Vous voyez quelques rayons de soleil percer les nuages ces derniers temps et êtes heureux à l'idée du retour des beaux jours ? Le deuxième album des Américains de Suffering Hour va se charger d'obscurcir tout ça très vite ! Le groupe pratique en effet une sorte de black / death très malsain et noir et "The Cyclic Reckoning" ne va pas vous laisser beaucoup d'espace pour respirer.

"Strongholds Of Awakening" ouvre le bal avec des riffs très dissonants au point que les guitares produisent des sons assez étonnants et des blasts qui viennent de temps en temps mettre un peu de violence dans cette mélasse d'une noirceur impénétrable. Pour ceux qui ne s'imaginent pas à quel point l'ambiance va être plombée, dites-vous que l'album dure trois quarts d'heure et ne contient que cinq morceaux, cela devrait vous donner une idée de ce qui va vous tomber dessus. Les riffs et mélodies sont tellement dissonants que j'ai parfois l'impression d'entendre un Dolorian qui aurait subitement décidé de péter les plombs et de foncer dans le tas. En parlant de péter les plombs, je vous confirme tout de suite que la folie est bien présente chez Suffering Hour, bien plus que la violence brute. Exprimer la haine n'est pas vraiment le but ici, le groupe s'amuse plutôt à nous perdre dans les méandres d'un esprit à cheval entre une dépression qui aurait touché le fond et une perte totale de repères qui mène à une folie irréversible. "The Cyclic Reckoning" a créé un monde monstrueux et prend un malin plaisr à se rouler dans sa propre fange en vous invitant à le rejoindre pour un bain de boue qui risque de ne pas être très revigorant. Suffering Hour a une personnalité indéniable et son black / death est bien plus malsain et flippant que la moyenne. Sans jamais trop en faire dans la violence, le groupe installe des ambiances totalement dépravées et malades et quand il lève le pied c'est pour balancer des tempos bien lourds et des mélodies qui semblent venir d'un autre monde. Il faut croire que la folie de Suffering Hour lui a ouvert la porte d'un autre univers et je ne suis pas certain que ce soit une invitation au voyage.

"The Abrasive Black Dust Part II" avec ses huit minutes est tout en riffs rampants et écrase tout avec toujours ces mélodies et ces riffs complètement dissonants qui installent une ambiance à la fois mélancolique et terriblement inquiétante et malsaine. Si j'ai vu passer plusieurs fois le nom de Deathspell Omega, je citerais plus volontiers Dolorian une fois de plus. Mais un Dolorian extrême qui retournerait à ses racines black et pousserait le bouchon plus loin qu'il ne l'a fait à l'époque sur "When All The Laughter Has Gone". Pour autant, je le répète, Suffering Hour a sa propre patte et c'est son utilisation des dissonances qui me rappelle parfois ce groupe avec ce son de guitares à moitié saturé seulement, groupe qui n'est peut-être même pas une de leurs influences d'ailleurs (c'est une référence plutôt obscure sur laquelle je vous invite à vous pencher si ce n'est déjà fait). Tout ça fait que "The Cyclic Reckoning" ne sera pas forcément facile d'accès et va vous demander quelques écoutes avant de pouvoir le cerner. L'ensemble n'est pas totalement hermétique non plus mais c'est de l'extrême dans tous les sens du terme et il y a une profondeur indéniable dans ces cinq morceaux. D'ailleurs, les morceaux s'enchaînent et ce nouvel album est à prendre comme un tout, il faut y plonger et le laisser vous emmener dans les abysses. Suffering Hour termine d'ailleurs l'album avec un pavé de plus de seize minutes qui va vous faire descendre profondément et vous emmener très loin. Malgré ça, le groupe fait preuve d'un certain groove et même en étant aussi dissonant et barré il y a une certaine incitation au headbanging !

Un deuxième album très singulier qui donne dans un black / death malsain et dissonant qui sonne de façon très personnelle et qui devrait permettre à Suffering Hour de se démarquer du reste de la scène extrême. Un groupe qui propose un univers très intéressant et que l'on va suivre de près !