famille !

Si Vallenfyre donnait dans le death old school poisseux et gras, Strigoi évolue dans un spectre légèrement plus large puisqu'il n'hésite pas à aller chercher des éléments dans le grindcore donc autant dire que ça va secouer sévèrement et que la finesse n'est pas vraiment au menu. "The Rising Horde" annonce la couleur en faisant office d'intro bruitiste à grands coups de basse grésillante et de larsens saturés aux allures de lames de rasoirs ! "Phantoms" qui le suit invoque les esprits du death bien crade et malsain avec des leads bien dégueulasses qui rappelleront forcément Paradise Lost dans sa période la plus fétide et des blasts sans pitié qui nous tabassent la tronche sur des riffs bien glauques donnent un feeling presque black metal à ce premier véritable morceau à la noirceur impressionnante ! Si Vallenfyre ne rigolait déjà pas, Strigoi pouche le bouchon encore plus loin à tous les niveaux et se montre bien plus extrême et brutal. Ce démarrage d'album nous colle une bonne grosse baffe dans la mâchoire en à peine plus de cinq minutes et nous fait dire que l'écoute de "Abandon All Faith" va nous laisser sur les rotules. "Nocturnal Vermin" n'atteint même pas les deux minutes et son mélange de grindcore et de passages bien lourds fait penser à du Autopsy sous amphétamines ! Les blasts sont bien rapides et comme je le disais, Strigoi se montre bien plus frontal et violent que ne l'était Vallenfyre tout en étant encore plus sale et glauque. "Abandon All Faith" est totalement noir et aucun rayon de lumière ne viendra vous éclairer ici, vous allez patauger dans le sang, la crasse, la boue et toutes sortes de substances aux odeurs nauséabondes. Un mélange de death old school, de grindcore pur et dur avec évidemment ce feeling quasiment punk pour une quarantaine de minutes très directes et sans aucune pitié.

"Carved Into The Skin" fait figure de monstre avec ses six minutes au milieu de plusieurs morceaux qui n'en atteignent même pas deux et ses riffs très doom et pesants. L'ambiance qui était déjà glauque et sale devient vraiment malsaine et funèbre et Strigoi nous balance là un morceau limite flippant tant il se délecte à se rouler dans la fange et à nous lancer sa rancoeur et son désespoir au visage. Ce premier album est un bloc de charbon brut que vous allez manger avec du sang vérolé en guise de sauce donc si vous avez un sale goût dans la bouche à la fin de l'écoute, c'est tout à fait normal. Il y a tant de colère, d'amertume et de désespoir là-dedans que ces douze morceaux en deviennent éprouvants. Même si Gregor Mackintosh n'était pas connu, la sincérité de la chose ne ferait aucun doute, cela sent la catharsis à chaque seconde. La production est à l'avenant et le son de la basse et des guitares est bien gras et baveux avec une batterie organique évidemment loin des boîtes de conserve modernes par dessus, un son old school et sale mais puissant qui colle parfaitement bien au propos et qui fait plaisir à entendre. J'espère que ce groupe est fait pour durer parce que ce premier album est déjà une sacrée torgnole dans la tronche et son approche sans compromis fait du bien en cette période de formatage à tout-va et à tous les niveaux. "Abandon All Faith" renoue avec cette attitude punk qui consiste à se foutre de tout, à mettre un bon gros coup de latte dans le cul de tout ce qui passe à portée de pied en leur crachant au visage en bonus.

Premier album et premier coup de maître pour Strigoi qui balance un glaviot sonore sale, malsain, noir comme le charbon et habité par le désespoir et la rage. Le death old school fornique allègrement avec le grindcore originel et ce "Abandon All Faith" est aussi dégueulasse que vraiment violent, un must à ne pas louper pour tout amateur d'extrême qui se respecte !


Murderworks
Janvier 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/strigoibandofficial