Le groupe
Biographie :

Supuration sort en 1990 "Sultry Obsession", premier CD autoproduit limité à 1000 exemplaires. En 1991, le groupe enregistre 8 titres qui se retrouveront sur différents EPs et seront compilés plus tard sur l’autoproduction "9092" limitée à 500 exemplaires avec 3 morceaux enregistrés en 1992 qui figurent sur la compilation "Obscurum Per Obscurus". En Septembre 1992, Supuration signe sur Reincarnate Records et sort son premier album "The Cube" en Février 1993 qui sera suivi en Avril 1994 d’un maxi "Still In The Sphere" incluant la reprise “Shout” de Tears For Fears. Entre temps, le groupe est contacté pour l'enregistrement de la bande originale du long métrage Jacques Le Fataliste qui sera diffusé qu’une seule fois (pas de contrat de distribution). Le groupe entame une tournée européenne aux côtés de Suffocation et le clip "The Crack" est diffusé sur MCM.
Fin 1994, libéré de ses engagements Supuration signe sur Pias France. En Juillet 1995, Supuration enregistre son second album "Anomaly". A sa sortie le groupe change d’identité et devient S.U.P (Spherical Unit Provided) et en Février 1996 partage l’affiche de la tournée française de Coroner. En Avril 1996 le groupe sort le maxi "Transfer" qui regroupe différents morceaux d’"Anomaly" en versions acoustiques, electro et démos…
Fin 1996 le groupe arrive aux termes du contrat qui le lie avec Pias et signe en Janvier 1997 sur Holy Records. C’est le début d’une grande collaboration qui verra la réalisation de trois albums : "Room Seven" en 1997, qui relate la vision d'une personne autiste au travers de ses rêves. "Chronophobia" en 1999, C'est l'album le plus glacial, l'histoire de deux jumeaux séparés à la naissance à travers le temps et l'espace, un compte à rebours infernal qui les rapprochera à jamais. Ce n'est pas une vision pessimiste ou dépressive de voir la vie, mais simplement une fiction originale à travers une musique oppressante. "Angelus" en 2002, album très bien reçu dans la presse française et internationnale. L'origine de l'homme et ses religions sont remises en question sur cet album.
Aussi sorti sur Holy Records un album "Live To Live Alone" en 2001 disponible en CD, VD et DVD, et deux rééditions "The Cube" (incluant en bonus le maxi "Still In The Sphere") en 1998 et "Anomaly" en 2000 (un double CD incluant la version originale agrémentée du maxi "Transfer" et la nouvelle version de l’album). Le groupe enchaîne les concerts, tourne en Europe avec Anathema de Décembre 1999 à Janvier 2000 puis en France avec Gloomy Grim et Division Alpha en Avril.
En Mai 2002 ils enregistrent la bande originale du court métrage "Insanity" réalisé par Fabrice Lambot. Il est projeté dans plusieurs festivals internationaux (Buenos Aires, Belgrade, Bruxelles, Londres, Toronto, etc.) et est édité en vidéo en Janvier 2003. De fin 2002 à Juin 2003 ils multiplient les prestations live pour de nombreux concerts et dans de nombreux festivals. S.U.P est dorénavant une figure emblématique du metal français qui continue de séduire et de surprendre album après album.
Fin 2003 le groupe reprend son identité d’origine, Supuration, pour offrir au cultissime "The Cube" un digne successeur... "Incubation". "Incubation" replonge le groupe et ses fans dans la nostalgie, le moment opportun pour rééditer "9092" relooké et agrémenté d'un DVD. La réédition sort en Novembre 2004 et marque la fin d'un cycle. Le temps est venu pour Supuration de s'éclypser pour faire renaître S.U.P... Novembre 2005 est le moment propice pour que la chrysalide se transforme en un magnifique papillon... S.U.P revient et propose "Imago". L'album suivant, "Hegemony", sort sur le label Holy Records le 18 Septembre 2008.
En 2011, Supuration revient à nouveau, pour proposer une compilation des tous premiers morceaux du groupe (1989-1990). En 2013, le troisième album de la trilogie "Cube", "Cu3e", est attendu pour le début de l’année chez Listenable Records. Comme pour "Incubation", le groupe réutilisera le nom de Supuration, gardant la logique des albums et du genre. En Mai 2015, Supuration sort chez Listenable Records l'album intitulé "Reveries". Ce disque comporte des nouveaux enregistrements de titres anciens de Supuration initialement écris en 1990 qui ont été masterisés par Dan Swanö.
Le 29 Mars 2019, S.U.P revient et sort "Dissymmetry" chez Overpowered Records. Le 26 Mai 2023, c'est "Octa" qui sort en autoproduction.

Discographie :

1990 : "Sultry Obsession" (EP)
1993 : "The Cube"
1994 : "Still In The Sphere"
1992 : "9092" (Compilation)
1995 : "Anomaly"
1996 : "Transfer" (MCD)
1997 : "Room Seven"
1998 : "The Cube" (Réédition)
1999 : "Chronophobia"
2000 : "Anomaly" (Réenregistrement)
2001 : "To Live Alone" (Live)
2002 : "Angelus"
2003 : "Incubation"
2004 : "9092" (Réédition)
2005 : "Imago"
2008 : "Hegemony"
2011 : "Back From The Crematory" (Compilation)
2013 : "Cu3e"
2015 : "Reveries..."
2019 : "Dissymmetry"
2023 : "Octa"


Les chroniques


"Octa"
19/20

Cette fois il n'aura pas fallu attendre plus de dix ans pour avoir un nouvel album de S.U.P puisque le groupe est de retour au bout de quatre ans avec "Octa", nouvel album concept évidemment qui va se montrer très torturé comme d'habitude. On ne présente plus le groupe par ici, tout le monde devrait commencer à connaître et si ce n'est pas encore le cas il est toujours temps de rectifier le tir, nous allons donc plonger dans le vif du sujet de suite.

Si "Dyssymmetry" faisait entendre quelque chose de très froid, mécanique et rampant, ce nouvel album prend très vite le contre-pied en démarrant avec "Pseudopodic Phantasm" qui se fait plus rythmé et plus accrocheur tout en gardant cette bizarrerie dissonante typique du groupe. Précisons d'ailleurs qu'aucun album de S.U.P ne ressemble à un autre album de S.U.P et qui si des rapprochements sont faits ici avec d'anciens albums, ce sera plus pour traduire un certain feeling qu'une véritable ressemblance. Et ce mélange de dissonances et d'ambiance malsaine d'un côté et de mélodies accrocheuses sur un rythme plus enlevé de l'autre peut rappeler dans l'esprit à la fois l'accroche d'un "Hegemony" et la bizarrerie d'un "Angelus". La fin du morceau fait entendre des lignes vocales et des mélodies magnifiques qui posent une forme d'onirisme désespéré pour clore ce premier morceau qui sera tout de même fait accrocheur et efficace. Mais comme d'habitude, ce nouvel album propose quelque chose qui va encore se démarquer du reste de la scène metal qui doit décidément se gratter la tête en se demandant ce qu'est ce drôle d'animal ! Les influences cold wave et gothiques doivent y être pour quelque chose et on retrouve d'ailleurs une reprise du "Never Let Me Down Again" de Depeche Mode sur certaines versions d'"Octa", une confirmation de plus après des reprises de Tears For Fears ou The Cure entre autres. Des influences qui sautent aux oreilles sur "Not Icarus" d'ailleurs avec ce rythme et ces leads en son clair typiques qui font office de marque de fabrique du rock gothique. "Atramentous Sea" enchaîne avec quelque chose de plus froid et mécanique justement tout en restant rythmé, les riffs se font dissonants et les mélodies sont une fois de plus magnifiques et empreintes de cette fameuse sensibilité gothique.

"Octa" doit son nom entre autres au fait qu'il est le huitième album de S.U.P mais c'est aussi une référence à huit entités ou huit consciences que le personnage principal rencontre dans cette histoire décidément très étrange et torturée une fois de plus. Les growls et le chant clair se partagent équitablement l'espace sonore et les sonorités death metal et cold wave se mélangent d'autant plus harmonieusement pour créer une musique aussi étrange que belle. Ce n'est pas une surprise avec S.U.P puisqu'on sait que le groupe va trouver le moyen de nous mettre sur le cul à chaque sortie, mais il est quand même impressionnant de constater à quel point il pousse toujours plus loin son évolution tout en gardant sa patte ! Certains nous disent que tout a été fait et qu'il est difficile de sortir du lot avec quelque chose de vraiment personnel, allez donc en parler aux membres de S.U.P, je crois qu'ils ont trouvé le truc. En tout cas, "Octa" prend une fois de plus des allures de distributeur à baffes et les émotions qu'il fait ressentir frappent en plein cœur, comme d'habitude là aussi. C'est l'un des grands talents de ce groupe, réussir à faire une musique qui est à la fois étrange et qui se démarque du reste de la scène sans jamais tomber dans l'expérimentation outrancière et en posant des ambiances poignantes qui vous retournent l'estomac ! Toute la deuxième moitié de "The Lights Of Eden" en est d'ailleurs un très bon exemple avec là encore des mélodies et riffs dissonants d'un côté et des lignes vocales et ambiances qui vous saisissent à la gorge de l'autre. "Queen Quintessence" prend encore le contre-pied avec là aussi un morceau assez rythmé mais qui déploie des mélodies désespérées du plus bel effet pour une ambiance empreinte d'une beauté glaciale à couper le souffle !

En matière de dissonances et d'ambiance poisseuses et malsaine, "Open Eye" se pose là avec ses guitares qui descendent bien bas et son aspect plus mécanique et déshumanisé. Et pourtant, les mélodies plus froides et mélancoliques arrivent encore à se faire une place et amènent une certaine beauté au milieu de ce morceau très lourd et oppressant. L'envie n'était pas de faire un track by track mais ce groupe change tellement de visage d'un morceau à l'autre que faire un petit tour d'horizon permet de se rendre compte à quel point ce "Octa" est riche une fois de plus. Cela va passer pour un passage de pommade mais c'est toujours un plaisir de retrouver S.U.P et c'est précisément sa singularité qui le rend si attachant et qui fait que l'on sait que la déception ne sera pas au rendez-vous. On en connaît des groupes avec cette longévité qui se sont plantés au moins une ou deux fois avec des albums moyens. Mais quand on fait ça par pure passion, que l'on garde son cap et que l'on se fout de ce que pensent les autres, on arrive non seulement à créer son propre univers mais aussi à maintenir un niveau de qualité que pas mal de groupes doivent envier. Parce que la passion on en entend beaucoup parler dans les groupes de metal, mais quand on voit le nombre de groupes dont les membres se tirent dans les pattes pour avoir les droits sur le nom et donc toucher l'argent, on comprend bien vite qu'à un certain niveau il y a plus d'entrepreneurs que de musiciens dans cette scène (oui, je deviens probablement un vieux con mais ce n'est pas grave, j'assume). Pas de ça avec S.U.P, ces gars sont de vrais passionnés et ne reviennent que lorsqu'ils le veulent et le sentent, et je suis sûr que cela fait une bonne partie de la différence.

Vous aurez donc compris que S.U.P frappe fort une fois de plus avec "Octa" qui s'éloigne de l'approche très lourde, froide et mécanique de "Dyssymmetry" pour nous amener cette fois quelque chose de plus vivant et rythmé mais toujours aussi torturé. La beauté glaciale typique du groupe est bien là et les ambiances sont une fois de plus à tomber par terre donc vous ne serez pas dépaysés à ce niveau. Pour le reste, le groupe fait ce qu'il sait faire avec un talent qui frôle l'insolence et trouve encore le moyen de surprendre tout en gardant sa patte habituelle. Définitivement un des très grands du metal français et du metal tout court d'ailleurs !


Murderworks
Mai 2019




"Dissymmetry"
19/20

On peut dire qu'on l'aura attendu celui-là ! Une bonne dizaine d'années s'est écoulée depuis la sortie de "Hegemony" et voilà enfin le retour de S.U.P avec "Dissymmetry". Certes l'entité Supuration avait pris le relais entre temps mais cela fait du bien de pouvoir réentendre l'autre facette s'exprimer à nouveau.

On retrouve très vite ses marques puisque la patte du groupe n'a évidemment pas bougé malgré tout ce temps et dès "The Chasm And Chronograph", les riffs froids et presque mécaniques typiques de S.U.P se rappellent à notre bon souvenir. Les ambiances sont glauques à souhait, le concept album est toujours de rigueur et noir comme il est de coutume, bref on retrouve le S.U.P que l'on connaît et qui commençait quand même à nous manquer. "Dissymmetry" est peut-être même encore plus froid et sombre que ses prédécesseurs, il y a une mélancolie encore plus marquée dans les mélodies, les riffs hachés et le tempo très mécanique de certains morceaux renforcent encore cette froideur qui vous prend à la gorge pendant les cinquante minutes que dure l'album. En tout cas, les morceaux sont aussi glauques qu'efficaces et les mélodies glaciales du groupe trouvent toujours un moyen de se frayer un chemin dans votre crâne. C'est le paradoxe et l'exploit que ces gars-là arrivent à fournir à chaque album, le fait de proposer une musique complexe, riche, pas forcément accessible mais bizarrement accrocheuse quand même. Un équilibre qui ne doit pas être évident à trouver mais qui paraît naturel chez S.U.P et qui fait que chaque sortie nous met la baffe réglementaire en plus de nous embarquer dans un univers créé sur mesure. Dix ans, ça paraît long mais quand on écoute ces morceaux, on sait pourquoi il a fallu attendre. Pour ceux qui en doutaient, S.U.P reste bel et bien cet ovni musical dont on attend fébrilement les rares apparitions et qui laissent systématiquement une marque au fer rouge à tous ceux qui ont croisé son chemin.

On trouve même encore quelques sonorités encore plus bizarres que d'habitude, notamment sur "Hypnagogik Hop" qui part sur des rythmes assez saccadés, là encore très hachés, avec des effets sur les vocaux qui rendent le tout encore plus glauque. Globalement, la température avoisine celle d'une chambre froide sur ce nouvel album, une habitude chez S.U.P mais je dois dire que cette fois on est encore descendu de quelques degrés. "Excision" nous ramène en terrain connu avec ces sonorités très goth / cold wave que l'on connaît bien chez S.U.P, ce qui ne contribue évidemment pas à faire remonter le thermomètre. Je crois que le dernier album a avoir eu une ambiance aussi glaciale était "Chronophobia", sans qu'il y ait pour autant de vraies ressemblances entre les deux. J'insiste d'ailleurs sur le fait que "Dissymmetry" propose quelque chose de nouveau dans la discographie de S.U.P, une fois de plus me direz vous, et que si la patte du groupe est toujours là, la forme s'est adaptée au concept. On va faire simple, "Dissymmetry" reprend tous les ingrédients de la sauce mais trouve le moyen de lui donner un autre goût, le groupe évolue toujours mais sans jamais renier ce qu'il est. Sa personnalité est tellement marquée et le groupe détonne tellement dans le reste du paysage musical qu'il serait de toute façon bien difficile de lui trouver une quelconque ressemblance avec qui que ce soit d'autre que lui-même. Le son est comme d'habitude énorme et colle parfaitement aux ambiances que développe le groupe, pas de surprise à ce niveau-là.

Mais pas besoin de m'étaler outre mesure, ce nouvel album est encore une fois un chef d'œuvre et si la musique de S.U.P vous est familière, je ne vois vraiment pas comment la moindre déception pourrait être possible. Et si vous ne connaissez pas encore S.U.P.,que faites vous encore ici ? Ouvrez grands vos oreilles et allez m'écouter toute la discographie de suite !


Murderworks
Mai 2019




"Reveries..."
15/20

Supuration est de retour avec un album mais non ce n'en est pas un nouveau, en fait "Reveries..." qui fait ouvertement référence à "Reveries Of A Bloated Cadaver" est un ensemble de réenregistrements de morceaux datant de 1990 pour la plupart. J'aurais préféré de nouveaux morceaux mais bon, voyons plutôt ce que cet animal a dans le ventre.

Globalement, les versions sont plutôt fidèles à leurs versions d'origine, même si des morceaux comme par exemple "Reveries Of A Bloated Cadaver", justement, ont été quelque peu rallongés. La grosse différence se situe bien entendu au niveau du son, une fois de plus concocté par Dan Swanö. Et c'est une différence de poids puisque sur certaines versions d'origine? le son pouvait être vraiment raw et ne pas rendre vraiment compte de ce que les morceaux avaient sous le pied. Cette fois, c'est bien plus propre et on entend clairement ce qui se passe. Enfin, quand je dis que c'est propre, c'est au niveau de la production hein, parce que les morceaux en eux-mêmes sont death metal jusqu'au bout des ongles et ont bien entendu gardé leurs ambiances putrides. Même si on sentait clairement les sonorités très particulières de "The Cube" pointer le bout de leur nez, il n'empêche que Supuration, comme le nom l'indiquait, pratiquait vraiment un death metal très malsain. On peut donc voir cet album de plusieurs façons, d'un côté on pourrait le réserver aux dingues de la première heure et qui voudraient entendre ces morceaux avec un son actuel mais d'un autre côté, ça pourrait aussi permettre à ceux qui ont découvert Supuration récemment d'entendre ce qu'ils étaient à leurs débuts.

La compilation "9092" contenait certains de ces morceaux dans leurs versions d'origine, elle avait été rééditée chez Holy Records il y a une paire d'années mais je ne suis pas certain qu'elle soit encore disponible. Les autres pouvaient être trouvés sur la compilation récemment rééditée "Back From The Crematory", là aussi dans les versions d'origine qui, pour certaines, étaient vraiment tendues à écouter. Ce n'est donc pas plus mal de pouvoir entendre ces morceaux fondateurs avec un son plus propre, et puis c'est presque un anniversaire puisque toute la tracklist a en fait 25 ans. Sans compter que comme je le disais, même si ces premiers travaux étaient bien plus durs et brutaux, on ne peut s'empêcher de distinguer les petites dissonances et harmonies tordues qui deviendront la marque de fabrique du groupe plus tard. Et ceux qui ont du mal à marquer une frontière entre les deux entités Supuration / S.U.P. vont pouvoir clairement entendre ce qui permet de la saisir. Et pour bien annoncer la couleur d'office, l'objet arbore une magnifique pochette de Dan Seagrave, l'orfèvre déjà responsable des artworks de "Transcend The rubicon" de Benediction, "Like An Ever Flowing Stream" de Dismember ou encore "Left Hand Path" d'Entombed, autant dire death metal à 300% !

Au final, un album qu'on ne sait pas trop à qui conseiller puisqu'il convient à la fois à ceux qui voudraient découvrir les débuts du groupe qu'à ceux qui les connaissent mais veulent entendre ce que ça donne en version 2015. En tout cas, ça permet à ceux qui avaient des doutes de prouver que les morceaux étaient bons à la base, et qu'ils le sont encore aujourd'hui.


Murderworks
Juin 2015




"Cu3e"
18/20

Ouvrez bien vos esgourdes, le troisième et ultime volet du Cube est enfin arrivé ! Il se sera fait attendre le bougre depuis les premières annonces, mais le voilà 10 ans après "Incubation", sorti lui même dix ans après "The Cube". Vous l'aurez bien sûr deviné, cette fois le groupe revient sous la forme Supuration.

Ce troisième chapitre du Cube, contrairement à "Incubation" qui constituait ce qu'on appelle maintenant une prequel, reprend exactement là où le premier s'est arrêté. Littéralement d'ailleurs, les premières notes de "Sinergy Awakes" sont les dernières de "The Dim Light", montrant ainsi même sans avoir lu les paroles qu'on est en présence d'une suite directe. C'est d'ailleurs ce qui a provoqué chez moi quelques craintes, car même si Supuration / S.U.P. nous a toujours fourni des albums excellents je me suis demandé si celui-ci n'allait pas amener leur premier faux pas pour cause de répétitions. Après tout, "Incubation" avait répondu aux principales questions soulevées par les paroles de "The Cube", et je pensais que le fait de refaire des clins d'œils musicaux allait finir par devenir redondant. Quelle erreur ! Oui, on retrouve quelques allusions sonores aux deux précédents opus vite fait histoire de marquer la continuité de l'histoire (le début de "Consumate" par exemple pour citer un des plus flagrants), mais le talent du groupe a fait le reste. On retrouve le même esprit qui était présent sur "The Cube" ce qui n'est pas un mince exploit, mais en plus de ça on sent les années d'expérience et des albums sous le nom S.U.P. qui se mélangent à tout ça.

Tant qu'on en est à citer les allusions musicales précisons que cet album devrait être le dernier sous le nom de Supuration, puisqu'on peut en effet entendre les mots "Neovocyts we are" en fin album et que ce sont les premiers à être prononcés sur le dernier S.U.P. en date "Hegemony". Par cette petite phrase glissée en fin d'album, Supuration annonce symboliquement le passage de relais à S.U.P. et signe la fin de l'histoire développée en 1993. Et au milieu on retrouve comme je le disais des sonorités très S.U.P. justement, par exemple les voix claires fantomatiques et désincarnées façon "Anomaly" qui pointent brièvement le bout de leur nez en plein milieu de "Introversion". Mais l'expérience aidant, tout ça ne fait pas ressembler l'album à un vulgaire melting pot de toutes les périodes, c'est au contraire une sorte de synthèse des différentes sonorités qui viennent toutes se fondre dans l'univers typique du Cube. Elles en redéfinissent les contours, en changent les dimensions tout en gardant la même forme. Un pur changement dans la continuité comme on dit, à la fois la suite directe de "The Cube" et en même temps bien plus que ça. C'est assez difficile finalement de décrire cette impression, j'essaie simplement de rassurer les personnes qui pourraient penser être en face d'une banale copie carbone du premier volet. Je ne peux donc que vous conseiller de vous enchaîner les 3 albums pour saisir toute la cohérence de la démarche (que ce soit au niveau de la musique ou des paroles d'ailleurs), en plus de vous faire plaisir avec trois bombes ! Et puis après tout c'est plutôt bon signe de ne pas réellement trouver les mots à poser sur un album, ça prouve que "Cu3e" est comme à l'accoutumé un album à part. Supuration / S.U.P. est notre fournisseur officiel d'OVNI depuis plus de 20 ans déjà, et j'espère qu'on y aura encore droit pendant longtemps.

Je tiens aussi à signaler l'excellent travail au niveau de l'artwork réalisé une fois de plus par Matthieu Carton, car même si la pochette peux ne pas être au goût de tout le monde, les volets du digipack et le livret sont superbement réalisés. Ces deux là se sont décidément bien trouvés, que ce soit pour Supuration ou S.U.P., les visuels sont en parfaite adéquation avec le concept. Niveau son, ce n'est pas moins que Dan Swanö qui s'est occupé du mastering, pas de surprises donc puisque ça sonne carrément bien forcément. Bref, Supuration a encore évolué et nous prouve que même quand on l'attend au tournant il trouve le moyen de surprendre, ce n'est donc toujours pas cette fois que le groupe montrera un signe de faiblesse et c'est très bien comme ça.

Certains le considèrent déjà comme étant leur meilleur album, ça le temps nous le dira. Mais il est clair que ce dernier volet des tribulations géométriques et mystiques de Supuration est un bijou une fois de plus, mais ça si vous êtes familiers du groupe vous le savez déjà et ça ne vous étonnera même pas.


Murderworks
Mars 2013




"Back From The Crematory"
11/20

Je ne vais pas vous faire l'affront de vous présenter Supuration, je crois qu'avec leur carrière et les chroniques qui traînent sur le site vous devez connaître maintenant. Si vous êtes un dingue du groupe vous avez déjà pu découvrir leurs débuts au travers de la compil "9092" et des différents "official bootlegs", sauf que la compilation qui nous intéresse aujourd'hui remonte encore plus loin que ça. "Back From The Crematory", puisque c'est son petit nom a pour but de compiler (sans blague) les vieilleries du groupe que pas grand monde a eu l'occasion d'écouter jusqu'à maintenant.

On commence doucement avec les morceaux de "Sultry Obsession" qu'on connaît déjà, justement par le biais de "9092". Si vous ne connaissez pas encore vous pouvez y jeter une oreille sans problème, Supuration y était plus extrême mais on pouvait déjà entendre leur patte si particulière. Par contre on a aussi droit à des morceaux tirés d'une "Official Rehearsal" que je n'avais jamais pu écouter. Tout ça date de la même époque, à savoir 1990, mais comme son nom l'indique c'est une répétition enregistrée donc le son est quelque peu raw. C'est pas mauvais mais comparé au groupe qu'on connaît aujourd'hui ça ne fait évidemment pas le poids, à cette époque c'était encore un death relativement brutal et frontal.

On passe donc à la suite avec le morceau de choix pour les fans du groupe qui ne connaissent pas ses tout débuts, lorsqu'il s'appelait encore Etsicroxe (exorciste à l'envers). Si je vous dis que c'est encore plus raw et basique ça vous étonne ? Là je dois dire que leur musique est totalement méconnaissable, impossible de deviner qu'il s'agit du même groupe si on ne voit pas le nom. Même le chant est méconnaissable, dans un registre plus thrash / black au lieu des growls profonds auxquels on a été habitués plus tard. Pour être honnête je doute que quelqu'un se les repasse plusieurs fois avec plaisir, on sent que c'était vraiment leurs débuts. Et histoire d'enfoncer le clou avec encore plus de raw de chez raw, on finit la compil' avec plusieurs morceaux live de 1989 sous le nom d'Etsicroxe donc.

Cette compilation est à réserver aux fans les plus acharnés du groupe qui veulent vraiment tout avoir, il faut être honnête c'est pas top qualité musicalement. Il faut vraiment la voir comme une pièce d'archive histoire de compléter la collection, mais je ne sais pas si vous y reviendrez souvent. Moi non en tout cas, et si vous voulez entendre des morceaux de l'époque où la patte S.U.P / Supuration commençait à se montrer je vous conseille plutôt de vous procurer "9092" qui s'écoute beaucoup plus facilement et dont la réédition chez Holy Records propose pas mal de bonus très sympa.


Murderworks
Avril 2012




"Hegemony"
19/20

Alerte à la bombe !!!

Je savais déja qu'on tenait avec S.U.P. quelque chose d'exceptionnel, mais là je dois dire que je suis bluffé. "Imago" montrait deja un visage plus mélodique tout en restant extrêmement froid, ici nous avons affaire à des compositions totalement tubesques (pour du S.U.P. j'entends, n'allez pas croire qu'ils vont péter les charts). Les ambiances sont toujours dignes d'une virée en chambre froide, ou à la morgue c'est selon. A ce rythme là d'ici quelques albums ils vont réussir à atteindre le fameux zéro absolu. Je disais donc que ce n'est pas encore aujourd'hui que vous fêterez l'anniversaire de mémé au son d'un album de S.U.P. A moins que la dite mémé ne commence à sentir le sapin, mais là je m'égare.

Pour rester fidèle à la tradition supienne, le groupe nous a une fois de plus livré une oeuvre difficile à appréhender. Il faut un temps d'adaptation avant d'en saisir toute la substantifique moelle, mais une fois entré dans ce monde il est très difficile d'en sortir. S.U.P. vient de nous lacher une bombe à retardement totalement addictive, impossible de s'en défaire. Un gros travail a été fait sur les lignes de chant clair qui sont encore plus accrocheuses et qui ne vous lâchent plus une fois entrées dans la caboche. Les trois quarts des morceaux de cet album sont des «tubes» malsains en puissance, c'est terriblement accrocheur et glauque à la fois. La beauté glaciale d' un "Imago" a ici laissé place à un inquiétant brouillard. Tout l'album est doté d'un feeling plus inquiétant, à l'instar des petites voix sur le morceau "Death Dance". Autre exemple pour le côté accrocheur avec le refrain de "Recall" qui est tout bonnement imparable. Et puis ce "The Far Horizons" juste énorme, à écouter sans modération.

Je parlais des voix claires ci dessus mais je précise que les voix death ont elles aussi effectuées un retour en force sur cette précieuse galette. J'en profite aussi pour parler de l'artwork, réalisé là encore par Matthieu Carton qui a effectué du très bon boulot et qui a créé une pochette qui dénote du reste de la discographie. Quant au son, bah c'est une constante chez S.U.P., il est énorme.

Au final on se retrouve avec une galette totalement énorme une fois de plus, de là à dire qu'il s'agit de leur meilleur album il y a un pas... ....que je franchis allègrement !! C'est une excellente synthèse de tout ce qu'ils ont pu faire auparavant, on peut y trouver des passages très chronophobiens ou se retrouver avec des mélodies qui n'auraient pas fait tâches sur "Room Seven".

Le potentiel de ce groupe est juste énorme et il nous en fait encore la preuve sur cette miraculeuse galette. C'est comme le vin, ça se bonifie avec le temps. Et quand on essaie d'imaginer ce qu'ils vont bien pouvoir nous livrer d'ici quelques années ça laisse rêveur. Si un jour j'ai un gosse qui me demande de lui faire découvrir de la bonne musique et qui veut que je lui précise à quoi on la reconnaît, je lui ferai écouter cet album en lui disant : "C'est facile à reconnaître. Tu vois quand t'écoutes ça t'as la chair de poule. Hé bien on appelle ça le talent, retiens bien ça petit. Le talent."

Comme je le précisais sur le forum, ce groupe et cet album tiennent du miracle dans un paysage musical de plus en plus formaté et sclérosé. Heureusement pour nous il y a encore quelques irréductibles qui refusent de céder à la facilité de la musique fast food et qui prennent la peine de nous livrer de véritables oeuvres qui demandent un minimum d'effort. Les portes de cet univers sont solidement fermées, mais toutes les clés sont sous votre nez. A vous de vous donner la peine de les chercher, une fois trouvées elles vous donneront accès à un trésor inestimable. Ce n'est pas avec cet album, une fois de plus, que les détracteurs de S.U.P se réconcilieront avec le groupe, pour ce qui est des autres suivez le guide. Mais attention, l'addiction vous guettera à chacun de vos pas et les Neovocyts ne vous lâcheront pas si facilement.

"Here, They, Come...Come...Come...Come..."


Murderworks
Octobre 2008




"Imago"
18/20

Après une brève réapparition de Supuration avec l'album "Incubation" qui aura servi de préquelle à "The Cube", les frères Loez sont de retour avec un nouvel album de S.U.P. Je me demande à chaque sortie du groupe à quelle sauce je vais me faire manger étant donné que ces génies ont l'habitude de brouiller les pistes à chaque album. On ne sait jamais à quoi s'attendre, la seule donnée visiblement immuable est la qualité de leurs oeuvres, ils sont en effet un des rares groupes à ne m'avoir jamais déçu.

Après réception de la galette je m'empresse donc d'enfourner tout ça dans le lecteur et après une première écoute, ô surprise ça a encore changé ! Le groupe nous revient une fois de plus avec un visage différent, quelques orchestrations au clavier ont en effet été mises beaucoup plus en avant et la part belle est redonnée aux voix claires. La personnalité death de "Incubation" a laissé la place au visage plus cold wave que l'on avait pu connaître sur "Room Seven". Que les amateurs ne s'inquiètent pas; on reconnaît bien évidemment leur patte mais la recette a une fois de plus évoluée, de nouvelles sonorités et quelques structures plus affolées (et plus affolantes) ont fait leur apparition, en particulier sur un morceau comme "Hybrid State" avec ses parties de chant complètement hachées sur les couplets. L'émotion est elle aussi une fois de plus à fleur de peau, comment en effet rester insensible à l'écoute de "The Deformed Army" ou encore "Apprehension" ? Si vous y arrivez, vous avez un coeur de pierre (là c'est le fan de S.U.P qui parle). Tout ceci est bien entendu enrobé dans le traditionnel concept-album, avec cette fois une histoire de remède médical miracle qu'il ne faut utiliser qu'une seule fois. Le personnage principal va s'en servir plusieurs fois et va vite comprendre pour quelles raisons il était déconseillé de le faire.

Au bout d'une cinquantaine de minutes on se dit que le plus gros est passé, que les frissons vont disparaître... Perdu !! L'album se termine sur le morceau éponyme, une énorme montée en puissance émotionnelle de plus de 6 minutes qui donne naissance à une magnifique pièce instrumentale à écouter sans modération. La touche "repeat" s'enfoncera de toute façon d'elle même, ne vous laissant pas d'autres choix que de plonger encore et encore dans cet énorme maelstrom d'émotions brutes.

Le tout est une fois de plus très froid, glacial même, définitivement pas ce qu'il vous faut pour animer vos soirées arrosées. Pour ce qui est du son il est comme d'habitude, c'est à dire énorme, puissant et clair permettant ainsi de distinguer parfaitement tous les instruments.

Pour ce qui est de l'objet en lui même nous avons droit, comme toujours avec S.U.P, à un magnifique digipack orné d'illustrations des membres du groupe façon BD réalisées par Matthieu Carton. En bref, ce n'est certainement pas avec cet album que les détracteurs du groupe pourront visiter cet univers. En ce qui concerne les autres je vous invite à rendre une petite visite à nos amis communs pour une expédition en terres inconnues dont vous ne ressortirez pas indemnes. Bon voyage !


Murderworks
Mai 2008




"Anomaly"
17/20

1995, le retour de Supuration pour un deuxième album à des années lumière de son prédecesseur. Le groupe n'a pas l'intention de rester éternellement enfermé dans un carcan et nous le fait comprendre. On note tout d'abord un changement de patronyme, Supuration devient S.U.P. Changement aussi au niveau de l'artwork, on passe des couleurs chaudes du premier album (à dominante rouge) à des couleurs nettement plus froides (à dominante blanche), petit détail qui, l'air de rien, annonce le changement musical. Musique qui va d'ailleurs s'adapter au concept développé sur ce deuxième méfait. Nous avons cette fois affaire à une société futuriste qui met en place une façon assez ignoble de réguler la population mondiale. A savoir une chaine robotisée chargée d'inoculer un poison à chaque nouveau-né. L'élément perturbateur sera ici une des machines de cette chaine qui va subitement, et inexplicablement, prendre conscience de l'horreur de ces actes et qui va tout faire pour enrayer le système.

L'humain laisse la place à la machine, et cela se ressent à l'écoute de l'album. Ici la musique est froide, déshumanisée, mécanique et comme sur le premier album emprunte d'une grande mélancolie. Inutile de préciser que "Anomaly" est nettement moins accessible que son prédecesseur. Plus hermétique que "The Cube" certes, mais doté lui aussi de passages de toute beauté. Je pense particulièrement au refrain de "The Work" ou au morceau qui lui succède "Ocean Of Faces" qui est, comme je le précisais pour l'album, très mélancolique, voire même limite désabusé, comme une impression de renoncement. L'album est plus simple que son prédecesseur au niveau de la structure des morceaux (plus axée couplet-refrain), un peu plus «conventionnelles» (notez les guillemets), mais il reste néanmoins beaucoup plus froid au niveau des ambiances. Il y a une réelle symbiose entre l'histoire contée et les ambiances délivrées par la musique, à dominante mécanique, froide, drapée d'un soupçon d'humanité. Exactement le chemin parcouru par le personnage principal, le passage de l'état de machine à celui d'entité douée de conscience. Il faut aussi préciser que le groupe s'est ici quasiment débarassé de ses influences death, et que quelques sons synthétiques et autres samples sont utilisés, le tout n'en devenant que plus glacial. N'allez pas croire pour autant que le groupe a viré dans l'electro, nous avons bien affaire ici à du metal.

Il est vrai cependant que les personnes ayant apprécié "The Cube" risquent d'être quelque peu décontenancées devant le virage légèrement plus "industriel" (là aussi notez les guillemets) pris sur cet album. "Anomaly" est un véritable paradoxe, on se retrouve comme je le précisais plus haut avec des structures plus immédiates (orientation que confirmera son successeur "Room Seven") mais le tout est quand même beaucoup plus froid et ne se laisse pas dompter aussi facilement que l'on pourrait le croire. Mais une fois encore la qualité est là et cette deuxième fournée mérite qu'on lui donne sa chance.

Comme pour "The Cube", Holy Records rééditera l'album en 2000, en double digipack avec en bonus sur le deuxième cd une version totalement remaniée et réenregistrée de l'album plus quelques morceaux inédits (parmi lesquels figure l'excellent "Uly-Töhas") qui complètent l'histoire. La nouvelle version proposée ici constitue, d'après les dires des membres du groupe, l'album tel qu'il aurait dû être à l'origine, ou du moins un aperçu de ce qu'il aurait dû être. Comme d'habitude avec S.U.P on ne se moque pas de l'acheteur potentiel, en plus de l'artwork très travaillé, nous avons droit sur cette réédition, à une traduction en français de l'histoire ainsi qu'à différents croquis représentant les différents personnages. Un album de plus, un chef-d'oeuvre de plus.


Murderworks
Février 2008




"Room Seven"
17/20

"Room Seven" est le troisième album du groupe, le deuxième depuis qu'ils ont préféré le nom de S.U.P à celui de Supuration. Chaque album de ce groupe atypique, mais bien français, nous présente un nouvel univers. Dans "Room Seven" c'est dans l'esprit d'un autiste que l'on se glisse. On retrouve un disque aux ambiances glacées comme seuls les membres de S.U.P savent les faire, et toujours l'impression d'une musique inhumaine, voire robotique, et bien moderne. Mais cette fois les vocaux clairs sont moins présents et laissent place au chant death. De même les riffs saccadés et répétitifs habituels au groupe laissent place à une grande part de groove. En plus de tout ça une impression de flottement est parfois libérée, comme dans "The Calling". Certaines ambiances glauques sont toujours présentes, mais doublées d'un sens de la mélodie exacerbé, comme dans "My Heart On My Tongue". Dans "Room Seven" on a plutôt affaire à une chanson très rock, notamment pendant les refrains, on pourrait même presque penser à Muse pendant quelques secondes. S'il y a une facette du groupe qui est toujours bel et bien présente, c'est cette mixture entre cold-wave et metal, qui définit l'esprit véritable du groupe. Mais ce qui démarque cet album du reste de la discographie du groupe, c'est le cassage de l'aspect monotone pour s'envoler vers le groove. Même dans son style bien à elle, la machine S.U.P sait être originale. Un album, et un groupe qui nous rendent fier d'être français.


PsyMe
Juin 2009




"The Cube"
18/20

Supuration, voilà un nom qui en dit long ! On imagine de suite un groupe brutal, pour qui la subtilité et le raffinement ne seraient que de vulgaires concepts totalement abstraits. Et pourtant.... Il suffit d'une poignée de minutes pour se rendre compte que l'on était dans l'erreur. Violent par moments certes, mais doté d'un sens de la mélodie hors du commun. Deux chants se cotoient, l'un grognard et l'autre clair. Chose assez inhabituelle pour l'époque, mais nous apprendrons assez vite que ce groupe ne fait jamais rien comme les autres. Lidée de faire un concept-album n'était elle non plus pas très courante dans le death metal. Idée qui deviendra vite une habitude d'ailleurs. Tous les morceaux s'enchainent et s'appliquent à développer l'histoire.

Sur cet opus nous suivons les traces d'une personne venant d'en finir, ainsi que ses pérégrinations dans l'au-dela pendant lesquelles nous sommes invités à connaître ce qu'elle voit et ressent. L'album débute par ses mots d'adieu sur fond d'arpèges, ou comment annoncer la couleur d'entrée de jeu. Cette impression de mélancolie latente ne nous quittera plus tout le long de l'album se mariant parfaitement avec les quelques accès de violence qui parsèment cette oeuvre. Puisqu'on peut effectivement parler là d'oeuvre, j'irais même jusqu'à dire de chef-d'oeuvre. Pour un premier album c'est un coup de maître.

Rien n'est laissé au hasard, technique, violent et mélodique à la fois et doté d'un son énorme. Le voyage est parfois éprouvant, on s'égard un peu aux premières écoutes dans ces compositions tordues, mais le Cube nous ramène bien vite dans son sillage. Je serai bien incapable de vous décrire la musique de Supuration (qui deviendra au fil du temps S.U.P., pour Spherical Unit Provided ) sur cet album, elle ne ressemble à aucune autre. Elle puise ses racines dans le death-metal mais n'y reste pas cloisonnée, elle explose toutes les barrières pour nous emmener là où elle le veut. Ici tout est basé sur l'émotion, un album de S.U.P. ne s'écoute pas, il se ressent. Cela pourrait d'ailleurs poser problème à ses nouveaux auditeurs, cette musique ne se laisse pas digèrer comme ça. Elle demande un minimum d'investissement de la part de l'auditeur et nécessite plusieurs écoutes pour en saisir toute l'essence. Nous voilà face à un groupe qui est parti d'un death-metal relativement conventionnel sur ses démos pour arriver sur son premier album avec son propre univers musical, usant de sonorités totalement tordues et atypiques pour le genre. Le terme "psychédélique" a été avancé plusieurs fois, je n'irai pas jusque là, mais leur musique est indéniablement truffée de sonorités étranges et dissonantes.

Et si je vous dis que c'est peut être leur album le plus accessible ? Le jeu en vaut néanmoins la chandelle, une fois entré dans leur monde, peu de chances pour que vous en ressortiez indemne. Et en considérant la suite de leur discographie, vous n'êtes pas au bout de vos surprises. Pour les ceusses qui voudraient tenter l'aventure, l'album (sorti à l'origine en 1993) a été réédité en 1998 par Holy Records en version digipack (l'original en était deja un, là encore une habitude peu répandue chez les groupes à cette époque).

Cette réédition contient en outre, 3 morceaux du EP "Still In The Sphere" sorti juste après "The Cube". Les deux morceaux manquants sont l'excellent "Back From The Garden" et la reprise de Tears For Fears "Shout". Vous pourrez néanmoins les retrouver sur le CD live "To Live Alone" (ça va tout le monde suit ?) puisque l'EP en question n'a pas été réédité et qu'il est par conséquent un peu compliqué à trouver.

Parler de la musique de Supuration n'est pas chose aisée, si cette modeste bafouille peut néanmoins éveiller la curiosité de certaines personnes je les invite à se diriger vers le MySpace du groupe sur lequel ils pourront se faire une idée de la Bête en écoutant le morceau "The Cube" en version live : www.myspace.com/supuration.


Murderworks
Février 2008


Conclusion
A écouter : 4TX.31B (1993)

L'interview : Ludovic & Fabrice Loez

Le site officiel : www.supuration.fr