La dernière fois, j’expérimentais de nouveau cette sensation désagréable de peau rêche qui colle avec le retour des beaux jours. Soudain, je ressentis également une gêne dans le tympan. Supremacy venait de s’introduire dans mon conduit auditif. Alors, malgré les doigts collants et la mue de mes phalanges en cours, je me décidas tant bien que mal à laisser mes empreintes digitales sur quelques touches afin de réaliser ces quelques phrases.

Ben merde, j’aurais parié sur du hardcore à la new-yorkaise vu le blase. Raté ! A vrai dire, le premier titre, "Desert Crossing", m’a déconcerté ses deux premières minutes trente. Quelque chose me dérangeait, sans savoir quoi. La voix du chanteur ? L’instru' ? Cet invité ailé prêt à tout pour sucer mon sang ? Aucune idée. Et me voilà prêt à renoncer à cette chronique. Pourtant, malgré moi et mon animosité envers l’arrivée de l’été, je suis toujours là. Supremacy m’a happé. Sans que je sache réellement pourquoi, Supremacy résonne comme atypique. Ce défaut qui me titillait finalement s’est révélé être la patte de Supremacy, ce qui le distingue des autres sorties. ""Your Life Is Yours" donne dans ce que nous qualifierons vulgairement de "groove". De ce type pouvant aisément se retrouver chez un Drone (oui, le groupe parlant des couilles des vaches à lait) voire d’un Hellyeah. Certains titres lorgnent d’ailleurs un poil plus vers le thrash ricain. Quoi qu’il en soit, quatre titres sont passés et Supremacy n’en démord pas, tout comme mon oreille d’ailleurs ("Temple Of Souls", "Light Bearer"). Le chant oscille entre agressivité et voix clean (sans tomber dans la niaiserie !). L’instrumental, quant à lui, se veut incisif et matraquant ("Your Life Is Yours", "Just Before Dying"). Et, au final, les huit titres et quarante-cinq minutes de "Your Life Is Yours" filent aussi rapidement que les moucherons dans mes carreaux.

Supremacy, tout comme "Your Life Is Yours", est donc une belle découverte. Et, très sincèrement, je pense que ce sont les quelques imprécisions de cet album qui m’ont séduit. La nature brut et authentique de la galette est un sacré atout qui en séduira plus d’un. Supremacy, c’est presque un truc de cowboy, un rodéo qui part dans tous les sens sans jamais pourtant de désarçonner. Un coup d’éperon relativement tonique !

"Start Up A Fight" est le premier EP des Toulousains de Supremacy. Il est constitué de cinq titres pour une durée totale d'environs vingt-sept minutes. En voyant la pochette, on peut d'abord penser avoir affaire à un groupe de death / black orchestral à la Dimmu Borgir ou à la Septicflesh. Il faut dire que l'artwork a été réalisé par Vincent Fouquet d'Above Chaos qui a notamment œuvré pour Melechesh. Or, on ne retrouve pas du tout cet esprit dans la musique de Supremacy qui est loin d'être occulte et encore moins symphonique.

L'album débute par "Supremacy" et "Jail", deux titres bien lourds et rentre-dedans. Le premier est plutôt thrash / death avec un côté très martial amené par les roulements de caisse claire qui ouvrent et clôturent le titre. Le second est plus thrash / groove avec un gros riff à la Pantera. Le son y est bon et les voix des deux chanteurs s'accordent parfaitement pour apporter une puissance supplémentaire à l'ensemble. Bref, une entrée en matière bien alléchante. On change ensuite complètement de registre avec la ballade "Gates Of End". Un titre qui rompt complètement la dynamique du CD et qui s'avère complètement pompé sur Metallica. A tel point qu'on a juste l'impression d'écouter une imitation, ce qui nous empêche totalement d'apprécier le morceau.

Avec "Welcome Into My Head", on retrouve quelque chose de plus musclé avec, toutefois, une dimension mélodique assez présente. Cette fois-ci, je dirais qu'on est plus sur du heavy / thrash, ce qui nous montre que le groupe a plus d'une corde à son arc. On sent encore beaucoup l'influence de Metallica sans pour autant tomber, cette fois-ci, dans la copie-conforme. L'EP s'achève avec "On The Road Of Broken Dreams", un morceau de plus de huit minutes trente extrêmement bien construit. Influencé, encore une fois, par Metallica, le titre propose une superbe progression qui parvient à nous captiver complètement. Si bien qu'on n'a pas du tout l'impression d'écouter un morceau plus long que la moyenne.

Avec ce "Start Up A Fight", les Toulousains de Supremacy nous dévoilent un joli potentiel et nous montrent qu'ils maîtrisent déjà bien leur sujet. Comme je l'ai dit plus haut, on regrettera juste le titre "Gates Of End" qui plombe l'énergie du CD avec un plagia sans intérêt. On espère que leur premier album sera mieux pensé en termes de dynamique générale et que le groupe ne tombera pas à nouveau dans l'écueil de copier de façon trop flagrante ses idoles.